Smoke smoke smoke ft. Emma

Minuit. Sur les toits de l'Université.
C'était notre rendez-vous. J'avais contacté Emma car j'avais entendu parler d'elle, elle arrivait à se procurer de l'herbe assez facilement. J'avais chopé son numéro et on s'était donné rendez-vous ce soir. Je vivais dans l'appartement depuis quelques semaines maintenant, seul étant donné qu'Angel n'était toujours pas sorti d'affaire. Il n'était pas là et concernant Eléonora qui l'était, elle n'était pas vraiment là non plus. Absente, ailleurs, dans son monde duquel elle me fermait les portes. Moi, j'étais là, j'allais mal et je n'arrivais pas à aller mieux. J'en parlais à Emma, ma meilleure amie, j'en avais parlé à Priam également, j'avais même appelé ma soeur, mais rien n'y faisait, ma colère, ma rage, ma souffrance ne se défaisait pas de moi. J'avais opté pour le sport, je pensais que cela me fatiguerait assez pour étouffer ma colère, mais non. Ma rage me poursuivait toujours et je n'avais aucun moyen pour m'en défaire, pour laisser prise. Un soir, en rentrant d'une séance de sport crevante, mais inutile, j'avais croisé des mecs en train de fumer dans un square. Cela m'avait fait réagir. Peut-être que... Mais l'idée de toucher à ça me répugnait, je n'avais pas envie de finir dépendant, drogué, je savais que cela était néfaste. Mais un petit joint par ci, par là, cela ne pouvait que me faire du bien, n'est-ce pas? Je me sentirai mieux, plus à l'aise avec moi même et je pourrai alors sauver mon couple qui chavirait droit vers la catastrophe. Je voulais essayer pour me sauver moi même et notre couple, marrant, non?

J'avais enfilé un jeans, mes converses, un gros pull à capuche noir et j'avais pris mes affaires pour rejoindre l'école. Un quart d'heure plus tard, j'étais sur le campus, je devais grimper par l'escalier de sécurité situé à l'extérieur, afin de rejoindre le toit. Je fini par atteindre la cime du bâtiment, la ville toute entière se dévoilait sous mes yeux. Je trouvais ça magnifique. Je me sentis déjà un peu mieux. La vue me coupa le souffle et m'émut beaucoup. Il faisait froid, mais j'étais content d'être ici. Rapidement, je vis une silhouette, dont de la fumée quittait son enveloppe noire. Je m'approchais, mes mains dans les poches pour finalement, une fois à sa hauteur, lancer :

« Emma? »

Elle se retourna, je pu voir une jeune fille brune, au visage très doux, presque enfantin. Elle me sourit et je lui lançais alors :

« Je suis Henri. »

Un certain Henri m'avait contacté pour fumer un peu, enfin un peu, ça restait à voir car quand on était en ma compagnie, on fumait beaucoup. J'étais d'abord étonnée qu'il pensait que je vendais de la drogue mais après tout, j'étais quand même l'ancienne présidente de la mather house, et la drogue était très réputée chez les verts, du coup, je pouvais comprendre. Heureusement que Jeno m'avait laissé un assez gros paquet, des fois, ça m'arrivait de vendre pour lui lorsqu'il était absent, entre meilleurs amis, on s'aidait. Un petit coup de pouce ne faisait pas de mal. Je l'attendais sur le toit, c'était assez connu pour ce genre de choses et puis la vue était magnifique. Dommage que j'ai loupé le coucher de soleil, ça devait faire rêver de voir ça, mine de rien, je me sentais puissante à regarder le monde tout petit sous mes pieds. Quelqu'un me sortis de mes pensées et m'appela. Je souris en insinuer que ce jeune homme très charmant n'était autre qu'Henri. Le pauvre, il avait l'air tellement prude et innocent, j'allais vraiment le dévergonder là. Mais ce n'était pas la première fois, je savais m'y faire avec les nouveaux qui voulaient tester de nouvelles expériences. Il n'y avait pas d'âge pour ce genre de truc. Effectivement, c'était bien lui, Henri se présenta de lui-même."Contente de te rencontrer. Bon, c'est pas très confortable, mais au moins, on a une belle vue." bah oui, j'étais assise sur le sol et le vent venait balayer mes cheveux. Je tirais encore une latte de mon joint et je le tendis au quincy. Tiens, mais va-y doucement quand même! Je suis curieuse de voir si tu tiens bien ou pas." puis au moins, c'était drôle de faire connaissance quand on était défoncé. Perso, je l'étais déjà, même si on ne dirait pas, il suffisait de voir la pupille de mes yeux.

Cette fille était vraiment très jolie, un vrai visage d'ange. Pourtant, l'objet de ma rencontre avec elle, n'avait absolument rien d'angélique. Bien au contraire, je me laissais tenter, pervertir, influencé. Non, à vrai dire, personne ne m'avait influencé, j'avais pris cette décision seul. Je savais qu'elle était mauvaise mais là... Je ne pouvais plus faire autrement. Eléo et moi venions de nous quitter. Brutalement. Je ne pouvais pas dire que je ne m'y attendais pas, cela serait faux. Elle avait été victime de la prise d'otage, elle avait vécu un vrai traumatisme, dont elle ne m'avait toujours pas fait part depuis. Elle ne m'avait absolument pas dit un mot à ce sujet, mais m'avait demandé d'être là, tel un pot de fleur. Seulement moi, je n'allais pas bien non plus, entre elle qui faisait semblant et mon meilleur ami qui avait de gros problèmes avec la Justice, je me sentais seul, je me sentais privé de mon expression. Je ne pouvais pas leur parler de mes problèmes, car ils étaient moindres à côté des leurs, mais putain.... J'en voulais pas à Angel car il n'y pouvait rien. Mais Eléo... je crois que oui, je lui en voulais d'avoir mis cette distance entre nous, de m'avoir éjecté de sa vie comme ça. Putain mais j'étais en train de tomber amoureux d'elle et là, bim dans ta gueule. J'étais dégouté. Mais j'avais tellement les boules, de me dire que c'était fini, que j'avais probablement merdé mais que je ne savais pas pourquoi, que plus jamais je ne sentirai cette odeur de fraise qui émanait de ses cheveux blonds... Putain.

Je sentais la rage en moi, cette colère que rien ne pouvait calmer, malgré mes nombreuses tentatives, alors je me tournais vers la drogue, pour essayer cette méthode d'apaisement, comme une autre à mes yeux, même si je savais que c'était mal, que c'était dangereux surtout vu la période que je traverse aujourd'hui, mais j'en avais rien à secouer, vraiment. Je voulais juste que tout ça se calme au plus vite.

« Contente de te rencontrer. Bon, c'est pas très confortable, mais au moins, on a une belle vue. »
« Ouais, la vue est géniale »

Je fis comme elle, m'asseyant sur le sol bitumé du toit, les pieds balants (on se trouve sur une petite hauteur) et à quelques mètres de nous, le vide infini nous donnant une vue splendide. La ville est rythmée par la nuit, les lumières étincelles, les sirènes, les phares des voitures. Une ambiance pittoresque se peint dès lors devant nous.

« Tiens, mais va-y doucement quand même! Je suis curieuse de voir si tu tiens bien ou pas. »

Les choses sérieuses commençaient donc. Elle me tendit son joint, fumant. Je la remerciais en l'attrapant, observant alors peut être le sujet de ma détente prochaine. Il fumait entre mes mains. Je n'avais jamais fumé, je ne savais pas vraiment comment il fallait faire, mais j'avais observé plusieurs personnes fumer. Angel fumait de temps en temps. Il m'avait un jour dit qu'il fallait aspirer. J'ammenais alors le joint entre mes lèvres, je pouvais sentir les petites fumées sortir du toncard. Je fermais les yeux et tira sur le joint, je sentis alors immédiatement, une vague de fumée envahir ma bouche. Parfumée et assez volumineuse, j'aspirai, comme mon ami m'avait montré. Malheureusement la première taff d'un joint, pour un non fumeur, elle fait toujours mal au cul. Je reccrachais la fumée, toussant comme un pompier, je cru d'abord que j'allais vraiment y rester. Le gout qui me restait ne me plaisait pas. J'avais rien avalé comme fumée, donc aucun effet. Je fini par tourner mon visage vers la jeune fille à mes côtés. Et oui, je n'avais jamais fumé, y'a un problème? Non, j'étais pas agressif en temps normal... mais là, je crois que je le devenais.

Je recommença alors à fumer le joint, voulant y arriver. Je réussi. La fumée s'engouffra telle une armée de chevaux blancs à l'intérieur de ma gorge. J'y parvins encore plusieurs fois, avant de finalement, tendre à nouveau le joint à Emma.
Je commençais à sentir les effets. Je me sentais plus léger, comme libéré d'un truc. Je ne comprenais pas encore que c'était justement, tout le stress et la colère qui venaient de s'échapper, évaporer.

« Cool » Lachais-je d'une voix presque rauque.

J'étais donc avec Henri, ma nouvelle rencontre. Un quincy, qui voulait fumer. On m'aurait dit un Eliot, j'aurais explosé de rire, mais un quincy, c'était pas courant. Je ne jugerais pas, je n'étais pas là pour lui demander pourquoi il fumait, ni rien. Je voulais juste l'aider à se détendre, en plus, la vue était vraiment magnifique. Comment ne pas se relaxer en ce moment même? Après avoir tiré quelques taffes de mon joint, je le donnais au jeune homme en le laissant faire. Je mettais mes mains dans mes poches et je fermais les yeux pour profiter du vent qui caressait mon visage. Lorsque Henri se mit à tousser je jetais un coup d'oeil en sa direction en lui faisant un petit sourire. "La première taffe passe toujours mal." c'était sans doute pour le rassurer, même si je ne savais pas si ça fonctionnait. Je me mordis la joue et je me demandais si j'étais pas en train de faire une connerie. J'avais vraiment chargé le joint et comme c'était sa première fois, je voulais pas qu'il parte en bad. Le jeune homme réussi à fumer et il me rendait déjà le pétard. Je le prenais en le portant à mes lèvres. Le seul mot qu'il avait réussi à sortir me fit rire. "Cool, j'imagine que tu te sens bien non?" répondis-je en recrachant lentement la fumée dans l'air. Je le surveillais. "Si jamais tu sens que ça tourne, il faut que tu marches, ou tu me parles de ce que tu veux, mais faut pas que tu perdes le nord." c'était par ma propre expérience, quand je sentais que j'avais trop fumé, je marchais, même pendant des heures. Une fois, je m'étais retrouvée perdue dans un bois, heureusement qu'Alexander était venue me chercher.

« Cool, j'imagine que tu te sens bien non? » Me répondit-elle alors, après ma simple remarque.

Je tournais alors mon visage vers elle, un léger sourire aux lèvres et le regard complice. On se regarda et on se sourit. C'était la seule réponse à donner. Oui, je me sentais bien. Enfin. Putain, je n'avais pas senti un sentiment aussi léger depuis longtemps. Cela faisait plusieurs jours maintenant que je ne souriais presque pas, que j'étais taciturne, fermé et que mes idées noires me submergeaient. Mais là, avec ce simple petit joint, avec quelques feuilles d'herbe, je ne sentais plus tout ce poids qui me tombait dessus un peu plus chaque jour. Je me sentais léger, libéré et qu'est-ce que c'était bon putain ! Cela était nul de se dire que la seule chose qui parvenait à me libérer était cette putain de drogue que j'avais toujours pointé du doigt, moi, le petit riche NYorkais à la vie jusque là si simple. Comme quoi. Tout change. Cela me fis doucement rire intérieurement. J'étendis mes jambes, enfouissant mes mains dans mes poches, admirant cette vue, large et sublime qui nous tendait les bras, nous portant à nos rêveries silencieuses et intérieures.

« Si jamais tu sens que ça tourne, il faut que tu marches, ou tu me parles de ce que tu veux, mais faut pas que tu perdes le nord. »

Cela me fit sourire et je ne pu m'empêcher de répondre :

« C'est une jolie façon de demander pourquoi je me mets à fumer? » Je lui souris faiblement, la regardant fumer. Je la trouvais gracieuse dans sa façon de recracher la fumée.

Ce mec avait l'air chouette, il ne se prenait pas la tête, je sais pas, il ne me connaissait pas et acceptait le fait qu'on se voit pour que je lui apprenne un peu les  douceurs de la vie. C'était bizarre, je n'avais jamais encore vu sa tête à Harvard. Faut dire que j'avais été absente pendant quatre mois et qu'au summer camp, je faisais le fantôme. Quoi qu'il en soit, je serais toujours là pour le dépanner lorsqu'il aura besoin de se vider l'esprit. J'étais sociable et gentille avec les gens qui ne me voulaient pas de mal. Je tournais la tête et je fronçais les sourcils avant de me mettre à rire. "Non, du tout. Je fais peut être des études psychologiques, j'ai pas pour autant envie d'entrer tout de suite dans le métier." répondis-je amusée. Je prenais le joint pour en fumer quelques bouffées puis je le redonnais à Henri pour qu'il refasse sa petite affaire. On allait rester un petit moment sur cet endroit, donc autant taper la discussion pour tuer le temps. "Mais bon, si tu veux, tu peux m'expliquer ce qui te pousse à faire ça, j'ai surement été pire que toi." j'en avais tellement fait des conneries, j'avais déjà eu pas mal d'histoires qui m'avaient poussé dans une dépression étrange. Donc si Henri ne se sentait pas bien, qu'il ne le cache pas, je me ferais un plaisir de donner mon opinion et peut être le conseiller.

« Non, du tout. Je fais peut être des études psychologiques, j'ai pas pour autant envie d'entrer tout de suite dans le métier. »

Elle était donc en psycho, cela m'étonna un peu. Pourquoi? Parce qu'une fille qui deal, fume et rend ce genre de service n'a pas le costume des responsabilités, de la force mentale nécessaire à mes yeux, pour ce métier. Tout comme moi d'ailleurs, pour moi, la drogue, la fumette, c'était un échapatoire facile. Sans efforts. Et ça fonctionnait plutôt bien j'avais l'impression.
Elle me refila le pet'. Je le coinçais entre mes doigts et l'apporta faiblement à mes lèvres pour tirer dessus. Il ne restait plus que la fin, déjà. En même temps, on avait un peu tiré dessus comme des porcs, je sentais les effets envahir mon corps, pour la toute première fois. Oui, c'était bien la première fois que je me droguais. Pourtant, j'avais eu le droit aux leçons de mon père, avec tout ce qu'il avait vu dans son travail, des dommages de l'alcool et la drogue dans la vie de quelqu'un et de son entourage... il nous avait interdit de toucher à ça. Je l'avais écouté, jusqu'à aujourd'hui. D'un côté, je me sentais coupable. Je n'avais jamais désobéis à mon père, je n'avais jamais rien fait d'illégal. Il y avait un goût d'interdit, un goût de bêtise enfantine mais à allure d'adulte.
La dernière latte fut plus chargée, je repoussais la fumée d'une traite, admirant le gros nuage de fumée qui se dessinait, avant que le vent ne vienne l'effacer, aussi simple que ça. Aucune trace dans l'atmosphère. Moi, je me sentais bien, léger, j'étais bien assis, prenant appui à un truc derrière moi, j'observais la vue, magnifique.

« Mais bon, si tu veux, tu peux m'expliquer ce qui te pousse à faire ça, j'ai surement été pire que toi. »

Ce n'était pas que je n'avais pas envie de parler, mais en fait j'étais tellement bien que ouais, l'envie de prononcer des mots, faire des phrases, tenir une conversation, ça m'soulait d'avance. J'étais bien, enfin, cela faisait longtemps.

« Y'a rien à expliquer, il me fallait un moyen d'arrêter tout ça. »

Comme si je me parlais à moi-même, la pauvre Emma ne devait rien comprendre à ce que je disais, où je voulais en venir. Pétou oblige.

Cool, je venais d'encore un voyer un mec dans le monde de la drogue. Check Emma. Ce n'était pas tout d'être l'ancienne présidente mather haha. Au moins les gens me connaissaient et ils venaient me voir pour que je leur fasse fumer. Henri en faisait partie, sauf que c'était un quincy et qu'il n'avait encore jamais fumé avant. Les choses se passaient bien et je venais à lui dire que j'étudiais la psychologie, sauf que je recommençais mon année vu mes récentes conneries. Si j'étudiais dans ce domaine, c'était pour comprendre le cerveau humain et pour me sentir bien avec moi-même puisque j'ai déjà chuté pas mal de fois au niveau psychologique. C'était scientifiquement prouvé. Ceux qui étudiaient la psychologie le faisaient par rapport à quelque chose qui les a troublé psychologiquement dans le passé. Bref, je m'égarais. Le joint était terminé, je le jetais dans le vide en face de nous. Je regardais le jeune homme et je me disais que c'était préférable de ne pas entamer tout de suite en deuxième. Je fronçais les sourcils, s'il ne voulait pas en parler, d'accord, je n'allais pas le forcer. J'haussais donc les épaules et je me levais avant d'avoir frotté les crasses du sol sur mon pantalon. "Du coup, tu veux que je te laisse? Je voudrais pas perturber tes pensées, je sais que quand on est défoncé, on préfère être seul." oui, c'était un point négatif chez les drogués. Une fois qu'on fume, on aimait bien être dans notre petite bulle. C'était cool mais ça pouvait devenir dangereux si l'action se répète. Là comme c'était sa première fois, ce n'était pas grave du tout.

(Ottis Heimann)

✧. ❛ love on top. i know nothing's perfect but it's worth it after fighting through my tears and finally you put me first. it's you.