ALICIA SINCLAIR ► Claire Holt

La vie peut prendre parfois des tournures étranges. Les gens ont des rêves, les gens ont de l'espoir. Puis tout s'évapore et la réalité vous rattrape. Cette réalité qui vous tord les tripes à en vomir, un cauchemar éveillé pour ceux qui ne sont pas nés au bon endroit au bon moment. Pour ceux qui n'ont simplement pas de chance. Pour Lana, la vie n'a pas toujours été une partie de plaisir. Ce n'est pas un conte de fée, même si l'histoire commence également par « il était une fois ». Mais il ne faut pas vous attendre à y rencontrer des princes et des farfadets. Sauf peut-être dans vos rêves les plus fous...

La vie est injuste. Il arrive des malheurs aux gens biens et les mauvaises personnes ont la belle vie. Parfois, il arrive que tout revienne dans l'ordre. Mais en attendant, il faut vivre avec, subir les épreuves de la vie. Cela faisait une bonne heure que je me cachais dans le placard, mesurant ma respiration afin d'être discrète. Les larmes coulaient sur mes joues, alors qu'une légère fente me permettait de voir la scène qui se passait dans la pièce d'à côté. « Mais arrête de parler, tu ne sers à rien! » Après quelques secondes où la voix grave du petit ami de ma mère ne faisait que jurer, cette dernière lâcha un léger cri, je ferme aussitôt les yeux bien forts, souhaitant de tout mon être que je sois en plein cauchemar. Pourtant, quand je les rouvris, j'étais toujours dans le placard, me cachant de notre pire cauchemar. J'aurais peut-être dû intervenir et ne pas le laisser faire. Mais ça n'aurait servi à rien. J'étais lâche de me cacher, mais il m'aurait aussi battue si ce n'était pas le cas. Ma mère m'avait un jour faite  promettre de toujours éviter ce genre de scène. Soudain, le silence envahit la pièce, puis la porte claqua quelques secondes après. Il était parti. Tremblante, je sortis de ma cachette et rejoignis ma mère, avachie par terre dans le salon. Je me précipitais vers elle et regardais les différents bleus qu'elle avait sur tous le corps, et son visage ensanglanté. « Maman » Elle passa une main sur ma joue et je me ruais dans ses bras, cherchant le réconfort et lui montrant également mon soutien. Du haut de mes huit ans, je savais que la meilleure chose à faire était de quitter cet être ignoble. C'était la seule façon de sortir de ce cauchemar.

Les démons du passé sont parfois bien difficile à oublier, les blessures ne s'estompes pas aussi facilement qu'on ne l'aurait exigé, c'est peut-être pour ça que j'ai toujours eu tendance à vouloir protéger ma mère, voyant d'un mauvais œil ce nouveau mariage avec cet homme. Je ne souhaitais pas revivre ces mêmes erreurs qui m'ont marquées. Elle semble pourtant bien heureuse dans ses bras, peut-être devrai-je penser à me sentir heureuse pour elle, mais dans chaque histoire une ombre vient noircir ce tableau digne d'un conte de fée. Lui. Ce gamin aujourd'hui devenu mon demi-frère.

« Dégage! » Venais-je de lui cracher au visage tout en le repoussant de ma main. Il s'en amuse, ce sourire charmeur au coin de ses lèvres t'agace, ça l'amuse de me voir m'énerver ainsi après lui. Cela fonctionne ainsi entre nous, il me pourrit la vie et je ne peux rien faire pour le repousser, il revient toujours à la charge, ravi de me voir péter un câble. Je lui balance au visage un magasine traînant sur la table basse. Il s'avance vers moi, ce même sourire débile scotché à ses lèvres, je recule, ne sachant pas quelle nouvelle idée saugrenue venait de lui traverser l'esprit. Tendant mes deux mains en avant, il force le passage pour venir à-moi, happant mes lèvres pour un baiser. Surprenant, étrange, agréable contre toute attente. Je ne quittes pas son regard des yeux, il me tourne le dos pour s'enfuir à nouveau dans un rire étonnement diabolique, fière fasse à ma faiblesse. J'avais été incapable de le repousser. Folle de rage, je lui jette à nouveau un objet à l'arrière de son crâne. Une pichenette pour lui. Je déteste cet homme!

Cela fait plusieurs années que je suis en ville, arrivée ici à l’âge de mes quinze ans, l'endroit n'a plus aucun secret pour moi. J'ai ainsi intégrée la prestigieuse université d'Harvard, l'un de mes premiers choix. Je ne suis pas la meilleure élève qui soit, mais pas la plus médiocre pour autant, la preuve, j'ai été acceptée à Harvard! Je ne suis pas une personne qui passe son temps à étudier, je me prend peu la tête. Je profite de ma liberté afin de vivre ma propre histoire, me construire de nouveaux souvenirs, profiter de la vie