tous les cris les sos. (ruby)

Comme tous les jours, Ruby était contrainte de passer devant la salle de piano. Pourquoi ? Parce qu'elle passait devant pour aller en salle de philosophie et elle repassait devant à la fin de ses cours. C'était comme un supplice pour elle d'entendre des personnes jouer au piano, d'autant plus quand elle entendait des faussetés et qu'elle était capable de les corriger dans sa tête. Ça lui rappelait tant de mauvais souvenirs, tant de douleur, et elle en tremblait à chaque fois.

Ce matin là, livres de cours en main, sac sur son épaule gauche et bien emmitouflée dans son manteau, cachée sous son bonnet ; Ruby rentrait tranquillement de cours, en espérant que personne ne soit dans la salle. Elle se sentait si fragile ces derniers temps et même si elle ne le disait pas, mais entendre quelqu'un jouer au piano serait pour elle le coup fatal. Par malheur, une personne jouait au piano et malgré la douleur qu'elle ressentait à l'écouter, la perfection de ses notes attira son oreille et la poussa à approcher. La porte était grande ouverte, et elle pouvait observer la personne qui était de dos sans qu'il puisse voir les larmes qui montaient. C'était beau, propre et sans aucune fausse note. Ruby tremblait, pleurait et elle était sur le point de s'écrouler au sol quand la personne fit cette dernière note qu'elle connaissait tant, qu'elle avait joué encore et encore quand elle était petite et qu'elle avait aimé avant de se faire agresser par son prof. Lorsque le silence fut fait, elle laissa ses livres tomber, tomba à genoux et éclata en sanglots, le regard pâle et les larmes dévalant ses joues rosies par le froid.  

Les notes de pianos étaient chargées de souvenirs, d'un côté si bons et de l'autres si horribles. Je n'arrivais pas à m'en remettre, c'était si dur pour moi.

Je sentis une main se poser sur mon épaule et je me mis subitement à essuyer mes larmes. Personne ne devait me voir en état de faiblesse, personne ne devait savoir ce qu'il m'était arriver et je devais reprendre ma carapace. « Il...Je...Non, ça va. », dis-je en essayant de me contrôler. Malheureusement, mes tremblements prouvaient le contraire et je me sentais mal. Avant qu'il ne puisse à parler, j'éclatais à nouveau en sanglots. Je n'arrivais pas à me retenir et ça m'agaçait. Pourquoi ? Pourquoi je ne pouvais pas me contrôler ? Pourquoi je n'arrivais pas à reprendre ma carapace ? Je n'arrivais pas à comprendre ça, je ne pouvais pas et je n'aimais pas ça. D'habitude ce n'était pas un problème, et mon coeur battant à la chamade : j'avais l'impression que j'allais lâcher.  J'essayais de me relever, mais mes jambes ne me portaient pas. Je tremblais, j'étais pâle. Il avait joué à la perfection. Il avait joué à la perfection et ça m'avait fait remonter des milliards de souvenirs en tête. J'avais honte d'être comme ça, si bien que je n'osais même pas le regarder dans les yeux. Il avait fait tomber ma barrière et ma réaction était un cri qui venait du coeur, un appel à l'aide, un sos.