L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous. On m'a toujours parlé de ce concept étrange qu'est le libre arbitre. Ce fait d'être purement et totalement à l'origine de ses actes, de décider soi même de ses choix. On est tous censé représenter notre libre arbitre. Dans l'absolue, il est dit que l'on est tous capable de faire ce que l'on veut, que nos choix ne sont dicter que par notre conscience. Et pourtant, il arrive toujours un moment où tu te rends compte que cela ne suffit pas. Tu te rends compte que tu as beau être un être libre, tu ne l'es pas pour autant. Il y a toujours des chaînes qui te retiennent, qui t'empêchent d'être qui tu veux réellement être. Sauf que parfois, tu es tellement dictée par tes convictions que tu le sais depuis le début. Tu sais depuis le début que même si ce n'est pas ce que l'on attend de toi, tu le feras, parce que c'est ce que te dicte ton instinct, ton envie.
Je pense que cela me représente bien. J'ai toujours eu envie de suivre mon instinct et j'ai tendance à croire que j'ai fais le bon choix. J'ai toujours agis comme je le voulais, même si cela était le total contraire de ce que mes parents attendaient de moi. Bien sûr que j'aurais pu être l'enfant modèle, la petite fille parfaite. Bien sûr... sauf que je ne suis pas Livia. Je ne suis pas ma sœur et je ne le serais jamais. Pourquoi ? Parce que j'ai une vision de la vie bien différente de la sienne, et de celle de mes parents en somme. Depuis toujours j'ai droit à leurs réflexions, leurs reproches. "Pourquoi ne peux-tu pas juste te contenter d'être comme ta sœur ? Pourquoi ne suis-tu pas son exemple ? Elle est tellement parfaite!" Tout simplement parce que je la déteste. Ma propre sœur, je le sais. Je ne devrais pas mais pourtant c'est le cas. Elle m'a trop fait enduré toutes ses années pour que je ne puisse rien dire aujourd'hui. J'en ai marre de me laisser rabaisser, de me laisser marcher sur les pieds par Princesse Livia. Heureusement pour moi, dans toute cette tourmente, j'ai toujours pu compter sur mon grand frère Gabriel. Et une partie de moi, considère qu'il est la seule personne sur qui je peux réellement compter. Même si je n'ai jamais été au centre de l'attention de la famille, comme Livia, j'ai été au centre de l'attention de Gabriel pendant des années. Au fond de moi, je sais que c'est ce qui me vaut la méchanceté de ma sœur, sa jalousie. Je me fiche de ça aujourd'hui, elle m'a trop fait enduré pour que je me prive d'une relation avec mon frère.
Peut être que sans toute cette colère que je contiens contre ma sœur et mes parents, je ne me serais pas forgée ce caractère que j'ai aujourd'hui. J'ai appris à ne pas me laisser faire, parce que j'en avais besoin. Je n'ai pas envie d'être une victime, je veux montrer que j'ai confiance en moi, qu'il en faut beaucoup pour m'atteindre même si au fond de moi, c'est tout le contraire. Je ne suis pas la fille la plus confiante qu'il soit, ni la plus caractérielle. Je suis une fille sensible, qui ressens les choses par mille et quand on me connait bien, il est facile de savoir comment me blesser et me mettre au plus bas. Je me dis parfois que je suis une contraction à moi seule, un paradoxe humain. Je parais sûre de moi, mais à l'intérieur, c'est tout le contraire. Alors je me tiens à garder cette image, cette image d'une fille aux allures cool et laxiste sans prises de tête, pour ne pas qu'on réussisse à me percer à jour, même si certains y réussissent.
De même que rien ne peut me séparer de mes idéaux, mes principes, mes convictions. J'ai toujours eu un goût très prononcé pour défendre l'injustice, j'ai horreur de cela. Et je l'ai déjà fait savoir. Dans une vie antérieure, je pourrais m'imaginer comme une super-héro qui sauverait le monde et qui amènerait à nouveau la paix partout dans le monde. C'est simple : je suis un peu près contre tout ce qu'il se passe dans le monde aujourd'hui. La pauvreté, la guerre, l'inégalité des chances chez tous. J'aimerais pouvoir y faire quelque chose et si j'en ai la chance un jour je le ferais. J'aimerais pouvoir faire le tour de monde un jour et je crois que je le ferais. Je veux tout connaître de ce monde, toutes les cultures différentes, les langues, les paysages. C'est mon côté aventurier, toujours désireuse d'en voir plus, d'en connaître plus. Je n'en ai jamais assez, je suis toujours curieuse de tout, du monde. Comme si j'avais été retenu quelque part pendant tellement temps que je voulais redécouvrir le monde.
D'ailleurs, en parlant de tour du monde, le mien pourrait bien commencer maintenant. Première destination ? Les Etats Unis, l'Amérique du Nord, Cambridge, Harvard. Dans la normale des choses, j'aurai du entamer ma quatrième année d'étude dans ma fac au Brésil, mais ma mère en a décidé autrement. Encore une fois, à cause de ma chère sœur Livia. Disons que je me suis laissée aller à de nouveaux horizons, je voulais juste m'amuser, découvrir d'autres choses que le monde dans lequel j'ai toujours vécu. Et ça m'a plu. Je me suis rendu compte que lâche réellement prise en étant soi même à 100% était la meilleure des solutions. Je ne me suis jamais sentie aussi vivante, je crois, que ces derniers temps. Mais évidemment, ma manière de faire les choses ne convenait absolument pas à mes parents, qui ont décidé de m'envoyer à Harvard aux côtés de Gabriel. Seul point positif. Ou peut être pas le seul. Oui j'allais retrouver mon grand frère, mon tout, mon modèle, mon héro, dont la présence me manquait plus que tout au monde. Mais j'allais aussi pouvoir m'éloigner de Livia. Enfin c'est ce que je croyais. Si elle réussissait toujours à trouver le moyen de me pourrir la vie au Brésil, elle trouvait encore le moyen de me suivre jusqu'à l'autre bout du continent pour continuer son manège. Sauf qu'une fois là bas, rien ne me retiendra de ne pas la laisser faire et je sais parfaitement que j'aurai mon frère avec moi.