JAKEN + i'll tell you my sins.

J'enfile mon slim, un pull un peu trop large pour mon corps frêle et ma parka longue avant de claquer la porte et de prendre la route de Harvard Square. Aujourd'hui, j'ai besoin de faire le point avec moi-même, de réfléchir à tout ce qui s'est passé depuis presque un mois. Cette nouvelle année était complètement différente des autres. Pour commencer, j'avais embrassé un garçon, pour la première fois en presque vingt ans d'existence. Embrasser, un geste anodin pour tout le monde, sauf pour moi. Je pense qui si nous en étions restés là avec Isaac, je n'aurais pas autant besoin de faire le point sur ma vie, seulement, ce soir-là, celui de la nouvelle année précisément, nous avons passé la nuit ensemble. Et j'ai perdue ma virginité. Je l'ai perdue sans même être en couple avec lui. Si ma mère était au courant, elle se mettrait surement à pleurer toutes les larmes de son corps en disant que je me suis déshonoré honteusement. Peut-être qu'elle aurait raison. Mais, étrangement, je ne me sens pas coupable. Je ne sais pas. Logiquement, lorsque l'on fait quelque chose de mal, on se sent coupable. Je me sens coupable. Mais pas là. C'est même tout le contraire je dirais. La sonnerie de mon téléphone me sort de mes pensées. C'est un message de Jake, mon meilleur ami. Il vient aux nouvelles, parce qu'il est vrai que cela fait quelque temps que nous ne nous sommes pas vus pour discuter, c'est donc tout naturellement que je lui propose de me rejoindre à Havard Square, du côté de la rivière. Finalement, le point avec moi-même ne sera pas pour tout de suite, mais ça me rend heureuse de passer un peu de temps avec lui. Je l'aime beaucoup Jake, vraiment beaucoup. Je tourne à droite à l'intersection et pénètre dans le Harvard Square, plus que quelques mètres et je pourrais poser mes fesses au sol en attend le grand brun. Je slalome entre deux-trois personnes et arrive enfin près de la rivière. Je décide de m'adosser à un arbre en attendant l'arrivée de Jake. Je me replonge dans mes pensées ; mes pensées qui ne font que dériver vers Isaac et cette nuit au Canada. Qui sait, peut-être qu'il pourrait m'aider à faire le point, lui qui me connait mieux que personne.  

hors jeu:

Adossé contre l'arbre, les fesses au sol, je fixe la rivière qui s'écoule face à moi. Les points d'eaux sont des lieux que j'affectionne tout particulièrement. Je les trouve relaxant, apaisant, propice à la réflexion. Chaque fois que j'ai besoin de faire le point sur moi-même je me retrouve ici, ou dans un parc. Bien que je lutte contre, mes pensées ne font que dériver vers Isaac. Encore et toujours Isaac. S'en est presque agaçant à la longue, mais avec ce qui s'est passé, il est normal qu'il soit au centre de mes réflexions. Depuis quelques temps ça me torture l'esprit, parce que je n'arrive pas à faire le point sur ce que je ressens pour le français. Il faut dire que l'amour et moi.. ce n'est pas vraiment ça. Je n'ai jamais eu de relation, encore moins de sentiments pour quelqu'un. Du moins, pas à ma connaissance. Les sentiments c'est quelque chose d'étrange, d'imprévisible, tout ce que je n'aime pas. J'ai toujours pensé que l'amour s'imposait à nous et que le refouler nous était impossible, mais suite à de nombreuses discussiosn avec Charlie, j'ai fini par comprendre et admettre que finalement les sentiments dépendent beaucoup de nous. Nous pouvons choisir de les refouler ou non, et ça fait toute la différence. Une silhouette se place devant moi, me faisant de l'ombre et une voix qui ne m'est pas inconnu me tire de mes pensées. Je reconnais immédiatement Jake et me lève d'un bond. Effectivement, un bel homme brun, qui vous ressemble un peu d'ailleurs. dis-je en rigolant avant de m'approcher avec un large sourire et de lui faire un bisous sur la joue, l'une des seule marque d'affection que j'ai avec lui. Tu t'es presque fait désirer quand même ! lâchais-je en jetant un coup d'oeil à ma montre imaginaire située sur mon poignet.

Spoiler:

i'll tell you my sins feat. amen and jake

Dès que je ressens le besoin de faire le point sur moi, où même de me détendre. Je me dirige toujours vers le Charles River pour me promener où même faire mon jogging matinal. C'est également ici, que j'ai fait deux rencontres improbables. Donc, une qui était assez particulièrement. À chaque fois, que je me recueille près de cette rivière. J'appelle immédiatement une connaissance et on fait notre jogging ensemble. On ne se parle pas, on court ensemble tout naturellement. Ce sont des moments comme ce que je partage avec elle qui sont inoubliables. Puisque pour une fois, je ne suis pas obligé de me livrer à quelqu'un. Je peux être silencieux comme une pierre tombale. Un bien-être qui me faut impérativement quatre jours par semaines minimum. Sans elle, j'aurais probablement tué quelqu'un de mes propres mains. En même temps, je ne suis plus à une personne près maintenant. Vu mon passé mouvementé en déduire des policiers. Bref, je m'étais arrêté devant une silhouette qui était adossée contre un arbre en train de regarder la rivière qui se trouvait face à elle. « Serais-je chanceux d'être arrivé avant lui ? » marmonnai-je en souriant bêtement à Amen. Je viens à lui rendre le bisou qu'elle m'avait adressé sur ma joue. C'est le seul geste affectueux qu'on s'adresse avec elle. « Désolé j'étais à l'autre bout de la ville quand j'ai reçu ton sms. » Je ne pouvais pas être au Luna Cafe et être au Charles River en même temps. Surtout que c'est à deux quartiers d'ici ... puis, je ne peux pas me passer de mon cappuccino. D'ailleurs mon amie le savait, plus que n'importe qui.

hors sujet:

Lorsque je reconnais Jake, j'ai un large sourire, presque trop grand pour mon visage. Cela fait quelque temps que nous ne nous sommes pas retrouvés tous les deux pour rire et discuter comme nous en avons l'habitude. Ce que j'aime avec lui, c'est que tout ce fait naturellement. C'est simple, sans prise de tête pour rien, sans superflue, c'est juste lui et moi, moi et lui. C'est loin d'être comme un livre ouvert, je ne peux pas forcément lire en lui, ou alors pas tout, pourtant il y a comme une certaine évidence qu'on ne peut pas nier. Le courant passe facilement. Sa petite tête brune commençait fortement à manquer et recevoir son message ce matin était inespéré. Je ne sais pas réellement si nous pouvons parler de chance. En effet, puisque vous êtes là, vous allez devoir me supporter au moins pour le reste de la matinée. dis-je avec un large sourire. Maintenant que je l'ai, je ne compte pas le laisser filer dans une demi-heure. Depuis presque un mois, nous avons bien des choses à nous raconter c'est certain. Il reprend la parole et s'excuse suite à ma remarque sur le temps qu'il a mis, précisant qu'il était à l'autre bout de la vie. Non mais ne t'excuse pas, je viens à peine d'arriver. Dix minutes tout au plus. annonçais-je, mon large sourire toujours scotché sur le visage. Je vais pouvoir me changer les idées aujourd'hui, je vais pouvoir arrêter de me torturer l'esprit au sujet de cette nuit durant le voyage au Canada, de me poser un milliards de questions sur ce que je ressens et ça va vraiment me faire du bien. Autrement, tu vas bien ? Le fait de ne pas m'avoir vue pendant presque un mois ne t'a pas détruit moralement ? T'as survécu ? demandais-je en rigolant doucement. Même moi j'ai mes petits moments mégalomane.

J'avais rejoint Amen au Charles River sans une once d'hésitation. Cela fait quelques temps qu'on ne s'était pas retrouvés tous les deux, pour rire ou discuter comme on avait l'habitude. Avec elle, tout ce fait naturellement. Sans prise de tête, sans superflue, simplement elle et moi. Pourtant, je ne peux pas lire en elle comme je l'aimerais. Comme elle ne peut pas lire en moi, puisque personne ne peut lire en moi comme dans un livre ouvert. J'ai cette énorme carapace que je me suis forgé depuis un bon nombre d'année. J'ai pris le temps de fermer mon cœur à double tours ... de ne rien laisser paraître. Toutefois, le courant passe facilement avec Amen. « Je suis tout à toi pour la matinée. C'est plutôt toi qui va devoir supporter ma mauvaise humeur. » réplique-je d'une petite moue. Malgré tout, j'allais tout faire pour laisser mes petits tracas quotidiens loin derrière moi pour profiter correctement de cette matinée en sa compagnie. Elle n'avait pas à subir ma mauvaise humeur, ni mes problèmes. Surtout qu'on a presque un mois à ce raconter l'un comme l'autre, ce n'est pas rien. J'étais toujours à ses côtés en train de l'écouter me répondre. Je ne prends pas la peine de lui répondre puisque cela ne servirait presque à rien. Mais, je viens à écouter avec attention sa deuxième réplique qui m'était adressé. « J'ai très bien survécu. À vrai dire ça m'a fait un bien fou d'être loin de cette loufoquerie qui habite dans ta tête. J'ai pu profiter pour me reposer un peu, parce que ce n'est pas une mince affaire de traîner avec toi. » dis-je en éclatant de rire suite à mes mots. Elle avait commencé autant terminé le délire qui était arrivée subitement.

Jake, c'est comme une énigme à résoudre. Une foutue équation de mathématiques qui me donne du file à retordre. Cela dit, chaque fois que je parviens à découvrir une nouvelle facette de Jake, et donc à résoudre une partie de cette fameuse équation, j'apprécie que je trouve et je suis heureuse d'avoir fait l'effort. Je dirais qu'il est surprenant, très changeant, presque imprévisible. Je sais qu'il y a des parties de lui que je ne connaîtrais jamais, des parties auxquelles il ne me laissera jamais accéder. J'ignore pour quelle raison et ça me donne toujours envie de creuser plus, mais sans y aller de façon brutale. Je sais que mon ami n'est pas du genre très ouvert, ni même très patient. C'est probablement ce qui excite à ce point ma curiosité à son sujet, mais j'essaie de faire les choses bien. Je ne le force jamais à rien et m'arrête quand il me met un vrai mur, parce que je crains de perdre sa précieuse amitié si je vais trop loin. Lorsqu'il ouvre la bouche pour m'annoncer qu'il est plutôt de mauvaise humeur mon sourire s'efface un peu. S'il est en colère, c'est qu'il a de bonnes raisons de l'être et ça me chagrine. J'aimerais que sa vie soit toute simple et sans encombre. C'est un vrai rayon de soleil lorsqu'il est de bonne humeur. De mauvaise humeur ? Oh. Qu'est-ce qu'il t'arrive mon chou ? demandais-je d'une voix trahissant mon inquiétude. Cependant, je me ravise directement. Enfin, t'es pas obligé de me raconter. Je peux te changer les idées si tu veux ! dis-je, affichant un doux sourire. Je n'ai pas envie de le brusquer et encore moins me le mettre plus mal en le forçant à me raconter son problème. Je rebondis ensuite sur le reste de ses paroles, annonçant que je ne lui ai pas manqué et qu'il a très bien vécu sans moi. Mes yeux s'écarquillent, jusqu'à ce qu'il se mette à rire. Et tu te trouves drôle Nguyen-Holf ? demandais-je en le frappant à l'épaule. De toute façon, dit ce que tu veux, je sais que ton coeur saigne dès que je suis loin de toi. C'est l'effet Wild ! dis-je en passant la main dans mes cheveux, façon mannequins publicitaire, tout en me tordant de rire. Mégalomanie, quand tu me tiens..  

Hormis qu'Amen ne soit pas tactile envers les autres, me paraissait comme une petite charade à dénouer assez rapidement. Tout cela pour arriver à la cerné davantage qu'habituellement. En même temps, je n'allais pas lui faire de reproche sur cette facette de sa personnalité. Puisque je suis exactement identique à-elle dans ce domaine. J'avais souvent l'impression d'être une devinette qu'on devrait résoudre pour arriver à comprendre comment je me comportais avec les autres. Puis, faut dire que je suis quelqu'un d'imprévisible. Y a certaines choses de ma vie que personne ne connaîtrait. Que ce soit Amen ou quelqu'un d'autre, c'était exactement le même châtiment. Il y avait pas de préférence pour qui que ce soit. Toute manière, tout le monde sait très bien qu'il faut me prendre avec des pincettes puisqu'il m'arrive de m'énerver très rapidement. Puis, n'étant pas un homme très patient c'était assez compliqué de gérer les choses. Ensuite, je viens à lui avouer que je n'avais pas vraiment le moral, que j'étais pleinement en colère. Ce n'était pas contre elle, loin de là. Je n'avais pas non plus spécialement envie de bousiller ce début de journée avec elle pour parler de mes problèmes personnels. J'arriverais à me calmer tout seul, faut surtout que je pense à autre chose. Et, le fait de passer du temps avec Amen allait fortement m'aider.« J'ai revu un fantôme de mon passé. Un fantôme que j'aurais préféré m'abstenir. » Habituellement, je ne me serais jamais confié à ce sujet-là auprès d'Amen. Mais, aujourd'hui tout était différent. Puis, je n'étais pas non plus rentrer dans les détails donc je n'étais pas aussi dérangeant que cela en avait l'air. « Je veux bien que tu m'aides à oublier mes problèmes un court instant. » Dis-je en affichant un petit sourire. Je viens ensuite à éclater de rire après que je lui avais dit qu'elle ne m'avait pas manqué et que j'avais très bien vécu ce petit éloignement. Sauf, que la demoiselle n'avait pas compris mon petit délire. Au final, ce n'était pas bien grave. Ça rendait la situation encore plus marrante qu'elle ne l'était déjà. « J'ai toujours été drôle Wild. » lui dis-je en la prenant dans mes bras ! C'était la première fois que j'avais ce geste d'affection à son égard. Je ne suis pas tactile avec personne. Hormis à une exception. Mais, aujourd'hui j'avais besoin d'être proche d'Amen. C'est assez bizarre comme sensation. Je ne savais pas ce qu'il me prenait mais, je ne pouvais pas faire autrement. « Même pas en rêve ma petite ! Je me portais largement mieux sans toi. Ton effet Wild est plutôt une sale infection pour moi. Une épidémie que je n'arrive pas à guérir. »