OOPS, I DID IT AGAIN ❋ CAMILLE

Lake Louise c'était une ambiance, quelque chose qui changeait définitivement du quotidien, même les soirées organisées certains soirs étaient complètement différentes de ce qu'il pouvait avoir l'habitude de voir à Harvard. Puis au fond, tout ce froid, cette neige, ça rendait Leo carrément gamin, il n'avait pas l'habitude, lui habitué aux Noël ensoleillés de Californie. Ce soir-là, il était déjà un peu éméchée, mais comme il avait son éternel petit sourire aux lèvres et qu'il marchait à peu près droit, il ne donnait pas l'impression d'être en plus mauvais état que d'habitude. Il se dirigea vers le bar, prêt à commander un nouveau verre avant de rejoindre à nouveau ses potes quand il s'arrêta pour saluer une certaine blonde qu'il connaissait depuis un petit moment maintenant. Puis c'était la classe d'être vu en compagnie de la présidente Cabot non ? Il s'approcha d'elle avec son verre, le sourire scotché à la bouche, il but une gorgée doucement avant de lui faire un signe de tête. Il s'approcha d'elle, passa un bras amical autour de ses épaules. « Salut toi ! Mais que fais la sage Camille un verre à la main, c'est pas bien ! » Il se mit à rire avant de la relâcher et lui faire face, à ce moment-là, il fronça les sourcils. « Ouhla tu fais bien triste mine. » Il l'avait vu un peu plus joyeuse que ça, il était un peu étonné de la voir aussi boudeuse alors que la fête faisait rage autour d'eux.

Comment un bar d'hôtel pouvait-il être aussi bondé ? Quand un couvre-feu vous interdisait de sortir après vingt et une heure, voilà comment. Cette histoire de violeur en série était dans tous les esprits mais bizarrement, en ce moment, c'était le cadet des soucis de Camille. Elle s'était laissée traînée par une bande de copine à aller passer sa soirée avec les autres Harvardiens, et après avoir dansé et rigolé, sa morosité avait fini par la rattraper. Abandonnant ses amies sur la piste de danse, elle était allée se réfugier au bar, lieu devenu tristement familier ces derniers jours. Elle commenda un verre et une fois devant elle, elle en vida une bonne partie d'une seule gorgée. Pitié qu'elle se sente vite mieux. Qu'elle puisse arrêter de penser à lui, à son visage, sa voix, et ses images affreuses qui lui traversaient l'esprit de lui et cette nana avec qui il avait couché. Walter n'était pas à Lake Louise et pourtant, elle avait l'impression que son ombre ne la lâchait pas une seconde. Soudain, quelqu'un passa un bras autour de ses épaules et elle se retourna un peu surprise, et découvrit Leo qui la saluait, apparemment en forme. Être sage ou n'être pas sage, mon choix est fait dit-elle avec un petit sourire bien que son visage reste peiné. Ouhla tu fais bien triste mine dit-il en s'installant face à elle. Ca se voit tant que ça.. ? demanda-t-elle en riant légèrement. Pourtant elle avait essayé de faire comme si tout ça ne la touchait pas, mais apparemment, même ça ça ne marchait pas.

Leo c'était le type avec qui il fallait signer un contrat. Ce qu'on lui donnait, il le rendait toujours. Voilà pourquoi Camille lui était devenue tout à fait sympathique depuis le jour où elle lui avait juré aide éternelle pour conquérir la vice-présidente des Cabots. Le brunet prenait ainsi le temps de saluer la blonde quand il la croisait, une façon pour lui de la remercier. Les voyages de l'université comme ici à Lake Louise, c'était aussi l'occasion de profiter des étudiants en dehors, autant dire que c'était l'endroit idéal pour partir à la chasse à la Maxine et Leo comptait bien mettre Camille sur le coup. Or quand il arriva près d'elle, elle était en mode zombie, pas spécialement la plus joviale des jeunes femmes présentes. Il rit doucement en l'entendant mais effectivement, elle était maussade, et c'était marqué en gros sur son front. Pas gossip pour un sou, Leo ne chercha pas la raison du pourquoi du comment, allant directement à la source, on est jamais mieux renseigné que par la source elle-même. « Oh que oui ! Bon dis-moi c'est quoi qui te tracasse à ce point ? » Il allait ajouter que c'était peut-être par rapport à la nouvelle collection de fringue de chez H&M qui était peut-être pas à la hauteur de ses attentes ou son rouge à lèvres qui avait dérapé sur ses dents mais il préféra se retenir de dire une connerie.

Ces vacances auraient dû être juste géniales, alors qu'au final, c'était une véritable catastrophe. Elle n'était même pas aller skier une seule fois, alors qu'elle adorait ça. Elle se sentait brisée en mille morceaux, et comme une coquille vide à la fois. Elle ne cessait de penser à Walter, à ce qu'il avait fait, et au trou béant qu'il avait laissé dans son coeur. Qu'importe au fond l'image qu'elle pouvait donner, pour l'instant la seule chose qui parvenait un peu à la réconforter c'était la fête, et l'alcool. Pour peu, elle serait prête à aller se faire bizuter chez les Mather tiens. Oh que oui ! Bon dis-moi c'est quoi qui te tracasse à ce point ? Camille eut un petit sourire, prenant une nouvelle gorgée de sa boisson. Leo était un gars vraiment cool, elle était contente de l'avoir rencontré ici. Puis il semblait réellement s'inquiéter pour elle. Et les mecs gentils, ça avait toujours été sa faiblesse. Mon mec m'a trompé et s'est barré à NY du jour au lendemain, sans rien me dire. Enfin, mon ex du coup.. dit-elle en haussant légèrement les épaules alors qu'au fond, rien que de parler de ça lui faisait mal au coeur. Parce qu'elle l'avait aimé.. et qu'elle l'aimait encore. Vidant son verre d'une traite, elle se tourna vers Leo avec un sourire, comme si tout ça n'avait pas eu lieu. Tu viens danser avec moi beau gosse ? demanda-t-elle avec un sourire enjoué, le tirant déjà par la main pour l'entraîner au milieu de la foule.

La jeune Cabot exposa tous ses soucis au jeune homme et c'est clair qu'il y avait du ragot à la pelle. Leo écarquilla les yeux puis quand elle eut fini sa petite histoire, il se mit à rire, pas méchamment bien entendu, mais il comprenait désormais mieux l'attitude de la blonde. Il secoua la tête. « Eh bien on peut dire que ton année 2014 se termine en beauté ! Va falloir prendre de bonnes résolutions pour 2015, ça va plus du tout ! » Puis la jeune étudiante réclama de danser, on peut dire qu'elle avait prévu d'oublier ses déboires et rapidement. Leo acquiesça, prenant alors la jeune femme doucement par le poignet pour se diriger vers la piste de danse. Délicatement, il posa ses mains sur les hanches de la jeune femme, bougeant au rythme de la musique. Il avait un petit sourire amusé aux lèvres tandis qu'ils se fondaient désormais au milieu de la foule des danseurs, tous plus ou moins alcoolisés. « Si j'avais cru danser un jour avec toi, tu me fais un grand honneur. » lança Halberstam avec un clin d’œil, par dessus la musique tout en continuant de danser.

Au vu de la tête de Leo, il avait vraiment l'air de compatir pour le coup, enfin.. à sa manière quoi. Elle devait limite faire pitié en fait mais elle avait raconté tout ça avec tellement de désinvolture que ça l'aidait à faire passer la pilule. Elle voulait pas de la pitié des gens. Tout ce qu'elle voulait, c'était s'amuser, s'éclater sans aucune contraintes. Walter était allé voir ailleurs ? Très bien. Elle allait pas se priver de s'amuser un peu elle aussi. Après tout elle était belle, populaire, sexy, et son poste de présidente de la Cabot House parvenait à faire retourner tous les regards vers elle. Alors qu'est-ce qu'elle attendait pour profiter un peu de la vie ? Tu as raison, et ma première résolution va être de rester célibataire ! dit-elle avec un sourire, avant de lui demander de venir danser avec elle. Ils se frayèrent un chemin au milieu de la foule et instantanément, Camille se sentit dans son élément, presque protégée par cette masse de personnes qui dansaient et qui lui donnaient à la fois l'impression que tout le monde et personne ne les voyaient. Leo posa ses mains sur ses hanches alors qu'elle passait l'une des siennes derrière sa nuque, ondulant son corps au rythme de la musique entraînante. Si j'avais cru danser un jour avec toi, tu me fais un grand honneur dit-il avec un clin d'oeil, alors que Camille le regardait d'un air malicieux. Tant que ça ? demanda-t-elle amusée, se rapprochant un peu plus de lui. Tu seras dans quel état alors si je t'embrasse ? demanda-t-elle en haussant un sourcil.

La jeune femme avait une philosophie qui plaisait bien à Leo. Les couples, c'était les problèmes. Après attention, il n'avait rien contre les couples, bien au contraire, il trouvait ça beau d'être capable de s'offrir entièrement et pleinement à une seule personne, lui-même avait déjà expérimenté, pas toujours très concluant d'ailleurs, mais il l'avait fait. Et au fond, c'était le but ultime de tout le monde, trouver la bonne personne, se poser avec l'amour de sa vie et vivre heureux jusqu'à la fin des temps. Visiblement pour Camille, ce n'était pas ce petit copain là. Enfin ex petit copain. « Tu fais bien, profite avant d'être couverte de ridules et de devoir payer pour t'amuser. » La blonde réclama de danser, et il s'exécuta, l'emmenant sur la piste, dansant au rythme de la musique, profitant de la certaine intimité qu'il y avait à être perdu au milieu d'une foule. À peine paradoxal. Tout en dansant, il se rapprocha un peu d'elle en riant, avant d'hausser les épaules, sourire toujours aux lèvres. « Je meurs au milieu de la piste, je cours annoncer à tous le campus que les lèvres royales de Camille Dickens se sont posées sur les miennes et pas par erreur. » Il rit de nouveau, dansant toujours prêt d'elle, se concentrant uniquement sur son visage, attendant la prochaine bêtise qu'elle sortirait.