angels or devils [Arielle]

Ashton marchait sur la plage, les pieds dans le sable fin et chaud, la brise fraiche venant se confronter à son visage dans un geste aussi sec que doux à la fois. Le Spring Break déteignait sur sa relation avec Naomi. Il n’aimait pas ça du tout, mais une tension certaine s’était emparée d’eux et semblait ne plus vouloir les libérer. Il ne savait pas vraiment ce qu’il devait faire, mais elle l’avait vexé, et il préférait méditer tout seul plutôt que de faire quelque chose qu’il regretterait. Le jeune homme était beaucoup plus réfléchi qu’à son arrivée à Harvard. La maturité semblait reprendre ses droits lui qui avait toujours fait en sorte qu’on le prenne pour l’idiot de première, et il s’isolait pour mieux se retrouver, comme si marcher sur la côte néo-zélandaise lui serait d’un grand secours. Il pensait à tout le chemin qu’il avait fait jusque-là. Il n’était plus très loin de son rêve américain : la NBA lui tendait les bras, on disait déjà de lui qu’il serait le meilleur pivot de tous les temps. Shaqueel O’Neal lui-même avait déjà entendu parler de lui. Mais tout était encore possible. Il n’était pas à l’abri d’une mauvaise blessure. Il craignait encore que son monde s’écroule. Il avait pourtant toujours tout fait pour réussir : il avait été bon élève jusqu’à présent, un gamin sans histoire pourtant issu d’un quartier très pauvre de Detroit, mal fréquenté au possible. Il aurait pu mal tourner comme la plupart de ses amis, mais il était resté fidèle aux valeurs inculquées par sa mère. Ici, il avait voulu être différent. Parce qu’à être trop valeureux, vertueux, on en devient une cible privilégiée, et subir des moqueries toute sa vie l’avait contrarié. Ici, on ne voyait que son talent pour le basket, ou alors on l’associait à Naomi. Mais ici, il n’avait pas gagné de concours de mathématiques, il ne s’y était pas inscrit. Ici, il avait été le coureur de jupons à qui on ne parle pas, mais avec qui on couche. Mais parfois ça faisait du bien de retirer ce costume et de se comporter mieux. Il n’était pas tout le temps lui-même. En fait, très peu de personnes avaient le privilège de le voir se comporter normalement. Parmi ces personnes, il y avait cette jeune fille, Arielle, qui se trouvait un peu plus loin sur la plage. Il l’appréciait beaucoup, elle avait toujours été naturelle, et avec elle, il l’était aussi, sans se poser de questions. Alors quand il la remarqua un peu plus loin, il accéléra le pas pour aller à sa hauteur, et s’installer dans le sable à côté d’elle. « Hey Ari… Je suis content de te voir. » Au moins, elle le tirerait de ses songes, et il pourrait penser à autre chose qu’à son couple. « Ca va toi ? Tu t’éclates au Spring Break ? » Dit-il d’un air plutôt curieux. Il ne saurait dire si elle s’éclatait, mais elle le lui dirait bien assez tôt.