A little party never killed nobody ◊ SUZETTE

C’est pas la première soirée de la semaine.. Enfaîte c’est même pas la dernière non plus. J’sors trop.. J’sors beaucoup trop. Et j’ai beau le dire, m’en plaindre, gémir tous les matins quand je subis cette belle gueule de bois.. Bah je recommence. J’ai besoin de ça. Tu crois que j’suis dépendante ? Pas d’la fête hein. Mais dépendante de tout ce que je peux prendre quand j’sors le soir. Wade m’a dit de faire gaffe. Trung m’a toujours dit de jamais gouter à la drogue.. Les deux frères de ma vie vont me tuer si j’y arrive pas toute seule avec toutes ses merdes que je prend. J’suis encore dans le même coin, entouré de gens que je connais pas.. Des gens différents chaque soirs.. A croire qu’il n’y a que moi qui vient comme ça. J’devrais prendre la carte fidélité. Il est tard. Très tard même.. Les gens commencent à partir, la boite va bientôt fermer.. Moi je tortille du cul jusqu’à la porte de sortie. J’tortille pas par plaisir ou par envie de plaire à tous ces mecs un peu chelous qui trainent ici.. J’ai juste envie de pisser.. Mais vraiment.. Tellement envie d’pisser. Et que j’ai la flemme d’aller aux chiottes où j’vais surement croiser des gens entrain d’se ploter. J’arrive à la hauteur du bar contre lequel je m’appuis histoire de rester stable. Le barman refuse carrément de me servir quelque chose quoi. Enculé.. Je paye pour boire et il veut rien me servir. C’est mon problème si j’suis une alcoolique défoncée. J’ai tourné la tête vers la sortie. J’ai chopé le bras d’une fille que je pense reconnaître. Ho mais.. C’est toi la bonasse de la cabot la ! J’ai regardé autour histoire de trouver d’autre gens que je connais, t’sais on sait jamais. J’pensais être la seule cabot à savoir m’éclater !

Je sors rarement, ou plutôt jamais. Me voir dans une boîte de nuit c'est plutôt dire que l'impossible peut toujours se réaliser. Mais en ce moment, j'en avais marre, juste marre. De me prendre la tête avec tout le monde jusqu'avec moi-même. J'avais besoin de me détendre et pour la première fois, la détente passait par une cuite. Je n'avais pas réellement envie d'être à récupérer à la petite-cuillère le lendemain mais j'avais au moins envie de tout oublier ce soir. Le bruit. Les gens. On ne s'entend même plus penser et j'en viens à me demander si ce que je fais est vraiment bien. J'ai déjà bu un verre, j'ai le deuxième en main et je sais à qui demander si j'en veux un autre. On paie tout aux jolies filles, à celles qui ont des visages d'innocentes. J'suis pas si innocente, je fais du mal aux autres, moi aussi. Au final, je l'aurais eu, mon troisième verre. L'avantage c'est que j'ai l'impression que ma culpabilité s'évapore par chaque pores de ma peau tellement je tiens pas l'alcool, tellement je me sens bien. C'est éphémère, la réalité me fera mal demain. Je sens des mains effleurer ma peau, je sens l'alcool que transpirent certaines personnes, et ça me dégoute. Je comprends pourquoi je ne viens pas ici souvent. Heureusement, ça va bientôt fermer. Alors sur le moment, je bois encore un demi-verre avant de le rendre à son propriétaire. Quand soudain je sens un bras m'agripper. Elle doit être cabot.. oui sûrement, bien que je ne connaisse pas son nom. « C'est.. possible? » répondis-je alors légèrement confuse. Faut dire que toutes les cabots sont belles. « Disons que faut bien savoir se prendre une cuite de temps en temps! » Oh, convaincante, Suzy, toi qui tient si peu l'alcool que tu vas sûrement pas assumer tes trois verres et demi. N'empêche, je me demande qui c'est, vraiment.

Ha les cabots.. Cette confrérie de fille sur talons hauts avec des airs de putes endurcies. Non.. Ca c’est Grace, excusez moi j’confonds. Non.. les Cabots c’est.. C’des filles. Perchées en générale sur des talons longs.. Très grands. Des plateformes de dix centimètres, des cheveux super beaux toujours propre et parfaitement coiffés. Des tenues minutieusement sélectionnées tous les matins. Putain.. Pourquoi j’suis une Cabot ? J’ai rien d’une Cabot.. Absolument rien. J’suis même plus une Winthrop qu’autre chose. J’parle comme un mec.. J’vis comme un mec. J’mange comme.. un mec. Y’a que au lit que j’fais l’exception.. La j’suis bien une fille. J’ai pris cette fille par le bras.. Parce que j’la connais. C’est une cabot sur hauts talons. Elle se retourne, un peu troublée je crois. Moi j’ai les yeux en pandas, noirs de mon maquillage, une gueule de zombie genre zombie vs plants. De temps en temps. J’me suis mise à rire, haut et fort. Rien à foutre. T’es marrante en plus d’être super canon. J’la regarde, un sourie aux lèvres. C’est quoi ton p’tit nom ?