VICTORIA&IRIS ▬ something in the way

Dernier cours de droit de la matinée. Il faisait froid dehors, et il pleuvait à grosses gouttes, mais rien n'aurait pu perturber Victoria et la faire décrocher du cours qui prenait place devant elle. Elle était dans sa bulle, écoutant liturgiquement les paroles du petit homme à moitié chauve qui parlait de choses qui en aurait assommé plus d'un, mais qui la passionnait elle. Victoria était si absorbée qu'elle sursauta lorsqu'elle entendit la cloche sonner. Midi trente. Elle finit rapidement de noter dans son ordinateur portable les dernières paroles du professeur, nota quelques idées, et referma l'appareil sèchement. En lançant un regard autour d'elle, elle vit que la plupart des élèves avaient déjà quitté la pièce. A quelques rangées devant elle pourtant elle reconnu la chevelure brune et bouclée d'une de ses amies. Iris Holt. Cela ne faisait pas longtemps qu'elles se connaissaient, un peu plus d'un an à peine, et pourtant Victoria l'appréciait beaucoup. Après tout, elle avait été l'une des premières personnes à l'accueillir dans ce nouveau pays. Elle et sa famille, qui était des amis des Smythe-Wildingham, s'étaient toujours montré extrêmement gentils envers elle. Iris étaient de celles qui lui avait fait découvrir Harvard, et qui l'avait introduit à ce nouveau monde. Malgré leurs caractères assez forts, les deux s'entendaient bien, notamment grâce aux nombreux points communs qu'elles partageaient. C'était surement pour ça d'ailleurs qu'elles s'étaient rapprochées au point qu'Iris partage avec elle de nombreux secrets de famille, au point même qu'elle l'embarque dans sa quête de savoir, en vue de trouver des réponses à de nombreux points sombres de l'histoire des Holt.

Victoria descendit les marches rapidement, perchées sur des talons de neuf centimètres qu'elle venait tout juste d'acquérir. Iris ! Elle arriva enfin à sa hauteur et lui sourit. Hey ! Ça fait un moment que je ne t'ai pas vu, comment tu vas ? Ça avance tes recherches ? Le professeur avait quant à lui rangé ses affaires depuis longtemps, et rester là le temps que les deux jeunes femmes terminent de papoter avant de fermer la salle ne semblait guère l'enchanter. Viens, on va manger un morceau, on sera plus tranquille. Victoria prit le chemin de la sortie et prit la direction du Starbucks. Pas vraiment calme vu l'heure, mais les sandwichs y étaient bons et il y avait toujours un coin libre pour s'isoler et parler tranquillement.

« Vous rédigerez la plaidoirie pour Mercredi et vous … » Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que la sonnerie ce fit entendre ...Ooh douce libération, j’allais enfin pouvoir sortir d’ici et aller manger quelque chose. Je n’avais pas été attentive pendant le cours trop préoccupée par les péripéties familiales et mes récentes découvertes. Je ne savais pas comment gérer la chose et à vrai dire cette recherche de vérité me faisait plus de mal que de bien pour le moment. Pourtant, je ne pouvais pas m’en empêcher, je devais savoir, je ne peux pas vivre avec mes parents les regarder tous les jours sans savoir réellement qui ils sont. Le professeur m’adressa un léger sourire que je snobai totalement, tant j’étais absorbée par mes pensées.

Une voix familière me ramena à la réalité, en tournant la tête je pu apercevoir Victoria, dieu que ça me faisait du bien de la voir, elle est arrivé ici il y a à peu près un an et ça a plutôt bien collé entre nous dès le début. Si il y en a une qui peut m’empêcher d’aller trop loin, et qui peut me raisonner c’est bien elle. Je lui adressai un sourire alors que je me levais. « Salut ma belle ! Tu ne peux pas savoir comme ça me fait plaisir de te voir » j’avais besoin d’une présence amicale ces temps-ci et la sienne était parfaite. Je la pris furtivement dans mes bras « si tu savais ce que j’ai découvert chérie. »  Je rangeai rapidement mes affaires alors que le prof nous observais impatient de libérer la salle. Je lui souris faussement avant de me retourner vers Victoria et de la suivre, quittant la salle pour aller en direction du Starbucks.

En chemin, j’étais pensive, ailleurs, mes découvertes me trottant toujours dans la tête. Dans tous les cas je savais que je pouvais trouver chez Victoria une oreille attentive, elle l’a toujours été depuis qu’on se connait, même si je dois l’avouer nos deux forts caractères avaient souvent tendance à se confronter. Arrivée au Starbucks, nos yeux parcouraient la salle remplie à la recherche d’une place, super c’était l’heure de pointe et si un seul de ces mecs en sieur posaient seulement la main sur moi, je n’étais pas sure de pouvoir répondre de quelque chose. « hé bien chérie, on dirait que le peuple à décider de manger à la même heure que nous » je ris légèrement à ma phrase avant de trouver une place au fond de la salle et de m’y diriger tenant sa main et  l’entrainant activement avec moi. « Installe toi je vais nous chercher un truc à manger » Je rentrai alors dans la file en roulant des yeux en voyant la populace. Après une quinzaine de minutes je revins avec deux sandwichs et deux cookies ainsi que deux cafés sur un plateau, je m’installai doucement faisant attention à ne rien faire tomber et posa mes yeux sur elle une fois assise. "Ok ... j'ai un plan pour emmerder mes parents, mais promet moi de ne pas essayer de m'en empêcher"

Hé bien chérie, on dirait que le peuple à décider de manger à la même heure que nous. Et elle avait raison. Une bonne partie d'Harvard avait eu la même idée qu'elles, et l'endroit grouillait de personnes toutes plus différentes les unes que les autres, mais qui lui inspirait pour la plupart une certaines méprise. Une blondasse à quelques mètres d'elle finissait ce qui semblait être un projet d'Art, mais qui ressemblait plutôt à un objet informe et horriblement moche aux yeux de Victoria. Un peu plus loin encore un groupe de Mather profondément occupé à faire ce pour quoi ils sont si connus ; être habillé comme des ploucs de chez Walmart et parler vulgairement de la dernière soirée qu'ils ont passé dans un excès des plus total. Heureusement pour elle, les deux bizuts arrivèrent à se trouver une table un peu à l'écart de toute cette populace, dans un petit renfoncement à l’abri des oreilles indiscrètes. Installe toi je vais nous chercher un truc à manger. Iris la laissa prendre place et arranger la table sur laquelle traînait encore quelques gobelets. La blonde s'assit enfin, souffla un coup après cette matinée éprouvante et profita de sa petite pause pour répondre à ses sms en absence. Son frère, et Camille, comme d'habitude.
Iris revint pile au moment où elle finit, accompagnée de son sandwich et de sa boisson préférée. Ça, elle la connaissait bien. Merci ma belle. Son amie semblait impatiente de parler, comme si elle avait découvert quelque chose de réellement important, et la connaissant, Victoria ne pouvait s'empêcher de redouter la conversation qui allait suivre. Ok .. J'ai un plan pour emmerder mes parents, mais promet moi de ne pas essayer de m'en empêcher. La belle posa immédiatement son gobelet sur la table, le regard planté droit dans les yeux de son amie. Iris .. Pour vivre dans une famille relativement similaire à celle de la brune, c'est à dire tout aussi aisée et pleine de secrets, Victoria savait de quoi il était question, et comprenait même assez bien l'envie de son amie d'en savoir plus sur les non-dits et les histoires un peu louches de ses parents. Pour autant, Victoria comprenait tout aussi bien l'importance de taire ce genre de secrets vu les familles auxquels elles appartenaient, et elle-même ne ferait jamais quoi que ce soit pour mettre en péril la réputation des siens. Il était donc normal qu'elle essaye de raisonner Iris, et l'aider à prendre du recul, et à ne rien faire de trop compromettant, même si bien sûr elle ne pouvait s'empêcher de s'identifier à elle et à vouloir l'aider.
Le visage de Victoria s'adoucit un peu. Autant savoir de quoi il s'agissait avant d'essayer à tout pris de la canaliser un peu. Après tout, ça ne pouvait pas être si grave. Bon, allez, dis moi.

Je pris une gorgée avant de suivre des yeux une jeune fille qui passait juste à côté notre table, elle était habillée avec tellement de mauvais gout, que je pensais halluciner et que la seule vision de ses cheveux bleus suffisait à me détourner du sujet au combien important que j’allais aborder avec Victoria. Je luis fis un regard entendu du genre "tu as vu ce que j’ai vu ?" en montrant discrètement l’étudiante qui était passé avant de secouer légèrement la tête et de me concentrer sur le sujet qu’on allait aborder.

« Ok Vick … je vais commencer par le début, du moins je vais essayer » mes doigts pianotaient légèrement et nerveusement sur la table alors que je commençais à chercher mes mots. « J’ai payé un type pour qu’il puisse hacker, les comptes et messageries de mon père. », Je balançai cette phrase d’une traite assez rapidement, craignant un peu sa réaction « je sais, je sais ce que tu vas dire mais … » je pris une grande inspiration avant de continuer « je ne pouvais pas résister ! Et vu ce que j’ai découvert … je regrette presque d’avoir fouillé autant ».

Un type sorti de nulle part vint m’interrompre, ce genre de sportif, avec les cheveux gras et leur blouson qu’ils réutilisent plusieurs fois dans la semaine. Il nous sourit, comme si il comptait s’inviter, je posai mes yeux sur lui, le regardant presque avec mépris l’air de dire "tu vois qu’on te ressemble ?" Il secoua la tête l’air dégouté, chose que je snobais totalement, avant de quitter notre table et de rejoindre sa bande de potes qui ne portaient rien d’autre pour moi que ce qui ressemblait à des pyjamas. Je revins sur Victoria « non, mais je te jure, il faudrait presque refaire leur éducation à ceux-là »

Je soupirai légèrement avant de reprendre « Bon … d’abord, j’ai découvert que mes parents mènent des aventures chacun de leur côté. En fait de ce que je sais, leur couple c’est un couple en carton »Je m’arrêtai un moment pour sonder la réaction de son amie. « Tout a été calculé ma belle, leur rencontre, leur mariage n’est qu’un mariage arrangé pour faire beau, la naissance de Joshua et moi a été programmé toute, notre vie est calculé c’est pour ça que j’ai décidé de … » J’hésitais fortement à continuer, mais bon j’étais lancé et il fallait que j’en parle, surtout que je ne pouvais en parler qu’avec elle « j’ai décidé de tout révéler à la presse, par courrier anonyme … ce ne serait que la première info d’une longue liste » Je savais que le pire restait encore à annoncer et que cette nouvelle n'était que la plus légère des trois.

C'était pire que ce qu'elle pensait. J’ai payé un type pour qu’il puisse hacker les comptes et messageries de mon père. Iris parlait vite, consciente que Victoria désapprouvait totalement ce qu'elle était en train de faire, et que celle-ci ne s'embêterait pas pour le lui dire. La blonde avait toujours le regard fixé sur son amie, les lèvres pincées dans une mimique sévère. Elle ne disait rien cependant, sentant que ce n'était là que le début d'un long récit, et qu'il fallait mieux rester silencieuse le temps qu'Iris dévoile entièrement tout. Déjà qu'elle révélait tout à quelqu'un qui n'était pas d'accord avec elle, autant ne pas l'interrompre maintenant au risque qu'elle se taise pour toujours. Au moins, Victoria était tenue au courant, et pouvait toujours minimiser les dommages si Iris partait trop loin. Je sais, je sais ce que tu vas dire mais .. je ne pouvais pas résister ! Et vu ce que j’ai découvert .. je regrette presque d’avoir fouillé autant. Ça pour une surprise ..

Un mec se pointa devant eux, mais Victoria ne bougea pas d'un cil. L'odeur âpre de sudation et de vieux cuir d'uniforme usé lui disait que c'était un joueur bas de gamme de l'équipe de football, et le fait qu'il n'ose même pas sortir le moindre mot ou faire autre chose que rester planté là comme un con n'annonçait rien de bon pour lui. Comme prévu, Iris le snoba, et profita de l'occasion pour tenter de détendre l'atmosphère, ce qui ne marcha pas.

Bon .. d’abord, j’ai découvert que mes parents mènent des aventures chacun de leur côté. En fait de ce que je sais, leur couple c’est un couple en carton. Tout a été calculé ma belle, leur rencontre, leur mariage n’est qu’un mariage arrangé pour faire beau, la naissance de Joshua et moi a été programmé toute, notre vie est calculé c’est pour ça que j’ai décidé de .. j’ai décidé de tout révéler à la presse, par courrier anonyme .. ce ne serait que la première info d’une longue liste. Victoria leva les yeux au ciel, exaspérée pas l'envie très adolescente d'Iris de vouloir absolument pourrir la vie de ses parents, mais soulagée aussi que ses découvertes ne soient pas réellement importantes. Un couple public et politique qui calcule chaque aspect de leur vie ? Rien de bien nouveau là dedans. Bien sûr que tout était calculé. Tout doit toujours l'être pour des personnages publics. Et ça va t'avancer en quoi Iris ? Tu crois que ça intéresse la presse ? Ils savent très bien comment ça se passe derrière, que des gens comme tes parents ne sont jamais ce qu'ils semblent être publiquement. Et puis les mariages un peu arrangés entre bonnes familles, ce n'est pas non plus une nouveauté. Le ton de sa voix était sec, claquant. Elle aurait enfoncé le clou si elle n'avait pas immédiatement réalisé à qui elle parlait. Son amie. Victoria posa brièvement sa main sur celle d'Iris. Ma belle .. Je suis désolée que tu aies découvert ça, d'accord ? Ça n'a pas du être évident pour toi, et je comprends que tu leurs en veuilles. Elle sourit, s’adoucissant un peu. Mais aller raconter tout ça à la presse n'y changera rien, et ça ne t'aidera pas. Tu ne vis même plus avec eux de toute façon, alors qu'est-ce que ça peux faire ? Ils payent tes études, ton train de vie, t'as plus à gagner à rester de leur côté que l'inverse, et tu le sais. Victoria retira sa main. Ce n'était pas ce que son amie avait envie d'entendre, mais il fallait qu'elle essaye de la raisonner.

Je pris une grande respiration comme pour me calmer, comment ne pouvait-elle pas voir que mes parents, derrière leur faux sourires et leurs déclarations publiques étaient des animaux politiques et plus importants, des monstres d’ambition. Je me crispai quelques instants à sa remarque, détournant un moment les yeux. Si elle avait raison ? Si je ne devais pas continuer à creuser ? Si tout ça allait trop loin et finissait par me pourrir la vie à moi-même ? J’avais peur, mais j’étais bien trop orgueilleuse pour le dire, pour dire qu’au fond j’étais terrifiée, qu’en ce moment la peur et le mensonge rythmait ma vie, pauvre petite fille riche avec des problèmes de riches. Je déglutis et ayant la tête toujours tourné, je regardai Victoria en coin. Elle avait ce don de me faire hésiter, alors qu’en ce moment j’étais habiter par de la peur et de la colère, j’étais sure de moi, sure de ce que je voulais faire … et en quelques mots elle avait réussi à me faire hésiter, à me faire me poser la question, "et si ?"

Elle posa alors sa main sur la mienne, je ne réagis pas vraiment mais ne l’en empêche pas restant silencieuse un moment après ces mots beaucoup trop en colère, beaucoup trop dans le doute pour m’exprimer de façon compréhensible. Comment lui parler de la suite ? Comment réagirait-elle ? Oh je me doute qu’elle n’approuverait pas mes méthodes, mais si je ne pouvais pas lui en parler à elle, à qui j’en parlerais ? Je n’aurais plus qu’à vivre avec cette boule de secret à l’intérieur de moi et à l’instar de mes parents, je n’avais pas cette force, non, je n’étais pas assez forte pour camoufler éternellement ma colère, pas assez forte pour la garder en moi et sourire me comportant de façon politiquement correcte, je n’étais pas assez forte pour supporter le mensonge et ses conséquences sur Joshua et moi, Joshua qui avait d’ailleurs disparu …
Je reposai alors les yeux sur elle alors qu’elle me souriait mon regard exprimait aussi bien la froideur qu’une vulnérabilité certaine. Je me pinçai les lèvres comme expression de ma colère avant d’ouvrir enfin la bouche après cet instant de silence « Tu vas m’en empêcher ? Je n’attendais pas de toi que tu comprennes de toutes les façons ! C’est la chose la plus gentille que je puisse leur faire après ce qu’ils nous ont fait à Josh et moi ! » Je n’élevais pas la voix, mais parlait dans une colère froide, colère enfantine d’une enfant ne voyant rien d’autre qu’une vengeance qui ne l’apaisera même pas au final.

Mais qu’est-ce que je pouvais faire d’autres ? rester là à les regarder sans rien faire, faire comme si … comme si je ne savais rien, hé bien c’était trop tard, j’avais payé ce type, il savait, je savais … c’était trop tard. Je détournai les yeux, ne la regardant pas avant d’enchainer « tu te souviens de l’enlèvement ? Celui de Josh et moi ? Nous avons été séquestré deux semaines » je m’arrêtai quelques instants hésitant à lui révéler le reste, peut être que je devais juste m’arrêter, peut être que je ne devais pas me poser de questions tant que mon train de vie ne changeait pas, je poussai un soupire exprimant ma résignation « Mon père a bénéficié d’une ascension fulgurante dans les sondages suite à cet évènement, la population avait été ému par cet évènement,  le type que j’ai payé … » J’arrêtai ma phrase à nouveau tournant mon regard vers elle, mes yeux se plongeant dans les siens, j’espérais qu’elle devinerait, j’espérais que je n’aurais pas à lui exprimer cette crainte et cette demi-preuve.

hj.:

Les secondes qui suivirent mes dernières paroles semblèrent interminables, et lourdes de tension. Je voyais Iris passer par tous les stades possible : le doute, la remise en question de ses actions, la colère un peu peut-être, mais aussi l'envie de continuer à parler. Et c'était ce que je voulais ; j'avais beau être contre ses actions, et même si j'avais jusque là tout fait pour qu'elle minimise le plus possible ses réactions, Iris restait mon amie, et j'avais envie d'être pour elle la personne à qui elle pouvait tout dire. Les secrets, les découvertes qui vous brisent le cœur, Dieu sait que j'en avais connu. Je me souvenais encore du jour où un premier grand secret avait été révélé dans ma famille, à la lecture du testament de mon père. J'avais un frère, un frère qui avait hérité de beaucoup. La première chose que j'avais ressenti en cet instant, c'était un profond sentiment de trahison, d'injustice, et de tristesse. Comme si tout jusqu'alors n'avait été que mensonge, comme si rien n'avait été réel. Le sentiment d'être au coeur d'un complot grotesque où j'étais totalement impuissante. Mon père avait-il réellement été celui que j'admirais tellement ?

Beaucoup de questions et de sentiments contradictoires ce jour là, et des mois pour apprendre à vivre avec. Tu vas m’en empêcher ? Je n’attendais pas de toi que tu comprennes de toutes les façons ! C’est la chose la plus gentille que je puisse leur faire après ce qu’ils nous ont fait à Josh et moi ! Alors oui, au fond, je comprenais Iris. Je comprenais ses positions et son envie de tout envoyer en l'air. Mais en tant qu'amie, je savais que ça ne l'aiderait pas, bien au contraire, et en dehors de vouloir sauver les Holt d'une tempête médiatique, c'était tout simplement elle que je voulais protéger. Tu te souviens de l’enlèvement ? Celui de Josh et moi ? Nous avons été séquestré deux semaines ! Je me redressais sur mon siège, mes yeux s'ouvrant, grands, inquiets. Depuis le début j'avais le présentiment qu'il ne s'agissait pas seulement des aventures de ses parents, mais j'étais loin de penser qu'il puisse être question d'un sujet aussi grave que celui de son enlèvement. Mon père a bénéficié d’une ascension fulgurante dans les sondages suite à cet évènement, la population avait été ému par cet évènement, le type que j’ai payé .. Je restais interdite, sachant par avance ce qu'elle allait me dévoiler. La douleur et l'appréhension se lisaient dans ses yeux, me révélant qu'elle avait appris beaucoup grâce à ses recherches, et que l'enlèvement n'avait pas été que l'histoire de personnes qui voulaient s'enrichir, mais quelque chose de beaucoup plus personnel. Iris .. Qu'a t'il découvert ?

Je regardais Victoria et je pouvais voir dans ses yeux qu’elle avait compris, je me demandais ce que je faisais, si j’avais raison de le lui dire, est-ce qu’elle me croirait, ou peut-être qu’elle penserait que je suis folle, que je cherche des liens là où il n’y en a pas. Je ne détournais pas mon regard d’elle, alors que les souvenirs de l’enlèvement me revenaient, l’obscurité alors que j’avais les yeux bandés, la poigne sévère du ravisseur sur moi, l’humiliation, la peur, la résignation puis l’espoir et encore la résignation. C’étaient deux semaines de cauchemars, deux semaines que je voulais absolument effacer de ma mémoire et j’y arrivais plutôt bien jusqu’à cette découverte, mes mains commençaient à trembler, alors que mes yeux se mirent à parcourir la pièce dans un début de panique, mon souffle s’accentuait légèrement, je sentais le sol se dérober sous mes pieds et si je n’étais pas assise j’aurais probablement perdu l’équilibre.

Je perdais le contrôle, je le sentais et il fallait que je le reprenne, ce n’était pas moi, je ne pouvais pas me permettre de craquer, pas maintenant, j’avais tenu jusque-là et craquer maintenant serais pathétique. Je pris une longue respiration et me forçai tant bien que mal à regarder Victoria et à contrôler ma voix pour qu’elle ne tremble pas. « Le type à hacker les comptes de mon père et … il a trouvé que … enfin … » je ne savais pas comment m’y prendre pour continuer, l’histoire en elle-même me paraissait incroyable alors je n’osais même pas imaginer ce qu’elle pourrait penser de tout ça. « Enfin … il … tu sais la rançon des deux millions de dollars, le type à découvert que c’était le comptable de mon père qui les avaient eu, tout correspond »

Malgré mes efforts je ne pouvais pas camoufler  les petits tremblements dans ma voix et  dans un geste purement calculé dans l’espoir de paraitre le plus normale que possible je saisi le café et le portai à mes lèvres, chose qui m’était presque impossible tant ma main tremblait. Au fond je ne savais pas ce qui m’angoissait le plus, les flashbacks de la situation, le fait de devoir en parler, ne pas savoir comment Victoria réagirais, ou encore … comment allait se passer la suite des évènements et comment je devrais les gérer. « J’ai réfléchis à tout ça et ça … enfin … j’ai » parler en ce moment même était une épreuve pour moi et je n’étais pas habitué à perdre mes moyens de la sorte «  Je me suis dit au début que le comptable avait pu manigancer ça tout seul de son côté et faire chanter mon père ... mais pourquoi, il serait toujours au service de ma famille et pire, c’est un ami proche, il vient manger chez nous, c’est le parrain de Josh  » Voilà, c’était lancé, je lui avais dit et je ne savais pas encore à ce stade si je pourrais lui révéler le reste ou non. Cependant j’étais sûr d’une chose, paranoïa, peur, angoisse et méfiance seraient mes principales compagnes dans ce qui allait suivre.