ROXAYLIN ♡ We bleed the same light

2029 - J'avais du mal à réaliser. J'ai toujours su que le père de mon père n'était pas mort. Qu'il était à la tête du groupe Tavistock, une des plus grosses fortunes anglaises. Mais je n'avais pas été proche de lui, ou du moins, pas depuis toute petite, mon père ayant coupé les ponts avec lui. C'est à partir de la vingtaine que nous avions repris contact, lorsqu'il m'a retrouvée à Harvard. D'abord, pour s'excuser d'avoir été absent, et surtout, pour m'avoir laissé aux mains de son propre fils, alcoolique, violent, monstrueux. Comment aurais-je pu le blâmer ? Mon père l'avait éloigné de nous, avait coupé les ponts avec toute la famille sans leur laisser le moyen de nous joindre. Et aujourd'hui, il était décédé. J'ai eu du mal à annoncer la nouvelle à Aylin. Elle s'était attachée à son "grand papi". Il avait un peu pris la place de grand père que mon père avait laissée, même si nous ne nous étions pas vus souvent. Elle voyait toujours, à son âge, Mr. Lewis comme "son grand père", sans vraiment imaginer ce qui se cache derrière l'homme. C'est pour ça que lorsqu'on m'a dit que je devais me rendre sur place, aux Bahamas, pour les formalités et pour récupérer l'entreprise, j'ai décidé de l'emmener avec moi.

Alors que l'avion atterrissait, je secouais doucement l'adolescente, passant ensuite une main dans ses cheveux blonds. « Debout beauté, on est arrivées. » Après les formalités de sortie, la récupération des bagages, le chauffeur envoyé par Tavistock nous récupéra. C'est seulement une fois installées sur la banquette arrière, que je me penchais pour regarder Aylin. « Comment tu te sens ? Si tu veux qu'on passe d'abord à l'hôtel, pour que tu restes le temps que je m'occupe de la paperasse, y a aucun soucis chérie.. » Le chauffeur, néanmoins, m'interrompis. « Madame, si je peux me permettre, Monsieur... Votre grand père possédait une villa en dehors de la ville, elle vous appartient désormais. C'est là que je dois vous transférer. » Je restais légèrement ahurie un moment, avant de hocher la tête. Puis, je regardais Aylin, attendant de savoir si elle tenait à m'accompagner, ou non.

2029 - J'avais récemment appris que mon arrière grand-père était décédé. À vrai dire je le considérais comme mon grand-père directement. Je ne l'avais pas souvent vu mais le peu de moments que j'avais partagé avec lui étaient vraiment cool. Il avait été un super grand-père et me conseillait souvent sur mes choix dans la vie, surtout au niveau des études. Alors le perdre m'avait fortement attristée. J'avais toujours un peu du mal à le réaliser mais c'était bien vrai. Et je m'en étais rendue compte lorsque ma mère m'avait proposé de venir aux Bahamas avec elle pour régler quelques trucs à propos de l'entreprise que notre grand-père lui avait légué. Après des heures de vol, nous étions arrivées à l'aéroport. Je sentais une main parcourir mes cheveux et la douce voix de ma mère me réveiller. Je grognais un peu et m'étirais avant de me lever. Après avoir récupéré nos bagages, nous quittions l'aéroport et un chauffeur envoyé par l'entreprise nous attendait devant. Une fois à l'intérieur, je débutais une discussion avec ma mère. Elle me proposait de rester à l'hôtel en attendant qu'elle s'occupe de la paperasse pour l'entreprise. Je réfléchissais quelques secondes.. De toute manière je n'avais rien de mieux à faire que d'accompagner ma mère. Je m'apprêtais à répondre mais le chauffeur s'en mêlait et nous annonçais au passage qu'on allait séjourner dans une villa à l'extérieur de la ville. « Sérieusement ? » je regardais le chauffeur qui hochait la tête, très sérieusement. Oh mon dieu, on avait une villa. Enfin, elle appartenait à ma mère mais c'était pratiquement pareil au fond. J'aurais pu exploser de joie dans d'autres circonstances, mais en sachant que cette villa et cette entreprise appartenaient maintenant à ma mère à cause du décès de papi, je n'en avais pas envie. Il valait bien plus que toutes les villas du monde à mes yeux, mais tout le monde partait un jour, n'est-ce pas ? Je laissais mes pensées de côté pour me concentrer sur ma mère. « Hmm non je veux bien t'accompagner, on a le temps de voir la villa plus tard..  »

Aylin était toute aussi surprise que moi par la nouvelle qu'on venait de nous donner. « Sérieusement ? » Pourquoi est-ce que personne ne m'avait dit ça auparavant ? Pas même mon grand père ? Bon, après, ça a toujours été un homme très humble et respectable, peut-être ne voulait-il pas exposer ses acquisitions ou s'en vanter. Je reportais à nouveau mon attention sur ma fille, laquelle me répondit à la question que je lui avais posée plus tôt : « Hmm non je veux bien t'accompagner, on a le temps de voir la villa plus tard.. » Après quelques secondes à regarder Aylin, je finis par dire à l'attention du chauffeur, sans quitter l'adolescente du regard: « Bien, nous allons faire un détour par la villa pour poser nos affaires s'il vous plait. Merci à vous. » Je fis un petit sourire, haussant une épaule. « Si tu m'accompagnes, on peut au moins se débarrasser de tous ces sacs, et respirer un peu. » Après quelques longues minutes de trajet, peut-être une demie heure, nous arrivions à la villa, laquelle était ... A la fois immense et simple. Après avoir déchargé nos affaires, et récupéré la clé, j'ouvrais la porte avec un mélange de curiosité et d'appréhension. Puis, je sortais mon téléphone de ma poche pour composer un numéro. « J'ai promis à ton père de lui envoyer un message une fois arrivées, il aime pas quand je t'emmène hors du pays ce parano de service. Je te laisse donc tout le loisir de choisir ta chambre en première chérie, j'arrive dans cinq minutes. » Jude, Jude Jude. Le père de ma fille a beau être un précieux ami, je crois que jamais je n'arriverais à le débarrasser de son pessimisme. Je lui téléphonais donc rapidement, pour lui assurer que sa fille était toujours vivante, pas de crash aérien, de kidnapping. Faut qu'il arrête les films comme Taken. Après avoir raccroché, je haussais la voix pour repérer ma blonde: « Aylin ? Tu as trouvé chérie ? »