It's just a drink ! | PRUDENCE & EZRA

Mon bureau ? Avec tout ce qu'il se passait à Cambridge ces deniers temps et dans le monde aussi, je me demandais quelle était la couleur qu'il avait. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas vu vide et bien rangé. Mais c'était bon signe cela voulait dire qu'il y avait de quoi faire de bons articles, de quoi bien travailler et j'aimais cela plutôt quêtre obligé d'aller à droite à gauche pour chercher des articles qui finalement n'intéresseraient personne. L'actualité, c'était toujours un truc qui marche. Aujourd'hui, j'avais tourné en long en large et en travers un article sur les prises d'otage qu'il y avait eu à Harvard et alors qu'il était plus de huit heures du soir, j'avais enfin eut un résultat qui me convenait. Je n'avais donc pas tardé de filer, une envie pressante de me détendre se trouvant en moi. Je montais dans l'ascenseur qui fit une alte au deuxième étage pour prendre quelqu'un, Prudence, qui était en stage avec moi le plus souvent mais qui allait aussi ailleurs. Si je ne me trompais pas c'était son dernier jour et ma furieuse envie de me divertir me poussa à faire quelque chose que je n'aurais pas fait habituellement surtout au vu de ce qu'il s'était déjà passé entre nous. " Ca te dit d'aller boire un verre ? "

Dernière journée de stage. Rassemblant mes affaires dans un grand sac, j’observe avec une certaine nostalgie mon petit bureau. J’avais été heureuse de faire mon stage ici. Cependant, j’étais heureuse de partir, car l’avenir me réservait encore pas mal de surprise. Ajustant ma robe fourreau marine, je m’apprêtais d’un manteau noir. Observant les lumières scintillante de la ville, je disais au revoir à mon bureau. D’un pas assuré, je me dirigeais vers l’ascenseur. A cette heure-ci, le journal était presque désert. Sans doute à cause des récents évènements. La plupart préférait rentrer chez eux pour profiter de leur proche. Soudain, une ombre se détachait dans l’obscurité presque ambiante de l’endroit. Prise de cours, le visage d’Ezra m’apparaissait. D’un ton naturel, il me faisait une proposition tout à fait inattendue. « Monsieur Clifford, croyez-vous que ce soit une proposition descente pour votre stagiaire ? » disais-je d’une voix tournée vers la plaisanterie. Le regard pétillant de malice, je me rapprochais de lui. « Mais si je ne m’abuse, je ne serais plus ton stagiaire dans dix minutes, alors pourquoi pas. »

Le ton avait bien changé entre nous. Lorsqu'elle était arrivée, j'avais été sur la réserve avec elle ne voulant pas réellement qu'elle profite de cette nuit qu'il y avait eu entre eux pour avoir des passes droits, ce qu'elle n'avait pas fait mais aussi gardant cette nuit sous le coude pour m'en servir si jamais... Nous n'étions pas partis du bon pied il fallait croire. Mais au fil des jours et des semaines l'ambiance s'était détendue, pas jusqu'à aller boire un verre ensemble mais ce soir pourquoi pas ? " Ma stagiaire aurait dû avoir fini son stage il y a déjà deux heures... Alors oublie un peu la déontologie ! T'es en voiture ou je te conduis ? " Ma voiture m'attendait au parking en bas, elle n'avait qu'à me suivre pour y aller. Et puis il fallait dire une chose : ce serait beaucoup plus pratique pour elle si je la ramenais chez elle après plutôt que de marcher avec toutes ses affaires dans les bras.

Je n’étais pas habitué à ce qu’il m’adresse la parole de cette manière. D’ordinaire, nos rapports étaient polis, mais distant. Sans aucun doute, cela avait un rapport avec ce qu’il c’était passé entre nous. « Je suis venu en taxi. » Passé un moment avec lui serait-il déplacé ? Plus maintenant que je n’étais plus sa stagiaire comme il venait de me le faire remarquer. Me rapprochant de lui, j’ouvrais le chemin vers l’ascenseur. « Tu avais un endroit en tête ? » Ma connaissance des bars de la ville n’était pas aussi importante qu’on pourrait l’imaginer. D’un doigt fin, j’appuyais sur le bouton de l’ascenseur. Il ne fallut que quelques secondes pour que celui-ci s’ouvre. M’engouffrant à l’intérieur, j’hésitais sur le numéro. « Tu es garé à l’extérieur ou dans le parking souterrain ? » Je penchais en faveur de la seconde réponse. Etant un des premiers sur les lieux, il devait se garer en bas. M’appuyant contre les parois glacées de l’habitacle, je me mordillais la lèvre avec discrétion. Son invitation me laissait pantoise. Etait-ce une façon de me remercier pour mon travail ou voulait-il simplement se changer les idées ? Durant mon stage, il n’avait cessé de mettre des barrières entre nous. Ce que je ne pouvais qu’apprécier. Seulement, j’avais parfois eu l’impression qu’il n’était pas ravi de me voir et cela avait permis l’installation d’un dérangeant malaise.

Je n'avais pas pour habitude de mélanger ma vie professionnelle et ma vie privée alors lorsque j'avais vu Prudence arriver, je l'avais plutôt vu d'un mauvais oeil. Mais maintenant elle avait terminé son stage alors à quoi bon conserver cette distance entre nous. Et puis un verre n'engageait en rien, je ne lui proposais pas de passer du temps avec moi pour remettre le couvert, mais plutôt pour connaitre un peu ses impressions sur son stage, savoir si je n'avais pas été un trop mauvais professeur, savoir si elle l'avait apprécié, c'était donc en tout bien tout honneur et plutôt comme un rendez vous amical. " Je connais un petit bar sympa en ville dans lequel il y a un concert d'un petit groupe ce soir... Si ça te tente... " Je ne voulais rien lui imposer. En attendant, je me plantais devant elle pour prendre tout ce qu'elle avait dans les bras. Et oui j'étais un vrai gentleman il ne fallait pas chercher mais ce n'était pas seulement pour séduire les jolis filles, c'était réellement dans ma nature. " Je suis à l'extérieur ! Ce matin j'avais tellement la tête ailleurs et pas l'envie de chercher une place des heures que j'ai pris la première qui venait dans la rue et comme il y en avait une juste devant... " Plutôt chanceux oui ! Et cela nous éviterait bien de marcher et chercher la voiture pendant des heures ! " Sinon contente d'avoir terminé ton stage ? "

S’emparant de mes affaires, il faisait référence à un bar-concert. Endroit que j’affectionnais particulièrement pour leur ambiance. Entrant dans l’ascenseur, je lui demandais s’il était garé au sous-sol. A ma grande surprise, il m’avouait être garé dehors. « Tu es arrivés vraiment tôt pour avoir une place. On ne t’a jamais dit de te reposer de temps en temps ? » Un sourire à moitié espiègle au bord des lèvres, j’appuyais sur le bouton. Celui-ci nous mènerait jusqu’au hall de l’immeuble. Ecoutant sa dernière question, je me mordillais discrètement la lèvre. « Je dirais que je suis entre les deux. Contente, car je vais pouvoir m’intéresser à d’autre chose, mais en même temps, ça va me manquer » J’adorais l’ambiance d’un journal. D’un coup, tout pouvait aller très vite et la minute suivante, tout pouvait être très calme. Ce métier m’apportait de l’adrénaline qui était incomparable à ce que j’avais pu ressentir. « Je vais pas trop te manquer ? » Le regard pétillant de malice, je posais mes yeux sur lui. Il devait être soulagé que je ne sois plus dans les parages. Pour une raison personnel, il avait sans doute eu peur que je divulgue notre secret. Chose que je ne me serais pas permise. Je savais séparer le professionnel de l’intime. Bing. Enfin, les portes de l’ascenseur s’ouvraient, laissant place à un hall complètement désert. Même le gardien semblait s’être endormi.

Tôt ? Pourtant j'avais eu l'impression d'être terriblement à la bourre, en fait je l'avais été en retard, au lieu d'arriver plus d'une heure à l'avance, j'étais arrivé une toute petite heure avant l'heure normale... " J'ai eu surtout beaucoup de chance, une voiture partait et paf je me suis enfilé bien vite ! " Cependant elle avait tout de même raison, j'adorais tellement mon boulot que je faisais des heures de folie, elle verrait lorsqu'elle aurait un métier fixe dans le milieu, elle serait peut être comme moi. " Le milieu ne te botte pas plus que cela ? Quand t'auras trouvé le métier qu'il te faut tu verras tu seras comme moi à ne pas compter tes heures !" Je ne l'avais pas complètement convaincu, ou alors c'était juste le journalisme qui ne la convainquait pas... C'était à voir, j'aurais le temps de gratter pendant la soirée puisque oui elle venait avec moi, nous étions partis en vadrouille tous les deux. " Bien sûr que si tu vas me manquer, qui va faire ma paperasse, mon sale boulot hein ? " Je lui donnai un petit coup de coude, oui je la taquinais elle n'était pas ma bonne à tout faire même si en bon employé j'avais profité un peu de la stagiaire. " Je vais te manquer moi ? Et tu vas t'intéresser à quoi d'autre, à qui d'autre ? " Cette conversation, nous ne l'aurions jamais eu quelques heures plus tôt alors qu'elle était stagiaire parce que je n'aurais jamais osé comme j'avais mis des barrières dès le début entre elle et moi mais aussi parce qu'elle ne s'était jamais lâchée autant avec moi.