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Piecing my life together
Endormie dans le canapé de mon appartement à peine plus grand qu'une boite à chaussure, je ne rêvais même pas, épuisée par cette nuit au boulot. J'avais tout de même gribouillé un peu dans mon carnet de poésie avant de tomber comme une masse, enroulée dans une vieille couverture, la bouche ouverte et les cheveux en pagaille. Je sentais la bière, un crétin m'avait renversé son verre dessus malgré le bar entre nous. Je ne réagis pas avant que mon voisin du dessous ne vienne tambouriner à ma porte. Je me levais en sursaut pour me retrouver avec de l'eau à mi-mollet. Figée, je mis une seconde pour me souvenir que j'étais chez moi et que ces dix centimètres d'eau n'avaient rien de normal. Je lançais une injure au crétin qui s'excitait derrière la porte. Avec l'urgence et le demi-sommeil qui m'engourdissait, j'avais du mal à penser et je me précipitais vers la salle de bain. Avais-je oublié le robinet ? Je n'étais même pas allée prendre de couche avant de m'écrouler dans le canapé... Mon regard se posa avec une certaine résignation sur une des conduite d'eau qui longeait le mur du fond. Éventrée sur vingt bons centimètres, elle glougloutait, vomissant des litres et des litres d'eau. En une seconde, je plaquais une serviette sur le trou, plaquant le tuyau comme un joueur de rugby enthousiaste. Le cataclysme faiblit et seulement alors, je me laissais aller à verser quelques larmes désespérées.
Les premières d'une longue série. Je n'avais pas les moyens de faire face à ça. Je pouvais dire au revoir à Harvard... Je ne sais pas exactement pourquoi mais la première personne que je pensais appeler fut Matthéo. Evidemment, j'aurais pu demander de l'aide à Reino mon frère... A n'importe qui d'autre. Mais en ce moment, je me fichais qu'on me dise qu'on faire, je voulais une épaule sur laquelle me reposer. Je laissais un message pathétique sur sa boite vocale avant de m'endormir à même le sol, trempée. En serrant dans mes bras ma conduite d'eau trouée...
Le lendemain, j'étais en train de constater la catastrophe, évacuant le peu que je pouvais sauver dans le couloir quand un bruit sur le palier me fit me retourner. Bien sûr ! Pourquoi être surprise par sa présence ? Après tout, il était là parce que j'avais appelé à l'aide. Et il ne m'avait jamais laissée tomber... Pourtant, j'en lâchais une lampe qui se fracassa sur le sol sans que je l'entende.
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