i love me too ◊ THOMAS

J’ose à peine sortir de chez moi, non vraiment j’ai tellement de mal. Ce matin je me suis levé difficilement, j’ai pas dormis de la nuit, hier encore j’étais dans cette putain de cuisine avec un fou et .. Je décide de sortir de nouveau. Non j’suis bien trop folle. Mais en même temps rester planter là.. A me morfondre sur moi même sur mon sort dans le canapé.. Avec Konrad qui fait les quatre cents pas derrière moi. Faut que je prenne l’air que j’me casse de cette atmosphère horrible. Il pleut en plus, fait chier. Et j’ai pas envie de prendre la voiture. Je cours, abrité comme je peux dans les rues désertes de Cambridge direction chez Thomas. J’ai récupéré la clé qui se cachée entre deux fleurs du p’tit pot à côté de sa porte et j’suis entré chez lui. J’ai pris le soin d’enlever mes godasses avant d’entrer complètement. De poser mon manteau. J’suis allée dans la salle de bain pour enlever tous mes fringue et rester finalement qu’en sous vêtements. Je l’ai est étendu du mieux que j’ai pu au dessus de la baignoire pour qu’il sèche assez vite. J’reste pas mouillée, moi, c’est mort. J’me suis installée dans le canapé devant la télé et une couverture un peu trop courte qui ne couvre que la moitié de mes jambes nue. Putaaaain, les français n’ont jamais froid ?

Il avait pas prévu que son amie aurait plus de force que lui. C'était un peu vexant en un sens. Mais bon, s'il voulait avoir plus de muscles, il devrait faire du sport donc... il préférait rester faible et fragile. « Ah ouais quand même » dit-il en toussant, lorsqu'il eut repris son souffle. Elle se cala contre lui et il réprima un YEEEEES de victoire. Surtout lorsqu'elle lui dit « Ton gras est bien douillet ! » Il fit la moue, vexé. D'accord, il ne faisait pas sport et d'accord, il bouffait tout et n'importe quoi, ais c'était pas une raison. Il n'était pas gros,point barre à la ligne.
Il la renifla un peu et répondit « Avec ou sans vêtements mouillés je trouve que tu sens bon, t'inquiète. » Et c'était vrai, elle sentait merveilleusement bon, avec un soupçon de chien mouillé quand même. Mais il préféra ne rien dire. « Bon alors l’français. Raconte mooooi ? T’as une meuf ? » Il savait pas trop quoi répondre. Mais en même temps il ne pouvait pas mentir. En même temps, elle lui offrait une bonne ouverture pour aborder le sujet dont Thomas voulait absolument parler : le fait qu'il soit complètement amoureux de cette fille. Du coup, il répondit, nerveux « Non, mais  il y en a une qui m'intéresse depuis un bon bout de temps. Depuis la rentrée en fait... »

Elle s'étala de tout son poids sur lui, et sans rien dire, il agonisa. Enfin, pas pour de vrai mais il aimait bien dramatiser. Si c'était Alaska sur lui, il aurait sorti qu'elle était grosse et qu'elle l'étouffait, mais ce n'était pas Alaska, c'était Skyler et lui dire un truc pareil risquerait peut-être de baisser ses chances, déjà très basses, de sortir avec elle. « Tu n'as pas besoin de parfum pour sentir bon, c'est ton odeur naturelle qui me plait » Il lui caressa doucement les cheveux, le film allait commencer et il ne savait toujours pas quand ni comment il allait lui avouer ses sentiments. Elle se tortilla pour prendre le bol de pop corn et se recala contre lui. « Ouais je sais que c’est moi. J’suis la meuf la plus parfaite dans ta vie ! » Il resta un moment sans bouger ni rien dire, c'était limite s'il respirait. Elle... était au courant ? Comment ? Bon c'est pas comme si toute l'université le savait mais bon... Elle commença à ricaner et il se sentit blessé. Elle se moquait de lui. « Alooors c'est qui ? » Le soupir de soulagement qu'il lâcha était un vrai tornado. Elle ne savait rien ! Il reprit son souffle, qu'il avait arrêté et répondit, mal à l'aise. « Bah en fait, tu la connais. Très bien. Très très bien. Trop bien, même. » C'était pas la meilleure technique mais il n'osait pas aller droit au but. Elle n'avait pas l'air de comprendre, comme si elle le faisait exprès. Alors il essaya encore « Tu la connais comme si c'était toi... » Toujours pas, elle refusait d'entendre l'implicite. Il abandonna, ça ne servait à rien, si elle avait le moindre sentiment pour lui, elle aurait compris l'allusion. Ils continuèrent à regarder le film en parlant de tout et de rien et finalement il trouvait ça suffisant, il n'avait pas besoin de plus avec elle, le temps allait l'effacer. Elle aurait toujours sa place dans son cœur, mais en tant qu'amie, très bonne amie seulement.