NJALL. J HAARDE ► Oscar Spendrup

Njáll a vu le jour un certain 12 décembre 1992 dans la capitale Islandaise, Reykjavik. Ses parents étaient tous deux fermiers dans les montagnes alentours, je vous vois déjà sourire à cette annonce. Il ne s'agissait pas de péquenauds comme vous le pensez. Leur ferme était un petit établissement varié, allant de la vache au mouton, en passant par l'incontournable cheval islandais. C'est ainsi que le jeune homme développa son amour pour les équidés. Durant les premières années il montait les poneys de ses parents, de gentilles peluches paisibles avec qui il faisait le tour des bâtisses. Arrivé l'âge des six ans, il voulut en savoir plus. Marcher le long des enclos était bien amusant au départ, mais il était en soif d'apprentissage, celui de l'art équestre. C'est ainsi qu'à la rentrée suivante il fut inscrit dans une école d'équitation non loin de chez lui. Fini les vieux licols raccordés, les promenades à cru au milieu des moutons. Il était passé aux choses sérieuses, les allures, les disciplines et surtout les chevaux. Enfin, les grands poneys pour le moment. Les premières années se passèrent sans encombre, il progressait rapidement, s'appliquant et étant attentif aux consignes. A chaque reprise, il arrivait souriant, peu importe le poney qu'on lui attribuait, il était heureux. Comme chaque enfant, il avait tout de même ses préférences, mais il n'avait que très peu l'occasion de monter ses poneys favoris. A la fin de sa première année, il passa son galop, à huit ans le deux, dix ans le trois et ainsi de suite jusqu'à ses seize ans où il avait le niveau six. Le garçon était devenu plutôt bon cavalier, travaillant toujours dans le respect du cheval et la demande, jamais la force. Il avait un peu touché à tout, principalement le dressage et l'obstacle, mais également le horse-ball, la voltige et le travail à pied. Il avait ses habitudes, tournant avec deux chevaux, Vígmundur un gentil hongre pour le plat et Irmý une grande jument pour le saut, il s'agissait de ses chevaux de concours attribués par l'école depuis deux ans déjà, si bien qu'il avait une sorte de demi-pension double. Vint le jour du fameux passage du galop sept. Njáll y allait confiant, tous ses examens s'étaient toujours passé à merveille, il fallait continuer dans cette lancée. La théorie fut rapidement expédiée, le manuel étant le livre de chevet du jeune homme, le dressage étant une reprise basique fut également une formalité. Le jour de l'obstacle arriva, le jeune homme se rendit à l'écurie de bonne heure, on lui annonça qu'Irmý s'était déferrée durant le week-end, il lui fallait donc une autre monture. On lui proposa Októ, un petit étalon gris nerveux. Bien qu'il ne l'ai monté qu'une seule fois, il accepta. La détente se passe bien, le cheval était à l'écoute, en avant et vif. Le début du parcours était propre, sans problème de hauteur ou bien de combinaison. Le cinquième obstacle se présenta, un oxer de quatre-vingt dix centimètres. Októ était dans une bonne allure, le cavalier était détendu. Pourtant arrivé à la hauteur des barres, inexplicablement le cheval se précipita dans un galop désuni. Il déroba brusquement et s'emballa de l'autre côté de la carrière. Le jeune homme surpris par cette action resta malgré tout en selle, cherchant à récupérer le contrôle. Mais d'un coup sec, l'étalon pila dans les barrières, éjectant son cavalier contre la clôture de bois. Le résultat fut sans appel, un traumatisme aux lombaires et un arrêt forcé de six mois. Ce fut un choc pour Njáll, qui à la suite de cela refusa catégoriquement de remonter à cheval. A cause de cette chute, presque douze années de travail s'envolèrent. Le jeune homme se concentra dans sa scolarité, ayant intégré une première scientifique, mais sans idée de métier.  Parallèlement il continua de monter à de rares occasions, chez des amis pour un petit tour de pré, chez lui pour ramener les poneys, mais plus question de suivre des cours. Deux années passèrent ainsi sans qu'il accepte de retourner dans un centre équestre, la honte, la peur, le traumatisme, ... Tout était mélangé dans sa tête, puis il allait avoir dix huit ans, que faire après son bac ? Où aller ? Un mercredi comme les autres, la mère du jeune homme l'appela. L'un de ses anciens amis éleveur, Karl, venait d'ouvrir son écurie et il avait besoin de l'aide de Njáll pour allait chercher quelques chevaux dans les landes car il était débordé avec les travaux. Toujours prêt à aider, Njáll s'y rendit à la fin des cours. C'est ainsi qu'une longue entraide commença, le jeune garçon venant chaque soir pour nourrir, sortir, soigner les chevaux. Ce n'était pas une écurie comme il les connaissait, pas de cheval de selle, nerveux, ni de poneys. Seulement des chevaux de trait. Petit à petit il reprit contact avec cette ancienne passion, d'abord en longeant certains chevaux, en en faisant marcher d'autres, puis ce fut tout naturellement qu'il s'y remit progressivement. Cela le changeait de ses anciennes montures fines typé Arabe ou Anglaise. Il était à l'aise sur ces grands géants à la force douce. Karl étant également moniteur, commença à lui redonner des cours, reprenant les bases, mais bien vite le jeune homme reprit ses habitudes d'antan et retrouva un niveau suffisant. Cependant, il refusa toujours de sauter, se focalisant sur le dressage. Il reprenait confiance en lui et en les chevaux, montant aussi bien les plus jeunes comme ceux d'expérience, le plaisir revenait. Une nouvelle jument arriva au manège, une imposante appaloosa toisant le mètre soixante-dix, Upprunalega. Dès qu'il l'aperçu, Njáll en tomba amoureux, de son physique, de sa beauté, de sa douceur et de sa puissance. Il s'occupa d'elle comme il le faisait avec chaque cheval, mais avait beaucoup plus de mal à quitter son box. Karl le remarqua et proposa qu'il la monte durant sa petite instruction car elle sortait d'une année de pâtures dans les montagnes. Ensemble ils firent leurs premiers concours de dressage, Upp fascinant le public et le jury par son gabarit contrastant avec ses allures et son obéissance. Ainsi une véritable relation de complicité naquit entre eux, la jument progressant et reprenant le travail, le jeune homme s'épanouissant avec une monture de qualité. Le jeune homme pensait de plus en plus sérieusement à être embauché ici, tout lui convenait, il était au contact des chevaux, ce n'était pas loin de chez lui et l'ambiance était familiale. Il proposa donc son projet à Karl. « ... Donc tu veux bosser ici gamin ? Mais, pourquoi ? 'Fin je veux dire qu'avec des études comme tu as fais, tu peux aller dans n'importe quelle école prestigieuse pour avoir un vrai boulot. » « Karl, c'est grâce à toi que j'en suis là, j'ai trouvé ma place ici puis je n'ai pas envie de quitter les chevaux, j'y suis habitué à présent. L'école la plus proche est à quatre heure de route, c'est bien trop loin pour rentrer le soir. Puis tu es mon maître d'école rappelle toi. » « Écoute Njáll, j'ai une proposition pour toi. Tu es un bon garçon, tu as du mérite, reste pas ici à croupir entre deux montagnes. Regardes donc ça, ça c'est un bon endroit pour toi. Envois ta candidature, si tu obtiens une place vas-y, tu peux le faire. » Ce papier, c'était celui d'une grande université aux États-Unis, Harvard. Njáll ne savait trop quoi faire, il s'agissait là pour lui d'abandonner une partie de sa vie pour s'envoler vers une nouvelle aventure. La décision fut longue et difficile à prendre, entre la raison et le coeur. Il ne pouvait se résoudre à passer sa vie en Islande à monter à cheval, il n'avait pas les ressources nécessaires pour évoluer dans le milieu et espérer se faire remarquer un jour pour devenir l'un des meilleurs. Alors que grâce à ses résultats scolaires ainsi que ses bourses obtenus par son travail assidus, il pouvait tenter une demande d'admission à l'université. Il obtint de Karl de pouvoir garder la jument, même si il ne reviendrait en Islande que deux à trois fois dans l'année, c'était quelque chose de primordial. C'est ainsi que son aventure Harvardienne débuta, pleine de promesses et d'espoirs.