Je. L'identité.
J'ai toujours trouvé cela étrange de parler de moi. Je n'ai jamais eu cette prétention à parler de moi, de qui je suis ou encore de ce que j'aimerais devenir. Mais je suis Amy, Amy parce que Willow c'est trop personnel. Ou alors, Amy c'est mon nom d'artiste. Je signe mes codes, mes programmes informatiques ou encore mes peintures par Amy. C'est mon pseudo, une autre identité, celle que j'ai décidé de me créer. Je suis celle qui regarde des films, des séries et qui pleure devant l'écran. Je pleure silencieusement, ou avec extravagance. Je suis une drama queen, je suis extravertie comme introvertie. Je suis marrante, parfois pesante. Une enfant, avec un peu trop de naïveté pour réussir à survivre. Les autres me disent souvent que j'ai l'air passive, ailleurs, dans un monde extérieur. Je me pense déterminée, passionnée. J'ai envie de connaître, de savoir, de maitriser. Je suis rose. Je suis les couleurs, les émotions et la vie. Je représente beaucoup de choses, comme la paresse ou encore l'être bordélique par excellence. Je ne suis pas assez méchante, pas assez méfiante. Je suis Willow, j'aime l'amour, les hommes, les femmes, les coeurs, les corps. J'aime les peaux, différentes, aimantes et amantes. Je suis indépendante. Willow, Amy Walker.
Tu. L'avenir.
Tu veux une chose puis une autre. Tu veux caresser l'herbe et voler à travers les nuages. Tu veux nager dans tous les océans comme tu veux paresser sur une chaise au soleil. Tu veux les cheveux roses puis tu veux les cheveux blancs. Tu veux un homme comme tu veux une femme. Tu veux trouver l'amour mais tu vas dans les lits des autres. Tu veux être la définition de l'indépendance mais tu ne peux te passer de ta jumelle. Tu veux jouer aux jeux vidéos puis tu veux voyager. Tu veux arrêter de pleurer comme tu veux ressentir toutes les émotions autour de toi. Tu veux écrire mais tu te défonces la tête. Tu veux avoir des amis et t'amuser. Tu veux réussir comme tu veux ne pas grandir. T'es une chose et son contraire, tu représentes la contradiction. Tu te complètes inconsciemment d'un autre être. Tu veux être toi. Tu es.
Il. L'erreur.
Il était le mal. Il était la douleur. Il était les larmes. Il était le poison. Il était le couteau. Il était la trahison. Il était la balle qui transperce un coeur. Il était l'abandon. Il était la haine. Il était lui, un être trop présent et absent. Il était le mystère. Il était l'indifférence. Il était l'amour. Il était les promesses. Il était le mensonge. Il était les sourires. Il était l'espoir. Il était la force. Il était le plaisir. Il était l'alcool. Il était la drogue. Il était la nuit. Il était le noir. Il était la décadence. Il était la culture. Il était l'artiste. Il était le premier. Il ne serait pas le dernier. Mais il était la plaie dégoulinant de rancoeurs, l'enfoiré, celui qu'on n'oublie jamais. Ô grand malheur, il était celui qu'on voudrait tuer, pour ce qu'il a fait, ce qu'il fera.
Elle. L'amoureuse.
Elle était amoureuse des mots, elle était amante des hommes, des femmes. Elle était le plaisir, d'un instant, d'une nuit, le temps d'un hiver heureux, un peu amoureux. Dans sa tendresse, on l'embrassait du bout des lèvres, la peau charnelle, consumée, enviée. Elle était l'amour, l'amour et les caresses. C'était l'éphémère, une bouteille à la mer, on jette les sentiments à l'horizon, à l'inconnu. Elle, encore et toujours. La liberté, l'emprisonnement. On aimait son sourire à la fraîcheur des premières heures matinales. On aimait ses yeux pour y découvrir la liberté, y déceler toute sa bonté. Elle était le feu et la fleur, la douceur d'une plume et l'ivresse de la vodka. Elle était le saut en parachute, le papier qu'on froisse et qu'on jette quand on veut. Volatile. Elle était elle, Amy, la naïve, la beauté, l'amour, le sexe, le désir. Elle était le vice, le péché.
Nous. L'osmose.
Nous représentait la famille Walker. Cette famille aimante, heureuse, bienveillante, soudée. Cette famille originaire de Chester, qui se composait de Sam et d'Elizabeth. Cette famille qui a mis ces deux bébés, ces jumelles, au monde. Cette famille modeste, qui cherchait simplement à vivre heureux. Nous représentait la solidarité, la complicité. Nous qui avait vécu le déménagement en banlieue londonienne, alors que Joanna et Willow avaient seulement cinq ans. Une occasion pour un père et sa famille, une augmentation de salaire. Une promesse. Nous se composait d'une culture typiquement anglophone, de voyages, d'une richesse croissante, d'une réussite. Nous c'était la tranquillité, jusqu'à ce jour. Ce jour où tout a basculé. Nous, c'était maintenant une famille brisée. Nous avait vécu la tragédie, le malheur, la douleur. Nous perdait un membre, un pilier, une tour du château. Nous perdait la mère, tragiquement. Nous c'était la maladie, le cancer du sein. Nous c'était un combat, perpétuel, à travers le temps, à travers les gens. Nous a continué, malgré tout, malgré rien. Nous c'était le chiffre trois, mais nous restera toujours la famille Walker, la solidarité, l'amour, la bienveillance.
Vous. L'aventure.
Cette histoire a commencé grâce à des mots, à des phrases. Cette histoire a commencé, noir sur blanc. L'encre venait s'abattre sur le papier, racontant au fur et à mesure du temps, l'histoire d'un combat, l'histoire d'un amour. Cette histoire a commencé avec un journal intime, une peine, une douleur. L'amoureuse écrivait ses maux, faisant danser les lettres au rythme d'une mélodie mélancolique. Dans cette histoire, on se demande à quel moment le Vous prend tout son sens. Mais sans lui, rien de tout cela serait arrivé. Vous a été touché par ce combat, par les sentiments, par la curiosité. Vous a lu, Vous a raconté, Vous a aimé. Un roman, un succès. L'histoire d'une fille, écrivant la langue de Shakespeare avec prouesse, racontant la maladie d'une mère. L'espoir, les moments de faiblesses, les derniers rires, les derniers instants, la mort, la peur. Vous, la compassion, le soutient. À Vous, Elle vous remercie.
Ils. Le paradis brûlant.
Ils, c'est les gens. Ils, c'est les autres. Ils, c'est la tentation. Ils, c'est ceux qui vendent. Ils, c'est toutes les soirées. Les drogues, l'ivresse, les tentations. Ils, c'est l'autre partie d'Amy. C'est la différence, la méchanceté. Ils c'est tous ceux qu'on ne veut pas connaître. Ils c'est un peu l'horreur, la déchéance. Ils c'est ce qui la défonce. Ils représente toutes les choses, les moments, les instants que l'on cache. Ils c'est l'herbe, Ils c'est les cachets d'ecstasy, Ils c'est les bouteilles de Whisky, Ils c'est les trous noirs. Ils c'est la jeunesse, la musique incessante. Ils c'est les autres, et les autres, c'est l'enfer.
Elles. La fusion.
Depuis la naissance, elles étaient destinées à un lien fort. Elles étaient destinées à quelque chose de vivant, qui prend aux tripes, qui fait peur. Elles étaient différentes, deux corps, deux coeurs, deux âmes, deux personnalités. Mais elles étaient jumelles, des soeurs. C'était dès le développement que les soeurs Walker avaient signé un pacte avec le diable, le serment d'un amour inconditionnel, trop haineux ou trop amoureux. Dans le cas de Willow et Joanna, c'était l'amour passionnel. Comme deux inconscientes, elles étaient pareilles physiquement. Elles s'en amusaient, elles ont toujours aimé ça. Même si elles criaient depuis l'enfance qu'elles étaient indépendantes l'une de l'autre, qu'elles s'aimaient simplement comme deux soeurs, la vérité est différente. En réalité, Willy et Joan forment une seule et même personne. Elles se complètent, forment un tout, un être unique et indissociable de ces deux corps. Elles étaient des siamoises, des siamoises plus libre. Elles étaient des jumelles d'amour, ce lien qui ne fait pas mal, qui ne lacère par le coeur. Elles étaient là, l'une pour l'autre, à chaque instant, chaque moment. Des premiers pleurs aux derniers sourires. À la vie, à la mort.