don't stop patinning - nemo.

C'était déjà la fin des vacances. Demain matin, il serait l'heure de tout replier, de refaire les valises pour retourner à Cambridge. Il était hors de question que tu repartes sans profiter une dernière fois de la patinoire. T'étais arrivée ici : t'étais nulle, mais nulle, nulle nulle. Puis, durant toutes les vacances tu t'étais entraînée... Bon, aujourd'hui encore t'étais nulle. Mais plus nulle, nulle, nulle. Juste.. nulle. Tout court. Une seule fois. Mais t'adorais ça, alors bon. T'avais chaussé une énième fois ta paire de patins, enfilé tes gants, mis ton bonnet.. puis t'étais partie à la conquête de la glace. En fait, un patineur c'était pas plus intelligent qu'un poisson rouge. Tu tournais, en rond, comme ça.. tu passais toujours devant les mêmes personnes, tu voyais les mêmes bonne femme galérer, tu voyais les mêmes garçons s'la péter.. Puis y'avait ce gars qui était toujours à côté de toi. Vous alliez à la même allure depuis que tu étais entrée sur la glace.. et mine de rien, quand on y pense, c'est assez perturbant. Alors tu tentas d'accéléra et le dépassa enfin. Oh miracle.

C'était peut-être pas une bonne idée de retourner sur le lac glacé derrière l'hotêl, mais t'y allais quand même. C'était le dernier jour, les dernières heures ou tu pouvais encore profiter de ce magnifique séjour, et tu ne voulais pas catégorisé ce lac comme celui où t'as retrouvé ton premier amour. Encore si ça s'était bien passé – mais Oscar t'avais renvoyé toutes tes conneries d'adolescents de dix-sept ans à la gueule, toutes tes erreurs, tes mauvaises idées, et ça te faisait mal car il avait tout à fait raison. T'avais pas géré cinq ans auparavant, et il te l'avait bien rappelé. L'ambiance paisible du lac s'était transformée après ces retrouvailles, et tu voulais malgré toi garder un bon souvenir de toutes les activités que tu avais faites, de tous les endroits que tu avais visité. Alors t'étais de retour sur la glace, et tu tournais sur l'immense surface, essayant de rester stable, bien dans l'axe, toi qui était loin d'être le plus fort dans cette discipline. Tu finissais par regarder un petit peu plus autour de toi, dissipant tes pensées pas tout à fait plaisantes. Un nouveau tour, et puis un autre, et puis un autre, et tu commençais à remarquer cette fille à tes côtés, qui patinait à la même allure, qui patinait vers la même direction, comme une copie inconsciente de tes mouvements. Pui- Mais elle allait où là ? Elle venait de te dépasser, juste légèrement – peut-être un centimètre au plus – mais vos patins n'étaient plus voisins, et non, tu ne resterais pas le mec qui se faisait doubler. A ton tour t'appuyais un peu plus sur tes patins pour accélérer – juste lentement, sans vraiment que ça se voit que t'ai voulu faire ça consciemment, et tu passais devant, like a boss.

Il n'étais plus à tes côtés, tu l'avais dépassé. C'était idiot, mais tu trouvais cette présence permanente à tes côtés assez oppressante, comme une ombre indésirable. Brr. Machinalement, tu tournes la tête histoire de voir si tu l'avais beaucoup distancé mais.. tu n'le vois pas. T'avais tant accéléré que ça ? Wow, tu te découvrais des talents cachés. Et lorsque tu regardes en face, un sourire fier.. celui ci s'estompe en voyant que le jeune homme était à présent devant toi. What ? Tu ne l'avais même pas vu te dépasser, ou alors tu lui avais mis un tour d'avance ? Non, il t'avais surement dépassé. On dépassait pas Trixie, ça s'faisait pas, c'était même pas gentleman de la part d'un bonhomme. Les yeux plissés, tu accélères un peu plus du patin pour repasser devant lui, telle une patineuse étoile. Oui oui, une patineuse étoile. T'en avais toute l'élégance du moins, si tu ne tombais pas. Tu tournes la tête une nouvelle fois.. Tu n'es qu'à quelques dizaines de centimètres - à vue de nez, hein - de lui, mais ça suffit pour te satisfaire. Et toc.

T'étais tout content de l'avoir dépassé. C'est pas que t'étais un misogyne ou que tu pensais que les femmes devaient se trouver derrière toi ou n'importe quoi de ce genre, t'étais pas un gros connard macho. Mais elle venait de casser le rythme que vous aviez eu sans même vous l'imposer, et tu ne voulais juste pas qu'elle te dépasse comme ça. Alors tu l'avais dépassée à ton tour, peut-être d'un bon centimètres seulement – mais ça te suffisait. Juste histoire de lui montrer qui était le boss quoi – alors que ouais, noooope, c'était pas réellement toi le boss en vrai. Tu te débrouillais à peine pour tenir en équilibre sur tes patins, c'était pour dire ! Tu pensais que ça allait en rester là. Que ça y est, t'avais fait ton petit gamin à vouloir la dépassé de peu, et qu'elle allait limite ralentir pour plus se trouver prêt de toi, ou changer carrément de direction. Mais ce n'est pas ce qu'il s'est passé. Tu regardais traquillou sur le côté, admirant un peu toute cette neige qui vous entourait pour ce dernier jour, et quand t'as retourné ta tête, wtf quoi. Elle était passée à nouveau devant toi, te distançant de quelques centimètres de plus que la dernière fois. Non mais t'étais pas d'accord. Tu regardais tes patins, et t'accélérais à ton tour pour passer devant elle, d'une bonne vingtaine de centimètres cette fois-ci. Tu tournais ton visage une fois devant elle, lui tirant la langue puérilement mais pas méchamment quand son regard croisait le tient – et meeeerde, tu retournais vite ton visage vers le droit chemin parce que t'avais glissé en te déconcentrant et tu essayais de redevenir stable car il était hors de question que tu te casses la gueule maintenant.

Sérieusement, pourquoi tu t'étais entêté à vouloir le redépasser ? Tu aurais très bien pu continuer de tourner sur ce lac gelé tel un petit poisson (un poisson cloooown **) tournait autour de son anémone. Ou un poisson rouge dans son bocal, au choix. J'trouvais la comparaison avec le poisson clown plus sympa, soit. Mais non, tu avais voulu passer devant une nouvelle fois, le distançant un peu plus qu'avant. Le seul truc, c'est que le gars aussi semblait s'entêter parce que quelques secondes plus tard, il te repassa devant, encore. Cette fois-ci, tu le vie passer. Même qu'il se tourna pour te tirer la langue. Alors quoi, il voulait jouer ? Un sourire amusée sur les lèvres, tu plisses les yeux et donne un nouveau coup de patin bien plus fort que tu ne le pensais sur la glace et accélère encore. Bon sang, ça commençait à vraiment aller vite là. A trop vouloir voler près du soleil, tu allais finir par te brûler les ailes. Mais pas tout de suite, pour l'instant tu gérais. Tu lui repassas devant, avec ce même sourire amusé sur les lèvres. Tu t'étais même essayé à te tourner pour lui sourire et à ton tour de lui tirer la langue avant de repatiner dans le bon sens. Qu'il ne s'avise plus de te redoubler une seule fois, sinon il verrait à qui il avait à faire. Trixie, elle gagnait toujours.

T'étais un petit peu gamin quelques fois dans ta tête. Tu pensais pas forcément à ce que tu faisais tout le temps, comme tu n'avais pas prévu de lui tirer la langue tel un petit enfant de trois ans fier de lui. Ce n'était pas insultant ou réellement méchant, mais c'était la déclaration d'une guerre sur glace entre deux enfants qui se dépassaient à chaque fois d'un centimètre de plus. Vous étiez surement trop nuls tous les deux sur patins – ou trop flemmards – pour réellement prendre beaucoup de distance et partir loin de l'autre. Mais c'était bien, s'en était plus drôle, à penser réellement que l'autre ne tenterait pas de nous doubler. Mais tu le faisais, et elle le faisait, et en fait, vous finirez peut-être jamais par vous arrêter. C'était devenu le but de ta vie, si si. D'ailleurs, la jolie brune avait un petit sourire sur son visage et tranquillement elle passait à nouveau devant toi, te renvoyant dans la face ton tirage de langue. La garce elle n'avait pas le drooooooit. Voulant aller d'un coup trop vite, tu t'emmêlais les patins, n'étant pas doué dessus, et tu finissais par te casser la gueule... Sur la brunette, qui tombait aussi sous toi. Et miiince, c'était pas tout doux ce lac glacé. La fille étant devant toi quand tu l'avais fait tomber, elle l'était toujours une fois au sol, son corps dépassant plus que le tiens, et tu étirais ton bras afin que ta main soit genre la première, qu'elle dépasse sa tête. Ouais, t'en était arrivé là.

T'aurais pas pu précisément dire ce qu'il venait de passer. Juste que t'étais en tête et que d'un coup, tout semblait bien bas, tout semblait bien froid. Trop froid. T'aurais peut-être même du prendre un manteau plus épais. La poudreuse du lac gelé se colla sur ton manteau jusqu'alors immaculé et sur ton jean. Bien. Tu relèves doucement la tête, grimaçante, avant d’apercevoir que celui qui t'avais fait tombé n'était autre que ce jeune homme avec qui vous jouiez à vous passer devant l'un et l'autre. Ca ne t'étonnait pas plus que ça. En fait, ça ne t'étonnait pas du tout. Il glisse sa main au dessus de ta tête pour.. pour être devant toi. Non, sérieux ? Tu lui flanques une tape sur l'épaule, faisant les gros yeux, après t'être légèrement relevée. Les gros yeux made in Trixinamyte, ça faisait pas plus peur qu'un bébé tigre à qui on voulait faire plein de câlins. Sérieux ? Vous pourriez m'aider à me relever au lieu de vouloir garder la tête ! Quel gentleman, j'vous jure. soupires-tu avant de te relaisser tomber sur la glace, toujours aussi froide. Eh, peut-être qu'elle allait se réchauffer à force avec la température de ton corps. AAAH, non mais mauvaise idée, en dessous c'était de l'eau. De l'eau geléééée !

Bon c'est sûr que pour le coup, t'avais pas eu une superbe réactivité. Tu ne cherchais même pas à te relever, tu ne cherchais pas à reposer tes patins sur la glace, ni à t'éloigner du froid. A vrai dire, t'étais à moitié sur la jeune fille donc en fait, elle te faisait comme une sorte de barrage contre le lac gelé, t'avais sérieusement que tes genoux et tes tibias qui souffraient de la différence de température. Tu cherchais juste à la dépasser, encore une fois. Lui montrer que même à terre, tu pouvais être le meilleur, the best of the best, the man quoi. Bon, apparemment, ça ne lui avait pas plus à la jeune fille de voir ça puisqu'elle te tapait l'épaule, ses gros yeux te fixant, en mode regard de jugement quoi – ce qui te fit rire, parce que même dans cette situation tu avais le rire facile. « Sérieux ? Vous pourriez m'aider à me relever au lieu de vouloir garder la tête ! Quel gentleman, j'vous jure. » Tu levais tes yeux au ciel, venant lui faire une petite pichenette sur son épaule – mais elle risquait de ne pas sentir grand-chose avec sa veste et ses habits en dessous. « Je ne suis point gentleman quand on me provoque, gente dame. » Et tu faisais un grand sourire de charmeur. Bon t'utilisais les grands mots en mode chevalier des temps moderne mais en même temps, elle t'avais bien vouvoyée elle. Ça te faisait te sentir vieux. T'essayais de te relever mais plusieurs fois tu te rattraper en retombant, parce que t'avais jamais réellement appris à te relever sur un lac gelé avec des patins fait pour glisser sur ce lac. Finalement tu mettais tes mains sur le dos de la jeune fille, tes doigts s'accrochant sur sa veste afin de te tenir à quelque chose quand tu essayais de te relever lentement, en mode toujours le grand gentleman. Ouais, elle risquait de ne pas trop apprécier ça non plus.

Je ne suis point gentleman quand on me provoque, gente dame. Par les étoiles, son sourire était à tomber. Il avait pas le droit de te faire ce genre de sourire après t'avoir laissé sur la glace comme une vulgaire chose, prêt à tout pour être en tête. Tu l'avais même pas provoqué en plus.. C'est lui qui avait commencé. Oui oui. Lui. Provoquer ? Loin de moi cette idée voyons ! grognes-tu la face contre la glace. Tu le regardes galérer à se relever, te retenant de rire. Sérieux, c'était si compliqué que ça ? Les petites dents sur l'arrière et l'avant du patin, c'était pas fait pour décorer hein. Faudrait peut-être lui apprendre. Tu t'apprête à le lui dire lorsque celui si s'accroche à ton manteau pour s'aider. Il est sérieux ? Sérieux de sérieux ? Il manque pas de culot au moins. Eh ! pestes-tu en agitant les bras pour qu'il dégage ses salles pattes de ton manteau. Vous êtes culotté quand même ! Premièrement vous m'aidez pas à me relever, ni même vous excusez. Et ensuite vous vous servez de moi pour vous relever. Merde quoi. Et voila. MERDE. Tu soupires, déçue que ce jeune homme qui s’avérait joueur et plutôt beau gosse soit en réalité un macho ne pensant qu'à sa petite personne. Tu te relèves sans trop de mal, utilisant les dents des patins et t'enlèves grosso modo la neige que tu as sur tes vêtements. Puis tu patines doucement vers l'extérieur du lac, sans jeter un seul regard au garçon. Pourtant, ça te démange de tourner la tête.

Tu lâchais un petit rire quand elle osait te dire que loin d'elle était l'idée de te provoquer. Mouais, t'y croyais pas trop trop à ce mensonge, désolé. C'est elle qui avait commencée à briser votre union inconsciente sur la glace, et qui t'avait donné envie de lui montrer que toi aussi, tu pouvais patiner plus vite qu'elle et te retrouver premier. « Moi je crois plutôt que tu es une grosse provocatrice... Qui aime se mettre en avant. » Tu répondais, essayant de la juger sur le peu que tu pouvais connaître d'elle – enfin, le peu dont tu avais pu être témoin. Ce n'était peut-être pas totalement vrai, mais si ça pouvait la faire rager un peu que tu la trouves légèrement comment dire ça … Prétentieuse ? Princesse ? Tu ne savais pas comment qualifier ça. Tu essayais ensuite de te relever, et tu avais du mal. La neige, ce n'était pas ce qui était le plus présent à Monaco, et tu passais plus ton temps sur les plages du sud que sur les pistes de ski ou les patinoires gelées. Tu aimais bien, c'était assez cool, mais tu n'avais pas encore l'agilité ni les connaissances techniques qui te permettaient d'être vraiment à l'aise. « Eh ! » Mais c'est qu'elle essayait de te faire tomber là petite ! « Atteeend, laisse-moi faire ! » Tu grognais légèrement parce que tu voulais seulement qu'elle arrête de bouger pour que tu puisses une fois pour toute te lever... En s'aidant d'elle, oui . « Vous êtes culotté quand même ! Premièrement vous m'aidez pas à me relever, ni même vous excusez. Et ensuite vous vous servez de moi pour vous relever. Merde quoi. » Enfiiiiin, tu te levais, like a god, fuck yeaaah. Bon elle aussi elle en profitait pour se lever d'une technique bien moins précaire que la tienne, enlevant la neige sur ses vêtements et puis elle partait comme ça, genre wtf quoi. Tu fronçais les sourcils, te mettant à patiner derrière elle, la suivant. « Aller, fait pas du boudin ! » Tu l'appelais, parce que oui, elle te faisait carrément un gros boudin tout puéril là. Elle n'avait vraiment pas du aimer la manière dont tu te relevais. Tu venait devant elle, te mettant face à elle afin de glisser en arrière en essayant de ne pas te casser la gueule, lui faisant une petite moue. « J'suis pas si méchant, ces patins sont une vraie horreur à faire fonctionner. » Ouais, c'était pas une super excuse mais c'était là vérité d'abord.