SERAH MILLA WILLIAMS ► Hannah Snowdon

« J'ai mal aux pieds. » M'exclamais-je en prenant appuie contre la barre, faisant une moue boudeuse pour montrer mon mécontentement. « Bowie tu arrêtes de faire ta tête de mule et tu continues tes adages. » Reprend immédiatement ma professeur de danse. « Mais ca fait plus de trois heures maintenant... » Je gémis en poussant un long soupire. A vrai dire, mon corps tout entier me fait souffrir. Mais c'est le prix à payer pour être sommet. « Sache qu'une vraie danseuse ne se plaint pas et exécute ce qu'on lui dit de faire. Alors arrête de geindre et continue. » Réplique t-elle sur un ton qui se veut sec. Je me redresse et passe une main sur mon front pour essuyer une goutte de sueur qui perle le long de ma tempe. Devenir une danseuse reconnue, une magnifique danseuse étoile, je n'en avais strictement rien à foutre moi. Cette passion pour les chaussons de danse, le plaisir de se laisser entrainer par la musique, les heures interminables à pousser son corps et ses muscles à bout venait de ma mère. Ce n'était absolument pas mon idée que de me torturer de cette façon là. Elle aussi était danseuse lorsqu'elle était plus jeune et trouvait cet art magnifique. Car la danse classique c'est bien évidemment de l'art. J'ai commencé la danse classique à cinq ans. Ma mère me poussant à aller toujours plus loin afin d'être la meilleure. Quitte à m'entrainer trois heures d'affilées à la maison alors que je rentrais à peine de l'entrainement. Je trouvais ca difficile et j'ai versé beaucoup de larmes, trouvant ma mère terriblement dure avec moi qui n'était agée que d'une dizaine d'années. Mais en grandissant j'ai vite compris que ma mère voulait que je réussisse là où elle avait échoué. Là où elle avait été contrainte d'abandonner suite à une blessure. M'enfin bon, tout ca pour dire que la danse, j'en fais parce que ca fait plaisir à ma mère. Sinon il y a bien longtemps que j'aurais arrêté.

Détrompez vous je n'ai pas toujours vécu aux Etats-Unis. Non, je suis une née dans cette belle  ville italienne du nom de Milan. Mes parents se sont rencontrés lorsque mon père passait des vacances là-bas. En fait ils se sont rencontrés à l'hopital. Mon père s'était blessé pendant un match de volley-ball avec une bande copains et en allant à l'hopital, c'est ma mère - jeune infirmière - qui fut chargée de le soigner. S'en suivie alors une belle histoire d'amour, et moi je venais au monde quelques mois plus tard. Mon frère ainé, Kyle, passait son temps à me chercher des noises. Jusqu'au jour où il m'enferma dans un placard pendant toute une après-midi. Résultat : je suis depuis ce jour claustrophobe.  A première vue on pourrait penser que je suis une fille qui sort d'un dès quartiers pauvres, mais ce n'est pas le cas. Venant d'une famille très - très très - aisée j'ai connu le luxe et j'ai toujours obtenu tout ce que je souhaitais. Mais détrompez vous, je ne suis pas une de ces filles hautaines qui jouent les stars et qui veulent que l'on réalise leur moindre désires. Non, je ne suis pas du tout comme ca. D'ailleurs j'étais assez gênée d'exposer ma richesse quand j'étais plus jeune. L'argent m'a toujours mis mal à l'aise. Mes parents ont toujours eu un grand plaisir à exposer leur fortune aux yeux de tout le monde. Allant à n'importe quel brunch pour que ma mère puisse exposer son nouveau collier en diamants de six cent milles dollars et que mon père montre à ses "amis" sa nouvelle voiture de sport. Tout ce paraitre m'agace plus que tout au monde. Les gens ne vous jugent meme pas pour votre vraie valeur, mais plutot pour le nombre de zéros qu'il y a sur votre compte en banque.  Le truc "chiant" dans ma famille, est que mes parents - surtout ma mère - soient très catholiques. Tous les dimanches j'allais me faire mal au cul sur ce foutu banc totalement bancal et qui grinçait par dessus le marché. Bien sur que je suis croyante, mais cela ne m'empêche pas pour autant de vivre. Bien au contraire même. Je n'allais tout de même pas finir none. Mes parents ont décidé d'aller vivre aux Etats-Unis et plus particulièrement à Los Angeles, célèbre ville connue dans le monde entier, d'où mon paternel est originaire. J'avais trois ans à l'époque. Du coup je n'ai pratiquement aucun souvenir de mon pays natal, hormis quelques photos et le fait que je parle parfaitement bien la langue. Je n'y ai pas remis les pieds bien que j'ai encore de la famille là-bas.

« Serah qu'est-ce que..? » S'exclame ma mère les yeux ronds comme des soucoupes. « Quoi ?» Demandais-je en m'affalant dans le canapé du salon, les pieds posés sur la table basse. « Eh bien tout ton accoutrement... » Continue t-elle avec le même air perturbé.  « Oh, ca ? eh bien des tatouages. » Dis-je avec un large sourire. J'sais pas si c'est le fait d'être dans une famille bourgeoise de catholiques, mais leur éducation a eu tout l'effet inverse sur moi. Vers mes dix-sept ( ou dix huit ans je ne sais plus trop ) j'ai changé radicalement. Marre de devoir faire tout ce que mes parents me disaient. Marre de ne pas pouvoir m'habiller, me coiffer et me maquiller comme je le voulais. Adieux la petite fille sage et bonjour la jeune femme rebelle qui se fiche de tout, et principalement de l'autorité sous n'importe qu'elle forme. Je faisais le mur pour aller à des concerts dans les pubs avec mes amis, je rentrais au petit matin, me faisant au passage incendier par mes parents qui me menaçaient de m'envoyer en pension. ce qu'ils n'ont d'ailleurs jamais fait. Je voulais enfin laisser sortir ma vraie personnalité et mon nouveau look reflétait ce que j'étais. Les tatouages c'était encore une autre étape. J'ai commencé par me faire tatouer "Grace" le prénom de ma première petite-amie. Et puis s'en est suivis tout un tas d'autres. C'est clair que je faisais tâche dans leur idéal de famille parfaite. Ma mère frôla la syncope lorsque j'ai annoncé à mes parents que je quittais le domicile familial et que j'arrêtais la fac de médecine. Moi ce que je voulais c'était voler de mes propres ailes et bosser dans un truc qui me plaisait. J'ai alors fait mes valises et je suis partie faire ma vie comme je l'entendais après avoir été acceptée à Harvard. Mes parents grinçaient un peu des dents vis à vis de mes choix mais tant pis.