Vous avez demandé une bonne?!

« Où vas-tu ainsi habillée Lena ?! On est en plein mois de décembre, tu ne peux pas sortir ainsi habillée, tu vas attraper la mort » s’insurgea une jeune femme d’une vingtaine d’années, une sœur de la Cabot House. La jolie rouquine fronça les sourcils, la regardant sans comprendre pour mieux se taper la main contre son front. « Tu as raison, où avais-je la tête ! » s’écria-t-elle en faisant machine arrière pour monter quatre à quatre les marches menant vers sa chambre. Deux minutes plus tard, elle dépassait son amie, une écharpe en grosse laine autour du cou mais toujours aussi peu vêtue. « Je parlais surtout de ta tenue » soupira la Cabot, dépitée seulement, Magdalena avait déjà quitté la place, pédalant à allure modérée sur son vélo, direction Innam square. En ce samedi hivernal, la jolie botaniste en herbe s’était mise en tête de rendre service à un ami. Ce dernier était veuf et devait s’occuper seul de ses enfants alors, naturellement, elle voulait rendre service. Il était dans sa nature de se montrer serviable. Certes, sa tenue restait inappropriée pour la bienséance mais Lena n’en avait aucunement conscience. Il faut dire qu’elle avait peut-être une imagination un peu trop débordante ou plutôt n’avait-elle pas l’habitude se mettre dans la peau d’une femme de ménage ; Quoiqu’il en soit, elle ne reculerait jamais devant un obstacle surtout pour soutenir un ami. « Ah voilà, c’est là ! » s’exclama-t-elle après avoir tourné au moins une demi-heure dans le quartier afin de trouver la bonne adresse. Elle attacha donc son vélo à un arbre avant de se présenter, armée de son sac contenant tout le nécessaire pour le ménage, à la porte de Read Priest. « Bonjour Read, pardonne moi de venir aussi tôt chez toi mais je me suis dit qu’une aide-ménagère te serait utile ! Ne t’inquiète pas, je m’occupe de tout et mes produits sont bios et non dangereux pour les enfants… Puis-je entrer ? J’ai un peu froid » lui dit-elle avec son traditionnel sourire tendre et adorable.

La tenue de Magdalena

Read venait de terminer de faire prendre un bain aux jumeaux, tandis que Reese pataugeait à côté de lui dans une flaque créée par tous les mouvements dans la salle de bains, lorsqu'il entendit sonner. Heureusement, les petits étaient déjà habillés, il attrapa un bébé dans chaque main afin de les déposer dans leur lit, tandis que Reese le suivit à quatre pattes. Lorsqu'il fut sûr que sa progéniture était en sécurité, il alla ouvrir la porte. Certes, cela avait dû laisser à la personne qui avait sonné le temps de pondre un oeuf ou même le temps de repartir d'où elle venait avant de revenir, mais le plus important était qu'il avait enfin ouvert la porte, Reese dans les bras. La petite n'arrêtait pas de se hisser dans les bras de son père dès que faire se pouvait.
Read était souriant en ouvrant la porte, malgré le malheur qui l'accablait depuis qu'il avait appris le décès de son épouse, mais son sourire se transforma en un rictus étrange lorsqu'il remarqua Magdalena sur le pas de la porte. "Salut." répondit-il simplement à tout son charabia. Cette jeune femme était étrange depuis qu'il la connaissait... A vrai dire, elle le collait un peu et il se souvient que cela avait fait rire Snow à l'occasion. Cette pensée du visage illuminé de la femme qu'il aimait le fit se perdre un peu dans les méandres de son esprit avant qu'il ne se décale de quelques pas pour laisser rentrer son interlocutrice. "Excuse-moi... Vas-y entre, je t'en prie..." déclara-t-il en observant la tenue qu'elle portait. C'était très étonnant car... Elle était habillée en soubrette. Et pendant un instant, il se demandait comment il devait prendre sa proposition, mais en regardant le contenu de son sac, il comprit qu'elle était sérieuse et qu'elle ne cherchait aucunement à réconforter un veuf épleuré dans un jeu sexuel de mauvais goût. De toute façon, cette brave demoiselle avait toujours été loufoque et avait toujours eu de très nombreuses idées saugrenues. "Euh... Tu sais, je... Je m'en sors plutôt bien niveau ménage..." Read avait été une vraie fée de logis... Certes, la chambre qu'il partageait avec les petits étaient un vrai dépotoir maintenant, mais ce n'était pas son plus grand intérêt. Et puis, il s'en tirait pas mal. Comme il n'avait pas de travail, il s'occupait de la maison et des enfants. Mais il savait qu'il ne pourrait pas continuer longtemps ainsi et que les parents de Snow ne payeraient plus le loyer de l'appartement. De toute manière, il ne souhaitait pas vivre à leurs dépends. Il lança un petit sourire à son interlocutrice cependant. "Et ça me dérange vraiment que tu fasses le ménage... Enfin, c'est... Genre tu vas faire le ménage, comme ça, chez moi? ça a de quoi me mettre vachement mal à l'aise, tu peux le comprendre!" s'exclama-t-il. "Surtout dans cette tenue! T'aurais pu prendre froid dehors! T'as même pas mis de manteau!" Il venait de s'en rendre compte, faisant quelques pas vers la cuisine. Reese observait l'inconnu avec ce regard qu'ont habituellement les bébés plein de curiosité. La petite disait déjà quelques mots rapides, comme tous les bébés entre 9 et 15 mois, mais elle était souvent très calme, même quand son papa lui parlait beaucoup. "Tu veux un thé ou un chocolat chaud pour te réchauffer?" demanda-t-il donc, de façon attentionné. Il avait toujours été ainsi.  

Lena avait le cœur sur la main malgré que ses parents et à plus forte raison son père, aient essayé de lui inculquer la notion de pouvoir, d’élite etc. Ce n’était pas pour elle, la jolie rouquine ne s’intéressait pas à ce genre de choses, elle passait outre ce genre d’apriori sur la supériorité des uns sur les autres. On peut dire qu’elle en restait totalement indifférente, vivant sa vie avec cette marginalité qui la rendait parfois séduisante aux yeux des autres. Aussi, venir en aide à Read n’était pas une lubie qui lui passerait, au contraire, cela semblait inscrit au fer rouge dans son code génétique comme ceux d’une plante qui quoiqu’elle fasse, resterait toxique à l’homme. Etait-elle toxique ? Certes, avec le recul, Lena admettait que parfois ses méthodes étaient légèrement –totalement- exagérées mais c’était sa façon d’être, détonante.

Read termina par ouvrir la porte et aussitôt, elle se lança dans une petite diatribe de son cru avant de lui sourire, de manière qu’il ne puisse pas lui claquer la porte au nez. Il faut dire que cette apprentie Cabot savait se rendre si adorable que même le chat potté pourrait lui demander des cours pour se perfectionner. « Merci beaucoup, il fait un froid de canard ce matin ! D’ailleurs je n’ai jamais compris cette expression. Un canard, ce n’est biologiquement pas froid… Enfin peu importe » s’exclama-t-elle en entrant non sans déposer un baiser sur la joue de Reed et de sa fille. Elle adorait les enfants, ils étaient si mignons surtout quand ils étaient aussi peu âgés. Son ami lui fit alors savoir que côté ménage, il assurait et un regard autour d’elle l’informa qu’il ne mentait pas. Magdalena se sentit un peu idiote sur le moment. « Oh… Je vois… Je te dois des excuses d’avoir pensé que comme tout mâle approchant la trentaine, tu te retrouvais débordé par des tâches ménagères incombant généralement et cela depuis des siècles à la femme. Manifestement, j’ai été prise de préjugé et je t’en demande sincèrement pardon Read » lui répondit-elle avec un grand sérieux, le regard attristé d’avoir peut-être blessé son ami.

Toutefois, elle ne pouvait nier le fait que non, elle ne le comprenait pas. Elle lui rendait service afin qu’il puisse s’occuper de ses enfants. Dans sa petite tête rousse, elle ne s’était pas une seule seconde imaginée qu’il puisse en être mal à l’aise. « Cela ne me dérange absolument pas Read au contraire. Tu as peut-être envie de t’occuper seulement de tes enfants, de sortir au parc ou je ne sais quoi. Si le ménage est déjà fait, je pourrais te faire la cuisine et congeler quelques plats pour toi… Mais j’ai une petite question, qu’est-ce que vous avez tous avec ma tenue ?! » termina-t-elle par l’interroger tout en le suivant inconsciemment dans ses quelques pas vers la cuisine. « Je ne serais pas contre un chocolat chaud s’il te plait »

Read fronça les sourcils face à la remarque de son amie. Enfin, amie, il n'en était pas sûre. Mais elle lui voulait du bien, alors il avait de l'affection pour elle, même s'il n'était pas toujours d'accord avec la façon dont elle procédait pour lui montrer son attachement. Venir dans cet appartement vêtue d'une telle façon, alors qu'il faisait si froid dehors! Et si les voisins l'avaient vue, que penseraient-ils? Lui qui venait tout juste de perdre sa femme. Manquerait plus que ses parents passent le voir comme ils en avaient pris l'habitude pour que cela devienne fou. La situation s'embraserait sans doute directement. Il sourit face au petit bisou auquel il eut droit. Cela lui faisait du bien un peu de chaleur humaine.
"T'as raison, les canards ne sont pas froids. Ce serait sans doute intéressant d'aller jeter un oeil dans un dictionnaire étymologique." répondit-il en lui souriant sincèrement. Il avait fait quelques pas vers la cuisine quand Magda s'excusa. "Non, non, ce n'est pas ça, c'est juste que... Bah ça me gêne que quelqu'un vienne faire ma bonne comme ça, gratuitement." Il eut de nouveau un petit sourire. Il finit par rire lorsqu'elle s'énerva un peu marquant le fait que tout le monde lui faisait remarquer sa tenue. "Sérieusement, Magdy, il fait très froid tu l'as dit toi-même et t'as même pas mis de manteau, juste cette pauvre écharpe! C'est super risqué, t'aurais pu attraper la crève! Et puis... et puis c'est euh... disons... super original... Pour faire le ménage on met plutôt de vieux vêtements..." Il n'avait pas voulu lui dire franchement que cette tenue n'était pas adaptée et qu'elle regardait trop de films pour penser que les femmes de ménage enfilaient ce genre de tenue à notre époque. Read avait du tact et il ne voulait pas qu'elle se sente mal, au contraire. "En tous cas, merci... ça me fait plaisir que tu penses à moi... et c'est très gentil de vouloir m'aider. Ca me touche vraiment..." dit-il pour ne pas qu'elle se sente rejetée alors qu'elle faisait des efforts visibles. "Va pour un chocolat!" ajouta-t-il en prenant la direction de la cuisine. Avec sa seule main libre, il sortit une tasse où il mit de la poudre de cacao pour chocolat chaud instantané, du lait, mélangea et plaça la tasse au micro-onde.