Oublions cette histoire dans l'alcool (Eugene)

Les médecins, internes et étudiants étaient réquisitionnés depuis quelques jours et à vrai dire, c’était une merveilleuse manière d’oublier cet évènement. Camille n’était quasi pas rentré chez lui, préférant dormir sur place. Bizarrement, ça avait été réellement excitant de sauver la vie de quelqu’un. Il n’était pas seul, il y avait aussi Eugene qui avait géré, en exécutant ses gestes à la perfection presque sans expérience. Camille ne lui avait quasiment pas parlé depuis, préférant s’isoler quelque peu. Il était temps de causer et de préférence autour d’une bouteille de whiskys. On l’avait informé qu’Eugene se reposait dans la salle de garde numéro cinq. En effet, il y était, couché sur le lit. Ce soir, on oublie tout. Dit-il en montrant la bouteille pleine. Il prit place un peu plus loin du jeune homme, ouvrit l bouteille pour boire quelques gorgées, grimaçant légèrement. T’as une sale gueule. T’es aussi resté ici? Camille lui proposa la bouteille, souriant légèrement. C’est vrai qu’il ne ressemblait à rien. Le beau gosse métamorphosé. Camille était dans le même état. Il prit un air plus sérieux et fixa le jeune homme dans les yeux. Tu as géré là-bas.

Dix minutes, il avait demandé dix minutes de pause histoire de pouvoir se reposer un peu. Fallait avouer que depuis le petit matin, il n'avait pas arrêté d'enchaîner les radios, les mauvaises nouvelles à annoncer aux patients et surtout à observer divers cellules du cerveaux. Certes, il aimait bien son job, ses études, plus qu'il ne l'admettra jamais mais venait un moment où l'indifférence gagnait l'humain et il était préférable de se reposer avant de laisser échapper quelques mots qu'il réserve en général aux étudiants de sa fac. Dans sa couchette, il était bien, il n'eut pas besoin de se prendre n'importe quel cachet. Les dix minutes se transformèrent en une heure et au final personne ne vint le chercher. Tant mieux, il était prêt à savourer son temps libre, oublié de tous, afin de se rouler son petit joint qui allait le mettre en condition pour dormir. C'était sans compter un timing en adéquation avec l'entrée de Camille dans la salle de repos. Un simple hochement de tête, voilà ce qui ferait guise de salutations. Mais aussitôt ses yeux se posèrent sur la bouteille que son collègue vint de sortir, il se montra beaucoup plus loquace. « Ouais, on m'a demandé d'assister le Docteur Bec de Lièvre » répondit-il avec nonchalance. Travailler avec un homme avec une pustule qui lui prenait la moitié de la bouche, c'était peu excitant. « Mais j'vois que tu as ramené de quoi supporter quelques heures de service en plus » se réjouit le faux allemand en montrant un intérêt particulier au Whisky. C'était pas du vin français mais quelque chose de fort n'avait rien de dérangeant au final. Surtout s'ils devaient reparler de la prise d'otages. On le remerciait et pourtant il ne pouvait excepter les compliments, chose rare chez ce garçon qui s'en donnait lui-même par moment. « Tu parles, j'ai juste essayé de protéger ma peau et au final c'est ma pote qui se fait tirer dessus » fit-il en prenant la bouteille qu'on lui proposait. Il l'apporta à ses lèvres, prit quelques gorgées avant de toussoter à cause de la force de cet alcool. « Mais merci. Honnêtement, t'aurais pas été là, j'sais pas si on aurait pu sauver tous ces gens » devint-il sérieux en plantant son regard dans celui du grand blond. Les deux connards qui s'étaient transformés en sauveurs de l'humanité, fallait y être pour le croire.

Le Dunster connaissait le penchant d'Eugene pour l'alcool. Logique puisque c'était le même que le sien. Comme pour la drogue en fait. Heureusement qu'ils ne se côtoyaient pas plus que ça, les rassembler n'était bon pour personne et sûrement pas pour eux deux. Chacun dégageait ce "petit quelque chose" mauvais mais attractif. Le Docteur Bec de lièvre était l'un des nombreux médecins de l'hôpital, plus proche de la retraite qu'autre chose. Cet hôpital manquait cruellement d'internes sexys, d'infirmières faciles et de médecins pervers. La preuve, Camille devait sortir ses habits de médecin à l'extérieur pour s'en servir à l'extérieur. Les filles adoraient. Les mecs aussi d'ailleurs. Il a maté ton cul la dernière fois. T'as un ticket, fonce mec. La bouteille fut donnée à Eugene mais reprise rapidement, avalant une nouvelle gorgée, bien plus agréable que la première. La prise d'otage ne cessait d'envahir ses pensées, de les noircir même. Une nouvelle preuve que l'Humanité était perdue. Deux pauvres connards qui venaient de jouer les médecins en sauvant des étudiants paniqués. Plutôt drôle si on connaissait les deux futurs médecins. Heureusement que j'étais là, monsieur je panique en vomissant. Il avait bien vu la scène et malgré le courage d'Eugene, le Dunster aimait appuyer sur le négatif , ce qui n'allait pas ravir son "ami". Camille reprit un air plus sérieux, essayant d'oublier en buvant une nouvelle gorgée qui lui brûla l'œsophage. On a fait notre job, Eugene. C'est pour ça qu'on est ici. Sauver des vies, être utile, récolter une certaine reconnaissance auprès du Monde. Si les deux jeunes hommes avaient choisi ces études, ce n'était pas pour rien. Tout pouvait s'expliquer. Camille tourna son regard vers Eugene, plongeant ses yeux bleu clair dans le sien. Ce mec était un sacré con mais un con vachement sexy.

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