13 avril 2006 ; la jeune fille sourit à sa mère et lève les yeux au ciel lorsque cette dernière lui dit de ne pas partir trop loin et de ne pas faire de bêtises. Doniya va bientôt avoir seize ans alors franchement, faire des bêtises c'est plus trop de son page. Elle n'a jamais été scolarisée mais c'est une des seule jeune fille du village qui sait lire et écrire l'arabe l'anglais et le français. Sa mère lui a tout appris entre deux opérations et deux voyages humanitaires à travers le pays. Grandir en Afghanistan n'a pas toujours été facile, surtout avec la guerre qui frappe le pays. Doniya ne donne jamais son avis là dessus. Elle pense qu'il y a des pour et des contre des deux côtés. Enfin, c'est surtout qu'on lui a appris à accepter sans rien dire depuis son plus jeune âge. " Maman... J'connais Malik depuis quinze ans, il va pas me manger " C'est pas le genre de Malik, loin de là. Ils sont très proches ces deux là et tout le village les voit déjà marié. Tout le villa sauf les deux principaux protagonistes. Malik est gay mais il ne peut rien dire, il n'a pas envie de se faire lapider en public, exécuter ou il ne sait pas trop quoi. Doniya en a vu des tas depuis qu'elle est là et ça l'a traumatisé. Alors elle couvre son ami du mieux qu'elle peut. L'embrasser en public ne la gène pas, faire croire à tout le monde qu'ils sont tout mignons ensemble, même tarif. Elle pourrait même aller jusqu'au mariage avec lui. Mais là, ça se compliquerait. Pas parce qu'il est gay mais bien parce que Doniya a été abusée une bonne partie de son enfance et que ça se saurait dans tout le village. Même Malik l'apprendrait et elle sait qu'il lui en voudrait de n'avoir rien dit. " Malik attend moi ! " Hurle la jeune afghane à son ami. Dès qu'ils quittent le village, ils courrent et hurlent de partout. C'est leur petit moment de liberté mais là, elle n'a pas envie de se fatiguer. Elle pense déjà aux heures de travail qui l'attendent une fois qu'elle rentrera. Sa mère soigne les blessés de guerre et elle l'aide aussi, des fois. Sa mère aide aussi bien les civils que les afghans alors elle entend de tout. Elle adore parler avec les américains, les entendre parler de choses qui ont l'air complètement géniales, comme Harry Potter. L'un des soldat s'est fait envoyer les tomes qui sont déjà parus. Elle a hâte de lire le dernier, l'année prochaine. Mais en même temps, elle espère ne pas le lire. Parce que ça voudra dire qu'il y a toujours des guerres, des familles séparées et la peur qu'une bombe éclate sur son village. Elle voit Malik s'approcher d'un groupe de jeunes et sourit. Ils sont tous amis depuis des années. Doniya adore Elisha. Mais elle voit qu'Elisha a un drôle d'engin dans les mains. Ses yeux glissent sur l'objet et Doniya a déjà vu cet objet. Si elle ne l'a pas vu, elle en a déjà entendu parler. " Elisha pose ça et fuyez ! " Ils se tournent tous vers elle, l'interrogent du regard et la bombe explose. C'est la dernière fois qu'elle a vu Elisha, Malik et tous leurs amis...
12 juin 2006 ; " Mais maman... On peut pas partir " Elle a vécu toute sa vie ici et à l'idée de vivre aux Etats-Unis, elle a peur. Elle ne connait pas ce pays, ni sa culture. Enfin, si, un peu mais juste ce qu'elle a entendu venant de la bouche de ces soldats meurtris, mutilés, voulant rentrer chez eux. Alors forcément, elle en a entendu que des bonnes choses. Mais elle ne veut pas partir. Elle a trop d'histoires ici. Et s'en veut de laisser la famille de Malik, vraiment. Tous ses amis sont décédés cette journée du mois de mai. Une bombe artisanale pour faire plus de mal que de mort, sauf quand on en est trop prêt. Elle n'a eu 'que' les poumons brûlés et les médecins estiment qu'elle est chanceuse. Elle va juste se trimbaler une canule et une bombonne d'oxygène mais à part ça, c'est vrai qu'elle est chanceuse. Elle tire la bombonne derrière elle avec difficulté. Elle est fatiguée et à l'impression que le trajet va l'achever. Mais sa mère ne daigne pas l'écouter. Elle a un nouveau travail à Cambridge dans une semaine, il faut qu'elles y aillent. Personne n'est venue à Kaboul, les gens sont encore en deuil et elle l'est aussi mais elle n'a pas le choix. Il va falloir qu'elle s'acclimate mais aussi, voire surtout, qu'elle trouve une école qui voudra bien la prendre pour la rentrée... Cela risque d'être dur, surtout avec sa bombonne d'oxygène... Quoi que, jouer la pauvre petite fille malade pourrait gravement lui servir !
4 septembre 2006 ; " Mais regardez comme il est roux. Mais genre roux, roux, poil de carottes quoi " Du premier rang, Doniya - qui se fait maintenant appeler Andrea - soupire et lève les yeux au ciel. Au fond de la classe se trouve un petit nouveau, enfin de ce qu'elle a comprit. L'école a repris il y a peu et elle a réussi à trouver une place ici ce qui est cool. Ce n'est pas trop loin de la maison alors elle peut rentrer à pied tous les soirs. Elle se sent mal pour le jeune homme au fond de la salle de classe. Pourquoi ? Parce qu'elle a un grand coeur et qu'elle sait qu'elle aussi en prend pour son grade quand elle n'est pas là ou qu'elle n'entend pas. Ils l'appellent la cancéreuse alors qu'ils ne savent pas ce qu'elle a. Mais elle fait avec. Des fois, ça lui manque de ne pas entendre des gens parler arabe autour d'elle. Et puis, Malik et Elisha lui manquent aussi. Et tous ses amis, tous ses repères.. Tout. A la fin de la pause de midi, elle va se placer au fond de la classe à côté de Jules. " Salut. Je m'appelle Andrea " Elle sourit et sort ses affaires de son sac. " Ca te gène pas si je reste là ? Ils sont franchement pas sympa dans cette classe " Elle dit ça comme si elle y connaissait quelque chose alors que non, pas du tout. Un petit sourire et elle regarde les autres élèves rentrer dans la classe. Le professeur n'est pas encore là alors elle sort son livre. Harry Potter, bien entendu. " Mon préféré c'est Ron. Tu as déjà lu ces livres ? " Les siens sont abîmés tellement elle les a lu. Elle s'est promis d'en racheter bientôt mais elle n'a clairement pas les moyens pour s'acheter de nouveaux livres... C'était son anniversaire le mois dernier et elle a eu un lecteur CD. C'est presque dépassé ici mais elle n'avait pas ce genre de choses en Afghanistan alors c'est plutôt sympa. " Je viens d'Afghanistan. Ce sont les soldats américains qui me donnaient les livres après les avoir lu. Et toi, tu viens d'où ? " Une vraie pipelette, il n'y a pas à dire. Si on lui avait dit que Jules deviendrait son meilleur ami, elle n'y aurait pas cru, jamais.
14 novembre 2009 ; L'université commence enfin pour Andrea. Elle a deux mois de retard. Depuis le début de l'année scolaire, Jules lui ramène les cours tous les jours et lui explique les choses qu'elle ne comprend pas. Il lui parle aussi d'une certaine Kendall, une amie à lui qu'elle ne sent pas. Forcément, elle se sent menacer. Comme si subir une chirurgie cardio-pulmonaire n'était pas un assez gros soucis, voilà qu'il fallait qu'elle se méfie d'une jeune brune. Lorsqu'elle arriva en cours ce matin là, elle se mit à la droite de Jules. Quelques secondes après, une brune était à sa gauche. Kendall est bien plus belle qu'elle. Et Kendall, elle, n'a jamais a vivre avec une canule dans le nez, elle n'a pas failli mourir sous les yeux de son ami et, encore mieux, elle n'a pas une énorme cicatrice sur la poitrine. Ca va être difficile de se battre contre elle et de gagner la bataille. " Je suis Andrea, la meilleure amie de Jules. Et tu es...? " Demande-t-elle comme si elle ne savait pas qui était la jeune Quincy alors qu'elle sait tout d'elle. Mais elle se demande presque si elle, elle sait qui elle est... Et si Jules ne lui avait jamais parlé d'elle ? Pas de crise de panique, pas le premier jour ! Elle sent des regards sur elle. Forcément, c'est la petite nouvelle à nouveau. Mais il n'y a plus Jules, son Jules, pour l'aider.
janvier 2013 ; " Non mais quand je pense que je détestais Kendall et que c'est ma meilleure amie maintenant... The Golden Trio ! " Andrea rit légèrement en disant ça à Jules alors qu'ils se dirigent vers la bibliothèque. C'était quand même le comble quand on y pense.. Elle avait tellement d'apriori sur Kendall alors que la Quincy est quelqu'un d'extraordinaire et qu'elle s'entend merveilleusement avec elle... Comme quoi la vie vous réserve de drôles de surprises. Et aujourd'hui, c'est une drôle de surprise qui arrive. Les étudiants travaillent dans la bibliothèque lorsque de fortes détonations se font entendre et qu'une partie de la bibliothèques tombent en fumée. ils sont de ce côté là et Andrea se retrouve au sol. Elle perd conscience quelques secondes et lorsqu'elle se réveille, elle entend des cris, des pleurs et tout ce qui va avec. Jules est à côté d'elle et ne semble rien avoir. " Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? " Elle grimace en se redressant mais pars rapidement aider les autres, aider ces gens qui sont dans un piteux état. Il y a des morts, elle peut le voir rapidement. Tout cela la ramène en Afghanistan, en zone de combat et elle frissonne. Deux secondes d'hésitations et elle repart aider les gens autour d'elle. Lorsque les secours arrivent, elle se pose sur une chaise et soupire. Elle a fait son maximum, elle a mis à exécution ce qu'elle a appris pendant ces quelques années de fac et ce qu'elle a appris avec sa mère pendant seize longues années. Un ambulancier vient près d'elle et lui parle. Elle assure n'avoir rien mais ses baskets blanches sont rouges sang. Elle lève son jeans et déglutit quand elle le sent collée sur une plaie. Deux coups de ciseaux plus tard, elle est face à une blessure profonde, ouverte et franchement dégueulasse. Elle se retient de vomir. L'adrénaline lui a permis de ne pas souffrir mais là, elle pleure tellement elle a mal. C'est l'hôpital directement. Un message à sa mère et elle est en consultation puis en salle d'opération. Résultat de cette session révision à la bibliothèque ? Une jambe en moins.
03 mars 2015 ; " Ils veulent que je devienne mannequin pour eux. Mais ça m'intéresse pas. Je veux pas être mannequin, je veux être docteur " Mais ça ferait de l'argent en plus et ils ne peuvent pas cracher dessus... Parce que les Cermolacce sont loin de rouler sur l'or. Sa mère lui conseille de suivre son coeur. Mais son coeur lui envoie des signes contradictoires. Elle sait très bien qu'embaucher une jeune femme avec une prothèse c'est pour faire de la pub... Et ça l'énerve. Elle n'aime pas être mise en avant, qu'on s'intéresse à elle alors forcément, ça coince... Seuls ses amis les plus proches savent pour sa jambe. Elle soupire et retourne à l'université pour retrouver ses amis. Elle ne part pas à Wellington en fin de semaine, elle n'a pas eu les moyens de payer le voyage et n'a pas envie de se balader en maillot avec sa prothèse sur la plage. Ca coute assez cher comme ça une prothèse... Et elle a réussi à se faire embaucher à l'hôpital pour cette période alors bon, que demande le peuple ?