La vie, c'est comme une boîte de chocolats, remplie de surprise et on ne sait jamais sur quoi tomber. Quand on a de la chance, on tombe sur une petite praline, douce et sucrée, qui peut donner le sourire à n'importe qui. Mais parfois, on tombe également sur des chocolats plus amers, ceux qui laisse un arrière goût fade dans la bouche. Toi, tu as eu de la chance. Ta toute première bouchée, elle était sucrée. Le reste qui a suivi aussi. Pendant tout un temps, ta vie a été une douceur. Mais tu en a trop profité, et tu es finalement tombée sur un chocolat amer. Tu as fini par les enchaîner.
Tu es née avec une cuillère en or dans la bouche. Tu es née Hawkins, ce nom connu par toute la haute société du pays. Ton père est à la tête d'une chaîne d'hôtel et resort tandis que ta mère, elle, est une avocate de renom, une de ces femmes connues pour être carriériste et féministe. Oui, tu as eu la chance de naître dans une famille de renom, t'ouvrant toutes les portes dès le moment où tu as ouvert tes yeux. Les premières années de ta vie n'étaient que douceur. Tu faisais ce que tu voulais, tu avais tout ce que tu voulais. Tu ne faisais aucun effort. Tu étais vraiment une petite fille capricieuse, et peste. Personne n'était là pour te surveiller de toute façon. Tes parents étaient toujours en train de travailler. Ton frère, lui, il n'aimait pas spécialement s'occuper d'une petite fille de 7 ans sa cadette. Et puis, il avait école. Tu ne comprenais pas encore le mot "solitude", tu étais encore trop petite. Mais au bout de quelques années, tu as compris. C'est à partir de ce moment-là que les chocolats sucrés sont devenus rares. Mais parfois, tu réussissais à en tomber sur un... après plusieurs chocolats amers.
La première fois que tu es tombée sur un chocolat amer, tu étais toute seule dans le grand salon de votre immense duplex. C'était le soir de Noël. Tu avais 7 ans. Tu étais assise devant ce petit feu, à lire ton livre d'images. Toutes les deux minutes, tu te tournais vers la porte, une lueur d'espoir dans les yeux à chaque fois que tu entendais un bruit. Mais tes sourires finissaient toujours par disparaître. Tu attendais tes parents. Et ton frère. Ils étaient partis ensemble pour un voyage d'affaire de ton père et devaient revenir ce soir. Tu y avait cru à ce moment-là. Maintenant, tu sais que ce n'était que des conneries. Ils t'avaient abandonné à la maison, sous la garde de la gouvernante, parce qu'ils ne voulaient pas d'une petite fille encombrante pendant leurs vacances en famille. Ton frère, lui, pensait que tu étais partie passer tes vacances chez vos grands-parents, comme l'avaient affirmé ton père. Il ne s'était pas plus posé la question que ça. Et tu as attendu, pendant des heures, avant de finalement t'endormir dans le canapé. Au réveil, tu étais toujours seule. Tes parents n'étaient pas revenus. Ce ne fut que trois jours plus tard que tu les revis. Ils étaient rentrés avec des cadeaux sous les bras. Alors, tu as oublié ce Noël que tu avais passé seul. Tu avais réussi à piocher un chocolat sucré. L'un des derniers.
Les chocolats amers se sont suivis, les uns après les autres. Les moments de solitude étaient devenus fréquents. Mais heureusement, toi tu avais réussi à te trouver une autre famille. Les Rodriguez. Tu les aimais, énormément, tu passais presque ta vie chez eux. Et puis, il faut dire que le grand-frère... Sauf que toute bonne chose a une fin. Ils sont partis. Tu t'es à nouveau retrouvée seule. Ton frère n'était plus là. Finalement, en grandissant, vous vous étiez rapprochés. Il était devenu ton pilier à la maison, celui qui prenait soin de toi, qui gardait un oeil sur toi. Mais lui aussi, il t'avait abandonné. Il était parti de l'université de Rockhampton pour l'académie de police, situé à des centaines de kilomètre de chez toi. C'est là que tout est parti en vrille.
Tu ne trouvais plus la peine de faire des efforts alors que, de toute façon, tes parents ne te verrais jamais. Tu restais alors dans ta chambre, à longueur de journées. Au début, tu sortais encore de ta tanière pour manger, mais rapidement, tu ne trouvais même plus de goût à la nourriture. À quoi est-ce que ça servait de continuer à manger alors que tu ne goûtais plus rien? Tout ce qui passait dans ta bouche laissait un arrière goût amer. Et surtout, tu étais toujours seule. Alors, tu avais tout simplement décidé d'arrêter de manger. Et parfois, tu finissais même la tête dans les toilettes, parce que tu ne te supportais pas, tout simplement. Jusqu'au jour où ta gouvernante te retrouva inconsciente sur le sol de ta salle de bain. Pour la deuxième fois de ta vie, tu t'étais retrouvée à l'hôpital. Encore un peu et tu allais y passer. Une nouvelle fois. Tu y es restée pendant 5 mois, enfermée dans la section pédiatrie. Tu te refusais de manger, tu ne voulais plus sentir cette arrière goût dans ta bouche, celle qui te donnait toujours envie de vomir. Tu avais maigri. Terriblement. Avant, tu étais mince, mais là, tu étais carrément devenue maigre, un tas d'os, une taille triple 0. Et puis, il est venu.
Ce jour-là, tu t'étais réveillée sous son regard. Tes yeux croisèrent les siens. Tu y a vu toute la douleur, tout les regrets de t'avoir laissé derrière lui. Et là, tu t'es mise à pleurer. Il était venu te voir. Personne n'était venu, pas même tes parents. Mais lui, il est venu. Tu t'es jetée dans ses bras. Tout va bien, qu'il disait. Il disait aussi que jamais plus, il ne t'abandonnera. Tu voulais le croire, mais il était déjà parti une fois, il pourrait très bien repartir. Mais il avait chassé tous tes démons. Il t'en faisais la promesse. Ton frère était rentré. Enfin. Et là, petit à petit, tout est rentré dans l'ordre. Il a fallu encore quelques bons mois pour que tu retrouves cette habitude de manger. Et tu as fini par sortir de l'hôpital, avec un poids normal, quoique encore un peu en dessous de la moyenne.
Tu étais retombée sur un chocolat sucré. Et à nouveau, ils se sont suivis... Et t'espères qu'à nouveau, ils se suivront.
Accueil
Puis excellent choix d'avatar 
