Est-ce fini la solitude? [SLY]

Cela faisait quelques mois que je n’étais plus avec mon copain et j’étais retourné en solitaire. Ma consommation de drogue avait beaucoup grimpé depuis et j’avais même fait une overdose. Cela n’avait pas été plaisant, mais cela n’avait pas réduit ma consommation. Ce soir j’avais été invité dans une soirée de l’agence de mannequin et j’étais bien content de sortir et faire la fête. J’aurais ainsi l’opportunité de rencontrer de nouvelles personnes et de boire toute la nuit. La situation dans laquelle j’étais, n’était pas meilleure. J’avais beaucoup maigris et cela avait eu une répercussion sur les contrats que j’obtenais. Au moins maintenant, j’avais recommencé l’exercice, prend un peu plus soin de moi, alors les agences avaient recommencé à me recontacter. Les journaux à potins avaient spéculé pleins de potins à propos de moi, mais je m’en fichais.

Je m’étais bien coiffé et bien habillé pour la soirée. Juste avant de partir de mon appartement, je mis un petit sachet de cocaïne et ecstasy dans ma poche. Je savais qu’il y avait quelques amis mannequin là-bas qui consommaient aussi. Il était environ 22 heures quand je pris le taxi pour me rendre au club. Je n’avais pas besoin de faire la file d’attente puisque je faisais partie des invités. Une fois à l’intérieur, j’allais me commander une boisson et j’allais danser dans la foule. La soirée allait être endiablée. La boîte était pleine à craquer et rempli de beaux mecs et belles meufs.

Vous savez ce qu'il me manque? Un peu de compagnie. Ça fait des années que je suis seul, et je trouve ça vraiment difficile parfois. Il faut dire que je n'ai jamais vraiment eu la capacité de garder mes petites copines, et pour plusieurs raisons dont je préfère ne pas parler. Elles me laissaient toujours en voyant que j'étais distant, et souvent je ne leur parlais plus jamais, la distance n'aidant pas du tout. Il faut dire que, depuis l'histoire avec Alan à Lancaster, plus rien n'était pareil. Je ne gardais absolument aucune relation stable, je suis devenu coureur de jupons, et je prends de la drogue régulièrement quand je sens que je suis pris dans une impasse. Surtout, toutes les questions que je me pose ne sont pas exactement ce à quoi les filles s'attendent. Je leur en parle peu, en fait j'en parle presque jamais, même aux personnes en qui j'ai confiance. Même Alan ne le savait pas avant qu'on s'embrasse, lui et moi, alors bien évidemment, ce serait plutôt difficile de savoir ce que je ressens présentement pour ceux qui me connaissent pas. Je m'étais juré de ne plus avoir trop de contact avec les autres mecs, question de bien clarifier les choses...

Mon dieu, j'aurais jamais dû me jurer ça...

Le Lord Hobo était bondé ce soir-là. J'ai été obligé d'attendre pendant une heure à l'extérieur (et croyez-moi, on se les gèles, ce soir) et quand je suis entré, il y avait beaucoup trop de monde. J'ai su par le bouche-à-oreille qu'il s'agissait d'une immense fête d'une agence de mannequinat, ou je sais pas quoi. Il va s'en dire que j'ai reconnu plusieurs visages de certains mannequins qu'on voit généralement dans les pubs de Calvin Klein ou de PUMP. Vous savez? Des mecs qu'on voit généralement en sous-vêtements... Pour d'autres, eh bien je les connaissais pas, et je sais pas si j'avais envie de les connaître... En fait, non, j'avais pas envie de les connaître. J'avais envie de boire, d'arrêter de penser ce soir. Ça vaudrait mieux... Enfin, peut-être que je serais en bonne compagnie, ce soir. Peut-être une belle fille qui allait se joindre à moi pour boire, et avec qui je vais pouvoir rentrer et avoir du plaisir...

Soudain, je vois un gars que je crois reconnaître. Je peux pas m'empêcher de le regarder, et dès que nos regards se croisent, je lui envoie la main... J'espère dans mon esprit qu'il viendra me rejoindre...

Non, mais il se passe quoi avec moi, là?

La soirée ne venait que de commencer. La plupart des gens dans le club étaient des modèles, photographes et tous ceux qui font partie du domaine de la mode. Il y avait beaucoup de célébrité mode, tout en m’y incluant. Pour ma part, j’étais le visage de Armani Exchange Underwear. J’avais beaucoup d’affiches à Boston et à travers le monde de moi en sous-vêtement. Malgré, les menaces de l’agence de me renvoyer à cause des mauvais potins et de mon laisser-aller, il avait décidé de me garder et de me laisser une seconde chance, ce dont j’appréciais et allait mon possible pour garder mon emploi. Du moins maintenant tout le monde était en soirée, alors je pouvais quand même faire la fête sans que cela soit mal vu ou quoi que ce soit.

Dans la boîte, je m’étais cherché un verre et hop j’étais sur la piste de danse. Mes amis n’étaient pas encore arrivés, donc je me contentais de danser avec  des inconnus. Je bus une gorgée de mon verre et soudain je vis un mec un peu plus loin qui m’envoyait la main. Loin comme cela, je ne pouvais pas dire si je le connaissais ou pas.  À cette distance, il avait l’air quand même bien foutu. Je m’approchais un peu, et je ne savais toujours pas qui cela pouvait bien être.  J’étais maintenant très près de cet être assez mignon, mais je le ne connaissais pas du tout. Peut-être était-il dans mes cours à Harvard ? Je n’en ai aucune idée. Peut-être même travaillait-il a l’agence et que je l’avais snobé. Je m’approchais plus de lui pour qu’il m’entende, car la musique était très forte et beaucoup de gens criaient.

-Hey, on se connaît ?

L’atmosphère de la soirée devenait encore plus plaisante. Je venais de rencontrer un mec de mon goût et qui sait, peut-être cela serait mon jour de chance. Peut-être il m’avait pris pour quelqu’un d’autre et que j’allais me faire retourner de bords. Tout ce que je savais c’était qu’après, j’allais allé prendre un autre verre et probablement quelques lignes. Seul ou avec lui ? L’idéal serait qu’il m’accompagne, mais seul dieu savait ce qui m’attendait pour le reste de la soirée.
 

Ouais... Définitivement, à tenter le Diable, on finit par le voir de près. Après avoir salué le gars qui dansait de l'autre côté de la salle, celui-ci avançait maintenant dangereusement dans ma direction. Mais qu'est-ce que j'ai fait, putain? Bravo! Bravo! Que des félicitations à te faire, veinard. Maintenant, tu seras confronté encore plus à tes propres démons. Non, mais à quoi j'ai pensé? Il s'avançait de plus en plus, affichant un regard perplexe, comme s'il essayait de comprendre qui j'étais. Il ne me connaissait sûrement pas, mais moi, au nombre de fois où j'ai vu ses affiches, je commence à le reconnaître. C'est un mannequin qui bossait pour Armani... Eh mince, je suis en train de me prendre une grosse pointure. Si j'avais pas salué, aussi, peut-être que rien de tout cela ne serait arrivé, j'aurais pu boire tranquille, me ramener une fille et avoir du bon temps... Mais quand même, pour que ce soit ce gars-là qui attire mon regard, il faut que j'aie bon goût. Il me regarde toujours avec ce même air perdu, cherchant désespérément qui j'étais dans sa vie, pourquoi je m'adressais à lui.

Il était vraiment pas mal. Il avait l'air beaucoup plus mince que sur les photos, par contre. Il avait perdu un peu de muscles, et il semblait beaucoup plus frêle. N'empêche, il était encore assez canon merci. Il avait gardé une bonne partie de sa musculature, il semblait toujours aussi imposant, et le voir en vrai comme ça, c'était la chance du débutant dans mon cas. Si on peut appeler ça de la chance, parce qu'aussitôt les pensées se bousculent sauvagement dans ma tête. C'est quoi, cette merde? Je vais devoir endurer un débat intérieur entre ma libido, mon cœur et ma tête. Super. Encore un débat qui allait se solder je ne sais comment. Je n'aime pas du tout les combats sans issue.

-Hey, on se connaît ?

Sa voix perce mon blocage mental, et j'ai l'impression de retomber dans mes souliers, l'air perdu et hagard. On dit toujours que la première impression est importante... En ce moment, je dois paraître vraiment cinglé à ses yeux... Mais depuis quand je me fie à l'impression que je donne aux mecs, moi? Je suis un mâle, un vrai... Enfin, c'est ce que j'ai toujours essayé de me faire croire, et on dirait bien que ce gars est venu chicaner mon bon droit de croire que j'étais ce que je voulais être.

Et pourtant... Quel canon.

-Non, je crois pas... Désolé, j'espère ne pas t'avoir dérangé.

Moments de panique interne, on essaie de contenir sa honte... Allez, on se lance.

-Mais t'as l'air plutôt sympa, alors...

Touché-coulé, la tête. La libido et le cœur prennent le contrôle du navire.

Je m’étais finalement approché du mec qui m’avait envoyé la main. Je n’avais aucune idée de qui cela pouvait bien être. Tout ce que je savais, c’était qu’il était de mon goût et que je pourrais profiter du temps avec lui en attendant que mes amis viennent. Je m’avais approché de son oreille pour lui demander si on se connaissait. J’avais du m’approcher aussi prêt, car la musique était très fortes. En m’approchant de lui, je pus sentir son parfum. Il sentait très bon et cela me fit un petit frisson. Le mec me répondit qu’il ne croyait pas me connaître et s’excusa de m’avoir déranger. Je ne savais pas trop de quoi il m’avait déranger, car je ne faisait que danser avec des inconnus. Il avait même osé me dire que j’avais l’air sympa. Je lui fis un petit sourire.

-Bah, merci ! T’as l’air sympa toi aussi. J’allais justement me chercher des shots. Tu te joins à moi ?

Je m’étais reculé du mec et me dirigeai vers le bar. Je commandais douze shots de vodka. Je fis un clin d’œil au mec et un sourire. J’allais boire ses shots et ensuite aller prendre quelques lignes. Peut-être que je pourrais inviter mon nouvel ami. «J’espère que t’aime boire ! Je nous ai commandé 6 shots chacun.  Ensuite, si tu veux j’ai quelque choses de plus intéressant !» Je sortis le petit sachet contenant de l’ectasie et de la cocaïne et le montra au mec. Je le remis immédiatement dans ma poche quand le barman revint avec notre douzaine. « Tu es prêt ? 1……2………3…….GO !» Je commençais à prendre chaque shots sans aucune pause.

 

Ça, c'était pas moi. Je n'étais pas du tout comme d'habitude ce soir. Peut-être que c'était mon besoin de compagnie qui m'avait poussé à lui parler, et surtout à me mettre dans ce drôle d'état rien qu'à savoir qu'il s'adressait à moi. Mais voilà, il me parlait et ça me faisait étrangement chaud au coeur. Un parfait inconnu qui me parle comme ça, pour certains, ça paraîtrait étrange, mais pour moi c'est une espèce de délivrance. Au moins, pour ce soir, je ne serais pas tout seul. Même si le gars n'est pas attiré par les hommes, au moins nous allions pouvoir passer un bon moment. Au moins, nous allions profiter de la nuit dans un club beaucoup trop bondé. Si ça passait par l'alcool, alors là nous parlerions le même langage... Justement, parlant d'alcool, le voilà qui me dit qu'il avait commandé des shots, et qu'on allait boire ensemble. Voilà qui était intéressant. Alors qu'on ne se connait pas du tout, il avait envie qu'on boive jusqu'à oublier le monde qui nous entoure. Voilà une perspective qui ne manqua pas de me plaire. Un peu d'alcool, ça m'aiderait à faire passer mon besoin d'avoir quelqu'un. Si je pouvais trouver un ami, pourquoi pas...

-Allons, des shots, ça me plaît. C'est quand tu veux.

Soudain, l'autre gars sortit alors un petit sachet d'extasy. Ça alors, à peine on se connaissait, il sortait déjà l'artillerie lourde. J'aimais bien ce genre d'étrange revirement de situation. C'était impossible qu'on s'entende pas, moi et ce gars. Déjà que j'en avait vraiment envie, je n'allais tout de même pas refuser. Je pris donc par à un concours improviser par mon hôte, et j'avalai mes shots à une vitesse incroyable, essayant à tout prix de prouver que j'étais capable d'être plus rapide. C'est l'orgueil masculin à l'oeuvre, il ne faut pas le questionner. Si quelqu'un ose le faire, je lui flanque mon poing sur la gueule, assuré. On ne questionne pas mon orgueil. C'est la règle non-écrite pour être un ami de Sylvester Porter, surtout lorsqu'on considère que mon orgueil affecte également ma capacité à être celui que je veux, et surtout... à décider si je dois porter attention à ces drôles de sentiments qui m'étaient montés à la tête depuis le collège.

-Content qu'on parle la même langue, dis-je à mon compatriote en souriant faiblement.

Je venais juste d’inviter un mec à aller boire avec moi. Je ne savais pas trop ce qui me prenais, mais la compagnie allait me faire du bien, car j’était plutôt seul depuis ces derniers  temps. J’avais proposé qu’il me suivre jusqu’au bar où j’avais commandé douze  shots. Je voulais enfin commencé la soirée et avoir du plaisir. J’avais montré à mon nouvel ami un sachet de drogue tout en lui faisait un clin d’œil. J’espérais qu’il allait venir moi.  Le mec était d’accord pour les shots.  Une fois les verres arrivés, je n’hésitais pas à déclarer une course improvisée. Ce ne fut pas très long que nous buvions nos verres. Je bus les six verres en l’espace de quelques secondes tout comme mon adversaire. C’était match nul. Il semblait que nous avions terminé en même temps.

-Je crois qu’on doit recommencer. C’était un beau match nul.

Je lui fis un clin d’œil et fit signe au barman d’apporter de nouveau six shots chaque. C’était certain que l’effet de l’alcool allait faire effet après ce round. Sans rien dire, nous commencions à boire nos verres. Après le dernier verre, je me levai, le regardai avec un regard intense et parti vers les toilettes. J’espérais qu’il avait compris le message et qu’il me suivrait par la suite.  Après quelques minutes à contourner tous les gens dans le club, je pus finalement entrer dans la salle-de-bain. Il n’y avait personne et je commençais toute suite à me préparer des lignes sur le comptoir. Au moment où je pris un billet de banque pour prendre la cocaïne,  la porte de la salle de bain ouvrit. C’était lui.

-Alors t’en veux ?

 

Match nul.
Il va s'en dire que je ne pouvais pas du tout en rester là. Je n'allais pas me contenter d'un match nul, c'était évident. Et comme de fait, même mon nouveau partenaire avait décidé qu'il ne se laisserait pas faire et qu'il voulait absolument une victoire. Excellent, nous allions enfin décider qui était le plus grand buveur. Et déjà, je me sentais un peu plus joyeux qu'à l'habitude. Même si la situation ne devait pas vraiment me rendre aussi... comment dire... excité, je voulais absolument avoir ma revanche contre le jeune homme. Je voulais lui prouver que je pouvais boire le plus vite possible et ainsi gagner cette nouvelle manche. L'orgueil mâle faisait effet, et je ne contrôlais plus rien. Dès que les shots étaient devant nous, je lui lançai un regard de défi et nous recommencions à boire. Un shot, deux shot, trois shot... bientôt, les six avaient complètement disparus. Match nul encore. Eh bien, c'était une victoire qui allait se décider un autre jour. La bouche déjà pâteuse dû à l'alcool, je dis à mon camarade:

-Dommage! Moi qui croyais que j'avais un peu d'avance! On se reprendra...

Soudain il quitta le comptoir en me jetant un regard intense. Je compris alors qu'il voulait qu'on prenne un peu de coke ensemble. Voilà, mon petit père, continue de parler ma langue et on va s'entendre superbement, c'est moi qui te le dit. Je le laissai partir en premier, lui donnant un peu d'avance, question que personne ne se pose de question, puis commença à se diriger vers les toilettes. Soudain, un doute traversa mon esprit. Qu'est-ce que je faisais là, moi? J'allais prendre de la drogue avec un mec que je ne connaissais pas, que je trouvais plutôt mignon, il va sans dire, et j'espérais qu'on puisse passer du bon temps. C'était étrange, incongru, et je savais très bien ce que les autres allaient penser: à quoi il joue? Pourquoi il suit ce mec jusque dans les toilettes? Ils sont ensemble?

Non, on est pas ensemble, d'accord? On est juste deux bons potes du moment, et on se réunissait autour de la drogue pour oublier nos soucis communs. Ça vous dit?

J'entrai alors dans la salle de bains, et je vis le garçon. Il m'invita à venir le rejoindre.

-Quand tu veux, mon vieux. Les lignes, je m'y connais.

Voilà qui allait m'aider un peu.