BANG BANG, YOU SHOT ME DOWN, BANG BANG (with Acacia)

Les heures qui viennent de s’écouler paraissent tellement irréalistes. Jamais je n’aurais pensé voir ma vie défiler devant mes yeux à nouveau. Après être passé à deux doigts de la mort le soir où j’ai tué mon père pour m’en sortir je ne m’attendais pas à ce que l’on me passe le canon d’un revolver sur la tempe au milieu d’une prise d’otage. Trois ans de prison, le viol, les blessures physiques et morales, je suis passé par beaucoup d’horreurs mais jamais personne n’avait pointé une arme à feu sur moi. Je ne pourrais plus dire cela, et en prime j’ai été poignardé en essayant d’arrêter Augustus, le mec qui nous a pris en otage. Voilà pourquoi je me trouve dans cet hôpital bondé de monde, beaucoup d’étudiants n’ont pas eu la chance de s’en sortir aussi bien que moi. Lorsque j’ai été accueilli on m’a donné de quoi appuyer sur ma blessure pour arrêter le saignement mais c’est tout ce que l’on a fait, quand je vois les blessés je me dis que je ne suis définitivement pas une priorité. Je poireaute donc depuis une heure dans cette chambre simple, la douleur est vive mais je n’y prête presque plus attention. Fatigué, je suis épuisé mais le grincement de la porte me ramène à la réalité, une infirmière vient de me rejoindre.

bang bang, you shot me down

Ton avion vient juste de se poser sur le sol. Un séjour assez court chez tes grand-parents. Tu avais besoin de t'évader quelques jours et puis ton paternel avait des choses à faire à Londres alors tu as pris le premier avion avec lui pour retrouver tes racines. Attendant ta valise ou du moins la cherchant du regard, ton téléphone s'est mis à sonné et c'est en fronçant les sourcils qu'on demandait ton aide à l'hôpital. Toi qui est d'habitude dans le service pédiatrie, tu as été affecté pour le reste de la journée aux urgences. N'ayant pas le temps de poser tes questions, tu as filé après avoir retrouvé ta valise et c'est sans prendre le temps de faire un détour par chez toi, tu a juste foncé à l'hôpital sans perdre de temps et sans comprendre cette soudaine émeute. Allant te changé dans les vestiaires, tu es passé par l'accueil pour prendre un dossier au hasard en voyant tout ce monde c'est un peu perdu que tu es entrée dans la première chambre « Bonjour  » dis-tu avant de lever les yeux vers ce jeune homme posé dans ce lit. « Qu'est-ce qui vous arrive ? » demande-tu avant de poser les papiers sur le rebord de la fenêtre et de t'approcher du jeune homme en voyant sa main appuyé sur une blessure sûrement. « Je peux ? »

La douleur est vive, je crois que le saignement commence à s’arrêter cependant. La pression que je maintiens contre la plaie doit y être pour quelque chose. Que de suppositions, la seule chose certaine c’est qu’aussitôt que je retirerais la main de ma plaie le sang recommencera à s’écouler de manière plus abondante. Rien de bien réjouissant au programme mais ça m’apprendra à jouer le héros. J’ai envie de croire que j’ai sauvé quelques vies en occupant Augustus suffisamment longtemps pour qu’il ne puisse plus tirer sur les autres mais au final je ne saurais jamais. La vie est parfois cruelle, cette pute aime nous laisser avec des doutes, c’est ainsi que l’on avance, que l’on évolue je suppose. « Bonjour » Je sursaute, perdu dans mes pensées je n’ai même pas fait attention à l’infirmière, au médecin ou je ne sais quel poste que cette femme occupe. C’est le grincement de la porte qui m’a ramené à moi. « Bonjour ! » Son uniforme me confirme qu’elle travaille bien ici, à moins qu’un patient ne se soit amusé à piquer la tenue d’un des toubibs mais ça me parait très peu probable. « Qu'est-ce qui vous arrive ? » Je baisse la tête et observe ma main, ensanglantée. N’est-ce pas évident ? « Coup de couteau au thorax. » Je réponds en tâchant d’être le plus… Médical dans mon vocabulaire. « Je peux ? » J’acquiesce et retire la compresse non sans grimacer et souffler de douleur. Avec tout le sang elle était collée à la plaie ouverte sur plusieurs centimètres. « Faites-vous plaisir ! »