i have a problem (esma)

Putain. Les défis bizuts, ça m'avaient manqué. J'avais adoré ça quand j'avais intégré la mather house pour la première fois et ça ne me dérangeait absolument pas de commencer. Mais le défi que j'avais maintenant.. Je ne savais pas comment faire. Il allait falloir que je me démerde de toute façon, je n'allais pas avoir le choix, mais ça n'allait pas être simple. J'étais dans les rues, je marchais et je me demandais comment faire croire à quelqu'un que j'avais le syndrome de la Tourette. Sérieusement, j'étais pas un comédien moi ! Mais bon, je devais montrer que j'étais un bon bizut et je devais essayer. Il ne me restait plus qu'à trouver ma victime. Je regardais donc les personnes présentes dans la rue et je me lançais dans une rue un peu reculé, histoire de ne pas me faire remarquer par tout le monde non plus et je voyais une belle brune s'avançait. Bon, c'était le moment Adriel. Il allait falloir que tu te lances. J'avais regardé quelques émissions pour le renseigner, alors je m'étais mis à trembler un peu, cligner des yeux, bouger la tête et.. « Espèce de pute ! » criais-je presque, continuant de cligner des yeux, histoire de bien jouer la comédie. Il fallait pas que je rigole, mais je me sentais idiot et j'avais l'impression de me moquer d'une maladie alors que pas du tout. La fille se retournait pour me regarder. Bien, le défi commençait.

A cet instant tu rêvais que d'une chose : rentrer et te caser sous ta couette. Tu n'avais que très peu dormi la nuit dernière, trop occupée à plancher sur tes cours qu'il te fallait absolument maîtrisé à la perfection, tu n'avais pas vraiment pris le temps de te reposer comme il le fallait. Toute la journée tu avais essayé de garder cet esprit positif pour camoufler cette fatigue mais une fois que ton corps avait pris conscience que l'effort l'intellectuel de la journée touchait à sa fin, il ne réclamait plus qu'une chose : le sommeil. Tu as fait quelques courses, et passant par Central Square tu t'emparais de ton téléphone avec la ferme intention d'envoyer un sms à ta meilleure amie quand tu fus interrompue d'une manière très original. Fronçant les sourcils, tu freinais l'allure de tes pas et tu t'es subitement retournée. « Je te demande pardon ?! » Avais-tu dit d'un air agacé. Quel culot ! Tu ne connaissais pas cette personne, et tu avais tout de même pris le temps de regarder autour de toi. Oui cette fois tu étais persuadée qu'il s'était adressé à toi. Tu l'avais d'emblée tutoyé, et tu n'allais pas tarder à lui « C'est quoi ton problème ?! » Tu étais parfois inconsciente. Si ça se trouve il était complètement taré ou violent ! Mais non trop inconsciente et surtout bien trop féministe tu ne supportais pas qu'on puisse s'adresser à toi ainsi. Et puis il ne fallait pas l'oublier tu manquais de sommeil, et ça, ça faisait toute la différence. La preuve tu venais tout juste de remarquer le fait qu'il gigotait sans cesse du visage.

Je pensais pas que je ferais cela un jour dans ma vie. Ce n'était pas le genre de choses que l'on faisait, mais quand on voulait devenir mather, il fallait parfois faire des choses.. complexes. Je me demandais si je préférais faire semblant d'avoir le syndrome de la tourette ou bien si je préférais passer ma soirée à envoyer des sms à tous les élèves d'Harvard.. Dur dilemme, n'est-ce pas ? Dans tous les cas, je faisais les mêmes tics au visage caractéristiques de cette maladie, comme j'avais vu dans un reportage et bam, j'insultais la première personne que je voyais. Qui bien évidemment, l'avait mal prit. « Je suis désolée ! Je suis malade et.. » je ne finissais pas ma phrase, alors qu'un mec passait, je reprenais ensuite la parole. « Connard ! » criais-je continuant de cligner des yeux et tout le tralala. Putain, j'avais envie de tout arrêter et de dire à mon bizuteur que je voudrais un autre défi mais.. Non. J'avais commencé, je devais finir. « J'ai le syndrome de.. De la Tourette. » avouais-je à la belle brune. Est-ce que j'étais crédible ? Aucune idée, je n'avais jamais été un bon acteur, mais je faisais comme je pouvais. J'avais pas le choix..

Tu étais femme et tu avais tendance à ne pas supporter le fait qu'on puisse juger la femme comme étant plus faible que l'homme. Le machisme démesuré t'insupportait. Tu passes ton temps à prouver que ta jolie petite bouille de femme ne t'empêche pas d'être aussi performante qu'un homme. C'était presque un trait d caractère chez toi, alors te faire insultée comme ça sans raison... c'était tout juste pas acceptable quitte à être complètement inconsciente comme tu l'étais à cet instant. Alors qu'il semblait s'excuser tu avais à peine eu le temps de l'entendre avancer le fait qu'il était malade pour qu'une autre insulte soit balancée vivement. Sans pouvoir te retenir tu avais fait légèrement les gros yeux en regardant le monsieur grimaçant comme pour te désavouer de ce qui venait de se passer. « Je t'en aurais collé une... moi à sa place. » Avais-tu dit en voyant l'homme continuer son chemin l'air de rien. Tu devais prendre exemple ! Avoir un peu de sang froid ça ne faisait jamais de mal. Cela dit, d'emblée ton caractère te poussait à croire le jeune homme mais ton expérience te rappelait qu'il fallait parfois être méfiante. Oui, tu avais souvent été naïve et tu détestais ce sentiment de faiblesse. Croisant les bras devant le jeune homme au visage presque angélique tu avais pris le temps de demander. « Et t-tu es pas censé avoir un traitement pour ça ? Tu vas t'attirer des problèmes si tu continues à traîner seul par ici.. » Ce n'était clairement pas ta spécialité mais forcément tu en avais entendu parler et pas qu'une fois. Tu avais mal réagi mais tu semblais d'être vite calmé, d'autres ne le feraient certainement pas.

Quelle merde. Sérieux. Je croisais les doigts pour que mes prochains défis soient plus simples, ou du moins pas dans ce style. Sinon, j'étais clairement dans la merde. Car je ne savais pas si j'allais tenir comme ça longtemps. La belle brune c'était arrêté, c'était déjà bien car comme ça, le défi pouvait vraiment commencer. Alors que j'lui parlais, j'avais profité de voir un homme qui passait pour l'insulter. Cela dit, c'était assez amusant de pouvoir insulter les gens comme ça. Même si je pouvais très bien le faire en temps normal, en étant juste moi-même. Un traitement ? Merde, il me fallait une excuse. « Si.. Mais j'avais pas vu qu'il m'en restait presque plus.. » disais-je en continuant tout le tralala que j'avais vu dans des documentaires, me coupant en voyant deux filles passaient près de nous. Fallait que je joue le jeu et Alexander m'avait dit que je devais insulter pleins de gens, je ne faisais que suivre les règles du défi. « Salopes ! » criais-je aux deux filles qui me regardaient étrangement et qui étaient vites partis. Fallait croire qu'elles avaient pas autant de cran que celle-ci. « J'en ai réellement marre de cette maladie.. » rajoutais-je en essayant d'afficher une pseudo mine triste. Pitié, fallait pas que ça dure trop longtemps tout ça, sinon, j'allais pas tenir.

Si effectivement il était sous traitement et qu'il en était à court c'était embêtant. Cela étant dit tu le croyais pourtant quelque chose te dérangeait. Un peu comme perplexe, sans savoir pourquoi. Peut-être qu'au fond tu te sentais clairement impuissante. Allez savoir ce qui justifiait ce sentiment. Tu ne le connaissais pas du tout et pourtant en l'entendant insulter les deux demoiselles passantes tu n'avais qu'une envie coller ta main à sa bouche pour le faire taire. C'est à ce moment-là que tu te rendais compte que gérer des patients en hôpital est une chose mais qu'être médecin en dehors de son travail en est une autre. Il allait falloir que tu apprennes à gérer tout cela. Ta main s'est posée à son avant-bras -délicatement- pour l'attirer un peu en retrait des passants récurrents. « Il faudrait peut-être voir un médecin, renouveler l'ordonnance.. ou au moins ne pas se balader seul dans ces cas-là. C'est s'attirer des problèmes de rester comme ça. » Avais-tu les sourcils légèrement froncés. Tu étais officiellement impuissante. « .. je veux dire certains pourraient ne pas être réceptifs. » Un peu comme toi ? Certainement. Putain, il était jeune, il devait d'ailleurs avoir ton âge plus ou moins et il avait ce fardeau à porter. Ce n'était pas évident mais tu n'allais pas non plus montrer que cela pouvait être perturbant en tant que jeune femme. Non tu étais une future médecin. Ta curiosité naturelle prit alors le dessus, alors qu'il se plaignait de son état.. lassé probablement. « Et.. depuis quand est-ce que tu vis avec ? »

Par contre, ça m'amusait de pouvoir insulter les gens comme ça. C'était clairement drôle de voir leur tête et aussi celle de la belle brune qui s'inquiétait pour moi. De toute façon, si un mec voulait me tabasser, je me défendrais, tant pis si je perdais le défi. J'allais pas me laisser défoncer non plus. Elle m'entraînait dans un coin reculé, sûrement pour que j'arrête d'insulter les gens. Dommage. « Je sais, mais j'allais justement voir.. mon docteur.. » disais-je, continuant les symptômes que j'avais lu sur internet, mais je commençais à me fatiguer et je me rendais compte comme cela ne devait pas être simple pour les personnes qui étaient réellement atteintes de cette maladie. Depuis combien de temps je vis avec ? Oh putain, j'y avais pas réfléchis à ça moi, je ne me doutais pas que l'on me poserait ce genre de questions. Enfin, j'allais faire dans la simplicité. « Ca s'est déclaré quand.. connasse.. j'étais petit.. » m'exclamais-je. Il fallait bien que j'continue les insultes, c'était pas drôle sinon et Alexander avait bien insisté sur le fait que j'devais insulter. Je voulais juste bien réussir mon défi. « Désolé.. » rajoutais-je doucement, baisser les yeux comme si j'étais gêné, alors que je ne voulais juste pas exploser de rire et tout lui balancer.

Tu n'étais encore que dans l'aspect très théorique de la médecine, et surtout très généraliste. Mais bon sang, tu semblais très intriguée, un peu comme bousculée. Bien entendu tu ne montrais pas tellement cet intérêt spécial que tu portais à tout cela, mais tu tentais de rester curieuse comme tout un chacun, essayant de mettre de côté ton identité d'étudiante en médecine. «C'est toujours bien accordé ton truc... difficile de ne pas le prendre personnellement. » Tu manquais un peu de délicatesse là face à ce jeune homme... souffrant de ses troubles. Cela dit tu n'avais pas su te retenir de souligner le fait que l'insulte était au féminin face à toi. C'était toujours bien accordé, masculin au passage d'un monsieur et inversement quand c'était une femme. Mais tu ne remettais pas en question complètement ses troubles loin de là. Tu le croyais malgré toi. C'était spécial. « C'est rien.. je commence y m'y habituer. » Souriant légèrement mais sincèrement tes mains vinrent à se glisser aux poches de ta veste en cuir, un peu mal à l'aise finalement.