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'Tu dois lui dire que c'est terminé Taddeo. Tu ne peux pas rester avec cette... cette... cette fille-là. Elle n'est pas faite pour toi. Même ses parents ont compris qu'elle n'était pas taillée pour notre monde' Les paroles de ma sœur résonnait dans ma tête. Elle était la dernière personne de ma famille à essayer de me convaincre de quitter la femme que j'aimais. Même elle ne me soutenait pas. De deux années ma cadette, elle se rangeait automatiquement derrière l'avis de mes parents. Et cet avis avait été catégorique. En étant reniée par sa famille, elle ne faisait plus partie de notre monde. De mon monde. Ma relation avec elle n'était donc plus possible, au risque d'être compromettante pour notre image de marque. J'avais été abasourdi par la nouvelle. J'avais même essayé de négocier. Mais c'était peine perdue. Et sans prendre la peine de connaître les raisons de son reniement, j'avais pris une décision. Seul. Alors que nous étions deux. Mais après tout, je ne pouvais pas risquer de perdre ma place. Non, je ne pouvais définitivement pas me retrouver sans le sou. C'était égoïste, probablement. Mais après tout, on ne m'en laissait pas le choix. Alors je lui avais envoyé un sms. C'était lâche, je sais. Mais je savais aussi qu'en plongeant mon regard dans le sien, je serais complètement perdu. Détestant les adieux, j'avais donc choisi la solution la plus simple. Un sms de quelques mots. Ravageurs. Sans appel. Je nous condamnais à perpétuité sans lui laisser le temps de se défendre. La suite? J'avais fui. Lâchement. Je passais mon temps à l'éviter dans les couloirs, à la bibliothèque et dans tous les autres endroits que nous aimions fréquenter. A deux. J'avais donc repris ma vie, essayant de me donner bonne contenance. Faire comme si je ne souffrais pas. A ce petit jeu, j'étais le champion. Personne ne semblait remarquer ma blessure. J'étais redevenu en quelques semaines celui que j'étais avant de tomber sous son charme: un dragueur de première, un don juan. Ne plus jamais m'attacher. Jamais. Désolé mais je ne serais pas ton prince charmant, babe.
Starbucks Coffee, une après-midi du mois de janvier. Je fermais mon code pénal d'un geste rapide, me levais de mon siège et quittais l'amphithéâtre assez rapidement. Aujourd'hui n'était pas une très bonne journée. Il y avait des jours comme cela, où dès que tu posais le pied hors de ton lit, tu savais. Tu savais que tout n'irait pas comme tu l'avais prédis. Et forcément, c'était ce qui s'était passé dès le matin tôt. Cela avait commencé par une tasse de café que j'avais renversée sur ma dernière chemise propre. Bien entendu, je l'avais donc troquée contre un pull mais ce changement vestimentaire m'avait mis en retard pour le premier cours de la journée. Une remarque bien cinglante d'un professeur que je détestais déjà. Puis une dispute avec ma sœur entre deux intercours sur une décision de mes parents. Elle m'avait dit que je n'étais jamais d'accord sur rien. Elle avait raison. Je trouvais toujours quelque chose à redire, je rouspétais. Mais finalement, je me pliais aux règles. Du moins, en apparence. Car quand je pouvais les contourner sans que cela s'apprenne, je le faisais, employant toute la ruse et toute l'imagination que je possédais. J'étais donc sorti du cours avec la seule envie de prendre un peu de temps pour moi. En mettant mon nez dehors, le froid m'avait gelé. Tout entier. Il me fallait un café. Mais pas n'importe lequel. Celui de chez Starbucks. Pour moi, ils faisaient les meilleurs cafés de la région. Je n'avais donc pas hésité à pousser la porte de la boutique, attendant le plus patiemment possible mon tour. "Un cappuccino svp". Voix posée, sourire sur les lèvres. J'avais enfin accordé un regard à la vendeuse. Mon sourire s'était effacé instantanément quand je l'avais reconnu. Charlie. La seule femme qui avait réussi à me rendre fidèle pendant trois mois. La seule femme que je regrettais d'avoir quitté, bien qu'elle ne l'aurait jamais su. Mon regard détailla discrètement les parties de son corps. Elle était toujours aussi belle. Si pas plus. Désirable aussi. Je chassais cette pensée de ma tête. Charlie représentait mon interdit. Ma tentation. Et Dieu qu'elle était belle. Me redressant complètement, je reprenais très vite contenance. Port de tête haute, regard fixe. Je plongeais dans le bleu de ses yeux. Je sentis mon cœur faire des bonds dans ma poitrine mais je n'en tenais pas compte. En ouvrant la bouche, je savais que j'allais être exécrable. Oui, j'allais agir comme un parfait crétin afin de ne pas lui montrer à quel point elle me rendait encore dingue. "Je ne savais pas que tu pouvais tomber aussi bas. C'est décevant. Vraiment. Tu aurais au moins pu trouver un job un peu moins dégradant" Ma voix était sèche, froide. Je plongeais mes mains dans mes poches, l'observant de nouveau. Tu m'as manqué Charlie. Mais peut-être que tu ne le sauras jamais.
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