a big talk | ft. irina

Drôle d'endroit pour voir une amie, surtout venant de toi. Toi qui était si "bureau", chemise et cravate, de te retrouver dans une sorte de marché aux puces de fermiers où on retrouvait toutes sortes de fruits et légumes, bien qu'importés pour l'instant : l'été n'était pas commencé, et les récoltes commençaient à peine à montrer le bout de leur nez. Tu avais envoyé un sms à Irina, pour lui parler, pour la voir, pour lui offrir un café - question de l'amadouer. Le café t'amadouait, dans tous les cas. Tu en raffolais, et c'est peu de le dire. Bref, tu planifiais passer la soirée en bonne compagnie, et qui d'autre qu'Irina pour remplir ce rôle? Tu lui concoctais un délicieux repas, devant lequel elle tomberait clairement sous le charme, hypnotisée et charmée par un si puissant délice en une seule assiette. Tes talents culinaires étaient très variés, et ce n'est pas dit sarcastiquement, loin de là. Bref, tu t'arrêtes en voiture dans le stationnement de la Lowell House, où ta belle amie vit, puis la voyant sortir de là, tu klaxonnes bien fort deux coups, histoire de lui faire peur un peu. Mais que t'arrivait-il, Viktor? Tu deviens plus... amical. Ta froideur habituelle se disperse avec l'hiver qui disparaît, est-ce bien cela la raison?

Coup sec sur le réveil pour le stopper et je me levais de mon lit, la tête dans le cul comme toujours. Bon, j'devais quand même me rendre un minimum présentable sachant qu'aujourd'hui je n'allais pas simplement rester devant mon PC avec mon pot de glace -ce qui était réellement devenu une habitude pour moi. Je ne voyais pas Viktor souvent, et encore moins en ce moment en pleine période d'examens de danse : j'avoue, je préfère passer mon temps allonger à me plaindre de mon mal de dos plutôt que d'avoir toujours à bouger partout. Les seuls endroits qui passaient en ce moment étaient les fêtes -et encore. Une fois lavée, habillée, maquillée et coiffée, je sortais de la Lowell House à toute vitesse tout en saluant tous les étudiants qui y résidaient, ouais parce que j’étais censée tous les connaître. Mon pied avait à peine franchit la porte de sortie qu'un klaxon retentit, me faisant sursauter par la même occasion. Heey ! Viktor ! criais-je en m'approchant de la voiture puis, un peu plus doucement cette fois-ci : Ça fait longtemps ! Tu attends depuis longtemps comme ça ?

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Heey ! Viktor ! La faire sursauter avait été ton but. Mission accomplie. Tu te moques un peu dans ta voiture en la voyant chercher, jusqu'à te trouver. Un sourire en coin se dessine immédiatement sur ton visage. Quel vilain jeune homme. Mais elle a l'air d'bonne humeur, ce qui a le don de faire immédiatement ta journée. Tu la laisses s'approcher d'la voiture. Ça fait longtemps ! Tu attends depuis longtemps comme ça ? T'étirant pour lui ouvrir la portière du côté passager, tu attends qu'elle soit là pour lui répondre. "P'têtre 10 minutes. Tu sais comment j'suis ponctuel." Tu lui offres un magnifique sourire avant d'démarrer le moteur et de le faire vibrer bruyamment, toujours fier de ton engin mécanique. "Aloooors, prête pour attaquer la journée? T'es ravissante. Enfin, c'plutôt étrange l'endroit où on va, mais dis-toi que j'fais ça pour toi." Pour lui offrir le meilleur repas de sa vie, quoi ! Elle va vraiment kiffer tes talents culinaires. "Tiens, fouille dans le coffre à gants, j'ai ma liste de trucs que j'dois acheter." Qui contenait d'ailleurs tellement de trucs, d'aliments, de légumes, de fruits, de viande, tout le truc, quoi ! "Ça va, ma belle?"

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Alors que j'arrivais devant la portière de sa voiture, je le voyais se tordre dans tous les sens pour me l'ouvrir afin que je puisse m'asseoir, ce qui me fit pouffer de rire. Ouais parce que j'aurais pu me servir de la poignée de mon côté aussi. Mais c'était mignon. Il me répondait alors : P'têtre 10 minutes. Tu sais comment j'suis ponctuel. Nouveau rire. Après avoir fait démarrer sa voiture, arborant un fier sourire sur les lèvres, il continuait la conversation : Aloooors, prête pour attaquer la journée? T'es ravissante. Enfin, c'plutôt étrange l'endroit où on va, mais dis-toi que j'fais ça pour toi. Je restais interdite, et essayais de réfléchir à ce qu'il venait de dire. Quoi, il allait m'emmener dans un centre de désintox ? Parce que fallait que j'lui dise que j'prennais pas de drogue dans ce cas-là : il faut avouer que sa phrase était vachement ambiguë. Il cassait alors tout le film que je m'étais fait en me demandant d'attraper sa liste ... de course : Tiens, fouille dans le coffre à gants, j'ai ma liste de trucs que j'dois acheter. Ouais, l'endroit qui était "pour moi" c'était le marché ou jenesaistropquoi qui y ressemblait. Une nouvelle fois un énorme sourire se dessina sur mon visage : il fallait vraiment que j'arrête de trainer avec des lowells, ils sont pas bons pour ma santé mentales ! Viktor me sortait alors de mes pensées : Ça va, ma belle? J'ouvrais le pare-soleil pour me recoiffer et répondait : Oh bah ça peut aller et toi ? Je suppose que j'dois avoir moins de problèmes que toi en ce moment, il ne m'arrive rien de spécial, tu sais !

Tu trouves ça tout d'même assez drôle, que dès qu'elles entrent ou sortent d'une voiture, les femmes sont toutes à peu près portées à tirer l'miroir pour s'regarder un peu, se recoiffer ou effacer une ligne de eye-liner mal dessinée. Elles sont toujours belles, que ce soit en entrant ou en sortant, alors pourquoi font-elles ça? Oh bah ça peut aller et toi ? Je suppose que j'dois avoir moins de problèmes que toi en ce moment, il ne m'arrive rien de spécial, tu sais ! Elle paraissait étonnée d'voir que ta liste, c'est pas une liste de sex-shop, mais bien une liste de course d'aliments pour faire la cuisine, quoi. Quoique.. t'es déjà allé au sex-shop pour t'acheter une poupée gonflable. Non pas pour toi, mais pour faire une blague à un pote un peu...coincé d'esprit et de cul. "Oh, moi.. ça va!", dis-tu, un peu perdu dans tes pensées, car... non pas que tu aies des problèmes, y'a des trucs qui te tracassent dont tu aimerais lui parler, sans trop savoir comment, en fait, de peur qu'elle ne réagisse mal face à cela. "Il t'arrive rien? Genre.. même pas un beau mec, grand, musclé, le regard ravageur, la perfection assurée? Ah non c'vrai, c'est moi, ça!", dis-tu en prenant un air fier, bien que moqueur. Elle va te taper. Elle va te taper, tu dis n'importe quoi. "Ce soir ma belle, j'te fais à dîner. Ça t'va?", demandes-tu en te garant dans un stationnement boueux "J'vais devoir te porter dans mes bras pour pas qu'tu te salisse, ou bien tu peux l'faire toute seule?", dis-tu en riant, coupant le contact des clés dans la voiture.

Lorsque Viktor parlait, j'arrivais toujours à savoir ce qu'il pensait. Va savoir pourquoi ? Je devinais quand il allait mal, quand quelque chose de bien se passait dans sa vie ou encore même s'il se faisait profondément chier tout simplement. Quoi qu'il fallait avouer que ça n'arrivait que très peu souvent. Voir pas du tout, à l'inverse de moi. Alors quand il me répondait : Oh, moi.. ça va! Je devinais tout de suite que quelque chose le dérangeait, mais qu'il n'allait pas m'en parler. En tout cas tout de suite. Toujours avec son petit sourire moqueur, il faisait la conversation : Il t'arrive rien? Genre.. même pas un beau mec, grand, musclé, le regard ravageur, la perfection assurée? Ah non c'vrai, c'est moi, ça! Je le regardais d'un air blasé avant de mettre ma main entre nous deux pour faire comme si je ne le connaissais pas et partais en fou rire. Oh non mais me dit pas que t'as sorti c'te blague de merde ! J'avais beau dire ça, j'étais pliée en deux sur le siège passager. Je décidais alors à mon tour de tenter une blague avec mon humour assez .. bah pas drôle généralement : Ce soir ma belle, j'te fais à dîner. Ça t'va? - Oh non merci, tu veux pas qu'on aille au resto plutôt ? J'ai un examen de danse demain et je ne veux vomir mes tripes toute la nuit. Je le regardais du coin de l'oeil pour guetter sa réaction, j'avais bien le droit de me moquer de lui un peu ! Nous arrivions alors sur le parking, et ce dernier me demandait : J'vais devoir te porter dans mes bras pour pas qu'tu te salisse, ou bien tu peux l'faire toute seule? Je le voyais sortir de la voiture sans m'attendre et, ouvrant la porte je criais : Bah, tu me portes pas ? J'ai mis ces beaux talons exprès pour toi hein !

C'que t'aime bien venant d'elle, c'est qu'elle ne te demande pas c'qui ne va pas, ou ce qui te tracasse, bien qu'elle le devine instantanément. Si t'avais eu envie de lui partager tes tracas, tu l'aurais fait tout de suite. Tu préférais attendre un peu, et ne pas t'acharner sur elle dès les premières minutes. Tu l'ennuierais, quoi. Au lieu de ça, t'préfères rigoler un peu. Oh non mais me dit pas que t'as sorti c'te blague de merde ! Tu hausses les épaules, souriant. "C'tait pas une blague! Encore moins une blague de merde.". Tu la pointes du doigt, sans lâcher du regard la route devant toi. Pourtant, bien vite, tu fais la moue, maugréant entre tes dents, alors qu'elle t'insulte à moitié, bien que ce ne soit qu'une taquinerie. Oh non merci, tu veux pas qu'on aille au resto plutôt ? J'ai un examen de danse demain et je ne veux vomir mes tripes toute la nuit. Roulant des yeux, tu gardes le silence, pour la torturer un peu, histoire de... voilà, quoi. "Fais gaffe, j'pourrais accidentellement faire tomber quelques gouttes de poison dans ton assiette. Ou bien, toute la bouteille de sauce piquante... Qui sait?", fais-tu en mimant de bouder. Puis, vous arrivez sur place, et sortant d'la voiture, elle te lance : Bah, tu me portes pas ? J'ai mis ces beaux talons exprès pour toi hein ! Grommelant, tu te mets à rire. "À vos ordres, princesse." Puis, allant du côté passager, tu la prends, avant de refermer et de verouiller les portes. Tu ne la transportes pas comme une princesse, oh non, mais plutôt comme une poche de patates. Tout le monde vous regarde. Tu t'en moques, tu rigoles même. "Elle est belle la vue, de haut?", demandes-tu, comme un ange. Puis, arrivé sur un peu d'asphalte, tu la déposes au sol. "Bon.. Tu m'lis la liste, comme ça, plus vite on trouve tout c'dont j'ai besoin, plus vite on part d'ici. Et plus vite j'te dis mes secrets.", rigoles-tu, bien que ce soit vrai. "Mais sérieux, y'a rien de spécial d'ton côté, mademoiselle la princesse?"

C'tait pas une blague! Encore moins une blague de merde. Je le voyais bouder dans son coin avant de continuer : Fais gaffe, j'pourrais accidentellement faire tomber quelques gouttes de poison dans ton assiette. Ou bien, toute la bouteille de sauce piquante... Qui sait? Je rigolais alors à sa menace : Ahahah bah bien sur ! La sauce piquante y'a aucun soucis, j'adore ça ! Par contre pour le poison je pense pas que tu puisses vivre avec ma mort sur la conscience ! Je n'arrêtais pas une seconde de rire pendant les quelques minutes de trajet qu'il nous restait avant de se garer. Suite à ma remarque, Viktor se dirigeait vers moi et m'attrapais. À vos ordres, princesse. Il me foutais alors sur son épaule, comme ... je sais pas vraiment à quoi je pouvais ressembler à la vue des autres mais ça devait pas être très joli. Je criais pour qu'il me fasse descendre : Lââââche mooooi ! Je lui donnais des coups de poings dans le dos avec ma force de mouche et il me demandait : Elle est belle la vue, de haut? - Noooon, lâche moi ! Il me déposait alors au sol avant de me poser une nouvelle question : Bon.. Tu m'lis la liste, comme ça, plus vite on trouve tout c'dont j'ai besoin, plus vite on part d'ici. Et plus vite j'te dis mes secrets. Je levais les yeux vers lui, qui restait plus grand que moi malgré mes talons et lui répondait : Euuh d'accord alors on va essayer de faire ça la plus vite possible huhu. Il faut des pommes de terre tout d'abord. - Mais sérieux, y'a rien de spécial d'ton côté, mademoiselle la princesse? Je baissais les yeux alors qu'on avançait vers l'alimentaire. Non pas vraiment. Je suis même obligée de demander à tous mes amis pour être mon cavalier pour le bal ... Ouais, j'étais vraiment désespérée à ce niveau là ! Et toi ? Tu comptes y aller ?