GILL-PERDITA PUSPOS ► Bar Rafaeli

Je suis native d’Italie, enfin je crois, peut-être que j'ai été échangé à la naissance ? Peut-être que mon père a trompé ma mère ? Non je rigole, réellement, l’Italie, ce si beau pays contenant tant de famille riches dont je fais partie. AH ! On m’a prénommée Gill Perdita Puspos à ma naissance donc logiquement on devrait m’appeler Gill. Personnellement Gill ça donne pas trop envie, bon Perdita, on m’assimile directement à un chien donc c’est pas top non plus mais ça fais plus rose quand même, n’est-ce pas ? Née d’une cuillère d’or dans la bouche, je ne sais pas ce que le mot « pauvre » veut dire. Traitez moi de prétentieuse ou tout ce que vous voulez car enfant, il fut rare que je sois amie avec des personnes n’étant pas de la même classe sociale que la mienne. Ce n’est pas moi, c’est juste qu’on m’a éduqué comme ça, la mentalité dessert de génération en génération et elle reste la même. D’ailleurs vous le verrez, je suis l’une des seules à avoir enfreins les règles d’or de ma famille. Enfin bref, à ma naissance je ne fus pas seule, effectivement j’avais déjà un grand frère et vinrent par la suite un autre frère et une autre petite sœur. Ma famille entière est énorme, je me demande parfois comment mes grands-parents ont réussi à pondre autant d’enfants. Sept il me semble ? Quoi qu’il en soit chez moi, il y avait une ambiance de folie, quelque chose de dingue ! Entre mes frères et ma sœur, il y avait une réelle complicité, il nous arrivait même parfois de ne rester qu’entre nous à l’école. Refusant catégoriquement de nous mêler aux autres. Puis à la maison, nous étions encadrés par des servantes et des majordomes, nous portions des costumes et des robes taillés sur mesure pour nous, seulement pour nous. Mais d’ailleurs, d’où vient cette richesse ? De mes parents, évidement. Depuis des générations, ma famille descend de l’aristocratie italienne. Et dans mes rêves d’enfants les plus lointains, on nous racontait qu’on descendait peut-être même de sang royal, mais ça, ce ne sont que des mensonges racontés à des enfants –oupas-. Mon père est un diplomate reconnu tandis que ma mère est sénatrice. Une question : pourquoi me trouve-je donc à faire des études en business ? Tout simplement parce que, je suis flemmarde depuis l’âge de huit ans, je ne me suis guère intéressée au travail de mes parents ni aux études. Je suis d’ailleurs la farouche de la famille, c’est pour ça que je vous disais que j’étais la seule à avoir enfreins les règles. Mes frères et ma sœur se sont tournés dans le même cercle d’études que mes géniteurs : droit, médecine et criminologie. Je fais un peu tâche à côté d’eux mais je m’en balance.

« Viens, on va sauter du pont, ça a l’air marrant non ? » Kalhen était exaspérant. Je venais d’avoir seize ans et à la maison c’était la guerre entre mon père et moi, je n’étais là-bas que pour les dîners, le reste j’étais dehors. J’avais élargis mon cercle d’ami, je ne me contentais plus des riches et des snobinards, je trouvais un petit plus chez les ‘normaux’. Ils avaient quelque chose que ceux de la haute société n’avait pas, et c’est peut-être parce que je traînais avec eux que je plongeais dans ma période de rébellion. Pourtant je dégageais toujours autant de classe et d’élégance avec eux. Les filles bavaient devant moi, elles s’arrachaient pour devenir mon amie ou se faire remarquer mais il y avait aussi les rivales. Celles-là, je les écrasais comme des petites puces. Pour les garçons.. hum c’était une autre histoire. Une grande graaaande histoire d’amour ! C’est aussi à cette période que ma passion pour les hommes commença à apparaître parce qu’ils étaient tous là, à me courir après et moi j’adorais me faire désirer et les faire mariner dans le jus. Me concentrant sur mon ami, je soupirais. « T’es un grand malade Kalhen ! Jamais je sauterais. T’as qu’à sauter toi et on verra si tu reviendras vivant. » Il riait tout en m’embrassant sur la joue, me prenant dans ses bras pour m’attribuer une petite étreinte. Je me sentais bien avec lui, j’étais quasi moi-même et presque normale. Je n’étais plus une pétasse raillant les autres, mais une gentille jeune fille, une adolescente nette, normale.

UNE HEURE QUARANTE SEPT DU MATIN. Ma sœur me secoua vivement, crachant presque sur moi pour me réveiller. « Quoi quoi quoi ? Qu’est-ce qu’y a à la fin ?! » Elle avait les larmes aux yeux. Ohla ça sentait pas bon ça.. « C’est Kalhen.. il est à l’hôpital et il parait qu’il est sur le point de perdre la vie, putain Perdi dépêche toi d’aller à l’hôpital avant que les bonnes se rendent compte que tu es plus là ! » Mon corps tout entier trembla à ce moment. Il ne m’était pas arrivée de pleurer depuis longtemps et pour les rares fois où je montrais des pleurs, c’est que réellement ça me touchait. Et là ça me touchait plus que beaucoup. Parce que Kalhen était tout pour moi, mon seul ami fidèle et loyal qui m’avait apprit à faire des galipettes (dans tous les sens du terme) et si je le perdais c’était fini pour moi. Je me hâtais, arrivant au comptoir de l’hôpital insultant même la réceptionniste. « Purée pétasse t’es pas foutu de faire ton boulot tranquillement. Reste donc sur ton siège avec tes bourlets et ta coupe à la ouaneuguene !! » Elle me donna un nom, une salle et quand je fus à destination : « Il est trop tard. » Stupeur, tremblement, je tombais à terre, toute flasque ne sentant plus mes jambes. Kalhen.. pourquoi avais-tu sauté de ce pont non de dieu ?! Je n’avais même pas pu te dire à quel point je t’aimais. Que tous les soirs je pensais à toi, et que lorsque nous nous étions rencontrés, j’écrivais ton prénom partout sur mon journal intime : « Kalhen + Perdita = ». En revenant chez moi totalement effondrée, mes parents m’attendaient au seuil. Ils pouvaient être furax ou me détester je n’en avais plus rien à faire. L’être le plus cher à mes yeux venaient de partir et jamais personne dans ma famille – à part ma sœur – ne comprendrait la peine que j’éprouvais pour un ‘pauvre’. Encore une énième morale de mon père que je n’écoutais pas, trop occupée à penser de ce que j’allais faire pour les funérailles de Kalhen.

Et c’est depuis la perte de Kalhen que j’ai développé mon côté garce. Au plus profond de moi-même se trouvait ce côté sombre mais je ne l’exploitais pas assez, restant soft. Maintenant je ne me cachais plus et je devenais totalement indépendante, me détachant petit à petit de l’emprise familiale tout en restant proche de mes frères et sœur, de tout le monde à part mes parents. C’est d’ailleurs eux qui m’envoyèrent aux quatre coins du monde : Russie, France, Australie, Chine, Mexique puis ici à Cambridge. Je me demande encore si je resterais longtemps ici, ça fait quatre ans que j’y suis déjà et je m’y plais bien, je commence petit à petit à me créer mon empire. CAMBRIDGE EST MIENNE
C'est sous ce discours pleins de prétentions que je vous laisse, adios.