DAKOTA S. FOX ► Cara Delevingne

Je m’appelle Dakota. À première vue, je ne suis qu’une simple gamine de 22 ans retroussée au fin fond de l’Arizona. Et pourtant, je me retrouve aujourd’hui à plusieurs milliers de kilomètres de chez moi en train de fouler le pavé de l’Université d’Harvard, à l’autre bout du pays. « Comment en est-elle arrivé là ? » diront certains. Il suffit de faire un plongeon dans mon histoire pour comprendre la vocation que je me suis permise.

Born in a desert, or kind of.
Je suis née le 2 novembre 1992 à Prescott, ville dans laquelle je grandirai jusqu’à ce que je parte à Cambridge. Entourée de mes deux parents et de mon frère, on peut dire que nous formions un foyer américain typique et classique. Oui, un foyer, je ne dirai pas famille pour la simple et bonne raison que jamais nous n’avons partagé de réels moments familiaux ou eu l‘impression qu‘il y ait de l‘amour quand nous nous retrouvions. J’ai appris très tôt à me débrouiller seule et à vivre selon mes propres mœurs, car j‘avais atterris sur des parents avec pour ambition principale de rendre leurs enfants indépendants le plus rapidement possible. C’est pourquoi dès la primaire je rentrais chez moi à pieds, faisais mon goûter moi-même, mes devoirs et mes rangements seule. Ils se donnaient bonne conscience en se disant que c’était pour nous rendre responsable dès le plus jeune âge, mais mon frère de 4 ans mon aîné et moi avions surtout le sentiment que nos parents se foutaient royalement de nous. En gros je suis le genre de petite fille qui n’a pas reçu l’amour d’une mère comme il se doit. C’est sans doute à cause de ça que je suis devenue quelqu’un de réservée, jusqu’à devenir carrément secrète à mon adolescence. Je n’avais pas appris à me confier ne serait-ce qu’avec ma mère, du coup jamais je n’ai ressenti le besoin de parler de mes sentiments, de mes émotions ou de mes soucis à qui que ce soit. De toute manière, on m’a toujours dit que j’avais hérité d’un trait de caractère de mon père : Être solitaire. J’étais très bien lorsque je me retrouvais seule, et je ne pourrai pas compter le nombre d’heures que j’ai passé dans le jardin isolée pendant des heures à dessiner lorsque j’étais plus jeune. Je vivais dans ma bulle, dans mon petit monde utopique que rien ni personne ne pouvait gâcher. Et je crois que cette petite bulle s’est formée lorsque je suis allé visité le Grand Canyon. Je devais avoir 9 ou 10 ans, et cette image majestueuse de ces falaises immenses à provoquer en moi un sentiment décuplé. Je n’avais encore jamais ressenti de grandes émotions, et voir un tel spectacle a juste ouvert mon esprit de façon impressionnante. En rentrant chez moi je ne me souviens que d’une chose : moi courant dans ma chambre pour attraper une feuille et un crayon pour dessiner ce que je venais de découvrir. Je venais de me trouver une vocation pour le dessin. Déjà à cet âge-là, je percevais le dessin comme une manière de capturer les souvenirs d’une manière plus personnelle et illimité qu’avec une simple photo. Malheureusement, à part le Grand Canyon, il n’y avait pas grand-chose d’autre dans le coin pouvant me procurer un sentiment similaire. C’est pourquoi je me contentais d’aller au parc, dans mon jardin, ou n’importe ou pour pouvoir m’exprimer en dessin à nouveau et espérer ressentir de nouvelles choses qui me feront aimer la vie de manière différente. À cette époque-là je ne réalisais pas que pour pouvoir arriver à un tel objectif, il fallait tout simplement que je découvre de nouvelles choses et de nouveaux espaces.

Utah's flash.
Même si mes parents ne montraient jamais un quelconque signe d’amour, ils n’étaient jamais sévère. En fait, notre relation pourrait être comparable à une relation avec un ami un peu éloigné ou une bonne connaissance. On s’apprécie un peu sans jamais s’être témoigné le moindre signe affectif. L’autre point commun avec ce type de relation est le fait de ne pas se connaître réellement, d’être presque inconnus les uns envers les autres. Au fond je ne peux pas dire que j’en souffrais, car étant donné que je n’ai jamais reçu l’amour d’un parent, je ne peux pas ressentir le moindre manque. Et puis ce n’est pas comme si c’était des parents complètement irresponsables. S’il y a une chose sur laquelle je ne peux pas me plaindre, c’est qu’ils ont toujours su nous garder à l’abri du besoin. Lorsque j’avais 14 ans, je sortais pour la première fois de mon Arizona natale. On allait pas bien loin, dans l’Utah, mais c’était pour moi un grand pas en avant, et puis c’était la première fois que moi, mon frère et mes parents faisions une sortie « familiale ». J’étais intriguée par ce voyage et excitée en même temps. Et mon ressenti était justifié, car en arrivant dans ce désert sud-américain, j’ai pris une claque en pleine figure. Je ressentais la même chose que cette sortie au Grand Canyon, et j’ai enfin compris ce qui pouvait m’exalter autant. La découverte. Découvrir de nouveaux endroits, de nouveaux climats.. C’était la chose qui me faisait vibrer et m’inspirait. Et c’est d’ailleurs ma nouvelle ambition : m’ouvrir au monde pour pouvoir élargir mon imagination et me faire rêver. Voyager partout autour de la planète est un rêve qui est vraiment apparu à cet instant-là.

Read a book and take a look.
Plus les années passaient et plus j'étais consciente de ce qui me donnait un but dans la vie. L'évasion, le dessin et depuis peu : l'écriture. Après mon voyage dans l'Utah, j'ai commencé à lire de nombreux bouquins avec pour thème principal le voyage et la conquête du bout du monde. Une nouvelle passion me donnant bien plus d'inspiration que ce qu'il m'en faut pour le dessin, c'est pourquoi à l'âge de 16 ans je commence la rédaction de mon premier roman raisonnant comme une ode au voyage et à l'évasion. Au final, on peut dire que je ne suis jamais vraiment sorti de ma bulle. Et je ne pense pas que c'était quelque chose de négatif, au contraire. Après tout, ce pourquoi je suis arrivé à Harvard c'est bien mes multiples passions et l'univers que je me suis créé autour d'elles.

Friends & Loves.
Je continuais à être une énigme pour les gens au fil du temps où je grandissais. Forcément, j'étais loin d'être la fille la plus populaire une fois arrivée en fin de lycée. J'étais vue soit comme la fille secrète et énigmatique, soit comme la fille réservée bien que très gentille. Car oui, j'avais beau ne pas avoir beaucoup de contacts avec les autres lycéens, mais le peu que j'avais j'essayais d'être sympa. Je pars du principe qu'on ne m'a jamais éduqué la moindre haine, donc pourquoi devrais-je être désagréable avec les autres ? Généralement il suffisait d'une courte discussion pour que, sans vouloir être prétentieuse, l'on puisse m'apprécier. Si au niveau des amis j'étais respectable, au niveau sentimental c'était le néant. J'étais loin de me préoccuper des mecs, même (et surtout) pendant mon adolescence. J'étais si obnubilée par mes multiples passions que j'en oubliais ma vie sociale, ou plutôt ma vie amoureuse. Je me rends compte aujourd'hui que j'ai pas mal de retard à ce niveau-là, c'est pourquoi j'ai souvent du mal à interpréter ce que je ressens pour un garçon. Je suis assez maladroite sentimentalement parlant, et le nombre de relations sérieuses que j'ai pu avoir peuvent se compter sur les doigts d'une seule main.

From Prescott to Cambridge.
J'avais beau ne pas me plaindre de vivre dans un trou au milieu de l'Arizona, j'avais des ambitions trop importantes pour y rester. Depuis que je co-habite avec le rêve de voyager autour du monde pour écrire et dessiner, j'ai compris que ça n'allait pas se faire d'un claquement de doigts, et qu'il fallait que je me donne les moyens pour atteindre mon objectif. C'est pourquoi après des années à me priver de plein de choses en travaillant, mes efforts ont payés. Me voici à Harvard, meilleure université du monde, pour étudier l'Histoire et les Arts appliquées. L'Histoire est une nouvelle corde que j'ai envie d'ajouter à mon arc, j'ai toujours voulu savoir toutes les choses qui se sont passées aux endroits où je compte voyager dans le futur. Et pour les Arts appliquées, disons que c'est pour me stabiliser artistiquement parlant. J'avais tellement besoin de cette nouvelle expérience pour évoluer non seulement dans ma vie future mais aussi dans ma vie actuelle. Ces quelques années loin de l'endroit où j'ai toujours vécu allait forcément m'aider à voir le monde différemment, mais aussi à voir ma vie (surtout ma vie sentimentale, tant qu'à faire) différemment.