Not really sure how to feel about it, something in the way you move. ×× Jules.

L'odeur des bouquins, le calme, l'éclairage naturel du soleil qui finit par décliner, laissant place aux ombres des grandes lampes de table... Naomi était amoureuse de l'ambiance de la bibliothèque d'Harvard depuis sept ans déjà. Elle aimait s'y reposer mais surtout y travailler. Le semestre venait de reprendre et Naomi ne comptait pas perdre le rythme, elle était obligée d'obéir à un véritable emploi du temps de ministre si elle voulait tout gérer de front. En effet, entre l'importance de ses études, son petit-ami à qui elle accordait énormément de temps et son travail en tant qu'urgentiste elle ne savait plus où donner de la tête depuis un bon moment. La jeune femme ne cessait de courir à droite à gauche mais en ce joli vendredi elle était déterminée à ne sortir de la bibliothèque que lorsqu'elle aurait finis ce qu'elle s'était promise de faire. Un énorme thermos de café à côté d'elle, elle levait la tête vers la grande fenêtre qui montrait Harvard enneigé de temps en temps pour remettre de l'ordre dans ses pensées. Elle ne pensait à rien d'autres qu'à ses cours lorsque soudainement quelqu'un passa derrière elle la sortant de cette transe studieuse. C'était l'effluve de par fum qu'il avait laissé derrière lui qui l'a déstabilisa complètement. Jules.
La jeune femme tourna la tête par réflexe et dans la précipitation fit tomber une pile de bouquin qui s'écrasa sur le sol. La silhouette qui venait de passer derrière elle fit volte-face et leurs regards se croisèrent. "Merde.." pensa Naomi en se baissant pour ramasser ses livres. Cela faisait maintenant près de trois mois qu'elle avait réussi à ne pas le croiser et voilà qu'à l'endroit le plus improbable de la fac elle tombait nez à nez avec lui. La jeune amérindienne avait ses raisons, elle refusait de donner des nouvelles à Jules car durant la dernière engueulade qu'ils avaient eu des choses avaient été dites que Naomi n'oubliait pas. Jules l'avait accusé d'être égoïste et froide, Naomi l'avait accusé de n'en faire qu'à sa tête et de se concentrer sur tout sauf elle. Leur relation n'avait jamais été simple, entre amitié et amour ni l'un ni l'autre n'avait jamais été foutu de mettre des mots sur ce qu'ils étaient. Et c'était pour cette raison précise que depuis qu'elle était en couple Naomi mettait un point d'honneur à ne plus croiser le jeune homme. Cela lui évitait de trop réfléchir ou de se prendre la tête sur ce qu'elle voulait avec lui ou ce qu'elle ne voulait pas, ce qu'il pensait ou ce qu'il ne pensait pas. Espérant grandement qu'il ne ferait pas demi-tour pour ses beaux yeux, Naomi malgré son esprit désormais embué fit tout son possible pour se rencontrer sur le cerveau humain. Tiens. Justement.

HJ : désolée du retard

Le temps passé à folle allure ces derniers temps, je ne voyais plus réellement par où prendre la vie qui courrai bien trop vite pour que je puisse la prendre en route, je ne savais pas où j'allais ni même où je voulais me rendre, c'était un tourbillon autour de moi, de mon être et mon coeur que je ne saurais arrêter sans en ressortir totalement décoiffé et torturé. Marchant sans réellement savoir où mes pieds allaient me mener, je regardais à droite et à gauche à travers la brise qui frappait mon visage, finalement me voilà arrivé devant la bibliothèque où j'allais pouvoir m'immerger dans les bouquins pour oublier ma vie un instant et bosser à fond dans mes cours d'architecture, et dessiner quelques croquis.
Ma veste sur l'épaule, je marchais dans les allée à la rechercher d'une place, pas sûr qu'il y en ai beaucoup car apparemment tout le monde s'était passé le mot pour venir se réchauffer dans les parages. Parcourant allée après allée, je vis un peu plus loin à une table Naomi, une étrange sensation me parcourut en quelques secondes seulement, malgré la distance qui nous séparée son parfum revenait en moi comme une ivresse qui était ancrée en moi sans que je puisse la faire sortir et m'en débarasser. Nous avions coupé les ponts, ou du moins elle avait pris ses distances et voilà que le temps s'acharnait sur nous, m'approchant alors à quelques centimètres d'elle. Naomi ?

Harvard était le genre d'université ou logiquement si vous n'aviez pas envie de croiser quelqu'un, vous aviez la possibilité de ne pas le croiser. Hélas il y avait des lieux de vie commune auquel Naomi ne pouvait déroger et clairement la bibliothèque universitaire en faisait parti. Lorsque la maison Cabot était beaucoup trop bruyante, c'était le refuge idéal pour la jeune femme qui appréciait grandement cette atmosphère de travail. Hélas, une irruption vint scinder le bon rythme de croisière qu'elle avait pris et pas des moindres. Jules était là. Jules... Elle n'avait pas vraiment de mots pour décrire ce qu'elle ressentait pour cet homme mais elle savait surtout qu'il valait mieux qu'elle en reste loin tant qu'elle était impliquée dans une histoire avec quelqu'un, en particulier Ashton qui était possessif et jaloux. Elle ne lui avait jamais parlé de Jules et ne comptait pas le faire... Car elle ne saurait pas quoi dire. Leur relation avait toujours été en dent de scie et peu de personne comprenait leur relation, même pas eux à vrai dire. Et c'est le destin qui semblait vouloir bousculer les objectifs de distance qu'elle s'était fait.
Persuadée qu'il n'oserait jamais venir vers elle, elle mit du temps à se retourner lorsqu'il prononça son prénom. Il l'avait dit tellement doucement qu'elle avait presque crû l'avoir imaginé, mais quand elle se retourna et que leurs regards se croisèrent elle sût que c'était bien réel. Elle le fixa quelques secondes, aucune expression ne transparaissait sur son visage mais si on prêtait particulièrement attention à ses yeux, le trouble était définitivement perceptible. Comme si ce fut évident, Naomi décala ses affaires sans un mot, comme une invitation à venir et lorsqu'il fut devant lui elle déclara. "J'aurais du me douter que je risquais de te croiser ici... Ça fait bizarre de te voir." Avant qu'elle ne commence à sortir avec son homme, Jules était quasiment une présence quotidienne et c'était de sa propre volonté qu'elle avait pris ses distances afin de ne pas prendre de risque pour sa relation. Il se passait quelque chose de bizarre entre eux et Naomi n'arrivait toujours pas à le décrire, même avec le recul qui s'y prêtait. "Je suppose que tu m'en veux d'avoir été... Beaucoup moins présente ces derniers temps." Elle pesait ses mots, c'était assez étrange. Comme si c'était la première fois qu'elle le voyait.

Je ne savais pas si le fait de faire le premier pas pour rejoindre la place que Naomi occupait était une bonne idée, après tout elle avait décidé de s'éloigner un peu, pourquoi ? Elle avait surement des bonnes raisons, elle en avait peut être aussi marre que notre relation soit aussi bizarre que la notre, inqualifiable pas totalement saine non plus, peut être trop perturbante ! Alors qu'elle décalait ses affaires, j'esquissais un sourire comme si finalement elle voulait bien que nous passions un petit moment ensemble, alors qu'elle avait passé ces derniers semaines à me fuir totalement. Oui on ne change pas une équipe qui gagne ... tu t'en sors dans tes cours toi, car je peux te laisser si tu préfères ? Oui je ne voulais pas non plus l'embêter, je pourrais toujours aller bosser un peu plus loin, et cela serait aussi peut être plus raisonnable, mais ce n'était pas l'envie qui me manquait de m'asseoir à ses côtés comme par le passé. Elle avait les yeux rivés dans les miens, elle était contente et mal à l'aise en même temps, je pouvais lire en elle, je connaissais ses yeux parfaitement, tout comme ses petits mouvements d'épaules ou de sourcils. C'est oublié ... je t'en voudrais seulement si tu fuyais à cet instant même sans me laisser d'explications ! Nous ne faisions rien de mal après tout, nous discutions sagement, même si entre nous il n'y avait rien de bien sage, trop d'alchimie, trop d'attirance, trop de tout en réalité, trop de fantaisies et de danger.

Naomi avait horreur de régler ses comptes, elle n'était pas douée pour les conflits elle était plus du genre à infliger un silence radio glacial qu'à se répandre en excuse et à se mettre à hurler. Même si elle avait prouvé le contraire en s'en prenant publiquement à Michaela cela dit, elle restait cette nana froide et glaciale que les gens avaient du mal à cerner. Néanmoins quand elle se retrouvait dans une situation où elle avait bel et bien tort il était difficile pour elle de trouver un juste milieu et d'accorder les bons mots à la situation. Elle supposait que Jules avait de quoi lui en vouloir après ce qu'elle lui avait fait subir : à savoir zéro nouvelle, bonne nouvelle. Elle lui avait caché une étape importante de sa vie, à savoir sa première relation stable, la première fois qu'elle était réellement amoureuse mais d'une part elle avait horreur de raconter sa vie, d'autre part Jules c'était Jules, et c'était le genre de choses dont elle préférait ne pas parler avec lui. Car si il y avait bien un homme qui la connaissait parfaitement c'était bien lui, elle ne pouvait rien lui cacher, rien lui faire croire car il devinait toujours ce qu'elle n'osait pas lui dire. Elle avait appréhendé sa réaction le moment où elle lui dirait qu'elle était en couple et c'était pour ça qu'elle avait repoussé à l'échéance jusqu'à le croiser par hasard. Et c'était maintenant le cas. "Non non t'en fais pas, tu m'embêtes pas j'ai beaucoup de boulot certes mais j'ai aussi pas mal de temps devant moi." Elle n'était pas en position de jouer encore la froideur alors elle lui adressa un sourire timide. Elle fut cependant tout à fait surprise lorsque Jules lui déclara que tout était oublié sous gouverne qu'elle lui fournisse quelques explications. Naomi avait oublié sa douceur et son côté compréhensif, à quel point ça faisait du bien parfois d'être confronté à des gens biens intentionnés. Naomi s'en voulait déjà de lui avoir tout cacher. "Des explications... J'en ai pas vraiment à part celle qui veut que je suis en couple depuis quatre mois et j'ai pas vraiment osé te le dire... Enfin j'ai pas osé du tout en fait." Elle espérait juste qu'il comprendrait son choix. Après tout il n'avait jamais eu une relation assez simple, et à chaque fois l'un comptait sur la réciprocité des sentiments de l'autre pour éviter les conversations houleuses.