Comme un retour d'entre les morts... ○ with Léonora Aiyana Lockhart

Cela faisait maintenant six semaines que Romy était revenue de France, dans le seul but de revoir et parler à Léonora. Mais pourtant, l'occasion ne s'était pas encore présenté. D'abord, elle avait passé du temps avec ses parents, à Dillon, puis son inscription à Harvard avait mit un peu plus de temps que prévu, ce qui avait retardé son retour parmi les étudiants. Dont Léo. Mais, quand enfin tout fut fini et qu'elle put enfin rentré à l'université, les vacances étaient arrivées. Quelque peu découragée, la jeune femme avait d'abord pensé à retourner au Texas, avant d'entendre parler de la classe de neige, qui se passait au Canada, plus précisément au Lake Louise. Sautant sur l'occasion, elle s'était inscrite et avait plié bagages dans un état d'esprit mitigé. D'un sens, elle était heureuse et excitée à l'idée de revoir sa meilleure amie, « son âme sœur », comme elle avait l'habitude de dire. Et d'un autre sens, elle était effrayée. Non seulement car elle savait pertinemment que la jeune femme ne lui sauterait dessus, bras ouverts, pour l'accueillir. Oh ça non, elle s'en doutait. Mais elle craignait aussi que ce retour soit mal vu, que ce soit par la jeune Lockhart mais aussi par les autres. Après tout, Léah, qui avait prit son identité pour venir ici, devait s'être certainement fait d'autres amis en dehors de son amie.
Quand ils furent arrivés à l'hôtel, Romy fut encore une fois déçue, ne trouvant pas la personne qu'elle voulait voir à cause du monde qu'il pouvait y avoir. Evidemment, ils étaient nombreux à être venus. Elle passa alors le premier jour sans la voir, puis le deuxième dans sa chambre, ses émotions faisant les montagnes russes. Un coup elle était excitée, un coup elle était stressée... tout ça en l'espace de quelques minutes, voir secondes. Ce fut le troisième jour qu'elle se décida coûte que coûte à retrouvé la personne qui lui importait le plus. Et comme si la chance était présente, elle n'eut seulement qu'à descendre au rez-de-chaussé pour la trouver assise à une table, tasse fumante en main. Sûrement devait-elle boire un lait chaud, comme elle l'avait toujours fait. C'était une chose qui avait toujours rendu la jeune Miles curieuse, de voir que sa meilleure amie ne buvait seulement que du lait. Soufflant un grand coup, regardant autour d'elle, la brune s'avança doucement en prenant son courage à deux mains, le cœur battant la chamade dans sa poitrine. Une fois arrivée à hauteur de la jeune femme, elle parla d'une voix faible, paralysé par la peur.

- Léonora...

(Invité)

Aujourd'hui, ce n'était pas un merveilleux jour. Je me trouvais assise à une table du café de l'hôtel, près de la fenêtre. Je réchauffai mes mains autour de la tasse qui contenait du lait chaud. Mais j'observai le paysage par la fenêtre. Je ne m'ennuyais pas. C'est juste que je repensai à mon enfance avec Romy. Nous passions les vacances d'hiver à une maison de Toronto, on se faisait des batailles de boules de neiges dans les rues. C'était marrant parce que nous faisions toujours parties de la même équipe. Personne ne pouvait nous séparer. Parfois, nous nous disputions pour avoir le rôle de la petite chef. C'était plus fort que nous.
Ce souvenir m'arracha un sourire triste. Je sentis la chaleur me brûlait les doigts et je bus doucement le lait avant de reposer la tasse. Je jetai un œil à ma veste, puis je sortis un carnet et un crayon. J'avais envie d'écrire toutes les idées que j'avais pour mon association. Romy me manquait énormément. Je ne la reverrai plus jamais. Mais il fallait bien que j'avance et que mon combat contre le SIDA cesse un jour. Je ne voulais plus abandonner un combat. J'en avais assez.
J'étais sans doute en vacances, mais je trouvais toujours du temps pour travailler. Je regardai le paysage et j'écrivais tout ce que je pensais sur la mort de Romy. Je me vidai la tête, mais je ne pleurai plus. Il m'a fallu trois ans. Trois putain d'années pour faire le deuil de ma meilleure amie, ma sœur. On s'était dit qu'on n'allait jamais se séparer même pour un mec et pourtant, ce ne fut pas le cas. Notre amitié a pété le jour où elle était tombée amoureuse de l'autre enfoiré. L'amour foire tout. Croyez-moi, c'est un poison. J'écrivais ma haine sur l'amour... Même si quelques mois auparavant, je pensai être amoureuse de Nathan Prescott... Un Winthrop qui est partit de chez moi pour aller s'écraser plus loin... J'ai été mise au courant le mois dernier. Un point que je n'ai parlé à personne. Mais j'apprenais à avancer dans ma vie. À oublier le passé. Laisser le passé derrière moi m'aider beaucoup. Je regardai ma tasse et m'apprêtai à boire une gorgée de mon lait, mais je ne le pouvais pas. J'entendis le son d'une voix qui m'était étrangement familière. Une voix que mes oreilles ont perdu contact depuis trois ans. Je me figeai à cette appellation de mon nom. Cette voix ne m'avait plus parler depuis le jour où Elle est morte... Je crois que mon visage a blanchi sur le coup...Et mon état s'est dégringolé à la vue d'une jeune femme qui ressemblait fortement à Romy. Je battis plusieurs fois des paupières. Je ne savais pas quoi répondre. Mais j'avais une seule envie. Prendre mes jambes à mon cou et me carapater de ce café. J'avais juste envie de m'enfuir. Chose que je détestais faire puisque c'était réserver seulement aux lâches. Je me pinçai les lèvres et sentis mes larmes montaient. Je n'aimai pas pleurer et Romy ne m'avait jamais vu pleurer... Je serrai les dents et entrait mes ongles dans mon carnet. Pauvre carnet... Je vais l'abîmer...
- C'est moi, répondis-je froidement. Et vous ? Vous êtes qui?
Soit c'est le sosie de Romy, soit un fantôme. Mais je devenais pas tarée du jour au lendemain sans avoir une bonne raison ? ! La folie n'était pas comme ça ! Putain, je suis dans la merde...

(Invité)

Romy regarda la jeune femme, observant par la même occasion qu'elle écrivait quelque chose sur un carnet. Mais ne voulant pas porter atteinte à sa vie privée, elle ne chercha pas à en savoir plus en lisant. Elle-même n'aurait pas apprécié qu'on le lui fasse ce coup là. Quand Léonora entendit sa voix, la brune crut qu'elle allait mourir sur place en la voyant devenir pâle. La jeune Miles avala difficilement sa salive quand sa -son ancienne?- meilleure amie la regarda avec une lueur de souffrance dans les yeux, semblant la reconnaître et ne pas la connaître en même temps. Et ce fut encore pire quand elle lui répondit sans une once de sentiment, lui demandant qui elle était. Romy recula d'un pas, ahurie, son cœur loupant un voir deux battements. Elle passa une main dans ses cheveux, nerveuse. Elle qui était si pressée à l'idée de revoir la jeune femme, maintenant qu'elle lui faisait face, tous ses remparts s'effondraient, et la peur ainsi que la souffrance lui tiraillaient les entrailles. Reprenant sa respiration, elle baissa la tête et souffla doucement avant de relever le regard pour planter ses yeux bleus dans ceux marrons de Léonora.

- Ro...my. C'est... c'est moi, fit-elle en se foutant une claque mentalement.

Bien sûr, elle n'avait pas réussi à parler d'une voix claire alors que, bordel, elle avait toujours été forte. Jamais elle n'avait hésité à parler auparavant, même quand elle savait que ses paroles pouvaient être mal vues. Mais non. Aujourd'hui, elle était faible, comme si une partie d'elle-même s'était envolée à l'instant où elle avait croisé ce regard comme vide. Romy perdait tous ses moyens devant la seule femme qui lui avait toujours importé le plus.

(Invité)

La folie m'a-t-elle atteinte ? Je savais que j'allai devenir folle, mais pas pendant mes vacances de noël. Cette jeune femme venait tout juste de se présenter sous une voix enrouée. Elle s'est présentée sous le nom de Romy, comme si qu'elle a hésité ou bien que je l'ai giflé avant qu'elle ne me réponde. Mais ce n'était pas vrai ! C'était un canular ! Romy était morte ! Devant moi ! Je regardais les yeux de la jeune femme et je vis une lueur de peur et de souffrance. Bordel de merde ! Qu'est-ce qui se passe ? Je suis sûre que je suis endormie ! Il faut que je me réveille ! Je ne lâchai pas mon regard de la brune et je fronçai les sourcils. J'avais vu son geste, celui où elle passait sa main nerveusement. C'était le même mimique que ma Romy, ma sœur, ma meilleure amie. Je déglutis et attrapai la table pour me lever avec délicatesse. J'avais peur de cette femme. Mon cœur tambourinait contre ma poitrine comme si que j'allai faire un arrêt cardiaque. Mes larmes embuèrent mes yeux, je n'y voyais plus rien et dans des situations comme celle-ci, j'avais besoin d'une paire d'essuies-glace. Je soupirai doucement et secouai la tête. Je sentai une boule me serrer le fond de ma gorge pour m'empêcher de respirer.
- Mademoiselle... Ma meilleure amie s'appelait Romy Miles. Romy Miles, répétais-je sous un sanglot. Elle est décédée depuis le 3 septembre 2011, dans mon lit, dans ma chambre universitaire à Harvard dans le Massachusetts. Alors, je vous conseille de vous en aller et de cesser de me faire croire que Romy est vous...Sinon je vous jure, je vous tue ! Ma meilleure amie est morte, vous comprenez ? Elle est morte ! Enterrée !
Je venais de hurler et tout le monde s'est tourné vers nous. Mais j'en avais que faire ! Je ne voulais pas qu'on se fout de la gueule de mon amie. C'est dégueulasse ! Je regardai la femme dans les yeux et je vis la même souffrance qu'elle avait endurée quand elle était petite. Soudain, mon cœur rata plusieurs battements et je serrai les dents. Non ! Non, je n'allai pas pleurer ! Pas devant elle !

(Invité)

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