Ashton ► I can be your girl when she's not around here

Je m'emmerdais. Je me faisais sacrément chier et ma colocataire n'était pas là. Enfin, colocataire était un grand mot. On partageait juste cette chambre et rien de plus. C'était Angie, une autre Quincy avec qui ça allait mais sans plus. On se parlait vite fait. En fait, je l'avais choisie pour ne pas avoir à me prendre la tête sur des futilités comme le nom de la personne qui allait passer ces quelques nuits avec moi. Oui, concrètement, on choisit toujours tous un colocataire avec qui on ne passera même pas la moitié du séjour, alors, à quoi bon ? J'avais pris la solution de facilité. La Angie ! Je m'ennuyais tellement que j'avais fini par envoyer un message à Ashton, en espérant que sa Naomi ne serait pas là. Cette fille à problème, qui pétait plus haut que son cul difforme. Mon petit ange je m'ennuie, ça te dit de passer dans ma chambre, qu'on discute un peu ? J'ai pas envie de sortir, il fait trop froid là
J'avais fait dans la simplicité. On sait jamais, au cas où la vipère serait juste à côté. Je n'avais pas envie de me prendre la tête avec elle parce qu'à ses yeux, je suis beaucoup trop proche de son géant en chocolat. Disons que quand elle hurle, ça donne la migraine et t'as qu'une envie, lui envoyer ton point en pleine figure, qu'elle se taise un peu. Quoiqu'elle dise, Ashton, je ne pouvais pas m'en séparer, c'était mon second souffle, ma grande boule d'énergie et ça me faisait un bien fou de parler avec lui, de rire avec lui. J'attendais une réponse de sa part. Je regardais mon téléphone, ouvert sur les messages qu'on s'envoyait habituellement. Ca faisait un peu miss impatiente. Il fallait que je fasse autre chose, que je trouve une occupation. Je poussais mon téléphone loin de moi. Téléphone qui finit par atterrir sur le sol. J'hurlais comme si je venais de retirer la bande de cire de ma jambe pour la première fois. « Mon bébé d'amouuuur ! ». Mon téléphone était mon petit bébé et je venais de le jeter à terre sans le vouloir. Je me levais, accélérant le pas jusqu'à lui, le prenant dans mes mains. Il n'avait rien et je me mis à caresser l'écran, à faire des bisous dessus, comme si c'était un petit enfant et que je voulais apaiser la douleur. Je suis sacrément atteinte.

Naomi était allée à sa soirée fondue. Elle ne l’avait pas prévenu, elle était partie alors que le géant de plus de deux mètres prenait une douche pour se réchauffer de sa journée passée dehors à faire le con sur une luge. Parce qu’Ashton, il ne skie pas, il ne fait pas de snowboard. Nombreux garçons s’étaient d’ailleurs foutu de sa gueule quand il avait dit qu’il ne préférait pas mettre les pieds sur une piste au risque de tuer quelqu’un parce qu’il n’avait jamais skié de sa vie, faute de moyens financiers pour ce faire. Et il n’avait pas envie d’être ridicule devant tout le monde, il s’était donc abstenu, et avait préféré se maraver dans la neige en luge. Il testerait le Bobsleigh, ça pourrait être marrant. Ashton avait donc pris l’initiative de ne rien faire sans Naomi, et s’était installé confortablement sur le lit trop petit pour lui, son ordinateur sur les genoux, se matant de vieux classiques sur ESPN, analysant particulièrement le jeu des pivots de l’époque, répondant de temps à autres à Naomi qui lui confiait que la soirée était particulièrement stressante, qu’une bizut Cabot se permettait tout et n’importe quoi avec elle, et il était convaincu que Naomi allait finir par sortir les griffes, alors plutôt que de se mettre tout le monde à dos au sein de sa confrérie, il tentait de la raisonner. C’est alors qu’un autre message apparut sur son Iphone 5c. Leyna. Elle lui proposait de la rejoindre, et il n’était pas contre, bien au contraire. Ça lui permettrait de voir autre chose que la testostérone du basket, et Naomi. Il savait bien que Leyna ne portait pas vraiment Naomi dans son cœur, et qu’elle reprochait à Ashton de trop s’isoler. Elle n’avait pas tort sur ce dernier point, mais Ashton ne s’en sentait aucunement lésé. Il éteignit son ordi et se releva du lit, envoyant un message pour prévenir sa copine qu’il s’absentait momentanément, précisant qui il allait voir, pour qu’elle sache où le trouver en cas de problème. Il savait qu’elle serait probablement jalouse, et il se doutait qu’elle n’hésiterait pas à le lui faire savoir, mais Ashton souhaitait que Naomi commence à lui faire confiance maintenant, parce qu’il ne voyait qu’elle, et qu’il ne s’imaginait pas sans elle, elle n’avait donc rien à craindre. Il le pensait tout à fait. Et puis, mettant ses Jordan, il prit la direction de la chambre de son amie. Il lui envoya un message pour lui signaler qu’il arrivait, mais elle ne le recevrait probablement que quelques secondes avant son arrivée, alors il fit court et une fois devant la porte, il tapa doucement, attendant qu’elle daigne lui ouvrir. Mais comme elle était trop longue, Ashton se permit d’ouvrir la porte et trouva Leyna en train de faire des baisers à son téléphone. Arquant un sourcil il lui demanda : « Mais qu’est-ce que tu fais, t’as pété un cable ? » Il explosa de rire tant la scène était ridicule.

Je devrais y penser à deux fois avant de laisser ma porte déverrouillée. Sait-on jamais. Il se pourrait que de grands blacks de deux mètres de long entrent dans la chambre sans prévenir et vous surprennent entrain de bécoter votre téléphone portable, en train de le caresser, de lui faire des mamours. Non mais, quelle honte ! Ashton se trouvait là, devant moi, ou plutôt, derrière moi et me fixait avec de grands yeux avant de me demander si j’avais pété un câble. Franchement, j’avais l’air d’une fille en manque d’affection. Bon, c’était un peu le cas, mais il ne fallait rien dire à personne. Putain, je me faisais vraiment de la peine. Il fallait que je me trouve un chéri, fissa ! Pourquoi pas Ashton tiens ! Mais pour ça, il fallait qu’il se débarrasse de la Cabot. Mon comportement ne faisait pas très Quincy, mais je m’enfichais un peu pour le coup. Sur ça, je n’avais pas envie de me la jouer, cœur sur la main et tout ce qui va avec. Je voulais me la jouer, main sur son cœur, main sur son torse, lèvres sur les siennes. Ca y est, je m’emballais déjà. Je reprenais donc mes esprits. « Il a failli décéder en atterrissant sur le sol. Il fait partie de ma vie sociale voyons ! ». Je perdais la raison. Tout ce froid, cette neige, ces montagnes, ce n’était pas forcément pour moi. Alors, pourvus que l’on retourne vite à Cambridge, que je puisse retrouver la chaleur de mon chez moi, de mes draps. Que je retrouve mon train-train quotidien. Mais revenons-en à nos moutons. A mon basketteur haut… haut comme un pommier. Je me voyais pas dire haut comme trois pommes, c’était pas du tout le cas. Il se mettait à côté des pommes et elles se couvraient de ridicules ces bécasses. « Où est ta Cabot alors ? ». Je ne sais pas, mais partout où il allait, elle se trouvait à ses côtés. Comme une sangsue. A chaque je les voyais ensemble, j’avais cette grande envie de prendre une branche, un bâton et de la décoller de lui, de le prendre et de courir loin d’elle, quelques temps, que l’on puisse discuter ensemble. Dans le fond, il me manquait énormément et ça me soûlait de pas pouvoir passer du temps avec lui, comme avant. De parler de tout et de rien, comme avant aussi. Putain, mais qu’elle se casse l’amérindienne ! Je l’imaginais déjà venir frapper à ma porte pour lui demander de retourner dans leur chambre. Au fond, je me faisais peut-être quelques films. C’était peut-être un ange. Et c’était certainement la jalousie qui me faisait réagir ainsi. Il fallait que je me calme avant de perdre Ashton. Enfin non, je pouvais continuer de penser ce que je voulais car après tout, il ne savait pas ce que je pouvais penser de sa petite amie, de sa relation, etc… Alors, je pouvais continuer de la critiquer et faire celle qui l’appréciait, ou du moins, la tolérait en face. Il ne faut pas me demander la lune, mais ça, je pouvais le faire… Pour lui !

Ashton et Leyna s’entendaient vraiment bien. Evidemment, il évitait de parler d’elle à Naomi, car il savait comme la Cabot pouvait être jalouse. Sauf qu’elle n’avait rien à craindre, il ne se passerait rien entre une autre fille et lui. Il ne pouvait pas la tromper, il l’aimait bien trop. Remarque, ça n’avait pas empêché Jacey d’aller voir ailleurs alors qu’il semblait fou de Jade. Oui mais Jacey n’était pas Ashton. Jacey  était beaucoup plus capricieux que lui. Leyna lui expliquait qu’elle avait vu sa vie défiler en voyant son téléphone exécuter une chute inattendue. Elle lui avait fourni cette excuse comme la justification la plus efficace, et Ashton continuait de se moquer doucement en riant de bon cœur et en lui signifiant qu’un téléphone ça avait généralement une durée de vie, et qu’une fois mort on le remplaçait par un autre. C’était loin d’être comme les personnes qui partageaient votre vie : « Ouais mais un téléphone ça se remplace, c’est pas indispensable ! » Toutefois, l’épisode du téléphone ne devait pas s’éterniser, il n’était pas non plus venu pour parler de son Iphone, alors il s’approcha d’elle, lui tendant la main pour la relever, et il l’enlaça amicalement, s’amusant même à la saluer alors que ça faisait déjà un moment qu’il était là : « Bonjour mademoiselle ! » Et puis, il desserra son étreinte, observant la chambre de la demoiselle qui n’avait rien à voir avec celle dans laquelle Naomi et Ashton créchait. La question de Leyna le surprit un peu. Elle demandait des nouvelles de Naomi. Certes, ce n’était pas dit de gaieté de cœur, il le voyait bien, mais ça restait surprenant. Il est vrai que depuis le mois de novembre, Ashton et Naomi étaient toujours fourrés ensemble, il ne se passait pas une journée sans qu’on ne les aperçoive à se tenir la main, à s’embrasser, ou à se rendre quelque part ensemble, tout simplement. Ils étaient pires que des siamois. Et c’est vrai qu’ils délaissaient un peu le monde autour. Il voyait de moins en moins ses amis, tout passait au second plan. Naomi occupait la place de choix dans sa vie. Et Leyna en pâtissait. Pour autant, ça ne voulait pas dire qu’il la négligeait, ou du moins, il avait toujours envie de passer du temps avec elle, et c’était pour cela qu’il n’avait pas refusé son invitation. Il savait pourtant que Naomi risquait de lui demander des comptes, parce que Leyna était une femme, mais il se disait qu’elle lui faisait confiance et que par conséquent, puisqu’il l’avait avertie, il pouvait passer du temps avec son amie. Il répondit donc à la demoiselle, sans feindre la surprise caractéristique qui l’animait. « Elle est à une soirée fondue entre Cabots. Tu t’intéresses à elle maintenant ? Depuis quand ? » En fait, elle devait s’intéresser à son absence, car c’était un fait assez rare pour le noter. Ashton prit ses aises et s’assit sur le lit de la demoiselle, comme s’il était chez lui, et posant le regard sur la jeune américaine il posa la question fatidique qu’elle lui posait d’ordinaire, et qu’elle avait cessé de prononcer le jour où il s’était mis en couple avec la Cabot. « Et toi alors, y a pas un petit Quincy qui s’est emparé de ton cœur ? » A en juger la chambre, non. Elle n’était pas avec un gars, mais le doute était permis vu qu’elle semblait très attachée à son téléphone, peut-être lui cachait-elle des choses qu’elle pourrait lui révéler aujourd’hui. « C’est peut-être pour ça que tu tiens tant à ton téléphone ! » Jugea-t-il bon de faire remarquer. Mais si elle avait été en couple, l’aurait-elle fait venir aujourd’hui pour discuter comme avant ? Pas si sûr. Il avait donc quasiment sa réponse.