let's have a drink + jaafar

Cela fait déjà près d'une heure que tu es au bar de l'hôtel, profitant de l'espace, du calme, ce qui est étonnant, vu l'heure. Les autres doivent probablement être ailleurs en train de s'éclater sur la plage, par exemple. Il faisait encore chaud, la température semblait grimper toujours un peu plus. Enfin, le froid t'atteignait peu, allez savoir pourquoi. Était-ce lié à ta froideur émotionnelle? Peut-être bien, aussi. Tu discutes avec un jeune homme fort intéressant qui discute d'un sujet que tu connais bien et dans lequel tu te plais à y mettre de ton savoir, jusqu'à ce que tu entendes une voix masculine que tu ne connais que trop bien et qui, mine de rien, t'avais terriblement manqué. Calvin. « Tu sais ce qui serait sympa, petit frère ? Que tu nous trouves deux jolies jumelles.. en bikini.» Tu te retournes vers lui, un sourire te fendant le visage. Rares étaient les fois où on le voyait, celui-là (ton sourire). Depuis toujours, tu t'étais forgé une carapace infranchissable, mais pénétrable que par ton frère. Et par Arielle, aussi. "Frangin, les filles en bikini sont au bar de la plage, pas à celui de l'hôtel.", dis-tu en rigolant, lui offrant un gentil coup sur l'épaule. Rien de violent. Calvin dépose deux cigares sur le comptoir du bar. Tes yeux s'agrandissent, brillant dans cette faible obscurité. "Toi, tu sais comment alimenter nos soirées. Un vrai homme, mon frère!" Tu en attrapes un, le roulant simplement dans tes doigts, pour l'examen. C'tait un cigare parfait, quoi. Évidemment! « Je vais prendre la même chose. » Tu regardes ton frérot, puis le serveur. Ah! "Deux vodkas, s'te plaît.", demandes-tu au serveur, poliment. Ahh, d'vrais russes, vous deux, hein? Fallait bien commencer la soirée entre frangins! "Alooooors, ça avance avec Elisha?", demandes-tu en ricanant, te mordant l'intérieur de la joue. Tu sais très bien que c'est sa meilleure amie, au même titre qu'Arielle est la tienne. Mais tu t'es toujours imaginé qu'ils finiraient ensemble, ces deux là. Alors, depuis, tu te plaisait à l'agacer, le taquiner de la sorte.

Tu savais bien qu'il n'y allait pas y avoir des jolies filles en bikini par ici, quoiqu'il suffisait d'aller à la piscine de l'hôtel pour trouver son bonheur. Cela dit tu taquinais ton frérot plus qu'autre chose. Mais c'était les vacances, et vous aviez été privé de vacances ensemble pendant très longtemps, et en grandissant c'était tout de suite différent puisque chacun avait ses occupations. C'est peut-être pour ça que tu profitais de ce moment en Nouvelle-Zélande que vous aviez en commun pour marquer le coup. « C'est mieux que deux jumelles en bikini, crois moi.» Deux jolies filles en prime c'était rien de plus que bonheur des yeux dans le fond mais en lui dressant les deux cigares identiques, tu avais aussi pas mal joué sur les mots. Ce soir vos jumelles c'étaient ces deux beaux cigares cubains. Alors qu'on prenait votre commande tu détournais le regard vers ton identique pour lui dire. « Je t'en pose des questions, moi   » Riant légèrement, tu ne pouvais pas reconnaître que ces derniers temps cette question t’obsédait. Tu n'avais pas le droit tu le savais. Tu te l'étais refusé et tu avais tes raisons. « Tu t'en lasses pas hein ? » Tout comme Nathan d'ailleurs. Tu en parlais jamais vraiment, et c'était peut-être mieux comme ça non ? Cela dit tu étais bien con d'avoir une telle femme dans ta vie, et de ne pas oser en faire découler une belle histoire.

« C'est mieux que deux jumelles en bikini, crois moi.» Ton frère a toujours eu le don de sortir les bons mots et de rendre les moments banaux en moments inoubliables. Bien que ce ne soit rien de réellement extravagant, ni rien de très spécial, de passer un moment avec ton frère l’est toujours, en soi. C’est ce que tu as appris, lorsque vous avez été séparés par les circonstances, plus jeunes. « Tu as toujours su c’que j’aimais, Calcal. » Surnom affectueux que tu lui donnes pour l’énerver un peu. C’est tout gentil, pourtant. Tu lui demandais ce qui se passait avec sa belle amie, qui était aussi ton amie. À un moment, ils succomberaient bien l’un à l’autre, tu le sentais venir à des kilomètres. « Non, mais tu devrais. » Tu lui fais un clin d’œil, attrapant au passage l’un des deux cigares pour le rouler avec minutie entre tes doigts. Il avait du goût et du talent pour bien choisir, ton frérot. « Tu t'en lasses pas hein ? » Secouant la tête, un sourire en coin, tu attrapes également ton verre de vodka, celui des deux que le serveur vous tend. Immédiatement, tu en prends une gorgée, redéposant le cigare sur la table. « Jamais, frangin. C’est pour ton bien, que je pose des questions, tu sais. Je ne voudrais pas que tu passes à côté d’une belle occasion, lorsque ça se présente.. Putain, vous êtes faits l’un pour l’autre, j’le sais, c’est tellement clair. Y’a que vous deux qui ne le voyez pas. Ne fais-tu pas parfois de rêves… érotiques d’Elisha? » demandes-tu, sans aucune gêne apparente. C’est plutôt un sourire malicieux qui se dessine sur tes lèvres…

Au fond tu étais fier du fait que les conneries de ton père n’est pas nuit à ta relation avec ton frère, malgré ce temps loin de lui. Tu n’avais aucun mal à renier ton père, mais si tu as toujours été proche de ta mère, tu avais toujours su que personne ne remplacerait Jaafar. Tu ne posais jamais vraiment de mots sur ton lien avec lui, mais tu y accordais énormément d’importance. « Hé, va pas trop loin ! » Avais-tu en pointant légèrement ton jumeau du doigt. Tu refusais l’idée qu’il puisse imaginer Elisha d’une manière un peu trop osée. Non seulement tu considérais Elisha comme une propriété privée mais en plus de cela tu avais parfois du mal à gérer ces deux liens qui te sont si importants : ta meilleure amie et ton frère. « Et depuis quand t’es branché compatibilité amoureuse, toi ? » Aux dernières nouvelles ce n’était pas le truc de Viktor. Il était encore plus compliqué que toi autour de cette question. Tu as bu une gorgée de ton verre avant de reprendre, plus sérieusement. « Je tiens pas à tout foutre en l’air. Y’a pas pire que de s’envoyer en l’air avec sa meilleure amie. » Peut-être qu’au fond elle n’avait jamais été qu’une meilleure amie. D’ailleurs quand tu l’as connu vous aviez été 'collègues', vous aviez même pas mal flirté. « Quoique si c'est votre truc avec Arielle... non sérieux tu te vois t'envoyer en l'air avec Arielle ? » Tu étais à côté de tes pompes. En plein déni. Peut-être qu'au fond le lien Viktor/Arielle était vraiment celui de deux meilleurs amis, mais beaucoup savaient qu'entre toi et Elisha il n'y avait que ça.

« Hé, va pas trop loin ! » Levant les mains en l'air, les mains vides de tout verre, bien sûr, tu feins l'innocence la plus totale. "Hé. M'dis pas qu'tu l'as JAMAIS imaginée en petite tenue. J'sais que tu mentirais, frangin.", grognes-tu entre tes dents. Non mais... Elisha, quoi. C'est une bombe. Une mannequin. Elle a un corps... à croquer. Tu souris en coin. « Et depuis quand t’es branché compatibilité amoureuse, toi ? » Haussant les épaules, tu bois encore. "Depuis que j'ai pas envie qu'mon frère finisse sa vie entouré d'chats.", murmures-tu entre tes dents, amusé par l'image que tu te fais toi-même suite à cette réplique. « Je tiens pas à tout foutre en l’air. Y’a pas pire que de s’envoyer en l’air avec sa meilleure amie. » Roulant des yeux, tu dois bien avouer qu'il n'a pas tord. Quoique c'est encore plus excitant de s'imaginer prendre son pied avec sa ou son meilleur ami, pas vrai? Sauf que Calvin te semblait parfois trop coincé sur la question. Tu t'écrases dans ton tabouret, croisant les bras au niveau d'ton torse, prenant un air bien découragé. "Sauf que justement, j'vois bien qu'Elisha, c'est pas QUE ta meilleure amie. Y'a plus. J'me trompe ou pas?" Il va probablement te répondre que oui, tu t'trompes. Mais tu sais lire dans ses yeux. Enfin, la plupart du temps. C'est quand même ton jumeau. « Quoique si c'est votre truc avec Arielle... non sérieux tu te vois t'envoyer en l'air avec Arielle ? » Drôlement, t'as envie d'le faire chier un peu. Gentiment. "C'est une idée qui m'est déjà passée par l'esprit... J'reste un homme, Cal.", tu lui fais un clin d'oeil coquin. "Alors, on s'les passe, ces beautés?", demandes-tu, impatient de goûter au beau cigare qu'il a apporté.

Si Jaafar clamait son innocence en levant les mains en l'air, tu n'y croyais pas pour autant. La preuve il continuait à te chambrer là-dessus. Imaginer Elisha en petite tenue serait tordu de ta part et presque glauque. Et pour cause, tu la voyais souvent en bikini, et il fallait avouer qu'elle passait énormément de temps chez toi. Tu dormais même avec elle, s. Vous aviez tout d'un couple, le côté charnel était la pièce manquante au puzzle. « On est plus vraiment à ce détail près avec Eli' et encore une fois calme tes hardeurs. » Tu avais légèrement rit tout en le mettant en garde. Oui la question des petites tenues ne se posaient même pas en fait. C'était de toute façon bien plus fort que ça votre lien, tellement fort que tu ne l'expliquais pas. Tu donnerais ta vie pour elle sans y réfléchir à deux fois. Riant légèrement à la réplique de ton frère tu vins à lui répondre. « C'est pour toi que tu devrais avoir peur, petit frère ! tu vois quelqu'un en ce moment ?  » Avais-tu balancé comme si tu savais de quoi tu parlais. Tu le taquinais au fond mais il est vrai que tu avais plus de facilité à te poser avec une fille, et puis tu fuyais moins les relations sérieuses. Cela étant dit tu osais te dire qu'un jour Jaafar tombera sur une nana qui lui fera oublier toutes les autres. Tu as légèrement frotté la barbe naissante à ta mâchoire et tu vins à dire. « T'as pas le droit à l'erreur avec une personne comme Eli' dans ta vie, et si ça ne s'est pas fait avant il y a surement une raison. » Non tu n'étais pas fataliste. Tu as longtemps flirtouillé avec elle, au tout début, mais vous vous étiez attachés l'un à l'autre d'une manière totalement inédite. Tu n'avais pas osé le dire à Viktor, peut-être par pudeur, mais tu donnerais ta vie pour cette femme. Tu ne savais pas faire sans elle et pourtant ça fait seulement quatre ans et demi ! « Ouais, je préfère ! » Que de continuer à discuter sans fin sur cette fameuse question existentielle ? Oui.