DEVANYA ✎ girl, you can't survive

Nous étions le 22 décembre, il fallait que je trouve un cadeau pour mon père que Kenny pourrait lui offrir. Un ancien livre sur notre famille, rédigé dans ma langue maternelle qu'il avait toujours recherché mais en vain. J'étais donc partie dans le but de l'acheter, sans que rien n'y personne ne vienne se mettre entre ce parfait cadeau et moi-même. Kenny voulait encore faire ses preuves devant mon père et bien que je ne lui se pas, il avait bien raison de le vouloir. Quand bien même nous étions mariés, quand bien même nous ayons une petite fille -la plus belle des petites filles au monde en passant - ensemble, mon père était un homme difficile à satisfaire. Dehors, il faisait froid, il ne neigeait pas encore, pas comme en Russie où la neige s'entassait au fur et à mesure. Je poussais la porte de cette vieille boutique, c'était loin d'être le genre de boutique que je fréquente d'ordinaire, tout ceci m'avait l'air poussiéreux et pourtant, j'avais l'impression de faire partie d'une histoire en étant ici. Ce lien était remplit d'anecdote, regroupé des objets de plusieurs centaines de siècles. Je regardais tout autour de moi, enlevant mon manteau sous la chaleur écrasante de la boutique en la lançant sur le tiroir caisse pour que le vendeur puisse la prendre, d'ordinaire, c'est comme ça qu'on fait dans les magasins de luxe avec les clients importants et j'ai toujours été une cliente importante. Je laissais mon regard vagabonder sur les étalages, ce magasin était grand, c'est là que je vis une immense bibliothèque. J'eu un petit sourire en coin, allant rapidement vers cet endroit pour commencer ma recherche, sans me préoccuper de l'entrée d'un nouveau client, à 4 jambes.  ( 2 jambes + 2 béquilles .... )

S'il y avait une partie de Noël que tu appréciais plus que tout, c'était la recherche des cadeaux. Certes, vous partiez demain à Londres, toi et William, mais il te manquait encore son cadeau, ce qui expliquait pourquoi tu t'étais aventuré seul à l'extérieur de la Lowell House, alors que vous auriez plus été motivés par d'autres activités, le temps que vous étiez relativement seuls. A vrai dire, tu avais peur de ne pas trouver quelque chose qui te conviendrait totalement à lui offrir. Tu le connaissais par coeur bien sûr, depuis le temps que vous vous fréquentiez, mais cela ne rendait la tâche que plus ardue. Il te restait encore un endroit cela dit, un magasin qui semblait regorger de choses anciennes. Tu te rappelas encore de votre première rencontre, et de cette visite du magasin d'antiquités, souriant à ce souvenir. S'il y avait bien un endroit de la dernière chance, c'était celui-ci. Poussant la porte, tu restas quelques instants immobile, cherchant par où commencer. Repérant une bibliothèque chargée à ras bord et donc par défaut plus que prometteuse, tu t'y avanças, ne faisant pas particulièrement attention à la jeune femme blonde qui y fouillait déjà. Coinçant l'une de tes béquilles sous le bras tenant déjà la deuxième, tu tâchas d'attraper un livre, lorsque tu touchas la main de l'autre personne présente qui semblait aussi vouloir le livre. La scrutant du regard, tu eus un léger mouvement de recul et tu blêmis tout autant, en la reconnaissant : quel était le pourcentage de chance que tu tombes sur Anastasiya dans ce magasin ? Très faible, mais cela était suffisant pour que cela se produise.

Les étagères étaient poussiéreuses, c'était affreux. J'aurais pu envoyer un de nos domestiques, mais je n'étai pas certaine qu'ils est la force de persuasion que j'ai, ni même la détermination qui m'habite en cet instant. J'avais besoin de ce livre, Kenny avait besoin de ce livre. Je sais que mon père désire ce livre, je l'avais cherché à une époque, mais rien alors lorsque mon historien, que j'avais mis sur le coup depuis, m'avait dit que ce livre se retrouvait par chance, dans un magasin d'antiquité de Cambridge, j'avais foncé. C'est pas croyable, vous faites le ménages tous les ans dans cette boutique ou quoi ? demandais-je en me tournant vers le vendeur en toussant un peu et en secouant mes doigts. C'était juste affreux. J'avais l'impression d'en avaler des kilos. Cependant, je continuai, je n'allais pas abandonner alors que j'étais si proche du but non ? J'entendais des bruits de pas venir vers moi, du moi, un pied et 2 béquilles, je ne faisais pas attention plus que ça, même lorsque je vis un bras se lever vers la même étagère que moi. J'étais concentré, personne ne pouvait venir me perturber, mise à part lorsque la main de ce même bras venait se poser sur le même livre que moi. Aussitôt, mon regard se tournait vers cette main, ce bras, pour se poser sur cette longue chevelure. Une chevelure de femme... ou pas. C'était Devyn, Devyn et ses 4 jambes, à croire que la danse ne lui allait pas. Tu permets ?! J'étais ici en première dis-je en plongeant un regard peu commode dans le sien. C'est quoi cette éducation ? Je détestai ce genre de chose, tout comme les personnes qui viennent tourner les portants alors que nous sommes en train de regarder les articles exposés. C'est pas parce que t'es en béquille que t'es dispensé de répétition, regarder ça peut être très instructif

S'il n'y avait pas eu cette atmosphère un peu poussiéreuse voire ancienne, tu ne serais jamais restée dans la boutique. Cela aurait été paradoxal, de venir trouver des antiquités dans un lieu tout ce qu'il y avait d'aseptisé, cela n'aurait même pas été très logique en fait. Entendre la femme pester t'agaçait donc quelque peu, et te faisait te demander ce qu'elle pouvait bien ficher là. Tu ne tiltas toujours pas son identité, mais qu'importe : tu étais dans tes recherches et en mode ermite le temps que tu trouves. Saisir ce livre en même temps te fit presque sursauter, puis blêmir lorsque tu reconnus Anastasiya : si tu avais fait plus attention, tu serais sorti de là avant qu'elle ne t'ait vu et tu aurais évité ce genre de problèmes. Tu eus simplement un mouvement de recul de ta main pour lui laisser son livre, ne cherchant absolument pas à batailler contre elle, surtout que tu avais simplement voulu le sortir de son emplacement pour voir ce dont il s'agissait. Tu savais que tu n'étais pas particulièrement en tort certes, mais tu craignais vraiment trop ses colères pour te risquer à lui tenir tête pour quelque chose d'aussi futile. Ce qui était beaucoup moins futile par contre était sa remarque sur le fait que ta blessure ne t'empêchait pas de venir aux répétitions. Je le sais. Mais j'avais une obligation de repos jusqu'à peu. Ce n'était pas totalement faux, les médecins t'avaient demandé de bouger le moins possible... pendant une bonne semaine. Après, c'était juste parce que tu n'avais pas voulu la revoir, effrayée qu'elle puisse encore t'humilier, comme elle avait l'habitude de le faire. Mais là... Tu étais coincé, autant faire semblant. Je suppose que tu as parfaitement trouvé qui pouvait me remplacer. Des gens très doués en danse sont nombreux à Harvard.

Devyn a cette nonchalance exaspérante, il parait être dans un autre monde, déconnecté de la réalité. C'est le genre de personne qui m'horripile à un point que je ne serais qualifier. Lorsque je parle, j'aime avoir l'attention de mon interlocuteur, j'aime qu'il me comprenne et j'aime qu'il soit d'accord avec moi, c'est peu demandé non ? Alors quand je le vois, debout devant moi, la seule chose que j'ai réellement envie de faire c'est de lui coller deux baffes en lui criant de se réveiller et d'arrêter d'être ce légume léthargique qui se traine de pièce en pièce. Ce livre qu'il avait dans les miens, c'était exactement celui que je voulais, alors je le lui arracher littéralement des mains et assez surprenant soit-il, il me le laisser calmement. Regarder n'a jamais été fatiguant fut ma seule réponse. Je ne comprenais pas ce genre de personne, lorsqu'on est passionné, lorsqu'on sait que cela peut être important pour sa carrière pour son année, obligation de repos ou pas, on fait l'effort pour une heure ou deux, du moins, pour ma part, j'étais ainsi. Si j'ai trouvé quelqu'un pour te remplacer .... Bien sûr ... que non Devyn, tu n'as pas encore compris que c'est toi que je voulais dans cette pièce, s'il faut te faire travailler deux fois plus pour rattraper ton retard ou retarder la première, je le ferais mais disons que c'est pas très élogieux pour toi dis-je en haussant les épaules. en tout cas je vois que tu as l'air d'aller mieux, si tu comptes aller au ski pour les vacances, évites de te casser une jambe et enlève moi ce regard de chien battu que t'as sur ton visage on dirait une fillette !

HJ: Pourtant il est tellement cute avec son regard de chien battu dans ta signature

Affronter les colère glaciales et légendaires de la jeune russe, tu avais déjà donné, et plus d'une fois, hélas pour toi. Cela avait été d'autant plus difficile que tu ne le cherchais généralement pas, bien au contraire : cela t'était souvent tombé dessus involontairement. Les rares fois où ça n'avait pas été le cas, c'était lorsque tu avais osé un peu répliquer alors... Tu préférais maintenant te taire face à elle, quitte à passer pour une mollasson poltron et soumis. Après tout, elle semblait déjà avoir un piètre avis de toi, même avant que tu ne la connaisses, qu'est-ce que cela changerait ? Elle estimait apparemment que tu étais en plus fainéant et tire au flanc, vu la réponse qu'elle donna à ton absence des répétitions. Bien sûr que tu ne diras pas que tu n'étais pas venu voir ce que cela donnait parce que tu avais peur de la recroiser : malgré ta couardise, tu avais tout de même un minimum d'orgueil. C'était pourtant la stricte vérité, quoi que tu en dises à voix haute : elle te fichait une trouille d'enfer, et tu refusais de te retrouver seul avec elle. Repos signifiait rester allongé et ne pas me déplacer. Mais bien sûr, cause toujours Devyn, arrête avec ton manque flagrant de crédibilité. A l'entendre dire en plus qu'elle voulait toujours te conserver, quel qu’en soit le prix, tu sentais de la sueur froide glisser le long de ta colonne vertébrale. Tu ne pouvais pas faire ça, c'était juste impossible. J'ai les béquilles au moins jusqu'à fin février. Sachant que sa première, à ce que tu en savais, devait être à la fin du mois voire début février, tu étais largement hors des clous pour raison médicale. A la base, si cela avait été un rôle pour toi que tu aurais pleinement accepté, tu aurais volontiers travaillé plus qu'il ne le fallait pour rattraper le retard, là, vu la manière dont tu t'étais fait "arnaqué"... cela te tentait beaucoup moins. Je n'irai pas au ski, je reste ici. Enfin, tu allais à Londres pour Noël, mais elle n'avait pas à le savoir. Le faire qu'elle te qualifie, une fois de plus, de fillette te fit encore une fois piquer un fard : même en étant habitué, te faire insulter de la sorte te blessait toujours. Tu savais bien sûr que tu n'étais pas le plus viril des hommes, mais tu ne voulais pas non plus être réduit à ton orientation sexuelle, ce qu'elle prenait elle-même plaisir à faire. Et je ne reviendrai pas dans ta pièce. Bon, ça... ça t'avait échappé : c'était la vérité, mais tu devais encore à la base peaufiner le tout pour qu'elle ne puisse pas s'y opposer. Pour le moment, tu n'avais fait qu'approcher ton professeur pour lui en parler, et il semblait prendre cela comme une passade. Tu voulais faire jouer ses mensonges pour pouvoir partir la tête haute, mais rien n'était moins sûr maintenant, surtout qu'elle était au courant par ta propre faute.