Invité
est en ligne
Invité
Voilà, je suis de retour à Cambridge. Après deux ans à New York, deux ans d'enquêtes, de décisions à prendre, de danger, tout était réglé. Notre mission avait été un succès et nous étions fiers de nous. Notre hiérarchie aussi l'était. Après quelques jours de repos, chacun pouvait retourner à sa vie. Et il s'avérait que la mienne était à Cambridge. Je prenais alors un avion et assez rapidement, me revoilà sur mon territoire, dans ma ville. Cela était bizarre de revoir ces rues, ces lieux que l'on connaissait. J'avais l'impression d'être parti d'ici pendant dix années, pourtant, je m'étais éloigné de Cambridge seulement deux ans. Mais revoir chaque endroit me faisait des choses dans le ventre, comme si j'avais peur. Mais au fond, c'était ça : j'avais peur. Je craignais les retrouvailles avec mes proches, je n'avais aucune idée de comment ça allait se passer. Enfin, je me doutais que de longues explications allaient être demandées et que je m'en prendrais plein la figure pendant de longues et de longues heures. Mais c'était normal, je réagirais pareil si c'était à moi que l'on avait menti. Et pas des moindres mensonges : ma famille croyait que j'étais mort. Mort. C'est si cruel de faire croire cela à nos proches que l'on aime tant et pourtant, je n'avais pas eu le choix. J'avais laissé faire. Je ne pouvais pas faire autrement, on comptait sur moi à New York et pour réussir cette mission, j'avais dû disparaitre aux yeux de la société. Alors faire croire que j'étais mort, à tout le monde sans exception, c'était la seule solution. Mais au final, je n'avais aucune idée de la tournure de ces retrouvailles : me pardonneront-ils un jour ou pas du tout ? Accepteront-ils au moins de me parler et que je leur explique les choses tout en m'excusant ? Je l'espérais. Mais je ne savais pas qui serait la première personne à se retrouver face à moi. Ni quand ce moment aura lieu.
En attendant ce fameux jour, je m'étais installé dans une chambre d'hôtel tout en cherchant un appartement. Je ne pouvais pas frapper à la porte de la maison de ma mère tout en balançant "Salut maman. Je suis vivant. Tu me prêtes ta maison pour dormir ?". Non, je n'étais pas comme ça. Et puis, à trente-et-an, pas facile de retourner chez maman et papa. Alors une chambre d'hôtel ferait bien l'affaire le temps de quelques jours. De plus, il s'avère que les vacances n'avait pas duré longtemps. J'étais de retour à Cambridge avec le rang de lieutenant de police et ici aussi, il y avait du travail. En découvrant mon nouveau lieu : le commissariat de la ville, j'apprenais que de grands événements venaient de se produire. Des prises d'otages dans différents lieux, faisant des victimes plus ou moins graves. Vu ce que j'avais fais à New-York, il semblait évident de me mettre sur ces affaires. Après avoir fait connaissance avec ces enquêtes dans mon nouveau bureau, il était essentiel d'aller questionner les victimes encore présentes à l'hôpital. Avoir les impressions de chacun, savoir davantage le déroulement de ces prises d'otages, tout cela était important.
Nous étions en fin d'après-midi et il était temps pour moi de me diriger vers le Cambridge Health Alliance Hospital. Une tenue civile suffisait, pas besoin de porter un quelconque uniforme, j'avais mon badge avec moi pour prouver mon statut. Je n'étais pas très connu ici pour le moment. Je passais de chambre en chambre, recueillant divers témoignages, de personnes légèrement blessées, prêtes à quitter l'établissement ou d'autres plus grièvement blessées. C'était si grave ce qui s'était passé.
Me voilà face à une nouvelle porte, probablement l'une des dernières puisque après tout ça, je devrais retourner au commissariat.
TOC TOC TOC
Après quelques instants de patience, j'entrais dans la chambre. Je refermais la porte derrière moi tout en disant un simple. « Bonsoir. » Il devait être un peu plus de 18h00 et la nuit commençait à tomber. Après avoir refermé la porte, je m'avançais pour entrer dans le cœur de la chambre. Je levais les yeux pour voir le nouveau patient que j'allais devoir interroger. Et là.
Choc. Je ne bougeais plus. Plus un doigt. Plus un cil. Mon cœur ne battait plus. Ou il battait la chamade, je ne savais pas vraiment. Je ne voulais pas me retrouver face à elle comme ça, sans l'avoir prévu, sans m'y être préparé. Enfin, ce n'est pas que je ne voulais pas mais simplement que je ne pouvais pas. Et pourtant, c'était le cas. Elle était face à moi. Ma petite sœur était face à moi. Le moment que je redoutais le plus, c'était maintenant. Le silence régnait. En tout cas, de mon côté, aucun mot ne sortait pendant quelques secondes. J'avais peur, j'étais surpris, choqué. Et que faisait-elle à l'hôpital ? Elle avait été victime d'une de ces prises d'otages ? Je ne me posais pas vraiment la question. J'étais juste bouche bée d'être devant elle, à cet instant. Je ne pensais pas, je ne réagissais pas. J'avais l'impression d'être de retour dans le passé, dans une autre vie. Et pourtant, au bout de longues secondes, un faible « Clea... » sortait de ma bouche. Rien de plus. Mes yeux ne la quittait pas.
(Invité)