(elisa et amen) Rencontre dans un jacuzzi naturel

Je n'avais pas trop envie de me lier au groupe aujourd'hui. Le décalage horaire me rendait très sensible aux bruits alentour, c'est pourquoi je cherchais un petit coin à l'écart, duquel je pouvais garder un oeil sur l'agitation. Je marchais jusqu'à une source inoccupée et m'asseyais sur son bord, pour profiter de l'eau chaude qui allait à coup sur me détendre. J'enlevais mes sandales et plongeais mes pieds dans l'eau tout engendrent mon short et mon débardeur. Je replaçais sur mon nez mes lunettes de soleil qui étaient très utile avec les grand soleil qui nous éblouissait. Je pouvais enfin lâcher prise et oublier Harvard et sa charge de travail pharaonique. Je sentais me muscle se décontracter lentement et je fermais les yeux pour savourer l'instant, avec en bruit de fond les cris de mes camarades que je percevais à peine. Je murmurais « Amen » comme si mes prières étaient enfin toutes exaucées.

En ce moment, je suis vraiment en marge des autres. Je le suis toujours d'une certaine façon, mais bien plus en ce moment. Mon côté prude et introvertie ne m'aide pas réellement à trouver ma place en pleins spring break. Encore une fois, alors que tous mes camarades forme un grand groupe, je choisi de m'éloigner. Je crois que finalement le poids d'une déception amoureuse est supérieure à celui que je pensais. C'est la première que je vis en vingt ans d'existence et ça me déchire littéralement de l'intérieur. J'ai essayé d'oublier, de relativiser, mais rien n'y fait, mon coeur à imploser. Ca me pompe toute ma bonne humeur et mon énergie ce qui a pour cause un retrait de ma part. J'ai besoin de me trouver un coin d'eau chaude rien qu'à moi pour m'évader, me détendre un peu. Perdue dans mes pensées, j'ai tendance à frôler de trop prêt les gens. Je m'en rends compte lorsqu'une voix inconnue me sort de mes pensées. Tu m'as parlé ? demandais-je un peu hésitante et perplexe. Cela sonne presque comme une intrusion dans son espace personnel et j'ose espérer qu'elle ne se sentira pas agressé, mais elle a dit mon prénom ça veut bien dire quelque chose, non ?

Une voix derrière moi répondait à ma parole en l'air. « Tu m'as parlé ? » Je me retournais et trouvais, en contre-jour, une silhouette fine et féminine. Je secouais la tête pour remettre ma longue chevelure blonde en place. Je jaugeais la silhouette, adaptant mes yeux à la lumière. Je ne connaissais pas cette demoiselle, elle m'était même totalement inconnue. Pas rencontrée dans l'avion qui nous avez mené à Wellington, elle semblait sortie de nul part. Je me rendais compte assez vite que je fixais cette personne sans même lui avoir répondu. « Non, désolé, je parlais toute seule. J'ai l'habitude de converser avec mon moi intérieur à voix haute. » Je lui souriais pour qu'elle ne me pense pas folle. Ce n'était pas le moment de passer pour une folle, en ce début de voyage avec des personnes qui allaient partager ma semaine. « Si tu cherches un endroit pour une petit commission, je crois que les arbres là-bas t'abriteront. » J'accompagnais ma phrase d'un geste indiquant l'endroit en question, à quelques mètres de nous.