#Jade - Pas de nouvelles... mauvaises nouvelles

J'étais censée être entrain de faire mes valises pour notre retour à Cambridge dans peu de jours. Dans deux jours en faite. Mais, il fallait que je fasse une petite pause dans mon rangement. J'en pouvais plus. Je trouve que ce genre d'activité donne mal à la tête. Surtout quand on la fait pour rentrer chez soi. Encore, aller en vacance, ça passe, mais rentrer, ça fou un coup au moral et j'avais pas tellement besoin de ça. Me dire qu'après une absence d'un mois de cette université, j'allai bientôt y remettre les pieds, ça me donnait envie de me flinguer. J'avais trop peur de ce qui allait s'y passer. Puis, je n'avais pas vu ma soeur tout du long. C'était sans doute le bon moment d'aller lui rendre une petite visite. Entre deux pliages de vêtement. J'espérai que son petit-ami n'était pas là, que je puisse avoir ma française rien que pour moi. C'est pas que je l'aime pas, non, j'ai juste besoin d'un petit moment avec elle. Pour parler de tout et de rien, comme deux soeurs le feraient, tout simplement. J'enfilais mon manteau, comme si j'allai sortir de l'hôtel pour me rendre directement à la chambre de Jade. Je frappais à sa porte sans m'arrêter. Jaaaaaaaaaade ! Je me fais souvent remarquer quand je rends visite aux gens. Il m'arrive que très rarement de frapper calmement, normalement à leur porte. Je trouve ça tellement ennuyeux. Autant donner le ton dès le moment où on frappa à cette maudite porte. En attendant qu'elle ouvre, je me demandais comment j'allai faire. Comment j'allai frapper à la porte de Chrissy quand j'aurai enfin le courage d'aller lui rendre visite avec Andrew ? Question conne mais importante pour moi...

Je devenais dingue. Je ne sais pas si c'est le fait d'avoir changé d'air, de pays ou le fait d'avoir trop bu et manger durant les fêtes, mais je me sentais pas bien du tout. Je vomissais, le matin, c'était une horreur. Le pire dans tout ça, c'est que je détestais cette action. Vomir, c'était en quelque sorte une phobie pour moi. J'avais envie de pleurer à chaque fois que je finissais. Jacey était sorti, je ne sais où et ça me foutait encore plus en rogne. J'allai faire comme dans Comment tuer son boss 2 et me télécharger cette putain d'application qui te disait où se trouvait ton mec. Hier soir, j'avais eu dans l'idée d'aller acheter un test, juste pour être sûre. Mais je ne savais pas quand j'aurai l'occasion de le faire. Jusqu'à maintenant, jusqu'à ce que je me retrouve seule dans ma chambre. Je voulais écarter toute possibilités. J'étais pas prête pour ça et je voulais tout simplement pas l'être. Pas être enceinte et surtout pas être prête. Il allait m'en falloir du temps avant que je le sois. J'allai bientôt être tata mais c'était totalement différent ça. C'était pas de moi qu'ils allaient sortir, c'était pas moi qui les portais pendant 9 mois, c'était pas moi qui allait me réveiller toute les nuits, jusqu'à ce que le bébé réussisse à faire une nuit complète sans me casser les oreilles. J'étais pas prête du tout. Je voulais juste profiter de ma vie universitaire, de mon couple, de ma jeunesse, de mon insouciance avant d'avoir à passer par là. Par tout ça. J'avais sortie le test et avait fait le nécessaire avant que Jacey ne revienne. Une fois l'atroce et inconfortable épreuve du jet d'urine sur la languette passée, je le posais sur le lavabo, attendant que les minutes passent. Mais je n'eus pas le temps. On m'interrompait dans cette lourde épreuve. Une personne frappa à la porte et je reconnus rapidement la voix d'Aaliyah. Je ferma la porte de la salle de bains, courant vers la porte d'entrée de la chambre. « Aaliyaaaaaaaaaaah ! ». Ca me faisait tellement de bien de la voir. Ca allait me changer les idées. Je lui laissais un peu d'espace, qu'elle puisse entrer dans la chambre. « J'ai un truc à te montrer ! ». Je ne pouvais plus rien partager avec la fille qui me servait autre fois de meilleure amie mais je le pouvais toujours avec ma grande soeur. Je ferma la porte derrière elle avant de lui prendre la main et de l'emmener jusqu'à la salle de bains, lui montrant le test de grossesse. « Dis-moi ce qu'il y a écrit dessus ! ». Je voulais ma réponse et tout de suite et je préférai ne pas le voir. Juste l'entendre !

J'avais à peine eu le temps de mettre le pied dans la chambre qu'elle me saisie la main, courant avec moi jusqu'à sa salle de bains. Doucement la jument. Elle avait l'air d'avoir oublié que j'étais enceinte et que je vivais pas la plus facile et calme des grossesses. Mais je la suivais quand même. J'avais pas tellement le choix apparemment. Arrivées dans la pièce, elle me montrait un objet allongé, bleu et blanc posé sur lavabo. Un test de grossesse. C'est pas vrai ? Une grossesse ? Encore ? Ma soeur enceinte ? Je ne savais même pas si elle le voulait. Puis, je m'emballais alors que je ne connaissais même pas encore le résultat. Je m'avançais lentement. Je soufflais longuement. Je ne savais pas si j'avais envie de connaître la réponse avant elle. Je ne savais pas si je devais être enthousiaste ou triste en lui disant qu'elle est enceinte, ou non. Je le pris entre mes mains, le retournant lentement vers moi pour y voir affiché "Enceinte". Je n'osais pas me retourner vers elle afin de lui donner la réponse. J'y arrivais pas, c'était trop dur. Je relevais la tête pour apercevoir l'expression qu'elle avait sur son visage et je hochais la tête. C'est positif bébé ! Je me retournais vers elle, posant le test où il se trouvait au départ. J'avais envie de la prendre dans mes bras mais je ne savais pas si elle était pour ou contre. Comment elle allait le prendre. Je ne me voyais pas faire le premier pas. J'allai attendre qu'elle le fasse elle-même. Mais j'étais là pour elle, quoiqu'elle fasse. Si elle tombait, j'étais là pour la retenir et l'aider et se relever. Elle faisait partie de moi, depuis longtemps.

On était dans la salle de bains et je lui avais désigné le lavabo. Je voulais qu'elle prenne le test et me dise ce qu'il y avait écrit dessus. Je ne voulais pas le voir écrit. Peu importe le résultat, je ne voulais pas le lire. Et le suspens fut interminable. Elle serait bonne pour les remises de prix elle. J'avais envie de l'étrangler, de la secouer. Puis, en la voyait hocher la tête, je vis mon monde s'écrouler. Surtout quand elle le confirma oralement. J'avais l'impression de ne plus pouvoir respirer. J'avais envie de terminer le travail et de m'étrangler, de ne plus vivre. Je tombais à genoux sur le sol et les larmes se mirent à couler d'elle-même. « Putain de merde ! C'est juste pas possible ! ». J'avais l'impression qu'on me plantait un pic en plein coeur. Ca allait pas du tout avec Jacey en ce moment, alors pourquoi rajouter un gosse là-dedans ? Ouais, je disais ça parce que je me voyais pas avorter. Je trouve que c'est une solution de merde. J'aime pas du tout. Enfin, tout dépends du cas. Voilà, j'étais perdue, je relevais la tête vers Aaliyah. « Ca va juste, pas du tout entre Jacey et moi en ce moment. Il était tellement remonté contre moi après notre dernière dispute qu'il s'est blessé... je... putain je peux pas, c'est pas possible ! ». Je ne savais pas quoi dire d'autre à part c'est impossible car ça l'était à mes yeux. Tout ça n'était qu'une mauvaise blague. Il fallait que je vois le test. Il fallait que dessus soit écrit pas enceinte. Oui, c'est ça. C'est Aaliyah qui avait mal lu. Il fallait que je le fasse moi-même. Je me relevais, faisant de grands pas jusqu'au lavabo où je pris le test entre mes mains, fixant le résultat. Je me retournais ensuite vers ma soeur. Je m'approcha lentement d'elle et la prit dans mes bras, continuant de pleurer comme un bébé. Un bébé...

En effet, cette grossesse ne lui convenait pas et j'avais fini par le comprendre en entendant cette phrase si poétique remplie d'insultes. Elle se mit à genoux, devant moi et les cris laissèrent leur petite place à la peine, aux larmes. J'avais envie de la consoler mais j'avais peur qu'elle me rejette alors je ne bougeais pas. Je l'écoutais seulement. Elle me parlait de Jacey. De leur couple. Ca n'allait pas du tout. Depuis le pseudo mariage de Grace et Swan, je pensais que ça s'était arrangé, mais ce n'était apparemment pas le cas. Et pourtant, ils formaient un si beau couple. J'avais envie de pleurer en la voyant se mettre dans tout ses états et les hormones, ces stupides hormones n'arrangeaient rien. Elle se leva et prit le test de grossesse entre ses mains. Comme si elle ne me croyait pas et qu'elle voulait avoir la preuve que je disais la vérité et pour finir, elle me prit dans ses bras, pleurant de plus belle. Je n'allais pas laisser mes larmes couler. Il fallait que je la console, que je lui montre que j'étais là pour elle, quelque soit sa décision. Je n'allai pas la juger, je n'étais pas la mieux placée pour le faire et surtout, ce n'était pas à moi de le faire, ce n'était pas mon rôle. Moi, il fallait que je me montre juste et présente pour elle, envers elle. Bébé... arrête de pleurer, ça va aller ! Je passais ma main dans ses cheveux. Je ne savais pas quoi dire d'autre. Je n'étais pas douée pour consoler les autres car habituellement, c'est moi la personne en larmes, que l'on se tue à consoler et à dire que tout ira bien. Et je ne voulais pas user de ces pseudos belles paroles avec elle. Je voulais juste qu'elle sache qu'en effet, tout allait s'arranger et surtout, que j'étais là pour elle. Tu... Tu comptes faire quoi ? Le dire à Jacey ? Avorter ? Le garder ? Il y avait tant de questions à se poser et rapidement.

Pleurer dans ses bras, l'entendre m'appeler bébé en me disant que tout irait bien. J'avais longtemps rêvé de cet instant, avec ma soeur. Cet instant dont mon père m'avait privée, m'empêchant de l'approcher. Mais tout ça, c'était fini et je pouvais enfin profiter de sa présence, de ses conseils, de sa gentillesse sans égal. Je ne la lâchais plus, continuant de pleurer dans ses bras. Je pourrai y rester des heures si nous n'avions pas nos vies respectives à côté. « Je l'espère oui ! J'ai tellement peur, je suis tellement perdue ! ». Je séchais mes larmes. Mais ça ne servait à rien car elles coulaient de plus belle. Et puis, elle me demandait ce que je comptais faire. Je ne le savais pas trop. Ce qui est sûr, c'est que je devais en parler à Jacey et le plus rapidement possible. « Je sais pas. Je vais lui en parler mais j'ai peur de sa réaction. En ce moment il est tellement... étrange, sur tout... ». Etrange, le mot était faible mais je ne savais pas quel mot plus puissant employer alors je me contentais de celui-là, tant pis.

Jacey était étrange. Il devait bien y avoir une raison. Ils devaient en discuter tout les deux, sinon, ça finirait par empirer la relation qu'ils entretenaient depuis maintenant 2 ans. Elle ne voudrait certainement pas que ça se finisse ainsi, à cause d'un manque de communication entre eux. Il est comme ça, tu dois faire avec, prendre sur toi et parler avec lui, car apparemment, certains mecs ne savent pas faire la part des choses. C'est donc à toi de le faire ! J'aurai pu lui donner des conseils, mais à vrai, je me souvenais pas du tout de la façon dont je l'avais annoncé à Andrew. Je me souvenais de rien. Comme si mon cerveau voulait oublier des parties de ma vie, volontairement. Je me souviens des cris, de ma part bien sûr. Mais ça, c'est vraiment inutile comme souvenir car au départ, je lui hurlais constamment dessus. Je n'arrivais à rien avec lui. A présent, c'était différent. Si t'as besoin de quoique se soit, tu sais que tu peux compter sur moi !Je prenais sa main dans la mienne avant de venir déposer un baiser sur sa joue. Ca me faisait du bien finalement d'avoir petite soeur. De jouer à la grande soeur qui donne des conseils. Habituellement, c'est à moi qu'on en donne.