(Leanne) If it doesn't work, just slap it.

Blouse blanche, aseptisé de la tête aux pieds ; le regard cerné. J'approchais la fin de mon service à l’hôpital, les mains encombrées de quelques échantillons de sang alors que je poussai la porte de la chambre d'un patient pour en ressortir. Il commençait à se faire tard. Les couloirs se faisaient doucement déserter. L'ambiance avait quelque chose de somnolente, mais j'étais loin d'être le seul à encore travailler.

Direction la salle d'analyses. De grands plans de travail, carrelés et blancs, toujours dans cette propreté impeccable et légèrement oppressante à laquelle j'avais heureusement fini par m'habituer. Les hôpitaux français ne sont pas franchement comme celui-ci ; sans rentrer dans les détails, je pense qu'il y a une nette différence de budget.

Je posai mes affaires près de l'une des machines, et insérai un à un les tubes à essais dans ses cavités. Je refermai le tout ; il ne faudrait que quelques secondes pour les préparer aux tests sous microscope. Mais lorsque j'appuyai sur le bouton de mise en marche, l'appareil ne me répondit que par un long et triste silence. "Oh, allez..." soufflai-je dans mon français maternel, tentant de ne pas me laisser exaspérer dans l'instant. Clic. Clic. J'insistai. Bêtement. Mis quelques coups sur le haut de la boîte de la paume de ma main : solution primitive du mâle pour réparer ce qui est cassé. Sans effet, évidemment. Je laissai alors échapper un looong râle éreinté, pestant contre la technologie en lui mettant une baffe de plus. "Merde."

On m'avait demandé de faire quelques analyses pour voir si un petit patient n'avait pas de problèmes plus graves que ce pourquoi il avait été amené. Simple précaution de routine comme me dit mon médecin référent. Alors une fois sur place, j'enfile blouse blanche et je deviens aseptisée de la tête aux pieds. Ah le labo et ses protocoles pire que lorsque tu vas au bloc opératoire avant une intervention. Enfin je n'y ai pas été beaucoup mais du peu qu'on m'en a parlé, il fallait être aseptisée de la tête aux pieds. Cela ne m'étonna pas dans le sens où j'ai déjà vu des collègues médecins devoir s'aseptiser avant de commencer à opérer au bloc. Alors je commence à faire mon analyse d'ADN car en fait le petit était né mais la mère ignorait qui était le père alors mon médecin référent m'a demandé de faire un test ADN pour savoir qui est le père et quel est son groupe car le petit se trouve actuellement en couveuse et a besoin d'une opération au plus vite puis sans doute une greffe plus tard à cause de sa maladie. Je fais mon analyse sans souci quand j'entends un jeune homme se mettre à râler après une machine qui semble faire des siennes. Je décide de lui venir en aide sans penser qu'il allait m'envoyer bouler. Je mets son prélèvement dans le bon sens dans la machine et là O miracle, cela marche. Alors je vins lui dire.

On dirait que ce n'est pas votre jour. J'espère ne pas vous avoir agacée à avoir réussi du premier coup hein ?

Je lui adresse un sourire, attendant sa réponse et le vouvoyant car c'était la première fois que je le voyais au sein de l'hôpital.

Une jeune femme arriva comme une fleur pour retourner mes échantillons dans le bon sens et insufler la vie à cette machine tordue. Je restai muet quelques secondes en la regardant faire, executer des gestes évidents qui ne m'étaient même pas venus à l'esprit. J'avais besoin de dormir. Ouais. Je me pinçai les lèvres, contenant une honte affligeante, et tournai le regard vers elle. "Merci." J'aurais pu avoir l'air plus enthousiaste, certes, mais sur le coup, j'étais surtout embarrassé. Je n'aimais pas qu'on m'aide. Surtout pour une connerie comme celle-ci.

La machine se mit à vibrer doucement. "Je ne pensais pas qu'il y avait quelqu'un d'autre." Et oui mon cher, tu viens de foutre des baffes à un appareil bien trop cher pour être maltraité, et ce sous le regard témoin d'une collègue de travail. "Je ne vous en voudrai pas tant que vous ne direz à personne que je viens de frapper ce truc." finis-je par souffler un tantinet nerveux, un léger sourire fatigué aux lèvres. Je pressai quelques boutons de réglage pour accélérer le processus, avant de tourner de nouveau les yeux vers elle. "Vous êtes interne ?" Elle avait l'air jeune, mais sait-on jamais. Si elle l'était, je pourrais au moins me détendre un peu et la tutoyer.

HJ:

Des prélèvements devaient être faits dans l'heure qui venait pour savoir si cela allait sauver un enfant dans mon service. Alors mon médecin responsable me demande d'aller au laboratoire afin d'aller les faire. Mais comme il y a toute une procédure avant de pouvoir pénétrer dans le laboratoire, je venais seulement d'y rentrer munie d'une combinaison et de chaussons ainsi que de gants en latex pour éviter toute contamination. Alors que j'étais en train de faire mes propres prélèvements, un jeune homme tentait de faire fonctionner la machine qui lui faisait avec mais en vain. Parfois la technologie médicale pouvait être très capricieuse. Alors je décide de lui venir en aide et quelques minutes plus tard, la machine se remit à marcher sans que j'ai du lui taper dessus. Il vint me remercier alors je adresse un sourire. Puis il me dit qu'il ne pensait pas qu'il y avait quelqu'un d'autre et qu'il aimerait que cela reste entre nous. Alors je vins lui répondre, l'air amusée.

Mais de rien et oui je suis arrivée il y a peu de temps. On m'a demandé de faire des prélèvements pour déterminer si un enfant pouvait avoir la vie sauve ou pas avec ce truc là. Pourquoi je ne dois rien dire à personne ? Vous avez honte de ne pas avoir su fait marcher la machine ? Mais si vous y tenez, d'accord. Je m'appelle Leanne au fait et vous ?

Je ne comprenais pas bien pourquoi il me demandait ce genre de choses alors j'attendis sa réponse tout en venant lui adresser un léger sourire avant de reprendre mon petit prélèvement.