On aura tout oublié, comme si ça n’avait pas existé ◆ Amen

Il était 22h30 et j'avais enfin fini mon service au restaurant, les clients avaient comme à leurs habitudes étés très peu agréables et j'étais exténué par cette journée. Malgré tout j'avais le sourie aux lèvres parce que j'avais fini de travailler! J'allais enfin pouvoir rentrer prendre une bonne douche pour m'enlever cette vieille odeur de bouffe qui s'était imprégnée sur mes fringues et mes cheveux et me pauser au chaud dans mon lit. Mais avant tout je devais faire un saut au Starbucks pour prendre un chocolat chaud pour ma petite Amen chérie qui n'avait apparemment pas le morale.
C'est donc d'un pas soutenu que je m'introduis dans le Starbucks pour commander un super chocolat chaud recouvert de chantilly, il paraît que le chocolat c'est excellent pour le morale ! 2 minutes après j'en ressortais satisfait de mon achat, je me pressais pour rentrer avant que ce chef-d’œuvre chocolaté ne refroidisse. 10 minutes de marche plus tard j'étais enfin à la coloc, je me pressais de jeter mes chaussures dans un coin de l'entrer pour filer dans ma chambre où Amen m'attendait. J'ouvris la porte doucement en cachant ma tête derrière le Starbucks.
« Bonsoir mademoiselle votre commande est arrivée ! »
Je m'approchais de la jeune fille en lui tendant le chocolat chaud puis je déposais un baisé sur son front avant d'ajouter :
« Je file à la douche parce que je pue la mort là, bois ton chocolat je fais super vite. Dans 5 minutes je suis à toi promis ! »
J'attrapais un caleçon de rechange en guise de pyjama et fonçais à la salle de bain.

Aujourd'hui, je suis complètement dépitée. Tout s'annoncer pourtant bien, mais c'était sans compter sur Isaac. Généralement, c'est un petit rayon de soleil dans ma journée ce mec, mais alors aujourd'hui.. J'ai appris qu'il était assez attiré par une certaine Charline et que tout était allé bien loin. Coup dur. J'ai surement bien trop idéalisée le français. Comme me l'a bien rappelé Alaska, un homme est un homme. Je ne sais pas réellement ce que j'attendais de lui. Nous ne sommes pas ensemble et nous ne nous sommes jamais rien promis. Ca devrait simplement me glisser dessus, me laisser de marbre, mais j'ai la poitrine qui brûle chaque fois que j'ai le malheur d'y penser. Au fond, Maxime, Charlie et Laska avaient raison, je l'aime cet idiot. Je me suis éprise de lui sans même le voir.. bordel. Je m'en veux presque de tout ça. Pour me remonter le morale, j'ai trouvée refuge dans le lit de Milo, mon meilleur ami et accessoirement colocataire. Son lit, c'est clairement mon refuge lorsque je vais mal. Après échange de messages, j'attendais qu'il rentre de son boulot avec mon chocolat chaud pour pouvoir me caler dans ses bras et oublier un peu toute cette foutue histoire. C'est vers 23h qu'il est enfin arrivé dans la chambre. Un large sourire est apparu sur mon visage lorsqu'il m'a embrassé le front et donné mon chocolat chaud, avant d'annoncer qu'il partait à la douche. Ce chocolat chaud de chez Starbuck, c'est toute ma vie. Je ne fais réellement rien de bon sans lui. Je le bois assez lentement, regardant les minutes défiler le temps que monsieur est sous la douche. T'es mauvais niveau timing, ça fait exactement 8 minutes Strömblad ! dis-je en riant légèrement lorsque j'aperçois sa petite tête. 

J'étais parti à la douche en courant, j'avais enlevé mes vêtements en un temps record et je les avais jetés dans le bac à linge, je m'occuperais de ça plus tard pour le moment je devais me dépêcher pour m'occuper de ma meilleure amie. Je n'ai pas mis beaucoup de temps à me laver, mais c'est lorsque je voulus me brosser les dents que je perdis un temps fou, en effet les filles avaient mis un désordre monstre dans la salle de bain et je ne retrouvais plus mon dentifrice dans tout ce bordel. Pourquoi les nanas ont-elles besoin d'autant de cosmétiques ?!
C'est donc avec un peu de retard que je sortis alors de la salle de bain en caleçon, tout beau tout propre, avant de me diriger à nouveau vers la chambre. Je pénétrais lentement dans la pièce et refermais la porte doucement derrière moi quand Amen me lança :
« T'es mauvais niveau timing, ça fait exactement 8 minutes Strömblad ! »
Comme je m'en doutais, elle m'avait chronométré ! Je me mordis alors la lèvre inférieure et baissais légèrement les yeux vers le sol avec un air de chien battu :
« Désolé, j'ai fait au plus vite.. »
Je me glissais alors au chaud sous la couette en poussant un peu la jeune fille qui avait pris ces aises.
« T'as bien réchauffer le lit c'est bien ! Il est bon ce chocolat ? »
C'était un peu un moyen de diversion pour lui rappeler que j'avais quand même pris la peine de lui acheter un chocolat chaud malgré mes 3 minutes de douche en trop.
Ça devait faire un bon bout de temps qu'elle était dans mon lit vu comment ma place était réchauffée. Malheureusement je n'avais pas pu sortir plus tôt du travail et la pauvre avait dû m'attendre pendants plusieurs heures, nous ne devions pas perdre une minute de plus.
« Bon alors raconte moi tout ma belle ! »
Je déteste voir Amen déprimée comme ça, elle est tellement plus belle quand elle sourie. Même lorsqu'elle est triste pour une connerie ça me rend triste, alors lorsque c'est pour quelque chose de sérieux ça me déprime vraiment.

Alors que je lui lance avec un léger rire qu'il est plutôt mauvais en ce qui concerne le timing, je le vois se mordre la lèvre et baisser la tête avec de s'excuser. Étrangement, je le trouve attirant sur le coup, alors qu'il se mordit la lèvre, mais instantanément, comme une piqûre de rappel, une sorte de culpabilité dérangeante s'empare de mon être, probablement à cause de sa petite voix, de ses yeux de chiens battus et du fait que je n'ai vraiment pas l'habitude de le regarder de cette façon. Ce n'était pas réellement un reproche, je l'avais juste chronométré parce que j'avais hâte de pouvoir trouver du réconfort dans ses bras. Je lui souris, comme pour lui faire comprendre que ce n'est rien et qu'avec des yeux pareils il est tout pardonné, tout en tapotant le lit, l'invitant à me rejoindre. Il me pousse légèrement et se glisse sous la couverture, me remerciant d'avoir chauffé la place. Il faut dire que je suis installée en mode larve ici depuis près de trois heures déjà, alors elle ne peut qu'être chaude. Délicieux, merci chou. dis-je, tout en lui faisant un bisous sur la joue, avant de lui tendre le reste du chocolat. Il n'est plus si chaud que ça, mais il reste bon. Alors qu'il attrape le gobelet, il en profite pour me demander de tout lui raconter. Je soupire doucement. Je crois que je suis bien trop naïve. Et que je l'ai trop idéalisé. Et que je suis stupide. dis-je, tout en essayant de contenir mon énervement. J'en veux à Isaac, j'en veux à cette fille, mais avant tout, je m'en veux à moi. Je me suis conduite comme une idiote croyant que tout serait beau et rose. J'ai crû que quelque chose pouvait arriver. J'ai crû que ce n'était pas qu'une simple histoire d'un soir, que j'avais un minimum d'importance. Et bordel, jamais je n'aurais dû coucher avec. Mais quelle genre de fille fait ça ? demandais-je en soufflant, les larmes aux yeux. Peut-être que je ne suis pas une fille bien. Peut-être que j'ai été trop faible, trop facile. 

Spoiler:

Elle m'embrassa sur la joue en me donnant la fin de son chocolat et finit alors par me dire :
« Je crois que je suis bien trop naïve. Et que je l'ai trop idéalisé. Et que je suis stupide. »
Je pausais alors le chocolat sur la table de nuit et tirais Amen dans mes bras.
« Et bordel, jamais je n'aurais dû coucher avec. Mais quelle genre de fille fait ça ? »
Elle commençait à pleurer un peu, je ne voulais absolument pas la voir pleurer, premièrement parce que quand quelqu'un pleure je ne sais jamais quoi faire et secondement parce que ça risquait de me faire pleurer aussi sans raison.
«Chuuuut... »
Je l'a serrait davantage contre moi en lui caressant la tête doucement pour la calmer.
« Ne dis pas ça, tout le monde fait des erreurs. Il ne faut pas que tu te sentes coupable choupette. Tu n'es pas stupide loin de là, tu as écouté ton coeur. »
Je l'embrassais à nouveau sur le front avant d'ajouter :
« Il faut que tu gardes le meilleur et que tu fasses abstraction de ce qui te fait du mal. Moi-même j'ai fait des choses que j'ai regrettés, mais avec du recule je me dis que si je les ai faites c'est que le destin la voulu. Tu vois s'que je veux dire ? »
Tout le monde ne croit pas au destin, je ne voulais pas partir dans des pensées un peu philosophies et l'endormir complètement. Mais pour ma part j'étais persuadé que rien n'arrivait jamais par hasard.
Même si elle regrette d'avoir couché avec ce mec pour le moment et bien plus tard je suis sûr qu'elle y repensera de manière positive.
« Il faut apprendre de ces erreurs. »
Je mis doucement sa mèche de cheveux derrière sont oreille pour voir si elle pleurait toujours. Ce pauvre type avait vraiment fait du mal à ma petite Amen ! J'espérais vraiment qu'elle allait vite l'oublier et passer a autre chose.

Spoiler:

Je tente de lui expliquer la situation sans m'énerver contre moi-même et sans pleurer, pourtant les larmes me montent aux yeux. Je souffle un coup, il est hors de question que je pleure, pas maintenant, pas pour ça, pas pour lui. Voyant mes yeux briller, il m'attire vers lui et se met à me caresser les cheveux tout en m'expliquant que je n'étais pas stupide, que si les choses c'étaient déroulés de cette façon c'est que le destin en a voulu ainsi et que je devais en garder le meilleur. La tête plongée dans son cou, les yeux fermés, je me calme doucement. Il est vrai que j'ai toujours pensée que le destin n'était pas que simple spéculation et que les choses n'arrivent pas toujours par hasard. Peut-être qu'il a raison, peut-être qu'au fond cet épisode de ma vie était déjà écrit et que quoiqu'il en soit je ne pouvais que l'accepter. La vie est difficile parfois. Finalement, je devrais avoir honte de me lamenter pour un simple coeur brisé, de simple espoirs fusillés. Des gens vivent des chosesbien pire et je suis plutôt bien placée pour le savoir. Je fais preuve d'égoïsme et je déteste ça. Tu as probablement raison. dis-je d'une voix légèrement étouffée. Mes yeux ne sont plus humides, mais j'ai toujours la gorge serrée et le coeur au bord de l'explosion. Je relève la tête et ouvre les yeux le fixant avant d'ajouterCela dit, je crois que les hommes et moi.. ce n'est clairement pas l'amour fou. J'ai toujours crû en l'amour. J'ai toujours crû au fait que quelqu'un sur cette terre m'attend, mais finalement, je me suis peut-être trompée. Cette première expérience est pour le moins troublante et démoralisante. J'devrais peut-être me rabattre sur les filles. lâchais-je d'une voix des plus sérieuses avant de finir par éclater de rire. J'ai déjà du mal à comprendre les hommes, mais alors les femmes.. non merci.

Amen releva alors la tête, elle semblait ne plus pleurer. Puis elle lâcha la pire connerie que j'avais jamais entendus. J'éclatais alors de rire, comme si devenir lesbienne allait arranger le "problème".
« Si tu veux mon avis, les meufs sont aussi compliquées que les mecs, voir même plus ! »
Je lui rendis alors son chocolat et lui ébouriffais les cheveux, Amen savait écouter les conseils et tirer le meilleur de chaque choses, relativiser c'est la clé du bonheur, c'est ce que mon père me disait toujours.
« Tes une fille forte, drôle, belle et gentille ne t'en fais pas que tu vas en briser des cœurs toi aussi ! »
La roue tourne, tu te fais briser le cœur puis tu en brises toi aussi, jusqu'à trouver celui ou celle qui te comblera, c'est comme ça que ça fonctionne la vie.
« Bon aller on va se changer un peu les idées avec un film, ça te dis ? »
J'avais l'habitude de mettre un film sur l'ordi et de m'endormir devant, mais c'était vrai que là il était déjà tard peut être qu'elle avait plutôt envie de dormir.

Lorsque je lui annonce que je compte me découvrir des tendances lesbiennes il se met à rire et je l'accompagne. Me tourner vers les filles est juste improbable, puis comme il me l'annonce, ça ne résoudrait pas mon problème. Homme ou femme, chaque être humain est différent, ayant son propre caractère, ses propres attentes. C'est cela qui rend les relations humaines difficiles, compliqués voir douloureuses parfois, mais paradoxalement, c'est ce qui les rend intéressantes. Si nous étions des copies conformes, le monde serait bien plat, peu instructif. On peut apprendre beaucoup, voir l'essentiel, des autres, justement parce qu'ils sont différents. J'aurais dû faire des études de psychologie moi. Il me sort de mes pensées, me rendant mon chocolat et m'ébouriffant les cheveux avant d'annoncer que j'étais une fille bien et que j'en briserais des coeurs moi aussi. Briser des cours. Impossible. Je n'espère pas. Je n'aime pas rendre les gens tristse. dis-je faisant la moue. Voir les gens mal, même quand je ne suis pas la cause du problème pince toujours le coeur, alors quand j'en suis la cause.. Non, je ne veux faire de mal à personne. Il me demande ensuite si je veux bien regarder un film. J'hoche la tête avant d'ajouter Met ce que tu veux, je risque de m'endormir facilement. tout en baillant légèrement. Totalement classe.

« Tu sais parfois on brise des cœurs sans le vouloir vraiment. Genre tu es avec quelqu'un mais tu te rend compte que tu n'es pas fais pour cette personne, donc tu mets fin à la relation. Autant tu vas briser le cœur de l'autre personne mais c'est pas forcément s'que tu veux. »
Je lui fis un léger sourire, c'était l'expérience qui parlait, malheureusement toutes les relations ne finissent pas toujours bien. Et il ne faut surtout pas se forcer à rester avec quelqu'un quand on n'a pas de sentiments, faire durer une relation pas réciproque empire juste les choses lorsque la rupture arrive.
J'attrapais mon ordinateur et le pausais sur les draps, j'avais pas mal de films différents qui traînaient dans un dossier, j'en mis un au hasard : Into The Wild. C'était parfait pour se reposer le cerveau et s'endormir tranquillement.
« T'as un oreiller ? C'est bon t'es bien installé? »
Je tirais un peu la couette sur Amen et calais un coussin derrière ma tête pour voir le film tout en étant vautré dans le lit.

Quand je lui dis que je n'ai guère envie de briser un coeur, de faire du mal à quelqu'un il m'annonce que nous n'avons pas toujours le choix et que bien souvent, nous ne le faisons pas par plaisir, mais bien parce que ça ne peut pas coller. J'hoche la tête. Je me doute bien que les gens qui brisent des coeurs ne le font pas forcément par plaisir malsain de faire mal. Cela ne m'empêche pas d'espérer que je n'ai pas à le faire. C'est horrible de faire souffrir les gens. Il attrape ensuite son ordinateur alors que je m'installe confortablement. Il lance Into The Wild un peu au hasard. J'ai presque honte, mais je dois avouer que même si j'ai dévoré me livres, étant complètement mordue des romans d'apprentissage, je n'ai jamais vu le film, ayant peur d'être cruellement déçue. Et, malheureusement, je pense que je ne le verrais pas en entier ce soir étant déjà bien fatiguée. C'est tout bon. dis-je avec un sourire avant de remonter la couverture jusqu'à mon cou.