Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibilityLes morts disparaissent. La douleur reste. (C. Billie Hermès)


Les morts disparaissent. La douleur reste. (C. Billie Hermès)

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4 Février 2015, 12h33, Annenberg Hall

Aujourd'hui encore, Leopold se rendait à la cafétéria pour déjeuner. Comme chaque jour depuis l’attentat à la bombe, il ne pouvait s’empêcher de citer le nom, puis le statut des personnes présentes lors du drame à voix basse. Et une fois arrivé dans le bâtiment, rien ne pouvait empêcher le rituel morbide de commencer. Les petits cerveaux d’Harvard ne s’insurgeaient presque plus devant la scène. Ce qui choquait le plus souvent en revanche, c’était le calme apparent avec lequel l’étudiant récitait tout ces noms.

La tragédie avait profondément marqué le jeune homme, au point que son anxiété demeurait toujours plus forte en ces lieux. D’un geste pressé, le musicien se saisit des premiers yaourts à sa portée, paya la note puis remercia rapidement son interlocuteur avant de reprendre ses diverses citations. «...Edward Mayer, vivant. Mari J. Cambell, morte. Jason Crossford, mort. » Il devait le faire, pour éviter de se fragmenter à nouveau. «...Rose Heathcliff, morte. » Il avait prononcé le nom de l’étudiante un peu plus fort que les autres pour la simple et bonne raison que ce fut la première de tous qu’il vit mourir ce jour-là.

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4 Février 2015, 12h40, Annenberg Hall

Le cours d'histoire de l'art avait enfin pris fin, le prof nous avait retenu une demi-heure en plus pour nous expliquer quelles étaient les recherches que l'on devait faire pour le prochain cours, et surtout ça nous éviterait de se sentir paumés. Les examens n'allaient pas tarder à nous tomber dessus, donc il fallait se préparer à tout, et puis moi je n'avais aucunement envie de retaper une année, je n'avais pas envie que mes parents aient honte de moi. Je quittais la salle avec les autres élèves du cours, on se dirigeait tous vers la cafétéria de la fac, histoire de manger un bout avant de reprendre les cours, et à tout casser il nous restait une petite heure. Je choisissais un sandwich, une pomme verte ainsi qu'un yaourt et payait le tout avant d'aller poser mes fesses à une table, sauf qu'un garçon piqua ma curiosité. Ah oui, ce fameux étudiant qui balançait les noms et prénoms des élèves qui avaient été tués ou non lors de l'attentat à la bombe sur le campus... Jusqu'à aujourd'hui, aucun prénom ne m'était familier, mais lorsqu'il prononça le prénom de Rose, une de mes cousines éloignées, j'en lâchais mon plateau, attirant quelques regards surpris vers moi... Comment...? Comment il savait que Rose avait été tuée ?

Intérieurement je paniquais, j'essayais de me calmer, tout en me rapprochant de lui "Excuse moi... tu peux venir avec moi deux minutes ?" fis-je un peu perturbée, voire carrément perturbée par le dernier prénom qu'il avait sorti à voix haute.

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4 Février 2015, 12h34, Annenberg Hall

Ça le rassurait dans le fond, de devoir faire le listing de toute ses personnes dont il ne se souvenait pas même du visage avant ou après l’explosion. Non pas qu’il possède une mauvaise mémoire au contraire, mais il a toujours eu du mal à retenir cette partie là du corps humain. Et cette fameuse Rose Heatcliff ? Acceptant la bizarrerie du garçon, elle s’était montré gentille avec lui, l’accompagnant même à la cafet ce jour-là. Avait-elle une famille ? À quel point les proches de cette étudiante souffraient de sa disparition ? Difficile à dire. Bien qu'elle vivait encore dans les souvenirs du jeune homme, Rose n'était plus, et cela l'avait perturbé. "Excuse moi... tu peux venir avec moi deux minutes ? » Les noms se mélangent dans son esprit, le cycle se stoppe inéluctablement, ramenant brusquement Leopold à la réalité.

Les bruits de couverts, les bavardements incessants de ce garçon là, de cette fille là bas. Et une chaise qui bouge non loin de lui mettent définitivement un terme à la concentration dont il faisait preuve jusque là. Portant une main à son oreille, l’étudiant ne réagit pas tout de suite à la demande de son interlocutrice. Bien qu’il demeure aussi calme qu’à l’accoutumé, ce grincement l'insupporte, mais il y a plus important encore. C’est la venue de cette personne inconnue à l’équation. « C’est que, je m’assoie toujours à la même place vous savez, celle du fond à coté de la septième chaise de la table numéro 32 sur la droite. » Leopold s’est tourné vers elle avec son plateau, mais ne la regarde pas dans les yeux. Les mouvements oculaires sont difficiles à suivre et la vue de ses yaourts lui suffit amplement.  « Votre voix tremble. Vous avez froid ? » Pour quelle autre raison le timbre de voix de cette femme serait aussi irrégulier autrement ? Le pianiste ne se doute pas encore de la la tristesse ressentie par l'étudiant en face de lui.

HRP: Encore désolé pour le retard, je ferai plus vite la fois prochaine.

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