Once upon a time. Né à Phoenix, Arizona, Noah a toujours été un garçon très nature, dans le sens où il dénigre tout ce qui touche de trop près au superficiel, mais aussi dans celui où il s'est toujours sentit à son aise à l'extérieur. C'est un garçon qui aime sortir et qui ne supporte pas de rester à l'intérieur toute la journée. En ce sens, ça ne l'aurait pas gêné de remonter le temps et de se retrouver privé de toutes les nouvelles technologies qui ne cessent d'émerger, dévisageant à chaque fois un peu plus le paysage naturel que le garçon affectionne tant. Au contraire, en fait. Enfant, il ne prenait pas son pied en jouant aux jeux vidéos ou en regardant la télévision. Non, lui était toujours dehors. Ses parents l'y ont poussés, répugnant à le voir avachi, ne serait-ce quelques instants et étant un gamin plutôt facile-à-vivre depuis tout petit, il s'est plié aux attentes de ses parents et y a prit goût. Fils unique, il a toujours entretenu de plutôt bons rapports avec ses géniteurs. Quand son père est décédé des suites d'un cancer, alors qu'il avait dix ans, il a serré les fesses et prit en main la famille. Cette perte l'a amené à grandir plus vite. Il en est devenu très mature pour son âge. Profondément attaché à sa mère, il a toujours eut à coeur de la préserver. En tant qu'homme de la famille, comme son père l'aurait voulu, il a prit soin d'elle et a fait en sorte de ne jamais constituer un poids sur ses épaules. De toute son âme, il s'est efforcé de filer droit. Bien élevé et du genre à n'avoir besoin de personne (l'âme d'un leader, en somme) il s'en est sorti par ses propres moyens, uniquement imprégné de l'amour de sa mère. Le meilleur de la classe, apprécié de tous ses professeurs (quitte à se faire des ennemis au sein de ses camarades car désigné comme étant le chouchou), le fils modèle, le brave garçon. En fait, il est surtout débrouillard et mature dans ses réflexions.
De toute évidence, c'est quelqu'un sur qui on peut compter. Aussi fidèle qu'un labrador, il n'est pas le moins du monde de ceux qui s'esquivent lorsque la situation se corse. En ce sens, la lâcheté a tendance à le révulser. Il ne conçoit pas qu'on puisse se regarder en face lorsqu'on n'a pas sut se battre pour affirmer ses convictions. Ca le dépasse complètement. Il n'a pas de respect pour les gens qui n'en ont pas pour les autres. Il est du genre à s'investir dans chacune de ses relations, que ce soit sur le plan familial, amical ou sentimental. Il n'a jamais été de ceux qui se sentent vraiment à leur aise lorsqu'ils sont baignés dans une foule. Non, il préfère avoir quelques amis et les connaître que d'appartenir à une bande qui s'élargit et qui n'a pas de réelle complicité. Sa relation avec Roxanna Blackburn-Lewis l'illustre parfaitement. Jusqu'à son départ pour Yale, cette petite blonde aux yeux bleus a été sa voisine et l'une de ses plus proches amies. En fait, c'est sans doute sa plus vieille amie. Il a toujours aspiré à la protéger, depuis qu'il est tout gosse, depuis qu'il a comprit que son père la battait. Il est comme ça, il tolère bien difficilement la pensée des personnes qu'il aime dans des positions de souffrance. Par dessus le marché, il est follement impulsif. Il est pourtant futé, c'est un garçon intelligent, mais voilà, il y a des moments où la colère prend le dessus, vrombissante en lui et où le coup part. Il n'a jamais frappé le père de Roxy, quand bien même l'envie ne lui manquait pas. A chaque fois, il la refrénait tant bien que mal car son amie le lui demandait. Il n'a jamais céder à ses pulsions de colère à l'égard de ce maudit paternel pour elle. De toute façon, la vie a finit par faire justice à sa place, quand bien même les circonstances ont fait que quand c'est arrivé, Noah n'a pas été en mesure de s'en réjouir. Savoir le père de Roxanna hors d'état de lui nuire n'avait strictement aucun intérêt s'il ne la savait pas elle-même en sécurité.
Les études avaient toujours eut une place importante dans la vie de Noah. Les gens qui réussissent dans la vie sont les gens intelligents et débrouillards, c'est l'une de ses certitudes et en ce sens, il s'est appliqué (avec succès) à faire partie de cette catégorie de personnes. Alors quand il a eut l'opportunité de rejoindre les bancs de Yale pour y poursuivre ses études dans le domaine du droit, il n'a décemment pas pu refuser. Et ce même si ça impliquait de partir vivre ailleurs tout au long de l'année universitaire. Il a donc dut laisser sa mère, son amie et toutes les personnes constituant son entourage depuis sa petite enfance, en somme. Un départ qui ne fut pas simple du tout.
/FLASHBACK aéroport, Arizona/ « Ils ne m’ont pas laissés la voir. J’ai même pas pu lui dire au revoir. Je ne sais même pas si elle va bien. » lâcha Noah tandis que sa mère se garait dans le parking de l'aéroport. Le coeur lourd, Noah tourna la tête vers elle. Sa mère ne lui semblait pas très en forme et ça lui donnait encore moins envie de grimper dans cet avion. Annie Steadworthy avait été une belle femme et elle l'était toujours, bien que trop maigre. Elle avait perdu pas mal de poids au décès de son époux et Noah avait eut beau la pousser à manger, il n'avait jamais pu faire des miracles et sa mère n'en était aujourd'hui que plus marquée par les années. Elle allait bien néanmoins, oui. Bien mieux. Ca faisait des années qu'ils allaient très bien tous les deux. N'empêche qu'elle avait l'air franchement triste et le sourire qu'elle lui adressa ne le berna pas. Elle déposa une main sur sa cuisse par dessus de l'espace séparant leurs sièges et la lui pressa doucement. « On y va ? On a déjà prit un peu de retard » Noah se mordit la lèvre. Effectivement. Il avait insisté pour faire une ultime tentative pour voir Roxy à l'hôpital sans (surprise) succès et il avait donc perdu du temps en débattant pour la énième fois depuis l'hospitalisation de son amie avec une infirmière. Il obtempéra, en dépit de son ressentit et ouvrit la portière de la voiture de sa mère, prenant sur lui. Il stoppa sa mère, qui voulait l'aider à porter son sac de voyage et la mère et le fils foncèrent pour attraper ce vol sensé amener Noah dans le Connecticut. Une vingtaine de minutes, ils se retrouvèrent devant des portes à battant, forcés de se dire au revoir. « Ca va ? » Demanda Noah, le coeur plus lourd que jamais. Il n'était plus sûr de vouloir y aller. Enfin, si, bien sûr que si, c'est tout juste s'il ne rêvait pas de Yale depuis qu'il y avait été accepté, mais le moment n'était pas bien choisi : Roxanna était à l'hôpital. A l'hôpital. Il ne pouvait pas partir. Et puis sa mère, est-ce qu'elle était capable de se débrouiller sans lui ? Sans doute qu'il se cherchait des excuses et qu'il y avait aussi beaucoup de peur en lui, mais dans tous les cas, il n'en menait vraiment pas large. « Bien sûr que non, mon bébé m'abandonne, je vais me retrouver toute seule » elle rit, mais cessa en voyant l'expression chagriné de son fils unique. « Je plaisante, Noah. Ca va, toi ? » Le garçon poussa un gros soupire en secouant la tête. Inutile de feindre la force, là, il se sentait pas capable de mentir. « Non. Elle est à l'hôpital maman, je devrais rester et puis tu... » Il s'interrompit, se mordant la lèvre. Sa mère secoua la tête à son tour, l'air catégorique. Elle prenait sur elle, il le voyait. C'était étonnant, la force qu'on pouvait trouver dans ce corps frêle, dans ce petit bout de femme. « Ca ira pour moi et pour Roxanna aussi. Tu penses qu'elle aurait voulu que tu laisses Yale pour rester à son chevet ? Bien sûr que non, chéri, elle comprendra et tu le sais. Tu es juste anxieux et c'est normal, mais ça va aller d'accord ? Tu vas grimper dans cet avion et ça va aller » Noah obtempéra, quand bien même l'hésitation se percevait encore dans ses yeux et dans ses gestes. Il savait que sa mère avait raison. « D'accord. » Sa mère lui adressa un sourire encourageant avant de l'étreindre bien fort. « Je t'aime » souffla Noah en enfouissant sa tête dans le col du blouson de sa mère, reniflant l'odeur de son parfum comme pour l'embarquer un peu avec lui. « Je t'aime. » /FIN/
En choisissant le droit, Noah est convaincu d'avoir trouvé sa vocation dans la vie. Il aspire à devenir un avocat à la carrière couronnée de succès et souhaite être de ceux qui font régner la justice. Il aspire à faire le bien, à être juste. Il existe des injustices qu'il n'aura pas sut réparer néanmoins, ce qui n'a fait que le motiver encore davantage. La vie de son amie Roxanna a été et est encore à ce jour l'un de ces moteurs en ce sens. L'un de ses grands regrets dans la vie et de ne pas avoir sut la protéger. Il reste avec la conviction qu'il aurait dut régler son compte à son père, quand bien même elle y était opposée. Il ne l'a pas fait et lorsqu'il est rentré de New Haven pour célébrer les fêtes de fin d'année avec sa mère, il s'est retrouvé à observer une maison bouffée par les flammes, la bouche grande ouverte d'effarement. Au moins, le père était décédé, mais Roxanna... Disparue, volatilisée. Naturellement, Noah ne pu s'empêcher de s'imaginer directement le pire. Et bien oui, pourquoi essayer de relativiser lorsqu'on peut se faire un sang d'encre en se montant les pires scénarios possibles. Dans tous les scénarios qu'il se montait, Roxanna avait perdu la vie. Il essaya de monter des enquêtes, de trouver des réponses à ses questions, mais les vacances étaient de courte durée et bien vite il devait repartir pour Yale et s'efforcer de ne pas laisser ses inquiétudes empiéter sur ses cours. Plus facile à dire qu'à faire.
En somme, toutes les petites blondes aux yeux bleus de ce monde ont désormais le don de le pétrifier. Il a eut beau continuer la petite routine qu'il s'est instauré à Yale, ses pensées n'ont jamais cessé de vagabonder assez spontanément vers Roxanna à la vue de toute fille ne lui ressemblant ne serait-ce qu'un tout petit peu. En 2013, courant octobre, des élèves d'Harvard sont venus à Yale dans le cadre d'un échange et il a crut voir, pour la énième fois, Roxanna dans la foule. C'est plus fort que lui, il la voit et un instant, son coeur s'arrête. Elle a une place importante dans son coeur, rien n'y changera. Sa vie avait beau prendre son envol, entre des études se passant à merveille et un futur à la hauteur de ses attentes lui tendant les bras, il suffisait d'une petite blonde pour qu'il se sente happé par son passé. Il n'a jamais sut prendre vraiment ses distances avec Roxanna, même si ça fait désormais plusieurs années qu'il ne l'a pas vue. Enfin, il faisait toujours en sorte, lorsqu'elle resurgissait, de la pousser dans un coin de sa tête pour mieux se focaliser sur les personnes présentes autour de lui. Il faut savoir que Noah agit comme un véritable aimant : il est sympathique, (quand on ne le met pas en rogne) ouvert et, en plus, il n'est vraiment pas déplaisant à regarder. Il s'est forgé un petit cercle à Yale, a eut des histoires d'amour, bref, il a eut une vie là-bas, en dépit de ce qui allait de travers en parallèle dans sa vie. Mais début 2015, alors qu'il flânait dans sa chambre sur le campus de New Haven, entre deux séances de révision, Noah est tombé sur une convention de stage intéressante. Un stage au sein d'un cabinet d'avocat, c'est pas le genre d'occasions qu'il a l'habitude de laisser passer. Bon rien n'était néanmoins fait : ce genre d'opportunités a tendance à attirer les foules. Noah se tâtait, se disant que qui ne tente rien n'a rien et puis, il se remémora le moment où il avait crut voir Roxanna au sein d'un groupe d'étudiants d'Harvard fraichement débarqués et de passage à Yale. Il ouvrit une autre page web et tapa distraitement dans un moteur de recherches ROXANNA LEWIS HARVARD. Il ne pensait pas trouver sérieusement quoi que ce soit, il devait juste avoir halluciner une énième fois en croisant une chevelure blonde, mais il tomba sur un article qui le poussa à envisager le contraire. Le coeur battant sur le coup, il ferma l'onglet et partit s'occuper de cette convention, décidant officiellement de tenter sa chance.
Ce stage, Noah l'obtenu. Stage qui impliquait qu'il aille terminer son année sur le campus d'Harvard. C'est ainsi qu'il quitta Yale et se mit en route pour Cambridge, pour un super stage et vers son amie disparue.