This is a beautiful meeting....or not ϟ JUDE, ROXANNA & SAMARA

Les médicaments que mon médecin m’avait prescrit avant de passer d’autres examens, marchaient plutôt bien. Ma fièvre était tombé, et je commençais à me sentir beaucoup moins fatigué. Cependant, cela ne voulait rien dire, et je n’allais pas échapper à la tonnes d’examens médicaux qui allaient m’attendre. Mais en attendant, je voulais profiter un peu de pouvoir gambader, car si mon cancer était réellement revenu, j’allais devoir me faire soigner, et j’allais devoir rester enfermer pendant longtemps. A force de parler avec Samara, j’ai fini par me rendre compte qu’elle n’avait pas encore rencontré Roxanna, et qu’il faudrait peut-être remédier à ça. Je savais que ça n’était pas forcément facile pour ma petite amie, de savoir que j’allais avoir un enfant avec un autre, mais il me semblait quand même normal qu’elles fassent connaissance et, même si j’avais l’impression que je pouvais toujours rêver, peut-être qu’elles pourraient devenir amies ? Les choses seraient tellement plus faciles si c’était le cas… J’ai donc fini par proposer aux deux jeunes femmes une rencontre. Enfin, proposé…je dirais plutôt imposé, mais elles n’avaient pas l’air de contester, du moins, pas devant moi. C’est donc un Dimanche que je donnais rendez-vous aux deux jeunes femmes, au Luna Caffe. Avec mon état de santé qui se dégradait, un bon café ne pourrait que me faire du bien, car j’avais besoin de rattraper le retard que j’avais pris ses derniers jours dans mes révisions : les partiels approchaient, et je ne me sentais absolument pas prêt. Je m’habillais assez chaudement, me pressant de partir de chez les Mather pour rejoindre le centre-ville à pieds. Avec les médicaments que je prenais en ce moment, conduire n’était pas une très bonne idée, sauf si je voulais un bel accident. Je regardais ma montre en arrivant au café, j’étais un peu en avance, tant pis. Je m’asseyais à une table prêt de la porte d’entrée pour que les miss me voient en arrivant, commençant à me sentir légèrement nerveux à l’idée de cette rencontre. Car ça pouvait très bien se passer comme…très mal.

Comment aurais-je pu être enchantée à l'idée de devenir, d'une certaine façon, "belle-mère" avant même d'avoir atteint la majorité, et au bout de trois mois de couple ? Ok, Jude ne m'avais pas trompée, puisque quand il a couché avec cette fille on ne se connaissait même pas. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de me sentir... Menacée. Elle portait son enfant après tout, et surtout, je me souviendrais toujours du moment ou il m'avait balancé comme ça qu'elle était le sosie de son premier amour, Aurore. Je n'ai jamais autant flippé qu'au moment ou j'ai entendu ça. Seulement, Jude a tenu à me rassurer : Samara n'est pas Aurore, et il voulait seulement assumer ses actes en voulant devenir le père de son enfant ; pas aller jouer à papa maman avec elle, ou à la famille parfaite. Je n'avais donc, techniquement, aucune raison de craindre Samara Wilson. Alors pourquoi est ce que j'ai une telle boule au ventre à l'idée de la rencontrer juste pour boire un café ? Je me suis préparée calmement, inspirant profondément avant de quitter ma chambre et le bâtiment Cabot. Enfilant ma veste, je sautais dans ma voiture, direction le Luna Cafe, jetant un rapide coup d'oeil à l'heure, puis au rétroviseur pour vérifier si je n'avais pas fait une gaffe, du genre me maquiller qu'un oeil ou je ne sais quoi dans mon genre. Ouf, pas de bêtise. Cinq minutes plus tard, j'arrivais, et je sortais de la voiture, me dirigeant à grandes enjambées vers le café ou j'allais la plupart du temps. J'aperçus Jude sans mal, entrant directement dans mon champ de vision en passant la porte. « Je suis pas en retard ? Elle est arrivée ? »M'enquis-je auprès de mon petit ami en m'asseyant près de lui après l'avoir embrassé. Réponse négative, je soufflais. « Ça va mieux toi ? » Demandais-je en prenant sa main. Il semblait avoir repris des couleurs, depuis qu'il prenait ses médicaments, et j'étais quelques peu rassurée. Une silhouette féminine s'approcha alors de nous, et je reconnus immédiatement Samara à son ventre arrondi, et sa démarche assurée vers nous. Je me levais, esquissant un sourire timide et peu rassuré. Mon estomac se contracta à nouveau : « Hey .. Je suis Roxanna. Enchantée ! » Dis-je avant de lui faire la bise. Elle ne semblait pas bien méchante. Mais je restais sur mes gardes.

Il voulait sa mort. Jude Montgomery voulait la voir trépasser, elle, son ventre en forme de boule de bowling et ce qu'il contenait. C'était aussi limpide que l'eau des chiottes. Sinon, pourquoi lui enverrait-il ce genre de texto maudit ? Si ce n'était pour qu'elle s'étouffe avec les choco pops dont elle se goinfrait comme si sa vie en dépendait. Avalant de travers sa cuillère sous le regard désapprobateur de sa coloc', elle relut deux fois le message pour être bien sûre de comprendre. Il n'y avait pas de doute possible, il venait bien de l'inviter à partager un café avec sa chère Roxanna.
Roxy', si elle pouvait savoir combien elle l'avait maudit. Bien avant de savoir si elle était brune, rousse ou blonde. Petite, grande, mince ou boulotte. Intelligente ou conne. Gentille ou peste. Avec trois seins et quatre bras ou avec tout ça en moins. Elle l'avait détesté parce qu'elle avait compris que Jude en était amoureux et que ça anéantissait dans l’œuf tout espoir de former une famille un peu moins merdique que le commun de la fange de l'humanité. Et elle lui en voulait pour ça. Et se sentait coupable, aussi. Parce qu'elle n'avait pas le droit d’ôter à Jude une chance d'être heureux avec sa belle, sous prétexte qu'un de ses spermatozoïdes avait fait une course en flèche, se prenant pour la version blanche d'Usain Bolt pour transpercer son ovule. Elle en avait conscience, mais ça n’apaisait pas la virulence de ses sentiments et Jude devait l'avoir compris. Voilà pourquoi, bien que certainement conscient qu'elle n’éprouvait pas de sentiments amoureux envers lui (le pouvait-elle seulement ?), il avait tant redouté cette rencontre. Et à raison. Parce que la méchanceté était tenace et qu'elle conservait encore la folle espérance que Roxanna abandonne toute idée de construire une relation avec lui, ce jeune étudiant qui deviendrait papa, dans M moins trois.
Elle attrapa fébrilement son portable pour rétorquer : « Impossible. Cet aprem', je m'épile le maillot... Au sabre laser ! J'peux pas rater ça, sorry. » Avant de filer sous la douche, devinant que trop bien que cette invitation ne souffrait d'aucune discussion et que cette rencontre finirait de toute façon par devenir inévitable.

Quand l'heure approcha, elle quitta le campus, à califourchon sur son vélo. Elle avait de plus en plus de mal à se traîner. Les derniers kilos qu'elle avait pris se faisaient cruellement ressentir et elle dût prendre deux longues pauses avant de finalement arriver devant le café. Rouge, essoufflée, en sueur, les cheveux en bataille, le mascara dégoulinant. Comme quoi, ce fut très utile de prendre une heure pour se préparer avant cet entretien de la mort... Elle était en retard et elle semblait bien être la seule, puisque après avoir solidement cadenassé son vélo et pénétré le café, elle repéra Jude à sa table accompagné d'une blonde. Jolie, en plus, la blonde. Roxanna, dans toute sa splendeur, à n'en pas douter. Elle la détestait.
Elle les embrassa, sur les joues et se retint de montrer sa déception de ne pas être arrivée la première. « Hey ! Je suis Sam', la future maman, je crois que ça se voit... Tout aussi enchantée. » Essaya-t-elle de dire avec la même voix niaise qu'elle avait probablement imaginée.

Ils n'avaient pas eu beaucoup de temps pour se parler, au moins en face en face, ces derniers jours et elle avait des choses à lui raconter. Leurs études leur prenaient du temps puis Jude devait aimé aussi se consacrer à sa super vie amoureuse... Elle n'imaginait pas qu'il soit en mauvaise santé. Le bilan sanguin qu'ils avaient fait pour s'assurer que le petit ne serait pas attardé était bon. Du moins, ils ne s'étaient pas refilé de MST, à défaut d'autre chose. Et s'il lui avait confié avoir été malade étant enfant, le passé était loin et Jude ressemblait maintenant à un homme solide, bien loin du malade. Elle s’essaya à côté de lui, déposant son sac à ses pieds avant de desserrer le bouton de son jean qui lui limait littéralement la taille. « Bah, souris, tu as l'air tout catastrophé. » Lui dit-elle en lui pinçant les joues, avant de regretter ce geste. Ne sachant pas s'ils avaient passé ce degré d'intimité. En même temps, elle portait son enfant dans son ventre, dans le genre intime, on ne pouvait difficilement faire mieux.

Je ne cessais d’essayer de me convaincre, qu’il n’y avait absolument aucune raison, pour que cette rencontre se passe mal. Peut-être avais-je tort, au fond ? J’avais un peu du mal à gérer cette situation, dire à Roxanna que j’avais mis une fille enceinte, n’avait pas été une mince affaire, et je m’étais même attendu à ce qu’elle mette directement fin à notre relation. C’était sans doute mal connaître la jeune femme, qui tenais plus à moi que ce que j’avais pu penser à l’époque. Mais j’avais besoin de cette rencontre, pour que les deux jeunes femmes mettent un visage sur leur prénom, au moins ça. Et il y avait aussi le fait, que j’avais peur de passer trop de temps avec Samara, et que Roxanna le prenne mal. J’osais espérer que si elles arrivaient à s’entendre, d’une certaine manière, je me sentirais moins coupable de m’occuper un peu plus de la future maman. Moi qui, après la mort d’Aurore, n’avait voulu aucune femme dans ma vie, je me retrouvais, avec deux sous le bras, sans savoir trop quoi faire. D’habitude, j’étais tout le temps en retard, mais allez comprendre pourquoi je m’étais pointé dix minutes en avance. Peut-être avais-je peur que les deux jeunes femmes arrivent sans moi ? J’appréhendais un peu l’idée de les laisser toutes seules ensemble car des milliards de scénarios me venaient en tête. Même si j’imaginais mal Roxanna et Samara se disputer en plein milieu du café, je ne préférais pas trop prendre le risque. Car même si je ne connaissais pas encore parfaitement Samara, je savais qu’elle avait du caractère, mais que Roxanna aussi, pouvait en avoir. Assis à petite table près de l’entrée, je ne cessais de getter la porte, essayant de deviner dans ma tête comme un gosse laquelle des deux arriverait en première.

Et c’est Roxanna qui franchit en première la porte d’entrée, se dirigeant tout de suite vers moi. « Je suis pas en retard ? Elle est arrivée ? » J’hochais la tête négativement, me levant pour la prendre dans mes bras avant de la laisser s’asseoir près de moi. « Ça va mieux toi ? » Je serais sa main dans la mienne, souriant légèrement en hochant la tête positivement. « Ça va à peu près, t’en fais pas pour moi », soufflais-je à me petite amie avant de tourner le regard vers la porte qui venait à nouveau de s’ouvrir. Je me levais pour accueillir Samara, qui avait l’air crevée, et je me dis alors que j’aurais peut-être dû lui proposer de passer la prendre, mais en même temps, je ne pouvais pas tellement conduire..« Hey .. Je suis Roxanna. Enchantée ! » Je laissais Roxanna embrasser Samara, et je m’avançais pour faire de même, descendant mes yeux vers le ventre de Sam qui semblait de plus en plus énorme. « Hey ! Je suis Sam', la future maman, je crois que ça se voit... Tout aussi enchantée. » Je souris et je me rasseyais sur ma chaise. Je me sentais encore plus gêné maintenant qu’elles étaient toutes les deux arrivées et je ne savais même pas par quoi commencer. Voyant que la jeune femme avait même du mal à se baisser pour poser son sac à terre avec son ventre, je me levais pour aller près d’elle et l’aider à s’asseoir, c’était la moindre des choses, non ? « Bah, souris, tu as l'air tout catastrophé. » Je souris légèrement et je finis de l’aider à s’asseoir, pour retourner par la suite à ma place, lui tirant légèrement la langue. « Moi, mal à l’aise ? Jamais ! », lançais-je en riant légèrement, ironiquement même en regagnant ma place. Je regardais autour de moi, il n’y avait pas beaucoup de personnes à l’intérieur, autant en profiter pour aller chercher de quoi boire. « Bon, vous voulez quoi à boire ? », demandais-je en regardant successivement Roxanna et Samara, tout en sortant mon portefeuilles de ma poche de jean.

Je crois que, de toute mon existence, jamais je ne m'étais sentie aussi mal à l'aise. C'est vrai, je me retrouvais tout de même dans une situation assez ... Farfelue. Jude tenais vraiment à ce que je rencontre la mère de son futur enfant, et moi, j'avais plutôt envie de partir en courant. Non pas que je déteste Samara, après tout je ne la connaissais même pas, mais je ressentais une certaine hostilité vis à vis d'elle. Après tout, petit un, elle a couché avec Jude, petit deux, elle porte son bébé, petit trois, Jude est adorable et parfait, et je la comprendrais parfaitement de vouloir former la parfaite petite famille à ses côtés ... Quoique, non, je ne comprendrais pas puisqu'il est avec moi, et que, au risque de me répéter, je ne voulais laisser ma place à aucune autre. En chemin pour le café, je m'étais bouffée la lèvre inférieure jusqu'à me faire presque saigner. Mauvaise habitude liée au stress, pour changer. Garée, j'attrapais mes clés, et sautais pour me diriger vers Jude dans l'établissement.

Malgré son sourire, je sentais bien qu'il n'était pas au top de sa forme. Je grimaçais, lui demandant s'il allait mieux. « Ça va à peu près, t’en fais pas pour moi » Je fronçais les sourcils, hochant doucement la tête, bien que pas rassurée pour autant par ses paroles. Mais bon, l'heure n'étais pas aux inquiétudes. On est jeudi, il fait beau, le soleil brille, et ... Samara venait d'arriver. Essoufflée, la pauvre avait du venir à pied, ou a vélo, ou je ne sais quoi. Je me surpris à me dire que je pourrais lui proposer plus tard de la ramener sur le campus. Eh Roxy, tu t'étais dis que c'était une rivale potentielle, hostile, meuf ! Je secouais la tête et me levais pour me présenter avec un sourire gêné. « Hey ! Je suis Sam', la future maman, je crois que ça se voit... Tout aussi enchantée. » Je fis un rire léger tandis qu'elle saluait Jude, surveillant étrangement qu'elle ne lui passe pas la bise autre part que sur les joues . Je m'asseyais à nouveau, tournant le regard vers ... Le mur, pendant que Jude aidait Samara à poser son sac en bon gentleman. « Bah, souris, tu as l'air tout catastrophé. » Je reportais mon attention sur eux, silencieuse. Jude lui tirait la langue. Et bim, je me remettais à mordiller nerveusement l'intérieure de ma lèvre inférieure. « Moi, mal à l’aise ? Jamais ! » Je souriais, silencieuse, les écoutant chahuter sans vraiment savoir quoi faire. Si je suis sociable avec mes amis et les gens que je connais, faire des rencontres se révèle en revanche beaucoup plus ardu pour moi. « Bon, vous voulez quoi à boire ? » demanda alors Jude en sortant son portefeuilles. J'écarquillais les yeux. « Je te vois venir, tu vas pas encore payer pour tout le monde ! » Ah, les hommes ... J'haussais les épaules, avant de répondre enfin : « Un chocolat viennois pour moi, comme d'habitude, j'évite le café ces temps ci.. » Déjà que je dormais peu, si en plus j'ajoutais ma sauce en buvant du café, j'étais bonne à devenir insomniaque. Je reportais mon attention vers Samara, histoire d'engager la conversation. « Tu es .. Chez les Dunsters, c'est ça Samara ? La maison est juste à côté des Cabots. » Dis-je en songeant à mon amie Meghan à laquelle j'allais souvent rendre visite. Je décidais alors de commencer à discuter sur une note positive, songeant à la pensée qui m'avais traversée tout à l'heure : « T'es venue comment ? tu m'as l'air épuisée .. Si tu veux je pourrais te raccompagner tout à l'heure, je sais que le trajet Cambridge - Harvard est pas très marrant, surtout avec ces bus qui passent une fois toutes les vingts minutes ... » J'esquissais un léger sourire.

Au contraire de ses deux interlocuteurs, Samara était on ne peut plus détendue. Les enjeux de cette rencontre n'étaient pas tout à fait les mêmes pour elle. Dans l'histoire, elle n'avait rien à perdre. Et peut-être tout à gagner. Si elle se montrait suffisamment odieuse avec Roxy' alors peut-être que celle-ci s'éloignerait de Jude. Alors, l'étudiant pourrait s'occuper pleinement de son futur rôle prématurité de père sans que les aléas de la vie amoureuse ne viennent perturber ses pensées. Ils avaient déjà fort à faire avec leur études et ce que la vie sur un campus leur réservait pour vouloir s'encombrer d'interférences supplémentaires. Et Roxana était une mauvaise onde, au moins de son point de vue.
Jude, toujours aussi avenant, vint l'aider à s'assoir et répondit à sa remarque avant de lui tirer la langue. « Tu es sans conteste le mec le plus zen de toute cette planète. » Ne manqua-t-elle pas d'ajouter, avec tout ce qu'elle pouvait d'ironie. Jude, ou le mec le plus stressé de la galaxie. Il n'arrêtait pas de la noyer de texto pour savoir si tout allait bien, si elle avait besoin de quelque chose. La transformant en petite créature gémissante quand elle se rêvait en amazone farouche, fière et forte. Ok, elle était enceinte et son ventre qui s'arrondissait commençait à devenir pénible mais elle n'était pas encore une handicapée impotente. Aussi, si elle avait toujours le mot pour le rassurer, elle tentait de ne pas abuser de sa serviabilité. Du moins pour le moment, parce qu'elle maîtrisait pleinement la technique pour maintenir le gnome au chaud et en bonne santé. Mais pour ce qui allait arriver après, elle doutait de savoir s'y prendre. Et pouvoir compter sur la présence de Jude la rassurait. Elle n'avait aucune raison (ou seulement une toute petite, portant le nom de Roxana) de douter de sa sincérité. Il lui avait dit qu'il serait là, au vue des événements, elle trouvait judicieux de lui faire pleinement confiance et pour le moment, il ne l'avait jamais trahi. Et elle ferait ce qu'il faut pour qu'il en soit toujours ainsi. Ruiner sa vie amoureuse n'était pas la meilleure option pour qu'ils demeurent complices, mais elle savait déjà comment tester la chère tête blonde qui lui faisait face, peut-être pas ici, peut-être pas aujourd'hui, mais ses immersions intrusifs qui se répéteraient à mesure que le nain qu'elle portait se développerait auraient tôt fait de faire fuir la plus amourachée des prétendantes au cœur de beau Mather.

Avant qu'elle ne puisse répondre à la requête du grand brun, Roxy', restait muette jusque là, lui coupa l'herbe sous le pied. « Je te vois venir, tu vas pas encore payer pour tout le monde ! » Ce à quoi elle s'empressa d'ajouter, passant d'une paire d'yeux à l'autre. « C'est vrai, d'ici quelques mois, je risque de te réclamer une pension alimentaire conséquente. Tu devrais donc commencer à faire tes réserves, pour pouvoir continuer à emmener ta belle danser. » Le tout dans un sourire triomphant, n'annonçant pas pourtant que cette tirade était un trait d'humour peut-être déplacé. L'avantage du fait qu'ils se connaissaient tous très mal, ce qui ne leur permettait pas réellement de distinguer quand elle était sérieuse et quand elle plaisantait. Samara se faisant un plaisir de noyer le poisson. « Un rhum-coca pour moi ! » Cette fois-ci la distinction était nette et facile à comprendre. Non, Sam' n'était pas totalement irresponsable et ne buvait plus durant sa grossesse. Cela avait dû lui arriver, peut-être une ou deux fois, la faute au déni. Mais elle devait être née sous une bonne étoile puisque le haricot poussait normalement et avait tous ses membres où il le faut. « Et s'ils n'en n'ont pas, juste un jus d'orange, ça conviendra. » La vitamine C serait parfaite pour combler le manque d'énergie qu'elle ressentait, après avoir eu la bonne idée de jouer les cyclistes pour venir jusqu'ici. La caféine étant déconseillé aux femmes enceintes, elle était obligée de se défaire de son addiction, trop désireuse de faire ce qu'il fallait pour que sa descendance soit en bonne santé.

La blonde profita que Jude s'éloigne pour se délier la langue et dit : « Tu es .. Chez les Dunsters, c'est ça Samara ? La maison est juste à côté des Cabots. » Et elle entendit : « Tu es .. une ratée de chez les Dunsters, c'est ça Samara ? Manquant de classe, de superbe, pour être chez les Cabot. » Ce qui la renfrogna quelque peu. Une Cabot'. Elle aurait pu le parier. Avec son petit air de droiture, sa blondeur innocente et sa façon de se pavaner, alors qu'ils ne prenaient qu'un café et ne défilaient pas sur les plus convoités planchers d'Amérique de Nord. Sa référence pour cette maison, c'était évidement sa grande sœur, Siobhan. Et malgré leur lien fraternel et la petite année qui les séparait, il y avait bien longtemps que ces deux-là ne se supportaient plus. Très certainement à cause de son air hautain et sa prétention à la perfection Sa superficialité et sa façon de croire qu'elle avait toujours raison. Elle ne manqua pas de juger Roxana de la même façon et de penser, à juste raison, qu'en dépit des efforts potentiels qu'elle ferait, elle et la Cabot qui lui faisait face, n'étaient pas faite pour s'entendre. « C'est ça. Chez les Dunster. Et j'étudie le multimédia et le journalisme. Et toi, qu’est-ce que tu fais, hormis craquer sur les futurs papas ? » Oui, elle avait conscience que cette activité ne l'était pas à plein temps, à en croire Jude, ils s'étaient trouvés et feraient ce qu'il faut pour que leur relation dure longtemps, ce qui ne manquait pas de la rendre un peu amère. Elle, personne ne la réconfortait quand elle se retrouvait seule dans son lit. Et être enceinte, ne l'aidait aucunement à multiplier les rencontres. « T'es venue comment ? tu m'as l'air épuisée .. Si tu veux je pourrais te raccompagner tout à l'heure, je sais que le trajet Cambridge - Harvard est pas très marrant, surtout avec ces bus qui passent une fois toutes les vingts minutes ... » Une Cabot, assurément. ne jamais perdre la face et garder leurs manières de princesse en toutes circonstances, devait être une condition sine qua none à l'intégration. « Je me suis fait déposer par un Hells Angels. Sur sa moto, les cheveux aux vents et les mêmes dans les yeux, c'est difficile de rester digne. Si l'entrevue ne dure pas trop longtemps, il y a une chance qu'il ne finisse pas pinter au bar d'à côté et soit encore en état de me raccompagner. » Finit-elle de dire, dans un sourire charmant alors que Jude venait de les rejoindre afin de les empêcher d'échanger plus de banalités.

Je n’osais pas tellement parler de la grossesse de Samara avec Roxanna, je me voyais mal lui dire que j’allais aller à une échographie, que j’avais rendez-vous avec la future maman pour choisir un prénom au bébé ou ce genre de chose. Car je ne savais absolument pas, quelle serait sa réaction. Roxanna s’était toujours montrée très hostile vis-à-vis de cette histoire, et même si elle me disait ne pas m’en vouloir car c’était arrivé avant que je ne la rencontre, je n’arrivais pas à m’hotter de la tête que malgré tout, elle devait beaucoup m’en vouloir et je n’osais même pas imaginer ce que ça allait lui faire, quand elle me verrait concrètement avoir un bébé avec une autre. Je ne m’étais même pas encore demandé comment cela se passerait à sa naissance, j’allais devoir trouver un certain équilibre entre lui, et Roxanna. Et même si j’avais envie de m’occuper de cet enfant, je ne voulais pas que ça soit en détriment de ma relation avec Roxanna, car elle était tout ce que j’avais de plus cher. Je ne réagis même pas à la remarque de ma petite amie, qui me dit fit remarquer que j’allais encore vouloir payer, me contentant d’hocher la tête. Bien sûr, je les avaient invités ici, alors je pais. « Un chocolat viennois pour moi, comme d'habitude, j'évite le café ces temps-ci.. » j’hochais la tête positivement, me tournant vers Samara pour attendre une réponse de sa part. « C'est vrai, d'ici quelques mois, je risque de te réclamer une pension alimentaire conséquente. Tu devrais donc commencer à faire tes réserves, pour pouvoir continuer à emmener ta belle danser. » Je ris légèrement et j’hochais la tête négativement, décidément, Samara arrivera toujours à me faire rire, c’était une qualité rare chez les personnes qui m’entouraient, savoir me faire rire. Mais la jeune femme paraissait complètement détendue, ce qui me déstabilisait un peu. Bizarre, n’est-ce pas ?

« Un rhum-coca pour moi ! » Je sentais mon cœur louper un battement en l’attendant parler de rhum-coca : c’était la boisson préférée d’Aurore lorsqu’on sortait. Je secouais légèrement la tête pour me cacher ça de l’esprit : bordel Montgomery, reprend toi ! Aurore est morte. Elle, c’est Samara. J’arquais un peu les sourcils, ne lâchant pas la future maman du regard en attendant qu’elle me donne une réponse correcte. « Oui, je suis certain que le bébé va adorer du rhum tiens », lançais-je à Samara avant qu’elle ne réponde qu’elle voulait un jus d’orange. J’hochais la tête et je leur tournais le dos pour aller vers le comptoir, et commander un chocolat, un jus d’orange, et un café. Je posais le billet de dix dollars sur le comptoir et je regardais Roxanna et Samara qui avaient l’air de discuter. Je soupirais légèrement, me demandant si Aurore ressemblait à Samara quand elle était enceinte. Question bête, bien sûr que oui, même si Aurore n’avait pas les airs de garçon manqué de Samara. Le serveur me coupa dans ma rêverie, il fallait vraiment que j’arrête de penser à Aurore. Je pris le petit plateau que m’avait donné le serveur sur lequel se trouvaient les boissons, et je retournais près des filles. Je servais le chocolat de Roxanna, puis le jus d’orange de Samara avant de prendre mon café et de me rasseoir près de ma petite amie. « Alors, vous discutiez de quoi ? »

Ok, je faisais preuve d'une patience extrême parfois, mais pour une fois j'avais terriblement hâte de rentrer chez moi et de fuir cette situation. M'enfermer dans ma chambre, dans ma baignoire, tout ce que vous vouliez, sauf ce café. « Tu es sans conteste le mec le plus zen de toute cette planète. » Ouais, et c'est aussi sans conteste mon mec. Zen Roxy, zen ! Jusque maintenant j'ai toujours perdu rarement mon sang froid, ça n'allait tout de même pas commencer aujourd'hui, qui plus est avec une femme enceinte de ton copain ! Je voyais bien que Jude était stressé, et il avait de quoi. Il confrontait d'un côté sa petite amie, et de l'autre la mère de son enfant. Autant appeler ça le choc des Titans ! Il y avait une chance sur deux que nous nous entendions. Et je savais qu'il priait pour que le courant passe entre elle et moi, et j'avais promis de faire des efforts. En revanche, hors de question de me faire passer pour une fille que je ne suis pas. Je finis pas obtempérer et par rendre les armes, me doutant que mon cher et tendre ne lâcherais pas l'affaire, et je demandais un chocolat tout bête. Le café en ce moment, je préférais éviter, déjà que mon épaule et mon bras étaient toujours douloureux et qu'ils m'empêchaient de dormir, si je devais ajouter à cela une dose de caféine, j'étais foutue. « C'est vrai, d'ici quelques mois, je risque de te réclamer une pension alimentaire conséquente. Tu devrais donc commencer à faire tes réserves, pour pouvoir continuer à emmener ta belle danser. » Ajouta Samara, m'arrêtant brutalement dans mon élan alors que je m'apprêtais à réprimander Jude. Hum. Seriously ? Ahurie, je secouais légèrement la tête alors que Jude riait. J'osais espérer qu'elle blaguait, parce que c'est tout à fait déplacer que de lui parler comme ça, surtout que Jude est loin d'être le dernier des salauds auxquels on pourri l'existence avec des histoires de pension alimentaire. Il me l'a dit, ce bébé était aussi le sien, et il ferait tout pour être un bon père.

« Un rhum-coca pour moi ! » Ce coup ci en revanche, j'esquissais un sourire. Impossible qu'elle soit sérieuse, tout le monde sait bien que, enceinte, l'alcool est totalement prohibé. « Oui, je suis certain que le bébé va adorer du rhum tiens » Répondit Jude, confirmant mes pensées silencieuses. « Et s'ils n'en n'ont pas, juste un jus d'orange, ça conviendra. » Jude prit en note et se leva donc, pour aller chercher nos boissons. J'en profitais pour tenter d'engager la conversation avec cette fameuse Samara. Il me semblait bien que Jude m'avait dit qu'elle était chez les Dunsters. La maison de l'élite du travail, j'ai toujours admiré leur acharnement, et j'aurais pu y aller en quittant les Eliots, seulement, Apple m'avait convaincue de la rejoindre chez sa sororité. « C'est ça. Chez les Dunster. Et j'étudie le multimédia et le journalisme. Et toi, qu’est-ce que tu fais, hormis craquer sur les futurs papas ? » J'entrouvris légèrement mes lèvres de surprise face à la fin de sa phrase. Ok, alors si ça ce n'était pas de la provocation, je voulais bien bouffer la tasse avec mon chocolat. Je me pinçais les lèvres, sentant le regard de Jude qui pesait sur nous. Calme Roxy, calme. Je passais ma langue rapidement entre mes lèvres sèches, avant de répondre en croisant les bras. « Je suis des études de danse et de photographie. J'ai hésité avec le journalisme, ça doit vraiment être intéressant! » Je fis un léger sourire, à peine perceptible. J'avais un mal de ventre terrible, et surtout, envie de m'enfuir en courant. Je lui demandais alors comment elle était venue, et surtout, si elle voulait que je la raccompagne. Après tout, je sais que les transports ne sont jamais très amusants, entre les corps puant la sueur qui donnent le tournis et les ados qui aiment foutre le bordel, j'ai souvent terminé le trajet à pied pour ne pas finir malade. « Je me suis fait déposer par un Hells Angels. Sur sa moto, les cheveux aux vents et les mêmes dans les yeux, c'est difficile de rester digne. Si l'entrevue ne dure pas trop longtemps, il y a une chance qu'il ne finisse pas pinter au bar d'à côté et soit encore en état de me raccompagner. » Elle se foutait clairement de ma gueule, ce n'était pas possible autrement. Je me sentais prête à craquer, j'aurais pu me lever et la claquer si je n'étais pas de nature non-violente. Je détournais le regard, voyant la silhouette de Jude s'approcher, s'asseyant à nos côtés pour nous servir nos boissons. « Alors, vous discutiez de quoi ? » Demanda Jude. Le petit air satisfait de Samara me tapait sur le système. Esquissant un de mes plus beaux sourires, je dis d'un air tout à fait naturel après avoir porté mon chocolat à mes lèvres : « Oh, Samara me demandait ce que la fifille Cabot que je suis faisait à part s'amouracher de futurs papas. Je prie pour que ton gamin n'hérite pas de l'arrogance de sa mère, chéri. » Voilà précisément ce que je mourrais d'envie de dire. Je fixais droit dans les yeux miss ventre plus gros qu'un ballon de baudruche, avant de dire d'une voix détachée à mon petit ami à la place :« Oh, de choses et d'autres, nos études, maisons, et cetera. » . Je portais de nouveau mon gobelet à mes lèvres, le regard fermé. Je voulais me barrer d'ici au plus vite. Samara et moi-même n'étions visiblement pas faites pour nous entendre.