Not you again | ft. nemo

Tranquille, le plan du jour. Les cours reprenaient, et comme d'année en année, les études pharmaceutiques étaient de plus en plus exigeantes, il fallait que tu y mettes du sien. Alors... Direction la bibliothèque, et ce sans plus attendre. Tu ne vas tout de même pas renoncer à tes résolutions alors que l'année commence enfin, n'est-ce pas? On ne peut pas dire que tu y pointes souvent l'bout de ton nez, mais quand il faut, il faut et c'est le cas actuel. Après tout, un peu (beaucoup) de lecture ne fait de mal à personne, bien que pour certains, ce soit de la pure torture. Bref, ce que tu cherches ne se trouve pas au premier étage de la bibliothèque. Avec ta jambe dans le plâtre, il est un peu difficile d'escalader ces centaines de marches constituant l'escalier, alors tu optes pour l'option facile et peu douloureuse : l'ascenseur. Eheh. Tu pèses sur le bouton pour monter, puis... tu attends. Attends. Attends. Elle est sacrément longue, hein. Et voilà, le clignotant rouge s'allume, indiquant que la cabine est arrivée à ton étage et que tu pourras y grimper.

Tu n'avais pas cours aujourd'hui, et mon dieu que tu avais envie de faire la grasse matinée et de reprendre un peu des forces après ce séjour dans le magnifique Canada enneigé, mais que tu ne pouvais pas. Tu travaillais à la bibliothèque de l'université – et c'est vrai que tu n'en avais pas réellement besoin de ce boulot, mais ça te donnais bonne conscience. Un prince qui travaillait lors de ses études ça faisait toujours mieux non ? Et puis t'aimais bien le cadre, être constamment entouré de bouquins, tout ça. Ton pote et collègue Devyn s'occupait de l'accueil, et toi t'étais de tâche à ranger tous les livres que vous aviez reçu après les avoirs référencé et codé, ainsi que remettre à leurs places ceux que les étudiants ramenaient au cours de la journée. Tu commençais donc ton boulot tranquillement, faisant des aller-retours dans toutes les pièces, avant de t'attaquer à une nouvelle pile de livres que tu mettais dans un chariot, avant de te diriger vers l'ascenseur. Hors de question que tu fasses de nouveaux aller-retours d'un étage à l'autre, t'aimais le sport, mais définitivement pas monter et descendre les escaliers sans arrêts. L'ascenseur ouvrait ses portes une fois le premier étage atteint, et t'oubliais complètement de sortir comme le con que tu étais en y voyant Warren qui y entrait et qui appuyait pour demander l'étage du dessus. Bah ouais, c'est pas que tu étais le genre de mec qui oubliait complètement le monde autour de lui dès qu'un beau mec entrait dans son champ de vision, mais c'est que t'étais choqué qu'il soit là – et que tu n'avais aucune envie de partager même un voyage de quelques secondes en ascenseur à ses côtés. Ton regard se faisait plus noir sans même que tu n'y penses, et tes yeux fixaient les portes alors qu'elles s'étaient déjà refermées, et que t'avais raté ton arrêt. Génial. Le silence était assez lourd et ton esprit ne pensait qu'à la violente réjection que t'avais reçu – et tant pis pour lui, il ne savait pas qu'il ratait – quand d'un seul coup, l'ascenseur s'arrêtait et les lumières se tamisaient. « Putain, sérieusement ?! » Tu murmurais, rageant déjà. L'ascenseur s'était déjà bloqué quelques mois auparavant, et ça recommençait juste maintenant, vraiment ?

Ta liste en mains, tu analysais silencieusement les livres que tu devrais chercher. Y'en avais plusieurs, quand même. Quel bonheur. Une petite description se trouvait sous les titres de chaque bouquin, de sorte à ce que tu comprennes un peu mieux de quoi ils parlaient avant de te plonger le nez dedans. Bon, ce n'était pas bien compliqué, du moment où tu prendrais des notes, tout irait bien. Bref, l'ascenseur ouvre enfin ses portes devant toi, et tu fonces droit devant, sans relever la tête, lisant le titre du dernier livre. Ce n'est que lorsque les portes se referment que tu relèves la tête. Sentant une présence légèrement en biais de toi, tu pivotes un peu la tête pour voir de qui il s'agit, être poli et faire un sourire, mais... Il n'y a aucun sourire qui se dessine sur tes lèvres. C'est plutôt sur ton visage qu'apparaît une stupéfaction hors norme, et une légère exaspération. Nemo. Ça faisait bien un bail, que tu l'avais vu. Enfin, depuis quelques semaines, quoi. Depuis le baiser. Depuis que tu l'avais rejeté en lui expliquant, un peu sèchement, ta situation amoureuse actuellement. Qui savait donc que tu étais aussi attiré par les hommes? Peu de gens, ici, puisque tu ne l'avais pas nécessairement montré ouvertement, quoique tu ne t'en caches pas. C'est qu'il n'y a qu'Olive dans ta vie, présentement, alors pas besoin de chercher ton plaisir auprès d'autres femmes ou d'autres hommes, hein. Nemo, putain... Ça n'pouvait pas être quelqu'un d'autre? Ce mec, tu avais couché avec lui durant son court séjour en Ohio et ça avait été divin, mais c'n'était qu'une expérience comme une autre, et puis il était reparti, et puis tu avais continué ta vie, t'avais rencontré Olive, tout ça. Mais... Il y avait tout de même eu ce baiser, non-volontaire - c'est Nemo qui t'avais embrassé, et non le contraire, et évidemment tu l'avais repoussé. Et le froid actuel qui se ressentait avec évidence dans cet ascenseur était la preuve de ta connerie ; tu n'aurais pas dû être aussi méchant avec lui. « Putain, sérieusement ?! » Tu penses exactement la même chose que lui en sentant l'ascenseur s'arrêter sèchement, au même moment où les lumières se ferment. Y'a tout de même la lumière d'urgence qui vous fait un peu d'éclairage. "Quelle joie.." Tu t'avances pour r'garder les boutons disponibles, tentant de cliquer sur celui d'urgence, ou au moins appeler quelqu'un, mais y'a ni de réseau sur ton portable, et personne ne semble répondre à votre appel. "Fallait vraiment que j'sois pris ici avec toi?", dis-tu, peut-être un peu plus par évitement et par honte vis-à-vis de ton comportement avec lui que par dégoût de la situation.

T'étais prêt, avec ton chariot roulant devant toi, et t'as quand même réussi à rater ton putain d'étage. T'avais pas fait esprès, tu t'étais juste comme bloqué en reconnaissant Warren entrer dans l'ascenseur, et si ça aurait plutôt dû te donner un coup de fouet pour partir le plus vite possible hors de ces murs, bah t'étais resté tout bête et t'avais laissé les portes se refermer. Intelligent Nemo, de plus en plus intelligent. Et si ce n'était que ça. Mais voilà que l'ascenseur se bloquait, et tu jurais déjà, agacer qu'il se bloque juste maintenant. « Quelle joie... » Et ô tu sentais toute l'ironie de la chose. Tu le voyais appuyer sur le bouton mais rien ne semblait se passer. Tu secouais ta tête en regardant ton portable, pensant que ses paroles allaient en rester là, quand il reprenait. « Fallait vraiment que j'sois pris ici avec toi ? » Attendez, il était sérieux là ? Que toi tu n'ai aucune envie de te retrouver enfermé avec lui c'était normal, mais lui après tout, il devrait s'en foutre. Aucun problème pour le petit Warren. Tu n'étais rien après tout, personne d'important. Ce n'était pas lui qui s'était fait humilier, ce n'était pas lui qui avait fini blessé et dans l'incompréhension. Ou peut-être que c'était autre chose qui lui faisait peur ? « Oh mais ne t'inquiète surtout pas hein, t'as pas d'soucis à te faire, je ne vais pas te violer si c'est ce que tu penses. » Tu répondais un peu durement, lui lançant un regard noir. C'est ça dont il avait peur peut-être ? Que tu ne brises sa chère vertu ? Trop tard t'avais envie de dire. Ça te saoulait déjà parce que vous auriez très bien pu rester dans l'indifférence et calmes. Dans une tension palpable, dans un silence pas très confortable, certes, mais au moins, sans embrouilles. T'imaginais qu'aujourd'hui n'était pas le jour pour être tranquille. Que le sportif avait le besoin de se défouler. Et que t'allait surement devoir le supporter. « C'est pas la peine d'avoir cet air dégoûté sur ton visage, t'es peut-être devenu homophobe en plus d'être en couple ? » Non mais tu rêvais. Le mec il avait bien profité de coucher avec toi, vous vous étiez bien amusés en Ohio, mais maintenant il se sentait révulsé à la moindre vue des gays ? Petite nature va.