Jamie & Alexia - yalalalaloléhihouuu

Il y avait une superbe point de vue à Lake Louise, qu'on pouvait rejoindre de la vallée et des chalets en prenant le téléphérique. En bonne amatrice de photographie, forcément, Alex voulait absolument profiter du points de vue. Elle était beaucoup moins présente au sein de club photo cette année, mais à sa décharge, avec son entreprise qui prenait de l'ampleur en plus de ses études et de ses responsabilités chez les dunsters, elle manquait nettement de temps. Elle profitait de la classe de neige pour souffler un peu. Anorak enfilé, bonnet sur la tête, sac en bandoulière avec tout son matériel photo, et direction départ du téléphérique. Elle paya un billet aller retour et monta dans le gros engin rouge.

Pas fan du ski mais grand amateur des excursions et randonnées en tout genre, aujourd'hui, le programme, c'est exploration de la vallée. On m'a parlé du téléphérique hier et de toutes les pistes et sentiers auxquels il mène, ça a piqué ma curiosité du coup j'ai décidé de ne pas attendre. Surtout que la météo a annoncé une belle journée et qu'Aby a d'autres plans de son côté de toute façon. On est là seulement depuis quelques jours et on n'a pas passé beaucoup de temps ensemble encore alors que c'était le plan au départ mais bon, le voyage est loin d'être fini. J'arrive sur place et grimace en voyant la cabine s'élever dans les airs. Ca ne me rassure pas trop ces trucs là, faut dire que ça n'a pas l'air hyper solide. Mais c'est le meilleur moyen d'arriver en haut. J'achète un billet et monte à mon tour dans la cabine derrière une blonde en lui adressant un sourire poli. Je jette un coup d'oeil par la vitre alors qu'on commence doucement à monter, toujours aussi sceptique quand à la solidité du truc.

Un type monte derrière elle, et aussi sec, le téléphérique démarre. Normalement, il était indiqué que le trajet devait durer environ un quart d'heure. Il n'était pas hyper rapide, n'étant pas des plus récents, mais ça faisait bien l'affaire. Puis ça laissait plus de temps pour apercevoir le paysage, et on ne s'en laissait jamais. Elle s'assit juste devant une vitre et en prit plein les yeux. Tout était blanc, c'était superbe. Dommage qu'il y ait la vitre où elle aurait déjà dégainé son appareil photo. Ca allait rendre superbement bien, surtout si elle attendait après la tombée de la nuit pour redescendre dans la vallée. Mais tout à coup, un grincement se fit entendre. Alex sursauta. Elle eut la sensation que le téléphérique glissait en arrière, au lieu d'avancer, et eut un coup de frayeur, mais il se bloqua net. Dix secondes s'écoulèrent, et rien ne se passait, ils étaient suspendus au dessus du vide, à presque deux mille mètres d'altitude. En plus, la cabine se balançait allègrement.

Toujours pas très serein, je reste debout alors que le téléphérique démarre, observant les alentours, comme si les surveiller servait à quelque chose. Je me détends doucement mais surement en voyant que les choses ont l'air d'aller normalement. Je me sens ridicule comparé à la jeune femme avec moi qui n'a pas l'air perturbée le moins du monde d'être suspendue à plusieurs dizaine de mètres de haut. Pour ma défense, je n'ai pas vraiment l'habitude. C'est d'ailleurs pour ça que quand la cabine s'arrête, je ne m'inquiète pas tout de suite. Je me dis que c'est surement normal, comme la grande roue qui s'arrête quelques minutes pour pouvoir admirer la vue. Mais au fond, je n'y crois pas vraiment. Ce n'est mentionné nul part qu'il y a une pause "vue". Surtout qu'on en est au début du trajet, pourquoi ça s'arrêterait maintenant et pas après ? Bref, au bout de dix secondes, je commence à réaliser que quelque chose ne va pas tout en essayant de rester impassible face à l'autre étudiante. Je me frotte la nuque en me décidant à lui demander avec un faux air innocent. " Ca arrive souvent ? " Qu'est ce que j'en sais après tout ? Je n'y vais jamais au ski moi. Si ça se trouve, c'est fréquent et complètement normal.

L'avantage avec Alexia, c'est qu'elle avait le vertige seulement à très petite altitude, du genre sur une poutre. Par contre, les grandes roues et les téléphériques, elle supportait bien. Allez comprendre le paradoxe. Non, par contre c'était très flippant de se retrouver coincé dans une boite suspendue dans le vide sans moyen de sortie. Même si on n'était pas claustrophobe. Imaginez que ce truc tombe. Déjà que ça tanguait encore plus que sur un bateau. Y avait de quoi avoir le mal de mer en pleine montagne. Le jeune homme avec elle avait l'air de flipper sérieusement. Cool, comme ça, ils étaient deux. "Non, à moins qu'ils veuillent terroriser les touristes, je ne pense pas." répondit-elle d'une voix un peu blanche. "Tu crois que ça peut tomber ?" Sa gorge se noua rien qu'à y penser. Il devait bien y avoir un système de sécurité. Pas vrai ? Ils ont bien du prévoir un truc pareil quand même, des ingénieurs surdiplomés. Ou pas. Gloups. "Euh, y a un système de secours tu crois ? Un bouton d'urgence, quelque chose comme ça ?" Une alarme quoi.