(flashfoward) Léonora & Ruby - aide moi.

Actuellement, le sol des toilettes était mon meilleur ami. J’étais allongée dessus, fixant le plafond, respiration haletante. Je me sentais tellement mal, mon ventre me faisait hurler de douleur et je pleurais. Quelque chose coulait entre mes jambes et je sentais quelque chose pousser. Mais qu’est-ce qu’il se passait ? Je ne comprenais rien, j’avais l’impression de revivre l’accouchement d’Elsa mais je n’étais pas enceinte donc : pourquoi j’étais comme ça ? Pourquoi ?

J’avais besoin d’elle mais j’étais incapable de bouger, j’espérais donc que quelqu’un entre. Je hurlais, mais personne ne venait. Normal, les cours étaient commencés et personne ne trainait dans ces couloirs à cette heure-ci. J’étais obligée d’attendre, en pleurant.

J’avais terriblement mal, et je me mis à penser à mon ex-petit ami. Depuis qu’Arzian m’avait plaqué, je déprimais et j’évitais tout le monde. Même ma sœur jumelle. Je n’avais plus trop envie de parler. De toute façon, j’avais beaucoup de boulot au cabinet de psychologie et j’allais tout le temps voir Elsa à l’hôpital et mes cours me prenaient le reste du temps. Je faisais tout pour ne pas penser à mon ex, parce que j’avais mal et je souffrais de cette séparation. Il me rendait tellement heureuse, et maintenant tout était terminé.  

Je pleurais quand la porte s’ouvrit à la volée. J’ai tourné la tête, pour voir qui entrait dans la pièce et vit Léonora courir vers moi en hurlant. J’étais incapable de lui parler. Je la regarde juste, les yeux remplis de peur et d’incompréhension, les larmes coulant, le teint pâle et la respiration saccadée. Il y avait une flaque autour de moi, un liquide transparent qui s’apparentait à du liquide amniotique mais ça je ne le savais pas.

Je me mis à hurler de nouveau. J'avais tellement mal.

Quoi ?! Léonora me mettait debout ?! Ah non, non non. Je ne pouvais pas tenir. J'avais tellement mal...mais je n'avais pas le choix. Elle ne me le laissait pas. J'étais obligée de marcher et je me cramponnais à elle pour ne pas tomber. Mes jambes tremblaient et me portaient à peine. Une fois sortie des toilettes, un autre pic de douleur me pris. Je lâchais Léonora, et me tenait le ventre en poussant un cri de douleur. Ma tête commençait à tourner et je commençais à lâcher. Je devais absolument m'asseoir, je ne me sentais pas très bien. Une de mes mains se crispa sur mon ventre et je profitais de quelques secondes pour prendre une profonde inspiration et relever la tête vers Léo, mes larmes coulant sur mes joues. « J'ai besoin de...m'asseoir...», haletais-je. Je repoussais doucement ma soeur et me laissais glisser contre un mur. Je crois qu'instinctivement, je pris la même respiration que celle que j'avais appris pour accoucher d'Elsa. Pourquoi ? Je ne le savais pas, mais mon corps et mon inconscients avaient l'air de comprendre pourquoi. Ils ne pouvaient pas me le dire, non ? C'est trop leur demander de comprendre ce qu'il m'arrive ? Je sentais ma respiration s’accélérer, je commençais à faire une crise d'angoisse. Je n'arrivais pas à gérer le stress et la douleur, qui me tiraillaient de chaque côté, alors que quelque chose commençait à pousser dans le bas de mon ventre. Mais merde, qu'est-ce que c'est ?! J'étais loin de me douter que j'étais en train d'accoucher, et qu'un petit bébé commençait à pointer le bout de son nez. Eh ouais, la tête commençait à sortir et j'avais beau le sentir : je niais cette grossesse, je niais qu'un bébé arrivait et pourtant...je ressentais tout. Comme lorsque j'avais accouché d'Elsa. Instinctivement, à nouveau, je me mis à pousser. Je ne savais même pas pourquoi ! J'attrapais l'une des mains de Léonora et la serrait le plus fort possible, en poussant un hurlement strident. J'avais l'impression que mes entrailles se déchiraient. La sueur commençait à perler contre mon front et j'avais beau être assise, mes jambes tremblaient. Les larmes coulant, je profitais d'un instant de répit pour prendre une grande inspiration et croiser le regard de Léo. « Je suis désolée...Ca doit être horrible de tout...ressentir... », sanglotais-je. « Je suis désolée... ». Je n'arrivais à dire que ça, paniquant et pleurant à chaudes larmes. Le schéma de l'accouchement commençait à se tracer dans ma tête, mais ce n'était pas possible ! Je refusais d'accoucher. Je n'étais pas enceinte. Je n'avais pas pris un seul gramme, je n'avais pas eu de nausées, je n'avais pas eu d'arrêt des règles. Rien ! Donc, je ne pouvais pas être enceinte. Ce refus, me faisait encore plus angoisser mais je ne pouvais pas me retenir longtemps, et j'étais obligée de me remettre à pousser. Un élève qui passait par là, écarquilla les yeux et demanda à Léonora si tout allait bien, tout en composant le numéro des secours pour appeler une ambulance. Après avoir passé l'appel, il affirma à ma soeur que les secours seraient là dans quelques minutes...mais je n'allais pas tenir ces quelques minutes.

« Je...Je ne peux pas accoucher...Je...Je ne suis pas enceinte... », haletais-je. Une nouvelle vague de douleur me submergea et je me remis à pousser. Je refusais l'idée d'être enceinte et pourtant...pourtant, j'accouchais. On ne pouvait pas dire le contraire, puisqu'une petite tête sortait de mon vagin. Merde ! Je ne suis pas prête à être mère une seconde fois. Et puis...quelle mère je fais, à ne pas avoir remarqué ma grossesse ? Je suis horrible...Je suis une mère horrible. Je ne pouvais pas faire naître un bébé dont la naissance n'était pas préparée et pourtant...pourtant je poussais. Je poussais le plus fort possible, les larmes redoublant et coulant sur les joues. Je n'arrivais pas à bien reprendre ma respiration à cause de la panique, mais je faisais au mieux pour pousser même si la douleur était insupportable. Plus jamais j'accouche sans péridurale !

J'entendais ma soeur crier sur un jeune, mais la douleur était tellement intense que je n'arrivais pas à me concentrer sur autre chose. « Léononra... », murmurais-je d'une voix tremblante. J'avais besoin du soutient de ma soeur, pas qu'elle hurle de partout... J'avais l'impression qu'on me déchirait de l'intérieur, et qu'on m'arrachait tout. Une douleur plus intense me fit hurler, bordel ça faisait mal ! Et ma respiration qui était de plus en plus saccadée ne m'aidait pas. Soudainement je sentis une main prendre la mienne et je la serrais au plus fort en poussant. Je ne savais pas qui s'était, je n'avais pas la force de tourner la tête pour regarder mais je ne pouvais pas m'empêcher de prendre le premier contact qui venait à moi ! J'avais tellement mal...et je me sentais mal. Ma tête commençait à tourner, mais il fallait que je mette au monde ce petit bout de chou ! J'étais une mauvaise mère en n'ayant pas remarqué ma grossesse, je ne pouvais pas abandonner ce bébé et ne pas lui donner naissance...De toutes façons, je n'avais pas le choix. Je sentais que ça poussait encore et j'hurlais, serrant la main de la personne à côté de moi. Je poussais aussi fort que je le pouvais, pour donner naissance à un bébé. Un bébé...