ASIA I. FERRARI ► Emeraude Toubia

Inutile de faire un dessin pour expliquer les origines de ta famille. Le simple fait de dire que ton père possède l'entreprise des fameuses voitures de luxe italiennes suffit pour mettre les gens sur la voie. Et oui, tu es la digne fille de Mr Ferrari, tu ne diras pas héritière car depuis ton plus jeune âge tu sais parfaitement que ce n'est pas toi qui reprendra les rênes de l'entreprise familiale mais ça n'a jamais été ton envie. T'aimes les voitures mais pas au point d'aller diriger la fameuse multinationale. Et puis tu ne dois rien à ton père qui t'a toujours traiter comme une femme, une moins que rien selon lui. Tu ne souhaites à aucune fille d'avoir à faire à un père macho qui pense que ton futur ne sera jamais aussi glorieux que celui d'un homme. Ta naissance en tant que fille est même la raison qui fait que tes parents se sont séparés, c'est ta mère qui te l'a dit une fois mais plus jamais après tu n'as jamais à savoir pourquoi ton père te détestait tant. Ca tu l'as découvert en grandissant et découvrir petit à petit que ton paternel n'était qu'un monstre n'a fait qu'agrandir la haine que tu ressentais à son égard.

Tu avais un peu de chance dans ton malheur, car tu n'étais pas la seule à subir la fureur de ton père, ton frère étant un enfant turbulent alors autant dire que Mr Ferrari ne tolérait pas ça et trouvait votre mère bien trop laxiste concernant votre éducation. Cette dernière avait d'ailleurs refait sa vie avec un autre homme, devenant très vite ton beau père. Un mariage que tu n'approuveras pas. Bien trop déçue par le comportement de ta mère préférant se trouver un homme afin de l'entretenir plutôt que de partager des moments avec sa fille. En effet au fil des années tu as développé un tempérament de feu devenant une jeune fille ambitieuse, lunatique, franche, rancunière, mais avec un grain de folie. Tu voyais la vie comme un cadeau et n'avait qu'une seule envie, celle de profiter de l'instant donné peu importe les risques ! Etre casse cou t'avait d'ailleurs valu plusieurs séjours à l'hôpital.

T'es un vrai électron libre, tu n'es jamais vraiment sérieuse sauf pour une seule chose, le cinéma. Depuis que tu as eu ta première caméra à l'âge de 8 ans - un  soit disant caprice de gamine - plus jamais tu ne t'es séparé de ce petit bijou. T'es vite devenue la fille derrière la caméra, toujours à la sortir à la moindre occasion et c'est en toute logique que tu es devenue une cinéphile au point de vouloir en faire ton métier. Non tu ne seras pas actrice, car t'apprécies pas qu'on te commande mais en tant que réalisatrice. D'ailleurs tu as très vite posté tes premiers courts métrages sur YouTube. Tes talents dans le domaine, ainsi que tes bons résultats scolaires t'ont facilement permis de t'envoler pour Harvard. Bien évidemment ce n'est pas un hasard que tu es choisi cette université où étudie déjà ton frère, la famille c'est important pour toi en dehors de ton hargneux de père.

Ouverte et sociable, tu as rapidement fais ta place dans cette prestige université et ce même sans être dans une confrérie. T'es pas populaire mais t'es pas invisible non plus, le juste milieu quoi. Tu côtoies un peu tout le monde, te faisant des amis comme des ennemis. Tu t'es même entiché d'un charmant jeune homme, Connor. Il était ton double, ton meilleur ami, ta moitié, celui qui te connaissait sur le bout des doigts mais il a fallu que la vie te l'arrache lors de cette putain de bombe. Ce dégénéré a de la chance de pas être tombé sur toi, parce qu'il aurait vraiment regretté son geste. T'as mis un an à te remettre de sa perte, t'étais complètement devenue folle, tu n'avais plus l'envie de rire, rien, la flamme en toi s'était éteinte au point que tu avais fini par plonger dans l'alcoolisme. Tu ne t'en étais pas vraiment rendue compte jusqu'à ce jour où tu t'es réveillée dans un endroit miteux, sans vêtements, sans argent, rien. Trou noir. On peut dire que cela a eu l'effet d'une gifle sur toi, alors t'es partie durant deux mois dans un centre de soin.Tu ne parles pas de cet épisode de ta vie, les gens n'ont pas besoin de savoir que si désormais tu ne bois plus d'alcool en soirée, c'est pour la simple et bonne raison que tu es toujours une alcoolique anonyme même au bout de presque deux ans de sevrage. Il n'y a pas que cette blessure qui ne s'est pas totalement refermé. T'as du mal à t'attacher vraiment à quelqu'un, et notamment à un homme - même si tu profites grandement des petits plaisirs qui offrent - Ton coeur n'est pas de glace, il est juste impénétrable.