TG 3 ∞ Coasteering

C'était le quatrième jour que les Eliots étaient à Jersey, et aujourd'hui, tu avais bien lu que vous alliez faire du sport. Par chance t'aimait ça, même si tu n'avais jamais fait de coasteering de ta vie – et quand on te disait que tu n'aurais pas d'harnais ni de ce genre de chose, ça te faisait un petit peu peur. Surtout lorsqu'on te parlait de sauter de falaise – et oui, tu t'étais renseigné sur le sujet. Pour l'instant, t'avais de la chance, vous étiez tous sur des petits vélo, baskets aux pieds, et ça, tu savais faire. Ça te permettait un peu d'oublier la semaine éprouvante qui s'était passé lorsque vous étiez à Cambridge. Viols depuis des mois, blocus, prises d'otages, et tu ne pouvais même pas avoir le loisir d'oublier un instant ton mariage avec Chrissy, puisque tu l'avais invitée à venir à ce séjour à Jersey. Qu'est-ce qu'on aurait dit de toi, si tu partais seul avec ta confrérie lors du seul voyage qui pouvait ressembler de prêt ou de loin à un voyage de noce pour vous ? Ça ruinerait votre faux amour, et on te poserait des questions sur l'égoïste que tu étais – ce que tu préférais éviter. Tu roulais donc tranquillement, appréciant le paysage – vous aviez bien choisi, Jersey était magnifique.

IN
Pour le moment mon séjour se passe très bien, avec Poppy et les Eliots je ne peux pas rêver mieux, surtout après ces jours néfastes à Havard. C'est après une vingtaine de minutes de voiture, que les Eliots et moi avons pris un vélo et pédalons tantôt le long de la mer, tantôt dans la forêt où les paysages sont toujours à couper le souffle. Je pédale à une allure régulière, grand sportif dans l'âme il faut bien le prouver à tous. Voyant mon bizut, Nemo, un peu derrière je décide de freiner, faisant signe aux autres de continuer à suivre le guide et pédale aux côtés du jeune homme à qui j'adresse un sourire tout en gardant les yeux rivés sur la route. « Alors ma belle, ce n'est pas trop difficile ? » En fait, pour situer Nemo est homosexuel, et ayant un côté assez homophobe et surtout ne comprenant pas comment on résiste à l'anatomie d'une femme, je ne peux m'empêcher de tout le temps l'embêter avec son homosexualité, heureusement il le prend bien.

Tu pédalais lentement – pas assez lentement pour être tout derrière et ne presque plus voir ton groupe au loin – mais assez pour t'imprégner du paysage qui était magnifique. T'étais là pour ça toi aussi, pas seulement pour t'amuser avec ta confrérie et resserrer vos liens, pas seulement pour faire les activités sportives et diverses, mais également pour profiter de l'ambiance et des sublimes vues que vous offrait Jersey et que tu n'aurais peut-être jamais admiré de ta vie. Tu voyais sur le côté Phoenix - votre président et ton bizuteur - qui s'arrêtait, et puis qui reprenait la route une fois que tu fus arrivé à son niveau, accompagnant du tout d'une petite pique pas forcément très gentille, mais heureusement que parfois, t'arrivais à avoir de l'humour. Tu lui faisais un grand sourire, mi-forcé mi-amusé, avant de reposer tes yeux sur la route. « On ne t'inquiète pas, j'ai des mollets d'en-fer ! T'es pas le seul sportif dans l'âme tu sais ? » Des fois, tu te demandais comment il te voyais quand il pensait à toi. T'étais pas un mec tout flasque qui se laissait aller, et tu ne ressemblais même pas à une fille. Il y en avait qui avaient vraiment des problèmes pour rien.

Ce n'est pas de la méchanceté mais de la provocation. Je reste égal à moi-même alors que Nemo ne m'en veuille pas, je ne veux pas attirer ses foudres de fillette. Après j'avoue qu'il respecte tout de même bien l'image des Eliots, même si être homosexuel n'en fais pas parti mais comme on dit il faut de tout pour faire un monde. « C'est ce que l'on dit. » Je lui fais un sourire puis un clin d'oeil. Derrière nous il y a certains Eliots qui pédalent à deux à l'heure, ils sont trop douillets à mon goût, une bonne queue de poisson et ils tombent dans le vide. Effectivement, autour de nous c'est le vide, et les chemins sont assez étroits, d'où le fait que ça soit difficile pour Nemo et moi de rester à deux, côte à côte. « C'est vrai que pour une pédale, tu pédales bien. » Et là j'explose de rire suite à mon jeu de mots. Ce n'est pas drôle j'avoue, mais je ne cherche pas non plus à faire de l'humour. « Sinon dis moi, il se passe quoi dans ta petite vie de prince héritier ? » Je lui fais un sourire laissant apparaitre toutes mes dents, ouais bon c'est un sourire de débile mais je me mets à son niveau.

Il aimait bien te titiller il fallait croire, et t'essayais toujours de rester calme et de rire – même s'il y avait les remarques vraiment drôles et celles que tu prenais plus mal car plus insultantes ou répétitives. Et puis tu l'entendais sortir une blague – qui à ses yeux devait se révéler être plus à la réalité et à ce qu'il pensait des homosexuels, mais passons. Le pire c'est qu'il rigolait le con, comme si c'était le jeu de mot le plus drôle de la terre et toi, et bien ça te faisait rire de le voir comme ça. « T'as l'air d'oublier que j'ai autant de capacités que toi. » Tu lui rappelais en souriant en coin. Parce que quoi qu'il puisse dire, vous n'étiez pas si différent physiquement parlant. Il était un homme, tu étais un homme et ça vous rapprochait déjà pas mal. Il te demandait ensuite ce qu'il se passait dans ta vie de prince hériter, te faisant un grand sourire qui avait l'air trop faux et inhabituel sur sa tronche. Tu n'en offusquais pas, parce qu'après tout, même s'il se moquait de ton air toujours béat en se comportant de la même manière, et bien tu avais la chance de la voir un peu moins froid. C'était bien qu'il se force pour paraître ironique, toi t'en profitais de le voir différemment – parce qu'être glacial ça allait deux secondes mais c'était pas le plus drôle pour ceux qui étaient à côté. « J'suis marié. » Tu lui disais en souriant, comme si c'était la meilleure nouvelle de la semaine – si jamais il n'avait pas suivi ton mariage à la télévision. Il avait déjà vu Chrissy puisque tu l'avais fait venir à Jersey, mais bon, t'étais pas resté deux heures à expliqué qui elle était. « Et toi alors, dans ta vie d'caïd ? »