Hannibal & Clarisse sont dans la place (Malicia)

Je venais d’entrer dans un café du coin. C’était un peu devenu une habitude, et surement pas une bonne, mais quand j’avais ni cours, ni garde à l’hôpital, je passais bien trop de temps dans les cafés et ce n’était pas pour enchainer les expressos. Pour le coup je me contentais de commander une bière, soyons un peu raisonnable, lorsque la sonnette de la porte annonçant une nouvelle entrée retentit. Je tournai instinctivement la tête vers la porte pour voir entrer Malicia, cette mather au look parfois un peu étrange qui en intriguait plus d’un à Harvard et avec qui j’avais passé une soirée délirante lors d’un housing day dunster sur le thème hôpital psy, soirée où je m’étais rendu déguisé en Hannibal Lecter. C’est donc avec naturel que je reprenais ce rôle pour la saluer : « Clarisse vous ici ? Quelle charmante surprise ! »

Malicia me rejoint à ma table et elle entra très vite dans le même jeu que moi, ravivant aussitôt les souvenirs de notre soirée du housing day 2013. « Vous savez, se fondre dans la masse ça fonctionne aussi très bien… » fis-je en désignant l’agitation ambiante régnant dans le bar alors qu’elle manifestait sa surprise devant la présence ici, s’attendant plus à me trouver dehors ou bien dans un endroit plus calme. Oui, si j’avais été le célèbre psychopathe, j’aurais surement cherché à me mêler à la foule pour noyer les soupçons des éventuels enquêteurs. Je lui fis un fin sourire, buvant une petite gorgée de ma boisson avant de reprendre : « Mais la véritable question Clarisse c’est ce que vous vous faites ici ? Me suivez vous ? »

Un fin et discret sourire se dessina sur ses lèvres à la suite de ma question. Je n’eus le droit qu’à ça en guise de réponse. Rien de plus, rien de moins. Lorsque la jeune femme reprit la parole, ce ne fut que pour formuler de nouvelles interrogations. « Est-ce que l'on discute ou bien vous me faites subir un interrogatoire ? » Ce fut à mon tour d’esquisser un petit sourire. « Pensez vous vraiment que je suis en chasse ici Clarisse ? Que c’est dans un tel endroit que je pourrais trouver de quoi délecter tous mes sens ? » Une réponse sous forme de question, voilà ce que je semblais uniquement capable de lui servir. Ce lieu n’était rempli que d’étudiants insignifiants, de la viande saoûle, rien qui ne pourrait contenter le grand Hannibal Lecter. « Peut être suis-je simplement venu car je savais que vous vous y viendrez. »

Malicia interprétait à merveille son rôle, aussi insondable que le personnage du film qu’elle était censée être. Elle saisit sa tasse, en prit une gorgée, sans me lâcher des yeux. « Le spectacle ne vaut la peine que si il y a une assistance de qualité pour l’apprécier. » Et Clarisse représentait la spectatrice idéale : attentive au moindre de mes mouvements. Je m’emparais avec une lenteur calculée de mon verre pour en prendre à mon tour une gorgée avant de le reposer avec la même vitesse. Des gestes doux, censés la rassurer, l’envelopper, la berner. Et sur un ton toujours très calme, un fin sourire amusé sur mes lèvres, je lui répondis alors : « Vous refusez donc de croire que je ne suis ici que pour vous Clarisse ? »

« Je ne vous flatte pas Clarisse, c’est la vérité. » Toujours dans la peau du célèbre tueur, un sourire amusé étira mes lèvres devant sa marque d’étonnement et son petit tressaillement : « Parce que vous en doutiez ? » Bien sur que Clarisse était au goût d’Hannibal, il y avait toujours eu cette étrange alchimie entre eux, depuis le premier interrogatoire jusqu’aux derniers films. Ce lien qui les unissait était inqualifiable et bien différent. Elle attrapa sa tasse suite à sa question, un geste qui trahissait surement le malaise que je sentais naitre en elle. « Qu’allez vous faire Clarisse ? Maintenant que vous savez que vous êtes la raison de ma présence ici ? » demandai-je conscient d’accentuer encore plus sa tension.