ADRUZY + thousand billion galaxies

Jour 3 - 20h + Cela ne faisait que peu de temps que nous étions en Nouvelle-Zélande mais j'avais déjà la tête pleine de paysages de souvenirs et autres pensées qui remplissait peu à peu ma mémoire. Et cela faisait deux heures que nous étions arrivés à l'auberge du dragon vert. Autant dire que l'endroit est rustique, et bien perdu si j'en crois tout le vert que je vois au loin. La nuit commence à tomber mais je suis encore dehors, près de l'espèce de petit lac qui est face à l'auberge. C'est vraiment étrange d'être soudainement en été quand on était habitués à être en hiver, mais c'est bien loin d'être déplaisant. Par contre, c'est calme ici, comparé à la ville, que ce soit Cambridge ou Wellington. Quoi qu'on écoute, on ne peut entendre que les autres étudiants parler, pas de voitures ou autres bruits nocifs et agaçants. Le paradis sur terre, en quelque sorte. Légèrement fatiguée, je finis par m'asseoir dans l'herbe, ne changeant pas d'endroit, regardant de temps à autre mon portable avant d'entendre du bruit derrière moi, ce qui me fît me retourner. « Ahh, c'est que toi. » soupirai-je en retournant la tête vers le lac. C'est pas comme si j'étais étonnée de le voir à force de le voir.. quasiment tout les jours, en fait.

L'auberge du Dragon Vert. Le nom était bien étrange pour moi et c'était assez rustique comme endroits. Mais je ne me plaignais pas, j'avais vécu et vu pire pendant mes deux ans de cavales. Mais je ne savais absolument pas quoi faire maintenant, il fallait dire qu'il n'y avait grand-chose que l'on pouvait faire dans cet endroit. Je soupirais alors que je me levais de mon lit pour sortir et aller dehors. Il y aurait peut-être un bel endroit où je pourrais m'arrêter, me poser et fumer tranquillement. Je marchais dans l'herbe et je voyais une silhouette au loin, me demandant si je connaissais cette personne ou pas. Oh, Suzy. « Dis-le de suite que t'es pas contente. » rétorquais-je en riant légèrement. Je regardais l'endroit, c'est beau ici. C'était même un endroit qui était carrément calme et apaisant. Alors je m'asseyais. Elle voulait peut-être rester seule, mais depuis quand je demandais aux gens si je pouvais rester ? Je sortais mon paquet de clopes et froncer les sourcils quelques secondes avant de tourner la tête vers Suzy. « Tu aimes pas les joints, mais la clope c'est bon ? » demandais-je perplexe, avant de vite reprendre la parole. « Et tu fais quoi ici en fait ? » demandais-je en lui souriant. Moi, curieux ? Nooon, pas du tout.

J'ai passé la matinée à marcher, l'après-midi à parler, et me voilà épuisée et assise dans l'herbe à attendre que le temps passe. Mais ce n'est pas désagréable d'être ainsi au calme, et je pourrais presque m'endormir si je restais trop longtemps, qui sait. Mais c'était sans compter l'apparition subite d'Adriel dans mon champ de vision, du moins lorsque je m'étais retournée. « J'en suis arrivée à un point où te voir ne me fais plus ni chaud ni froid tellement c'est fréquent. » soupirai-je avec un léger sourire. Ce n'est pas des choses que je dirais en temps normal, mais avec Adriel, ce n'est pas comme si je pouvais tenter de lui cacher quoi que ce soit désormais.. aussi ce genre de parties de mon caractère refaisaient surface plus naturellement qu'avant. « J'ai aucun problème avec les clopes. » confirmais-je en tournant légèrement la tête vers lui. Vu qu'il s'est assit, puis-je en conclure qu'il va rester? « Je profitais du silence,.. jusqu'à ce que t'arrives. » soupirai-je avant de rire. « Non mais plus franchement, le fait est que j'adore les endroits calmes dans ce genre, alors je profite. » La fille de la campagne.. qui avait toujours vécu en ville, c'est assez paradoxal, mais bon, il faut bien faire avec. « Et toi, tu me poursuis? » demandai-je alors avec un sourire amusé.

Depuis que je savais la vérité sur Suzy, c'était devenu étrange. Un coup ça pouvait bien se passer et l'autre, pas du tout. Mais je m'en foutais, au moins, je savais qu'elle ne me mentait plus maintenant. « Merci, moi aussi je t'aime hein. » rétorquais-je en levant les yeux au ciel. La gentillesse, évidemment. Je m'asseyais donc avec elle, sortant mon paquet de clopes. C'était quand même pour fumer que j'étais sortie, de base. Quand elle me confirmait qu'elle n'avait pas de soucis avec les clopes, j'allumais celle-ci, levant de nouveau les yeux au ciel. « Et oui, le silence et moi, on ne se connait pas trop tu vois. » disais-je en riant légèrement. Disons surtout que je n'aimais pas ne rien dire quand j'étais avec quelqu'un. Autant j'aimais bien le silence, autant le silence pesant, non merci. « Bien évidemment que j'te poursuis, tu sais bien que tu es la femme de ma vie. » répondais-je en riant légèrement. Je tirais sur ma clope une nouvelle fois avant de reprendre la parole. « Je ne savais juste pas quoi faire dans ce truc de merde, alors j'ai voulu aller fumer ma clope dehors en me disant que ce serait mieux ici. » répondais-je en haussant les épaules. Mais clairement, ça pourrait devenir plus intéressant maintenant, car je n'avais encore pas pu utiliser le seul défi que je pouvais lui donner.

A quoi bon? Ces trois mots résonnaient dans ma tête, ces derniers temps. Plutôt souvent, d'ailleurs. Comme si je justifiais la plupart de mes actes rien qu'avec ça. Justifier la fuite, ou justifier la sincérité. Qui sait. Lorsqu'il dit qu'il ne connaissait pas trop le silence, je ne fus même pas étonnée. « T'es un aimant à paroles en fait, dès que t'es près de quelqu'un tu peux pas t'empêcher de parler. » remarquais-je alors. Enfin, j'étais habituée à ça, et puis c'est vrai que lorsque l'on est avec quelqu'un, c'est mieux de parler que de se regarder dans le blanc des yeux, mais, tout de même. A sa réponse à mon hypothèse de poursuite, je levais les yeux au ciel, un sourire amusé au coin des lèvres. « Beeen voyons. Comment ai-je pu oublier ça. » répondis-je sur un ton faussement étonné. Comédienne de l'année, je vous prie. « Autour de cette auberge y'a rien d'autre que des champs, donc techniquement t'aurais pu aller squatter ailleurs. » Ah ça on manque pas d'endroits avec un horizon agricole, par ici. Je suis sûre que je pourrais me perdre si on m'envoyait dans ces champs pendant la pleine nuit. « J'essaie pas de te faire partir hein, c'était.. une remarque plutôt.. vraie. » terminais-je alors au cas-où il l'interpréterait mal - sait-on jamais -. Et dire qu'il fait surement déjà nuit à Cambridge, ici, le ciel est encore à ses couleurs pastelles de coucher de soleil.