J'aime lire, c'est une très belle édition. (w/ Elisabeth de Polignac)

Livres. Ce mot n'a jamais vraiment dit quoi que ce soit à Maxi, si ce n'est ceux à lire pour les cours. D'habitude, on le voit jamais dans les librairies. Sauf que Max n'a pas d'habitudes. Donc aujourd'hui; il est à la librairie.

-Attends je suis sérieux là?

Il regarde la pile énorme de bouquins salement éparpillés devant lui, sur la table. Ça craint vraiment, parce qu'il n'est même pas certain de savoir tout lire avant la fermeture de la boutique, et en plus ce n'est sûrement pas lui qui va avoir la foi de tout remettre à sa place. Parce que voilà... Maximilian il prend, mais sans jamais ranger. Et même dans sa tête c'est un vrai bordel !

-Bof, pas grave.

Ses épaules se lèvent, et retombent nonchalamment. Son derrière se pose sur sa chaise. Tant pis, il regardera les images.

Elisa avait besoin d'un livre, d'un livre bien particulier. Il lui fallait étudier une scène d'une pièce de théâtre originale, pour enfin décrocher le rôle principal face à sa rivale de toujours, Mademoiselle-Je-Suis-Parfaite. Elle profitait donc de cette après-midi libre pour se rendre en ville et visiter sa librairie préférée, celle qui sentait les vieux bouquins et le café. Même si elle n'en buvait pas, elle aimait cette ambiance mêlant culture et nourriture.
Elle passait le pas de la porte et saluait la libraire qu'elle connaissait bien. Au bout de sa quatrième année à Cambridge, ses visites régulières avaient porté leurs fruits, elle avait parfois le droit à un thé offert par la maison. Elle se dirigeait assez rapidement vers le rayon théâtre, passant devant les tables sans y prêter attention, et commençait à fouiller les étagères. Elle posait son sac à ses pieds pour dégager son épaule et, sans ce gêne, s'activa d'autant plus dans sa quête de la pièce idéale.

Par delà son livre il scrute la bibliothèque. Pas grand-monde. Mais du monde quand même. Il lui semble apercevoir deux trois personnes. Pas grand-monde quoi. Et puis Max continue à s'enfiler des livres, à feuilleter à peine, à zyeuter, et parfois même ne pas voir plus loin que la page de préface. Son derrière finit par décoller de là, ses mains occupées d'une pile de livres - il ne peut pas tout porter à la fois le pauvre. C'est parti pour tout remettre en ordre.

Enfin... Façon de parler.

-Allez: ça, ici, et ça, là...

En réalité il ne range pas. Il remet seulement là où il y a de la place. Du Stephen King se retrouve donc dans le rayon "enfance et jouets" et des poèmes sont remis à côté de manuels anatomiques. Max ne fait pas non plus attention à la demoiselle qui lisait là, debout, qui assiste à tout ce joyeux bordel.

Elisa prenait et remettait frénétiquement des ouvrages dans la bibliothèque. Trop classiques ou trop modernes, elle ne trouvait pas quelque chose de parfait pour cette satanée audition. Les yeux dans le flou des lignes, elle releva la tête pour reposer ses yeux qui ne pouvaient plus décrypter une seule lettre. C'est alors que son regard se posa sur un énergumène qu'elle n'avait pas l'habitude de voir là, en ce lieu qu'elle connaissait très bien. Il portait dans ses bras une grande quantité de livres, dont la cohérence était introuvable. Elisa trouve qu'il ne semblait pas trop savoir ce qu'il faisait ici, d'autant plus lorsqu'elle remarqua, à un rayon d'elle, qu'il rangeait un roman de Stephen King dans le rayon "Enfants". Elle sourit, n'éclata pas de rire même si, intérieurement, elle trouvait cette scène ridicule à en pleurer. Très vite, elle reprit son air impassif et continua ses recherches, laissant le garçon à ses activités de rangement incohérent.