Acide à s’en brûler le cœur. Pourvu que planent les esprits. Il y a tes yeux qui me tuent. Quand tu me dis que c’est fini.
20 janvier 2010 - New York
« Tu veux aller boire un verre après la répétition ? » La jeune fille relevait son visage vers le jeune brun qui venait de poser sa serviette sur ses épaules trempées de sueur. Fronçant les sourcils, elle se demandait si cela valait vraiment la peine de sortir un soir de semaine alors qu’elle avait cours le lendemain de bonne heure. Sa conscience lui interdisait de sortir tandis que son double démoniaque insistait pour qu’elle y aille. « Ok, on se retrouve ou ? » Le jeune homme souriait avant d’embrasser la joue de la blonde « Je passe te prendre bébé. » Bébé. Non mais quel goujat, grognant légèrement Anya recommençait ses pointes et s’étirait le long de la barre. Se hâtant d’aller sous les douches, elle laissait l’eau bouillant lui brûler la peau alors que ses larmes déferlaient le long de ses joues. Elle ne supportait plus le stress. Les examens pour passer en deuxième année venaient seulement de débuter qu’elle en avait déjà assez. Puis pourquoi avait-elle accepté d’aller à ce rendez-vous alors qu’elle savait pertinemment que Jeoffrey l’attendait de l’autre côté de l’Atlantique ? Stupide fille.
Une robe, des talons, un trait d'eye liner. Se regardant dans le miroir, elle essayait d'arborer un réel sourire en attendant qu'Aaron vienne toquer à sa porte. Attrapant sa besace, elle descendait en bas de son immeuble, tandis qu'elle voyait la chevrolet se garait juste en face de l'endroit où elle se trouvait. Fils à papa. Le jeune homme était vêtu d'une simple chemise et d'un pantalon noir, mais il était beau. Elle levait les yeux au ciel en secouant la tête pour ôter la pensée perverse qui venait de lui traverser l'esprit. « T'es prête bébé ? T'es canon. J'ai hâte de pouvoir te retirer ta petite robe après la soirée. » « Crève Aaron. » Grimpant dans la voiture, elle allumait une cigarette pour en tirer une longue bouffée. La nicotine s'infiltrait dans sa trachée et elle en savourait la douce mais tragique sensation que cela lui procurait. La main d'Aaron se posait sur sa cuisse et elle la retirait aussitôt. Elle ne voulait pas coucher avec lui, elle voulait juste faire la fête. Elle profitait de cet homme qui voulait à tout prix la mettre dans son lit, il y arriverait un jour. Mais ce soir n'était pas le bon soir pour lui. Elle n'allait pas céder. Mais la soirée ne faisait que commencer.
« Aaron ! Tu es saoul ! Laisse-moi conduire. »« Mais non bébé ! Je peux conduire puis c'est pas loin chez toi. T'inquiète, au pire je dormirais avec toi, après t'avoir fait l'amour sauvagement. » Grimpant à contre coeur dans la voiture après avoir pesé le pour et le contre, elle regardait par la fenêtre le paysage qui défilait sous ses yeux. New York, la ville lumière, la ville qui ne dort jamais. La main d'Aaron se glissait sous sa robe et elle n'avait pas l'envie ni le courage de repousser sa main. Elle se prêtait même au jeu, sa propre main glissant sur l'entrejambe du jeune homme. « Bébé, j'ai envie de toi. » L'alcool montait tellement à la tête de la jeune fille qu'elle embrassait lentement le cou du jeune homme, même s'il conduisait, elle n'avait plus peur. Bizarrement, elle n'avait pas peur. Ce n'est que lorsqu'elle se reculait qu'elle s'apercevait qu'il roulait beaucoup trop vite. Elle ne pouvait rien dire, elle ne pouvait pas crier, elle était tétanisée. Et ce qui devait tragiquement arriver arriva. La voiture fit un tonneau et se retrouvait sur le toit. Elle hurlait, elle hurlait si fort mais, personne ne l'entendait. Elle était bloquée, sa jambe lui faisait un mal de chien et elle sentait le sang coulait le long de sa joue. Aaron était sorti de la voiture et l'avait laissé là. Elle fermait alors les yeux, se laissant lentement aller dans les abîmes de la douleur.
Je voudrais perdre la mémoire pour ne plus changer de trottoir quand je croise mes souvenirs.
13 juillet 2012 - Paris
Allongée sur son lit, la jeune femme regardait la tour Eiffel à travers la baie vitrée, les yeux perdus dans le vide elle allumait une cigarette pour s’intoxiquer un peu plus. Fermant les yeux, elle repensait à ce soir de Janvier, où tout avait basculé.
Flash-Back :
Les bruits des machines retentissaient dans la pièce blanche. La jeune Anya était branchée de toutes les manières possibles et inimaginables. Perfusée, un tuyau dans le nez, plâtrées des deux jambes. Sa mère se tenait à ses côtés. « Maman… Que m'ait-il arrivé ? » La femme à la chevelure brune caressait le visage de sa fille de ses doigts fins. « Tu…Tu as eu un accident de voiture… » Fronçant les sourcils Anya ne comprenait pas. Jusqu’à ce que des flashs lui reviennent en tête. Elle se revoyait dans la voiture, hurlant, elle réentendait les sirènes des pompiers, les policiers qui parlaient mais qui semblaient si loin. « Bonjour Anya ! Comment te sens-tu ? » Tournant difficilement la tête, elle apercevait un homme à la chevelure grisonnante qui portait une blouse blanche. « Je.. j’ai mal.. à la tête.. aux jambes.. mes jambes.. Je.. » Le médecin posait une main délicate sur son front et adoptait un rictus qui ne plaisait pas à la jeune fille. « Docteur … Il faut que je sorte ! J’ai mes partiels pour passer en deuxième année… Demain ! Je crois. » « Non Anya. Tu ne pourras pas y aller. Tu ne pourras plus y aller. Tu ne pourras plus danser. » Elle l’assassinait du regard. « NON ! JE DOIS DANSER ! JE NE PEUX PAS NE PAS DANSER ! JE SUIS A LA JUILLIARD SCHOOL ! CE N’EST PAS POUR RIEN ! » Arrachant ses perfusions, elle se levait et n’eût pas le temps de dire ouf qu’elle se retrouvait à terre. Les larmes déferlaient le long de ses joues, et elle sombrait une fois de plus dans le néant.
fin du flash-back :
Rouvrant les yeux, elle envoyait balader sa table de chevet avant d’aller chercher des pilules dans son sac. Son quotidien se résumait à cela désormais. Pilule, shit, alcool, sorties, cigarettes. Elle n’était plus qu’une loque dans ce monde. Elle n’arrivait plus à avoir d’ambitions, elle n’était plus qu’une coquille vide. Dénuée de tout sentiments.
Un soir de Juillet 2012 – Les péniches près de la seine ; une soirée quelconque.
Elle dansait à en perdre la tête, une bouteille de vodka dans une main, buvant quelques gorgées, elle sentait la tête qui commençait à lui tourner sérieusement. Elle embrassait un garçon, puis un autre, avant de les jeter. Puis il y avait cette fille, elle avait les cheveux colorés, des lèvres qu'elle avait envie d'embrasser. Elle s'approchait d'elle et elles dansaient corps contre corps. Les lèvres de la blonde se déposaient sur celle de la jeune fille aux cheveux roses. Puis des mains qui se baladaient, des lèvres qui s'effleuraient et une nuit passée, puis deux, puis des journées à refaire le monde. Un coup de cœur. Puis un départ, et encore et encore des coups d'un soir, pour l'oublier. Elle. Amy.
Et mes rêves se brisent sur tes phalanges, je t'aime trop fort ça te dérange
Janvier 2015 ; Cambridge, le studio d'Anya.
« Je.. Je t'aime. » Les lèvres tremblantes, Anya prononçait ses quelques mots qui avaient beaucoup de sens pour elle, elle ne disait jamais Je t'aime , c'était un bien grand mot pour elle. « Je t'aime mais pas assez. » Voila le dernier je t'aime qu'elle avait reçu. Son ex. Cet enfoiré qui lui avait pourri la vie. Anya déposait ses lèvres sur celles d'Amy tandis que la jeune femme tentait de fuir pour aller à l'université. Elle la laissait partir. Regardant autour d'elle, elle soupirait, elle ne pouvait pas. Ses sentiments lui faisaient peur. Attrapant un sac de voyage dans la pièce qui lui servait de dressing, elle enfonçait quelques affaires avant d'appeler sa mère. « Maman, j'arrive. J'ai besoin de changer d'air. » Puis, elle saisissait un stylo et laissait un mot à Amy « Pardonne moi. A. xx » Claquant la porte, elle déposait le chèque de son loyer à son propriétaire avant d'héler un taxi pour aller à l'aéroport. C'est ça Anya, une âme baroudeuse, mais une âme d'enfant. Quelqu'un qui ne supportait pas d'être attachée à quelqu'un d'autre mais qui au fond, avait un intense besoin d'amour. Anya est le genre de fille qu'on aimait autant détester qu'aimer. Anya, c'est un électron. Électron libre.